Balades à Boutiers St Trojan ...

Maire  

La page des Maires de BST
au cours de l'histoire !



Vous trouverez ci dessous la liste exhaustive des Maires de Boutiers et de Saint-Trojan, puis à compter de 1858, ceux de la commune de Boutiers Saint-Trojan (BST). Comme vous le savez déjà, c'est un décret sous Napoléon III de novembre 1858 qui a réuni ces deux communes en une seule...
Ce travail de recherche considérable et méticuleux a été effectué par notre historien local bien connu dans la région, puisqu' il s'agit de Patrick Huraux himself ;-))

A qui j'adresse bien entendu de vifs remerciements !

Vous pouvez vous même enrichir cette page par des anecdotes, chroniques et autres épisodes de l'histoire, ainsi que par quelques photos que vous voudrez bien me faire parvenir ?
Toutes suggestions seront donc les bienvenues...

Cette partie d'histoire communale est à connecter avec celle des paroisses d'avant la révolution française de 1789, et notamment celle de Boutiers, Saint-Trojan et de ses curés !




UN PEU D'HISTOIRE

Avant les maires, les Syndics
Avant toute chose, il faut savoir que jusqu'en 1789, la charge était assurée par des Syndics, nommés sans règle fixe, au hasard des habitudes, parfois se perpétuant dans leur fonction (plutôt malgré eux d'ailleurs) qui n'avait rien d'enviable ni profitable.
Ces mandataires des paroisses étaient élus dans l'assemblée générale des habitants qui se tenait le dimanche à l'issue de la messe paroissiale. Il y avait dans ces assemblées beaucoup de désordre, de confusion, d'inintelligence ou d'indifférence.
L'opinion tenait souvent le syndic, tout comme les collecteurs, en médiocre estime.
Ces assemblées se réunissaient sur convocation du syndic ou sur l'injonction du subdélégué de l'Intendant ou des officiers de l'Election. Dix habitants suffisaient pour que les délibérations soient valables.

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© Patrick Huraux)
 
Ancienne mairie de Boutiers (maintenant salle des associations)
Ancienne mairie de Boutiers (maintenant salle des associations)

Le rôle du Syndic

Le syndic était chargé de défendre les intérêts de la communauté et d'agir en justice pour son compte. On devenait syndic en payant un droit "d'entrée".
Le symbole le plus visible est donc l'assemblée des habitants, qui organise la vie du groupe ; là sont réunis les chefs de famille (qui peuvent déléguer une partie de leurs pouvoirs). L'assemblée élabore les règlements de police rurale, nomme les forestiers, des gardes et maîtres d'école, collecteurs..., elle se donne pour tâche de maintenir les droits de servitude de la collectivité, respect des règles (pâture des animaux), justice des communaux (ensemble des biens, friches, landes, buissons, herbages, marais, forêts...). Parfois l'assemblée participe à la justice mais elle reste toujours subordonnée à celle du seigneur.
Les procès verbaux des assemblées devaient être certifiés par devant notaire.

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© Patrick Huraux)


Photos disponibles
En survolant les noms soulignés à l'aide du pointeur de la souris, vous découvrirez leurs photos....
Si cela ne fonctionne pas, cliquez ici

Un grand merci à (par ordre alphabétique) :
Jacques Brard-Blanchard
Paul Giraud
Patrick Huraux

Serge et Yves Renaud
pour m'avoir fourni certaines de ces photos !




MAIRES DE BOUTIERS
Extraits du travail de Patrick Huraux ©

 
Jean CORMENIER
(né vers 1734 / Boutiers 30-04-1797)
Propriétaire
Syndic 1789
Jean Cormenier est syndic de Boutiers en 1789 et participe à ce titre aux premiers mouvements liés à la période révolutionnaire.
Il fut comme ses collègues syndics, confronté au problème du pain : cherté et rareté des farines. Les temps sont durs, le peuple gronde, la position des syndics n'est guère enviable. Il faut composer avec les concitoyens peu réceptifs aux problèmes. Il est présent à Cognac le 04 mars 1789 dans les rangs du tiers-état afin d'élire un représentant pour présenter les cahiers de doléances à l'assemblée d'Angoulême. Il est accompagné du Sieur Jean Bonnin, député de la paroisse de Boutiers.
Les réunions des syndics de la sénéchaussée se suivent à Cognac. Le 02 septembre, on procède à l'élection de la milice nationale. La fréquence des réunions et des décisions à prendre, amène Jean Cormenier à déléguer Jean Bonnin pour représenter les intérêts de la paroisse. Progressivement, il passera la main mais restera dans le pourtour des décisions municipales, puis reviendra en 1794 en tant que Maire !

 
Jean BONNIN (Sieur de Bélair)
(Mérignac 09-04-1730 / Boutiers 11-05-1794)
Propriétaire - Bourgeois
1790 - 1792
Il épousa le 27 janvier 1766 Margueritte Saulnier de Cognac. Les frères de cette dernière (dont Pierre Saulnier, futur maire de Boutiers) iront s'enrichir à St Domingue, sur l'île Maurice et la Réunion.
Jean Bonnin et sa femme Margueritte eurent 4 enfants dont Jeanne qui fût l'épouse D'Olivier Rambaud, maire également de Boutiers (NDLR on reste entre notables...).
Jean Bonnin acquiert en 1774 le domaine de Belair et prendra le titre de sa nouvelle terre "Jean Bonnin, Bourgeois et Sieur de Belair, paroisse de Ste Marie de Boutiers".
Le nouveau système administratif se met en place. Le 03 novembre 1789, on décide de procéder à des élections afin de constituer des municipalités.
Curieusement, il faudra attendre le 21 novembre 1790 pour que cette décision soit suivie d'effet à Boutiers.
" Sur les 2 heures après midy, la commune de la paroisse de Boutiers, assemblée au son de la cloche a la manière accoutumée dans l'église dudit lieu..., il était question maintenant de nommer un Maire chef de la municipalité, on a passé au scrutin individuel dans la même forme et les billets déposés dans le même vase, iceux comptés et dépouillés par les scrutateurs.
L'unanimité des suffrages s'est réunis en faveur de Jean Bonnin, bourgeois du lieu de Belair paroisse dudit Boutiers qui a été proclamé Maire à la majorité absolue au nombre de 17 voix sur 24 votants, lequel a accepté et manifesté à l'assemblée sa sensibilité du témoignage de confiance que ses concitoyens lui portent dans cette circonstance, a promis de s'acquitter dignement de ses fonctions confiées à son élection, et en a fait le serment...
"
A leurs tours furent élus 2 officiers municipaux (dont Michel Roturier), 6 notables et un secrétaire greffier (Jean Cormenier). Voici donc notre première municipalité de Boutiers et son premier maire qui porta le serment " Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la constitution du royaume et d'être fidèle à la nation, au Roi et à la loi "
En cette fin d'année d'octobre 1792, on assiste au transfert des registres paroissiaux tenus par le prêtre, aux registres d'état-civil tenus par la municipalité.
Déjà, le 02 mai 1792, le curé de la paroisse Jean JUGLART sentant "le vent venir" vend une maison située au bourg de Boutiers. Nous pouvons valablement penser que Boutiers possède sa "Maison commune" dès cet instant.
L'ultime démarche de Jean Bonnin, en tant que maire, fut liée à un acte de vandalisme en 1792 "au lieu de St Mamer" (église St Marmet). Un procès verbal fût établi car en effet, le ciboire et le soleil furent volés du tabernacle, ainsi que le calice et la patène de la sacristie.
Des élections municipales se déroulèrent très probablement aux alentours de 02 décembre 1792. Jean Bonnin abandonne alors sa fonction de maire. Mais il restera en poste comme officier municipal jusqu'en août 1793.
Il décèdera peu de temps après en son logis de Belair, le 11 mai 1794, âgé de 64 ans. Son beau-frère et son gendre poursuivront sa tâche...

 
Michel ROTURIER
(Sonnac 09-01/1759 / Boutiers 12-12-1807)
Agriculteur et tuilier
1792 - 1794
C'est son mariage avec Marie Mounier le 26 novembre 1782 qui fixa Michel Roturier dans notre commune. Ils eurent beaucoup d'enfants (11) mais seulement 2 arriveront à l'âge adulte. Le couple réside dans la Grande rue du bourg de Boutiers.
Courant décembre 1792, il devint Maire de Boutiers, accompagné de Jean Bonnin comme officier municipal (voir ci dessus) et de Pierre Saulnier en tant qu'officier public.
Un dénombrement de la population de Boutiers à cette époque mentionne 220 habitants et 90 votants.
Les années 1793 / 1794 furent une période noire. La dénonciation des suspects est chose courante mais beaucoup font le "dos rond" et attendent que passe l'orage... A boutiers, des divergences profondes opposent la commune et le curé, Jean Juglart (voir la page des curés de Boutiers).
Le 1er frimaire an II (21/11/1793), dans le cadre de la vente des biens nationaux, on proposa alors la commanderie de Boutiers.
C'est alors l'époque de l'épuration de nivôse an III (janvier 1794). Le district de Cognac dresse un tableau des citoyens qui composent la municipalité et le conseil général de Boutiers :
" Michel Roturier, thuillier Maire, homme honnête, bon citoyen, mais remplissant difficilement à cause de son incapacité, les fonctions qui lui sont confiées...
Jean Billeau, cultivateur, officier municipal, bon citoyen au reste incapable...
Pierre Saulnier, propriétaire, officier municipal, intelligent, bon républicain, faisant à lui seul tous les travaux de la municipalité...
Antoine Godichaud, cultivateur, agent national, excellent homme mais absolument incapable de remplir les devoirs attachés à sa place... etc
"
Le commissaire consultait le peuple et soutirait des renseignements sur les moeurs, la capacité et le patriotisme des élus. Inutile de dire que l'on pouvait se livrer à un véritable jeu de massacre. La délation était aisée...
La décision fut donc prise, et Michel Roturier troqua sa fonction de Maire pour celle de notable. La date exacte n'est pas établie, mais se situe aux alentours des mois de mars / avril 1794.

 
Jean CORMENIER
(vers 1734 / Boutiers 30-04-1797)
Propriétaire
1794 - 1795
Jean Cormenier, l'ancien syndic, revint donc aux commandes ! L'impitoyable épuration en avait décidé ainsi.
La municipalité autour de Cormenier se compose de Olivier Rambaud (officier public), Pierre Saulnier et Billaud (officiers municipaux), et Godichaud (agent national)...
Le district de Cognac règle toujours la vie municipale dans ses moindres détails et impose son implacable volonté. Les maires doivent s'exécuter :
Le 21 avril 1794, dans le cadre de la réquisition, les municipalités du canton doivent fournir un état détaillé des chevaux ; Boutiers mentionne posséder 1 cheval, 21 juments et 9 mulets...
Cognac, le 23 prairial an II de la République une et indivisible (11 juin 1794).
" Citoyen,
Nous te faisons passer une copie de la lettre écritte a lagent supérieur près l'armée de l'ouest par le comité de Salut Public, nous t'invitons à bien te pénétrer des mesures promptes révolutionnaires qu'elle renferme, il n'est plus temps de balancer, il faut agir et vigoureusement. Tu auras en conséquence,
- à nous adresser au premier messidor pour tout délai, tous les volontaires qui sont encore dans ta commune en état de porter les armes ;
- à nous fournir a la même époque un état portant le nom de chaque volontaire de 18 à 25 ans qui sont partis ;
- dans un autre séparé, ceux qui ne sont pas encore partis et, dans un troisième, ceux qui ont été réformés.
Prendsy garde citoyen, nous te prévenons que les états rendus ou non, notre tableau doit être fourni au comité de Salut Public au 9 du mois prochain, avec note de tous les agents nationaux qui n'auront pas satisfait a notre demande, et que toute négligence a cet effet retombera sur ta responsabilité. Salut et fraternité.
"
Les ordres et les conseils sont très clairs...
Le 16 août 1794, la municipalité fait front aux commissaires venus confisquer la cloche et sa corde, prétendant en avoir besoin pour annoncer les décades.
Le 22 thermidor an III (09 août 1795), on continue à dilapider les biens nationaux de la commune de Boutiers.
Jean Cormenier conservera son poste jusqu'aux élections municipales qui eurent lieu le 06 novembre 1795.

(collection privée)
Photo disponible en survolant le nom du Maire... (collection privée)
Pierre SAULNIER
(Cognac 23-07-1752 / Boutiers 11-08-1821)
Propriétaire
1795 - 1797
(sans doute 1799 ?)
Agent municipal
Pierre Saulnier, fils de Jean Saulnier, maître boucher de Cognac, et de Marie Quinement, n'est autre que le beau-frère de Jean Bonnin, premier maire de Boutiers, possesseur du domaine de Bel-Air. Les frères de Pierre Saulnier sont des aventuriers et feront fortune outre-mer (Ile Maurice, Réunion, St Domingue...).
Pierre Saulnier n'a pas que des amis, car le 20 novembre 1783, un procès-verbal fut établi attestant :
" En 1782, Jean Saulnier fit planter plusieurs pieds d'arbres noyers dans deux pièces de ses domaines ... et une quantité de peupliers proche du Solençon, sur le chemin de Jarnac.
Ces plantations avaient bien pris, il avait lieu de se féliciter de leur production mais il s'en trouve presque totalement privé par l'horrible malice et la noire infamie de certaines gens mal intentionnées qui lui ont coupé, arraché et déshonoré près de 40 pieds de noyer et une quantité de peupliers, au cours de la nuit du vendredi au samedi 15 novembre. "
Le procès-verbal stipule simplement que les arbres ont été coupés à l'aide d'un instrument tranchant...
Pierre Saulnier tentera également l'aventure à St Domingue. Le 10 janvier 1784 à La Rochelle, il embarque à bord du " Prévost du Languistin ". Cet homme qui sera surnommé " l'Américain " a donc fait fortune dans les îles...
C'est en 1791, que nous découvrons réellement Pierre Saulnier dans la vie Boutieroise. Le 02 septembre 1792, il est élu officier public puis officier municipal en 1793. Il est même proposé au poste de Maire en 1794, mais sa parenté avec Jean Bonnin apparaît comme un empêchement majeur. On lui préfère alors Jean Cormenier...
Finalement, il sera élu comme " Agent municipal ", autrement dit Maire, le 15 brumaire an IV (06 novembre 1795). Il est accompagné par Nicolas Moyet, comme officier public. Réélu le 05 septembre 1797, il est probable qu'il resta quelques temps à assumer cette charge jusqu'en 1799 ?
Mais entre temps, il a su manoeuvrer intelligemment. Fortuné, il ne cesse d'effectuer des transactions sur les biens nationaux. Le 01 septembre 1791, il devient propriétaire du couvent et dépendances des Cordeliers à Cognac. Le 21 novembre 1793, il acquiert pour 1300 livres des prés à Varaise dépendant de la commanderie de Boutiers. Le 03 décembre 1794, il est confronté à une sombre affaire. Il y eu en effet des irrégularités quant à la vente du domaine du Solençon. Les superficies ne furent pas correctement annoncées, la liste des meubles non plus... Saulnier avait sûrement lui aussi un centre d'intérêt au Solençon, puisqu'il avait obtenu un certain nombre de lots ; probablement pas suffisamment... On se livra donc querelle mais la vente ne fut pas, semble-t-il, remise en question.
Le 28 janvier 1795, Pierre Saulnier achète (pour le compte de Monsieur Charles-Léon de Jarnac de Gardépée) l'intégralité de l'abbaye de Chastres pour 14 800 livres...
Puis le 28 mai 1795, il achète à Philippe Augier, négociant, une maison et ses dépendances rue des Cordeliers à Cognac. Encore le 15 messidor an IV (03/07/1796), il obtient la maison presbytérale de Boutiers et dépendances, jardin, un four à tuile, hangar, bois etc...
On apprend aussi que le 14 juin 1799, Pierre Saulnier " amériquain de Boutiers ", propriétaire (il possède également un domaine à Nercillac), se constitue " débiteur de son autre frère, Jacques Saulnier l'aîné, négociant à l'Ile de France (Ile Maurice) pour une somme de 5 000 Frs "
Pierre Saulnier devra, à une date inconnue, abandonner provisoirement son mandat à Nicolas Moyet, jusqu'en mars 1800...

 
Nicolas MOYET
(Boutiers 20-09-1773 / Boutiers 06-11-1836)
Instituteur - Cultivateur - Tuilier
1799 - 1800
Agent municipal
Maire provisoire
A 18 ans en 1791, il figure sur la liste des citoyens actifs de la Garde Nationale et est nommé Caporal. En août 1793, il fut tout naturellement enrôlé par le gouvernement ayant demandé un renforcement de l'armée, et c'est au sein des Gardes Nationaux que l'on puisera. Nicolas Moyet fut donc l'un des "défenseurs de la patrie" comme d'autres Boutiérois d'ailleurs (Gai, Sauvaget, Roy, Naud).
Mais il semble ne pas être parti à la guerre puisqu'il occupe dès mai 1794 le poste d'instituteur public à Boutiers. Patrick Huraux écrit : " Lorsque l'on lit les écrits de Nicolas Moyet, on est surpris par l'écriture grossière du maître d'école. Son style est assez particulier, mais il était sans nul doute, le seul à pouvoir s'exprimer par écrit dans le village ".
Un des soucis de la révolution fut de désigner des instituteurs dans les campagnes, afin d'apporter un peu d'enseignement aux classes les plus démunies. C'est aussi un formidable moyen de " prêcher la bonne parole révolutionnaire "... Les prêtres étaient ainsi remplacés !
Il conservera ce poste jusqu'en début 1795. En novembre 1795, il devint agent secondaire de la commune de Boutiers, chargé de rédiger les actes (naissance, mariage, décès). Il occupe ainsi la fonction d'officier public de novembre 1795 à mai 1799.Entre temps en 1798, il devient tuilier.
Courant juin 1799, il devient agent municipal en remplacement de Pierre Saulnier. Puis il deviendra le 21 mars 1800 "Maire provisoire". Ce qui lui permettra de rester très proche de cette future municipalité... On reparlera de lui plus tard...
Nicolas Moyet résida longtemps dans la Grande Rue (de 1795 à 1828). A sa mort, il était domicilié au bourg, au lieu dit "la chaume" aujourd'hui place de l'église. Il avait épousé le 11 mai 1794, Elisabeth Billaud (filleule de Sieur Louis-Adam Bonnin de Bélair), puis le 09 mars 1825 Magdeleine Barit.

(collection privée)
Photo disponible en survolant le nom du Maire... en survolant le nom du Maire... (collection privée)
Pierre SAULNIER
(Cognac 23-07-1752 / Boutiers 11-08-1821)
Propriétaire
1800 - 1815
Pierre Saulnier (re)devint donc Maire le 18 floréal an VIII (8 mai 1800). Cette époque est fortement marquée par les guerres de l'épopée Napoléonienne (1799-1815) qui furent plus d'un million de morts et disparus.
A boutiers, le travail administratif est intense. Outre la réception et l'envoi des courriers, la tenue des registres, les votes et perception des impôts, il y a aussi la délivrance des passeports des citoyens, même pour se rendre en Charente-Maritime...
Les contrôles ne sont pas encore abolis. Le climat de méfiance persiste et Jean Paponnaud dit Basque en est le triste témoin :
" 4 vendémiaire An 9 (26 septembre 1800), est comparu le citoyen Jean Paponneaud, dit Basque, lequel m'a déclaré que dans la nuit du 3 au 4 de ce mois certains quidame luy ont volé dans samaison située dans le boure de Boutiers, le pain qui était desus sa table dans sa chambres à couché pesant de 4 a 5 livres anveloppée dans une nappe st sur laquelle nappe il y avait un couteaux quils ont égallement pris, ainsy que deux fusils qui étoi suspandues sur des crochets dans le devan de la cheminée,... " (sic)
La commune s'active. Il est question d'un instituteur à Boutiers mais le projet n'est pas encore retenu...
Pierre Saulnier se retrouve partout, et ne cesse d'accroître ses biens notamment " ...la pétition des citoyens Olivier Rambaud, Michel Roturier et Pierre Saulnier, tandant à obtenir de la terre thuillière,..."

 
Nicolas MOYET
(Boutiers 20-09-1773 / Boutiers 06-11-1836)
Cultivateur et tuilier
1815
Cent jours
Les Français ayant restauré la monarchie, le vieux roi Louis XVIII se montre prêt à tous les arrangements et instaure un gouvernement constitutionnel. Cependant, sur l'île d'Elbe dont il est devenu le prince, Napoléon s'ennuie. Le 1er mars 1815, il débarque par surprise à Golfe-Juan avec 900 grenadiers et profite du mécontentement latent pour s'emparer du pouvoir.
Cette escapade dure à peine cent jours avant de s'achever à Waterloo par une défaite définitive. L'empereur déchu, échange la principauté tranquille de l'île d'Elbe contre la prison lugubre de Sainte-Hélène...
Durant cette période, un mini remaniement des effectifs municipaux interviendra dans nos communes. C'est ainsi que Pierre Saulnier le 11 juin 1815 se doit de démissionner de son poste de Maire au profit de Nicolas Moyet (déjà maire provisoire en 1800, voir ci dessus). Pierre Saulnier se verra entre-temps, confier le poste d'officier public.
A Boutiers comme ailleurs, on s'accommode tant bien que mal de ces ballets. Il s'agit d'ailleurs en réalité des mêmes hommes, et des mêmes équipes qui se succèdent au pouvoir. Seule la fonction de Maire change de tête...

(collection privée)
Photo disponible en survolant le nom du Maire... (collection privée)
Pierre SAULNIER
(Cognac 23-07-1752 / Boutiers 11-08-1821)
Propriétaire
1815 - 1818
Dès la fin du mois d'août 1815, Pierre Saulnier récupère donc légitimement (pour la troisième fois) son poste de Maire !
Il est vrai qu'il s'occupe des affaires municipales depuis déjà plus de vingt ans. D'ailleurs, le clan Bonnin / Saulnier / Rambaud totalisera en tout et pour tout un règne de près de 50 années...
L'idée d'un regroupement des communes prend corps en 1815 avec la nomination des garde-champêtres.
Pierre-François Guiton (de St-Trojan) est déjà en 1815 le garde-champêtre de Boutiers et de St-Trojan. Puis le 17 décembre 1815, on nomme à ce poste Jean-Julien Orilliac (ex-gendarme natif de Barbezieux). Le salaire de l'époque s'élève à 93 francs pour Boutiers et 87 francs pour St-Trojan. Finalement, le 10 septembre 1816, Joseph Bouchardy deviendra à son tour garde-champêtre mais pour les trois communes de Boutiers-St-Trojan-St Brice. Le salaire de St-Brice est alors de 220 francs...
Le 24 août 1816, le fidèle Jean Cormenier (35 ans, fils de Jean Cormenier, maire en 1794/1795) cède sa place à Olivier Rambaud (neveu par alliance du Maire Pierre Saulnier et gendre de Bonnin)... Pour compliquer un peu, Pierre Cormenier, propriétaire de 52 ans, entre au conseil à la place de Jean Cormenier "de la maison brûlée" (rameau différent de celui de Jean Cormenier, Maire)...
A cette époque, le recensement de la population de Boutiers est de 254 habitants.
Finalement, Pierre Saulnier âgé et ayant préparé son remplacement, abandonne sa fonction de Maire en novembre 1818 mais restera néanmoins encore quelque temps au poste d'officier public.

 
Olivier RAMBAUD
(Roullet 04-11-1760 / Boutiers 17-07-1852)
Propriétaire
1818 - 1842
Olivier Rambaud est né à Clérignac, paroisse de Roullet. Mais c'est à Cognac qu'il s'installe avant la révolution. Il épouse à Boutiers le 1er février 1790, Damoiselle Jeanne Bonnin, fille de Jean Bonnin de Bel Air, et Margueritte Saulnier. Propriétaire, il prendra en main le domaine de Bel Air à la disparition de son beau-père en 1794.
De 1795 à 1818, il fut élu de nombreuses fois conseiller municipal et adjoint au Maire. Et c'est tout naturellement qu'il devint Maire de Boutiers à la suite de son oncle en novembre 1818.
Son mandat sera l'un des plus longs, et ses premières années furent sans nuage. Seuls les soucis quotidiens apparaissent :
" 7 août 1820, A comparu à la mairie de Boutiers, Janne Boutin, âgée de 20 ans, native de Réparsac, résidente à Boutiers, laquelle a déclaré être grosse de 7 mois et demi, des oeuvres de Pierre Roturier, demeurant à Boutiers... "
Le 28 octobre 1830, le garde-champêtre de Boutiers et de Saint-Trojan, Joseph Bouchardy, donne sa démission et plonge la mairie dans l'embarras. On demande alors à "l'inévitable" Nicolas Moyet de remplir cette mission. Il accepte l'emploi moyennant un salaire de 150 francs, payable par moitié par les 2 communes.
Boutiers est confrontée à la fin de 1833, aux travaux à entreprendre sur la Soloire. On délibère sur " le terrassement à faire sur la chaussée du pons que l'on propose de faire dans la commune de St Trojan. Le conseil municipal de Boutiers ainsi que les plus hauts imposés sont davis que la commune soit imposé de 300 mètres de pierre, qu'elle conduira sur le dit-chemin, coût évalué à 900 francs "
Les désaccords survenus entre les maires de Boutiers et de St Trojan feront traîner le projet quant aux lieux et coût.
Là-dessus, vient se greffer la participation de Boutiers aux frais de remise en état de la cure de St Brice. " 24 novembre 1833, ... à l'effet de délibérer sur la somme de 188 francs et 30 centimes qui a été fixée pour la commune de Boutiers sur le devis qui a été fait pour rétablir la maison curialle de St Bris, le conseil municipal et les plus hauts imposés ont observé que la commune était déjà surchargé de tous les impos extraordinaire :
- celle du garde-champêtre
- celle de l'instituteur
- celle concernant le drapeau du bataillon
- et enfin concernant le pont de St Trojan
... le conseil municipal et les plus hauts imposés n'ont pas cru devoir voter ladite somme...
"
Le nouveau conseil municipal de 1834 est très vite confronté à l'épineux problème du cimetière ! Le 12 février 1835, une pétition adressée par 6 habitants de la commune à Monsieur le sous-Préfet demande que le cimetière de St Marmet soit clos de murs.
L'un des conseillers observe " que le cimetière est sur place près d'un demi-quart de lieue du chef-lieu et entièrement isolé et ne pensait pas que les contribuables dussent être astreints à faire cette dépense avec d'autant plus de raison que le sol de ce cimetière est un roc qui ne permet pas de faire de fosses à la profondeur voulue par la loi. Que par cette raison, les cercueils n'étant presque qu'à la superficie, on était obligés de les couvrir de tas de pierre ce qui était contraire aux lois sur les inhumations et exposait les dépouilles mortuaires à toutes sortes de profanation, que par ces puissants motifs ce cimetière devrait être interdit par les autorités compétentes pour le placer dans un lieu plus rapproché des habitations et qui n'aurait pas les mêmes inconvenances... "
L'assemblée, après avoir délibéré a décidé à une majorité de 11 contre 7, que " le cimetière serait clos de murs, que la dépense serait faite par tous les chefs de maison et par égale proportion à l'exception des indigents qui en sont dispensés. "
Les pères de famille des communes de Boutiers, St Trojan et St Brice avaient réclamé en septembre1833, la présence d'un instituteur communal pour l'enseignement de leurs enfants. Jean-Stanislas Melin dit Fagny suivait les cours de l'école Normale supérieure à Angoulême. Il fut contacté courant novembre. Il accepta de se rendre à St Trojan, et débuta les cours le 1er janvier 1834. Son zèle et son exactitude le firent apprécier de ses concitoyens.
Le 15 mars 1835, on décide de l'attribution d'un revenu au nouvel instituteur. La municipalité vota pour ce dernier la somme de 200 francs comprenant le traitement et l'indemnité de logement pour les trois communes.
L'école n'était pas gratuite à cette époque, sauf pour les indigents. La rétribution fut donc fixée à 1,50 franc par élève écrivant sur l'ardoise, à 2 francs par élève écrivant sur le papier. Il fallait également que les parents participent au chauffage en fournissant des bûches de bois...
Le 15 janvier 1837, on nomma "l'homme tambour" ! Il s'agissait du messager communal qui avait fonction de colporter l'information au sein du bourg ; peu de gens savaient lire à l'époque. Jean Gautier jeune fut nommé par l'assemblée. Son appointement fut arrêté à la somme de 10 francs.
Par contre, on savait avec aisance se tirer d'affaire lorsqu'il était question de redevoir des fonds.
En effet, une réclamation fut faite par les héritiers du sieur Buraud, ancien maire de St Brice, afin d'obtenir le remboursement d'une somme de 203 francs avancée par ce dernier pour les réparations de l'église et du presbytère de St Brice... Considérant que, si en principe, il est juste que la commune adjointe contribue aux réparations de l'église du chef-lieu, il est aussi juste que ces communes soient consultées sur l'opportunité et l'importance de ces réparations. " Par ces motifs, le Conseil Municipal et les Hauts imposés arreste qu'il n'y a pas lieu de faire droit à la demande des héritiers Buraud et d'imposer extraordinairement la commune... ".
Egalement le 14 juin 1838, l'instituteur Fagny quémande à la municipalité de Boutiers la somme rondelette de 400 francs pour l'indemniser de l'achat de mobilier fait pour l'école communale. La commune, se disant surchargée d'impôts, refusa la demande...
A cette même date, il est question, à propos du futur tracé du "chemin de grande communication N10" de Cognac à Confolens, de faire passer cette voie par l'Echassier ; puis le choix se porta sur la Trache. La commune fut consultée. " ... pence que ce chemin devrait passer par l'échassier plutot que par la Trache, puisqu'il est vray que la commune de St Trojean serait obligé de rétrograder pour aller à Cognac. En conséquence, le conseil municipal a décidé quil ne pouvait ni ne devait voter ni centime, ni prestation pour la confection de ce chemin ".
Ce choix était bien de l'avis de St Trojan... mais pas de celui de St Brice. D'où une lutte féroce entre ces deux municipalités...
Le 02 août 1840, les élections désignaient encore le vénérable Olivier Rambaud (ôlivier voire ôllivier) et Jean Cormenier conservait son poste d'adjoint. Allant sur ces 80 ans, Olivier Rambaud n'était pourtant pas de prime jeunesse...
Quelques petits problèmes en mai 1841 " ... de supprimé le pâquage des prês a toute espèce de beste a laine ... qua partir des fauche prochaine de 1841, aucun berger ni bergêre de brebis nont point le droit ni permission de rentré leurs brebis dans les prêe en aucune saizon a peine destre poursuit en toutes les rigueurs des lois...".
Le duo Rambaud-Cormenier atteint par la limite d'âge raisonnable, décide de se retirer en cette fin d'année 1842 : l'un avait 82 ans et l'autre 64 ans. Ils écrivirent en octobre 1842 leurs demandes de démission au Sous-Préfet de Cognac. Le Sous-Préfet Dupuy écrivit au Préfet " MM Rambaud et Cormenier ... m'ayant envoyé leur démission motivée par leur grand âge, j'ai l'honneur de vous proposer de les remplacer : MM Cormenier fils Jean-Baptiste et Dagnaud Pierre, conseillers municipaux qui me paraissent aptes et disposés à remplir le premier la fonction de Maire et le second celle d'adjoint... ".
Le 06 novembre 1842, Jean-Baptiste Cormenier succéda à Olivier Rambaud et Pierre Daniaud à Jean Cormenier.
Olivier Rambaud s'effaça doucement. Il resta un temps conseiller municipal jusqu'en 1843. Après une vie bien remplie, il s'éteint en son logis de Bel-Air, le 17 juillet 1852.

 
Jean-Baptiste CORMENIER
(Boutiers 23-05-1807 / Cognac 25-01-1878)
Propriétaire
1842 - 1846
Il est né dans la Grande rue du bourg. Son grand-père, Jean Cormenier (1734-1797), fut l'un des derniers syndics de Boutiers en 1789, puis Maire en 1794/1795. Son père, autre Jean Cormenier (1778-1858), sera le conseiller municipal de Pierre Saulnier en 1800 ; deviendra également l'adjoint d'Olivier Rambaud en novembre 1830.
Il appartient à une famille de serviteurs de Boutiers et de St-Trojan, composée de 9 enfants. L'une de ses soeurs, Jeanne Cormenier, est l'épouse de Pierre Charles Tondut (1801-1856), Maire de Saint-Trojan. Il se marie à Cognac le 30 novembre 1831 avec Demoiselle Suzanne Angevin, de St Sulpice. Ils auront deux filles.
Notre Jean-Baptiste Cormenier fait ses premières armes municipales le 11 novembre 1834 où il est nommé conseiller et restera en fonction jusqu'au 6 novembre 1842, date à laquelle il est nommé Maire de la commune de Boutiers par le préfet. Pierre Daniaud l'accompagnera en tant qu'adjoint.
Le 25 avril 1843, une lettre du Sous-Préfet propose aux communes de Boutiers et de St-Trojan de se regrouper. Mais en séance le 14 mai 1843, la municipalité ne donne pas suite au projet " Le conseil municipal et les plus heaux himpoze ont aixamines qu il pouraient avoir mézainteligeance entre les habitant des deux commune quand consaiquance que nous déziront de rester dans notre état actuel " (sic).
Le 02 juillet 1843, on nomme un nouveau garde-champêtre en la personne de Pierre Geoffroy, qui servira comme à l'ordinaire, les deux communes de Boutiers et de St-Trojan.
Au terme précis du renouvellement des municipalités le 16 juillet 1843, le procès-verbal d'installation indique le nouveau conseil composé entre autres de : Jean Cormenier père et Olivier Rambaud - toujours présent - et de Pierre Charles Tondut qui passe d'une commune à l'autre...
La vie municipale d' alors porte une attention particulière aux différents budgets ; notamment celui de l'entretien des chemins vicinaux qui s' élève pour l'année 1843 à la somme de 562 francs sur un budget total proche de 878 francs. Notre pays fait en ces années de gros efforts de construction de voies, élargissement, ponts etc... Les communes avoisinantes sont souvent sollicitées pour subvenir aux énormes dépenses. Mais la plupart du temps, elles déclinent leur participation en raison de faibles moyens.
Les frais résultant de l'école primaire et du culte sont également un lourd fardeau pour les communes. C'est la raison pour laquelle Boutiers, St-Trojan et St Brice se sont réunies.
De plus, quand il faut subvenir aux besoins des indigents, les communes sont désemparées. C'est le cas en 1844 pour Anne Gay, 37 ans qui est depuis 119 jours à l' hospice d'Angoulême et pour laquelle une somme de 83 francs est réclamée. Cette dernière " faisant connaitre l'insufizance de font et le peu de revenu " demande à Monsieur le Préfet de prendre en charge la moitié de la note. La pauvre Anne Gay retournera à Boutiers et décédera à l'âge de 40 ans dans une grande misère.
La municipalité a aussi le souci de l'embellissement de son centre. En 1846, on plantera 85 pieds de jeunes arbres sur un terrain appelé "la Chaume". Le prix payé s'élève à 100 francs dont 15 francs de tuteurs !
L'année 1846 voit également la nomination par le Préfet de Pierre-Charles Tondut comme devant devenir adjoint, mais celui-ci refusa. En août 1846, Jean-Baptiste Cormenier passe la main à Pierre Daniaud, mais restera encore quelques années conseiller municipal, où il aura quelques démêlés retentissants au sujet de l'église de la Commanderie.
Jean-Baptiste Cormenier est encore présent à Boutiers en 1870 où il est déclaré comme étant malade. Vers la fin de sa vie, il part vivre à Cognac, rue du Breuil où il y décédera.

 
Pierre DANIAUD
(Ballans 11-06-1795 / BST 08-06-1864)
Propriétaire
1846 - 1858
Il est né à Ballans le 23 prairial de l'an III, et appartient au milieu aisé de la terre. Plusieurs membres de sa famille ont joué un rôle pendant la période révolutionnaire à Ballans (ndlr : pays de Matha). Il se fixe dans un premier temps à Courbillac où il épouse le 16 septembre 1828, Marie Magé. Leur fils, Pierre naîtra en 1831.
Pierre Daniaud est nommé conseiller municipal le 02 août 1840, Olivier Rambaud étant Maire. Le 06 novembre 1842, il est installé comme adjoint de Jean-Baptiste Cormenier. Son ascension est rapide pour un "étranger" à la commune. Il devient Maire le 23 août 1846, Pierre Girard étant son adjoint (Pierre-Charles Tondut ayant refusé)...
Son mandat sera presque entièrement consacré au problème de l'église de Boutiers.
L'église paroissiale de Boutiers, détruite depuis la fin des années 1850, était autrefois située dans la Commanderie (terrain visible de nos jours derrière le bar / tabac).
Selon le décret du 26 juillet 1803, cet édifice appartenait au "conseil de fabrique de St Brice". Or, ce dernier demanda au conseil municipal de Boutiers l'autorisation de se défaire de la propriété de cette église.
Le 21 novembre 1847, le conseil de Boutiers déclare " ...la commune de Boutiers, était anciennement érigé en paroisse. Cette paroisse, dite de Boutiers, avait alors son église paroissiale et son prebitaire. Le prebitaire fut comme tant d'autres aliéné par la Nation à l'époque de la Révolution quant à l'église elle fut respectée. Cette église dans laquelle les cérémonies du culte ont été célébrées jusque vers le milieu de 1791 est précisemment celle située au chef lieu de la commune de Boutyiers... ". (sic)
Cependant, les sieurs Rambaud et Cormenier ne l'entendent pas de cette oreille, et affirment que cette église leur appartient !
La fabrique fait une réclamation au Préfet qui répond " envoie la fabrique en possession de l'église dont s'agit, sous la réserve des droits que les sieurs Rambau et autres pourraient prétendre à la propriété de cet édifice ".
En effet, la pétition envoyée par Rambaud et Cormenier prétend que :
"- l'église est située sur un terrain vendu au sieur Bonnin, "ayeul de Rambau" en date de 25 frimaire an II (15 décembre 1793).
- cette église n'était pas l'église paroissiale de Boutiers mais la chapelle du chapitre de la Commanderie St Antoine de Boutiers adjugé a son auteur par l'acte de vente daté, que fut-il vrai que cete église eût été celle de la commune, l'acte de l'an II n'en auret pas moins consacré de manière irrévocable les droits des réclamans.
- que le plan cadastral qui relève sous le n° 154 l'église en question comme la propriété de Mr Rambau établit un titre en sa faveur.
- enfin, si la fabrique a possédée l'église ce n'est qu'a titre de tolérence qu'une cloche a été placée dans le clocher et la clef remise au sacristain.
". (sic)
Rambaud et Cormenier décident alors d'attaquer St Brice. Le maire Daniaud et le conseil de Boutiers, n'oubliant pas, en outre, que MM Rambaud et Cormenier ont été administrateurs de la commune, se range derrière la décision du Préfet...
Mais l'affaire ressurgit fin 1849. Chapelle ou église ? La question reste posée...
En effet, dans l'acte de vente de Bonnin, il est mentionné parmi les bâtiments, une "chapelle abandonnée"...
Mais vu les dimensions de l'église et son architecture, ce n'est pas une chapelle. Il s'agirait donc d'une autre chapelle déjà détruite.
Le ton monte ! Les sieurs Rambaud et Cormenier, pas d'accord, se pourvoient en appel devant la cour de Bordeaux fin 1849.
La commune de Boutiers et la fabrique de St Brice sont assignées. Le Maire Daniaud se voit accorder, pas son conseil, le droit de poursuivre en appel et de lever, pour ce faire, un impôt exceptionnel de 500 francs (ndlr : rien n'a changé aujourd'hui...).
L'affaire traîne en longueur et commence à coûter très cher. Après le tribunal civil de Cognac, la sous-préfecture de Cognac, l'affaire est portée à la Cour impériale de Bordeaux (qui casse le jugement en faveur de Rambaud et Cormenier), puis la commune renvoie l'affaire devant le Conseil de Préfecture qui se déclare incompétent.
Le 15 mai 1853, le conseil de fabrique, peu argenté, se décide à lâcher prise...
Par la suite, on apprend cependant que le père du sieur Rambaud avait fait enlever en son temps l'ancienne chapelle qui se situait dans le clos de la Commanderie... Le maire Daniaud assure que des fouilles mettraient en valeur les fondations de l'édifice arasé.
Fière de ces différents éléments, la municipalité décide de se pourvoir devant la Cour de Cassation de Paris !
En mai 1855, Rambaud et Cormenier (et la justice) prétendent que l'église de St Marmet est l'église paroissiale de Boutiers.
Cependant, elle est en trop mauvais état pour ce service et que, en tant " qu'ancienne chapelle du château du Solençon, il serait ridicule de soutenir que se pourrait être une église paroissiale située à 2 kms du bourg ".
L'affaire coûte cher et le mémoire des avances faites se monte à 1874,54 francs. Le conseil et les "hauts imposés" votent un impôt extraordinaire.
Fin 1855, une tentative d'expropriation est infructueuse, et la destruction de l'église peut commencer.
Finalement en septembre 1856, la Cour de cassation est favorable à Rambaud et Cormenier, la commune est déboutée. Le maire et la population sont désolés, et devront une nouvelle fois mettre la main au portefeuille...
Pierre Daniaud expose " qu'il a le regret d'annoncer que la commune a perdu son procès au sujet de la revandication d'une ancienne église que la commune croiyet lui appartenir et que par arrait en datte du 11 septembre 1854, la Cour Impériale de Bordeaux a condamné ladite commune a tous les frais, montant de 5744 francs 21 centimes. Le pouvoir de la commune contre cete arrêt a été rejeté le 4 septembre 1856 des lors il est important de socupée du peyemnt immédiat de cette dites somme.
Sur quoi lassemblée a lunanimité adopte lesposé de M. le Maire et vote un nouvel impots pendant 10 ans a partir de 1858 à 1869, puis vote un emprunt de 4640 francs sur 6 ans...
". (sic)
Les finances de la commune de Boutiers vont mal, et on apprend que la "chambre commune" (la mairie) est affermée pour une somme de 45 francs à Pierre Texier, habitant Cognac.
Plus d'église, plus de cure, plus de mairie, pas d'école... le constat est affligeant !
C'est pourtant en cette année 1858 que la commune de St Trojan fut rattachée à la commune de Boutiers, suite à un édit impérial. Les habitants de Boutiers furent très majoritairement d'accord, mais ceux de St Trojan firent de la résistance " ont été d'avis que la commune de St Trojean cerets réunie à la commune de Boutiers comme l'administration supérieur le la toujours entendut même sur le procès-verbal de comodot et dincomodo le lexplique c'est St Trojan qui doit être réunie a Boutiers, aucune pièce émanante de l'administration nous la communiquer autrement...". (sic)
Pierre Daniaud dernier maire de Boutiers, sera aussi le premier maire de Boutiers-Saint-Trojan. Il y décédera le 08 juin 1864 !




MAIRES DE SAINT-TROJAN
Extraits du travail de Patrick Huraux ©

 
Jean SABOURAUD
(St-Trojan 08-01-1741 / St-Trojan 09-09-1789)
Laboureur à boeufs
Syndic 1789
Jean Sabouraud est l'un des derniers Syndics de la paroisse de St Trojan (voir au début de cette page le rôle du Syndic sous l'ancien régime).
Sa famille très pieuse, a le rare privilège de se faire enterrer dans l'église de St Trojan moyennant quelques écus. Il faut toutefois préciser que son frère cadet, Jacques Sabouraud, est prêtre et professeur de l'école secondaire de Cognac, puis vicaire de St Eutrope de Saintes.
Jean Sabouraud est un homme respecté et respectable qui possède quelques rudiments de culture et sait lire et écrire.
Notable parmi la classe paysanne, il est nommé Syndic avant les évènements révolutionnaires qui secouèrent le royaume.
Début mars 1789, on procède à la rédaction des cahiers de doléances de la paroisse de St Trojan. Non satisfait pleinement des dits cahiers et profitant de l'immense cri de joie et de gratitude qui s'élance vers le monarque Louis XVI (dont le frère cadet est possesseur de terres à Boutiers, notamment le château du Solençon), Jean Sabouraud se décide à écrire directement au Roi de France en l'informant des misères journalières qui pèsent sur le petit peuple. Ceci mérite d'être signalé car c'est une position assez rare !
Extrait de cette lettre (c'est truculent !):
"Noutre bon Roy et noutre bon Maître.
Je ne somme quin pauvre paysant et malgré que je navons pas pour un denié desprit je prenons la libreté de vous écrire parceque je venons d'aprendre avec ben de la joyeuseté que vous avés permis à tous vos bons et fidelle sujet de vous marqué leur condolesendance sur les abusements a reformé dans voutre royaume et sur les combinaisons a prendre pour remettre le tout sur un bon pied.
Monsieur noutre Curé qui est in assé brave houme a ce qu'il dit mais qui est ben distrait
(Philippe Maufras, curé de la paroisse de St Trojan de 1785 à 1791, puis membre du Conseil général de la commune dès 1792, ayant prêté tous les serments exigés...), nous disit Dimanche après Vespres, mes enfant Dieu soit bénit oliat in grand remus ménage en France, noutre bon Roy veut soulager de misère tout son pauvre peuple, quelque bounes ames ly ayant raconté que les labourours etiant dans in état a faire pitié,... il a fait ordonné par son houme d'afaire qui fasse demandé a tout le monde ce quo fallait qui fisse pour rendre hureux jusqu'au deurnier.
Comme je parlais de même de voutre boune Majesté vla que le cousin Egreta
(Egreteau) et le conpere Micha (Michaud) me dissirant comme si jécrivions a noute bon Roy ine lette ben polie et ben avenante...
Mais qui scait si il nous prandront point en maux sy in paysant osait ly ecrire oliat tant de monsieur qui ly ecrivant et quavant mais desprit que nous autres...mais ne sont ptete point si sincere.
Ecrives li trejous compere vous quaves eut ine boune inducation o veut mieux parlé à Dieu qua ses Saints...
...comment pouvions nou vivre plus lontent dans la peine et les tourmants que jendurions tous les jours, nous etions accablé de nouvel impositions et trejou sa venait de vot part disiant il et javions ben de la penne a zou crere mais coume y saviant ben que je sommes soumis et obeissant y parliant trejou en voutre nont pre mieux faire reussy leur entreprise, ny a pas noutre bon Roy jusqua cest maudit huissiers qui venant de voutre part nous enlevé sans pitié nos meubles et nous réduire a couché sur la terre lorsque javions pas darjean pre payer la taille, le dixain, le vingtieme, la capitation, les corvées et d'autre mangerie...
...Je nosions pas apres avoir ben travaillé a ramassé quelque petite paurée les aller vendre a la ville ny même a la campagne sans allé demandé dabort ine permission sur dau papié a des messieux et pour cela fallait trejou leur bailler de largeant car sy je vendions ine barrique de vin tant seulement a noutre voisin sans les prevenir et les payer tout de suite une armée de coumis quil appellant "grapeaux de cave" tombiant sur nous autres, daisissant le vin, les beux, la charete et le tout confixé a voutre profit disiant il mais malpeste nous lavions jamais croyut...
...Je savions noutre bon maitre que je devions payer des impositions cest trop juste et je nous en faisions in devoir sacré puisque vous entretenez ine grande partie de vos sujets pour conserver vos pocessions et rosser messieurs les Englais quand il voulant venir nous chagriner...
...Je vous en dirions ben davantage sy javions de lesprit asse pre vous expliqué plus clairement mais noutre patois que vous ne scavez point sans doute parlé parceque vous nêtes jamais venut a Cougnat ny a St Trojan pourrait vous enuyer de manière noutre bon Roy que jalons achevé noutre lettre...le courage renaitra premy nous autres nos champs seront mieux labouré, nos enfant ce marirant car noutre bon Roy la misère est sy grande qui ne voulant plus entendre parlé de mariage, o faut pretant ben se marier pre douner des soudars a vos regimant,
et coume disait voutre respectable et aimable granp pere le bon Roy Henry quatre je metttrons la poule au pot...
A St Trojant pres Cougnat en Saintonge le 15 mars 1789.
Signé : Jean Saboureau
faisant pretout le monde sindic.
"
La lettre ne parvint jamais au roi ni à son ministre Necker. Elle finit sa course dans la commune d'Aytré près de La Rochelle...
Le 26 août 1789, à Cognac, jour de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, se tient la réunion des Syndics de la Sénéchaussée afin de constituer la "Milice Nationale". Le 02 septembre 1789, les différentes compagnies, dont celles de Boutiers et de St Trojan, défilent à 7 heures du matin à Cognac. Ce sont les notables qui ont, en partie, effectué les choix et procédé aux nominations.
Cognac est divisé en six districts : Gensac, Bourg, St Brice, St Trojan, Boutiers et l'enclave de Chassors figurent ensemble.
C'est à l'issue de la messe du dimanche, devant la grande porte d'entrée, que St Trojan met sur pied les membres de sa milice. Jacques Perreau (né en 1764) de l'Ecart en devient le capitaine !
Porche de l'église de St-Trojan
Jean Sabouraud, homme sage et courageux, mais malade n'en saura pas plus puisqu'il s'éteint dans son petit village le 09 septembre 1789, âgé de 48 ans. Il laissait à sa place un monde nouveau, plein de promesses. Son temps avait vécu, les syndics des paroisses allaient bientôt s'effacer devant les Maires des Communes !

 
Louis GETRAUD
(Réparsac 17-07-1757 / St-Trojan 30-10-1815)
Laboureur à charrue
Syndic 1789 - 1790
La maladie puis le décès de Jean Sabouraud le 09 septembre 1789, plonge la paroisse dans une grande confusion. Une nouvelle élection de syndic s'opéra peu après nommant Louis Gétraud. Il sera ainsi à la fois le dernier syndic, et le premier Maire effectif de la commune de St Trojan.
Le 02 novembre 1789, les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation. La transcription est effectuée à St Trojan le 07 novembre : "Portant que tous titulaire de bénéfices et tous supérieurs de maisons et établissements ecclésiastiques seront tenus de faire dans deux mois la déclaration de tous les biens dépendants desdits bénéfices, maisons et établissements."
Finalement le 30 décembre 1789, on prend des dispositions pour la création des municipalités : "Suivant la convocation faite par le syndic principal, en vertu des lettres patentes de Sa Majesté, données à Paris au mois de décembre et janvier dernier, qui ordonnent l'exécution, comme Lois du Royaume des décrets de l'Assemblée Nationale des 14, 29 et 30 du dit mois de décembre dernier, pour procéder conformément à eux, à la formation de la municipalité de cette paroisse."
Le 14 janvier 1790, on définit les conditions pour être citoyen actif "Français ou naturalisés, âgés de 25 ans au moins, compris dans le rôle des impositions, pour une valeur maximum de trois journées de travail". A cette époque, on estime qu'il y avait en France 4 millions d'actifs, pour 2 millions de passifs.
Le Maire et les officiers municipaux formeront le directoire ; le corps municipal et les notables formant le conseil général. Les officiers municipaux et les notables sont renouvelables par moitié tous les ans, par tirage au sort. Le Maire quant à lui est élu pour deux ans.
Mais parallèlement à la municipalité se trouve le procureur (ou procureur-syndic) qui avait pour fonction initiale de veiller à la stricte application des lois... Inutile de préciser que ces deux hiérarchies parallèles étaient sans doute sources de conflits...
Mais qui est Louis Gétraud ?
Il est né à Réparsac, est l'enfant du couple Pierre Gétraud (ou Gestreau / Gestrau...) et Marie Légeron. Il s'établit à St Trojan suite à son mariage le 10 janvier 1780, avec Antoinette Joussan (dont le frère Jean Joussan sera Maire), fille de Gabriel Joussan et de Marie Roy (apparentée au clan des Sabouraud).
Fait singulier, son frère Pierre Gétraud épousera le même jour, Marie Joussan, la sœur d'Antoinette...
François Gétraud, autre frère exercera la profession de maréchal-ferrant à Réparsac.
De son mariage avec Antoinette, une petite Marie verra le jour à St Trojan en janvier 1781. Mais Antoinette décédera en 1787, âgée de seulement 31 ans.
Louis Gétraud convolera une seconde fois le 09 février 1789 avec Jeanne Sabouraud, veuve d'un Jean Sabouraud, et fille de Jean Sabouraud et Margueritte Barbotin. Quatre enfants couronneront l'union : les jumeaux Marie et Louis (morts en bas âges), François (mort en bas âge), et Louis (1798 - 1878) dont l'épouse Jeanne Légeron était sœur et tante de Maires de la commune... Comme quoi l'histoire des Maires de St Trojan est avant tout une affaire de famille, de clan.

 
Louis GETRAUD
(Réparsac 17-07-1757 / St-Trojan 30-10-1815)
Laboureur à charrue
1790 - 1791
Premier Maire
C'est ainsi que le 07 février 1790, se déroula la première élection d'un maire à St Trojan : " Les citoyens actifs de la commune et paroisse de St-Trojean étant assamblés dans leglise après les convocations et indications faites a la diligeance du sindic actuel, Louis Gestrau, tant par publiquation au prônne que par les lectures et affiches a la porte de la ditte Eglise a leffet denommer un maire et les officiers municipaux... elle a procedé a la nomination par scrutin.
Le président de la dite assemblée : Charles-François Perreau (de l'Ecart qui fut dans les rangs de la Garde Nationale, à Paris)
Le secrétaire : Nicolas Frédéric"
La population étant inférieure à 500 âmes, il fallait désigner :
- 1 maire
- 2 officiers municipaux
- 6 notables
- 1 procureur
L'élection effectuée à la majorité absolue donna les résultats suivants :
- Maire : Louis Gétraud
- Officiers municipaux : Jean Chaillot (futur maire) et Izaac Sabouraud (premier et second échevin)
- Procureur : Pierre Guitton
Le conseil général prêta alors le serment rituel "de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du royaume destre fidelle a la nation aux roy et a la loy et de bien remplir leur fonction"
A noter que Louis Gétraud accède relativement jeune au poste de Maire (33 ans). Pendant son mandat, bien des évènements modifièrent le paysage politique et social du pays...
D'abord le 26 février 1790, c'est la création des départements (au nombre de 83). Saint-Trojan ainsi que Boutiers appartiennent désormais au département de la Charente, et dépendent de la cité d'Angoulême. Nos affinités profondes furent bafouées, car nous étions plus proches culturellement (langue, mœurs) de la Saintonge et de l'évêché de Saintes, que du Duché d'Angoumois !
Le 1er octobre 1790 à Cognac, on procéda à : "l'établissement d'un tableau de la population du canton et de proposer ledit moyen qu'on pourrait avoir pour y détruire la mendicité" ce qui semble indiquer l'importance du problème. Louis Gétraud y participa.
Profitant de la vente des biens des églises, Louis Gétraud tente d'effectuer quelques acquisitions. Mais il n'est pas le seul...
Compte rendu en date du 17 décembre 1790 : "Messieurs du directoire du district ayant été instruit que Louis Gétrau, maire de la paroisse de St-Trojan a fait sa soumission pour l'acquisition d'un chai en masure situé au bourg de St-trojan, dépendant de la ci-devant cure.
Avons observé dudit chai que les quatre murailles et une très petite partie de la charpente, le surplus est tombé, pourri, tuiles brisées, confortant le chemin qui và de St-Trojan à Gatebourse. Valeur 90 livres.
Le sieur François Roy, marchand avait offert le 20 avril la somme de 200 livres.
"
Du 20 avril au 05 mai 1791, il achète finalement en compagnie de Pierre Guitton, le chai pour un montant de 420 livres. Ils ont dû surenchérir sur Jean Lalande qui avait offert la somme de 300 livres.
Le 19 décembre 1790, on procéda au premier renouvellement des municipalités et des notables (par moitié). Les sortants étaient désignés par tirage au sort, et le vote s'opérait par " la dépose des bulletins dans un vase ".
Jean Chaillot, sortant, est remplacé par le curé Maufras, nommé ainsi officier municipal ! Cependant, Jean Chaillot est réélu au titre de notable...
Le 03 janvier 1791, il est fait obligation pour les ecclésiastiques de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Les déchirures commencent.
A St Trojan le 30 janvier 1791, Philippe Maufras prête le serment à la Constitution. Voir ses déclarations ici
Les 20 et 21 juin 1791, l'épisode de la fuite du roi et de la famille royale - arrestation à Varennes - plonge la France et les Français dans la stupeur.
Le 1er octobre 1791, l'Assemblée Constituante cède la place à l'Assemblée Législative. C'est dans ce contexte que l'on procède de nouveau au renouvellement des municipalités.
Mi-octobre 1791, Louis Gétraud s'efface devant Jean Chaillot, mais demeure en qualité d'officier municipal. Il restera en prise directe avec les évènements, et reviendra rapidement sur le devant de la scène politique communale.

 
Jean CHAILLOT
(St-Trojan 07-04-1730 / St-Trojan 13-01-1812)
Laboureur à charrue
1791 - 1795
Elu à la place de Louis Gétraud mi-octobre 1791, Jean Chaillot n'est pas un inconnu puisqu'il était déjà présent aux cotés de Jean Sabouraud lors des premiers soubresauts de la Révolution, puis de Louis Gétraud. C'est un ancien, un sage, il a 61 ans.
Il est le fils de François Chaillot, meunier aux moulins de St Brice, et de Jeanne Sabouraud, du clan de St Trojan. La famille Chaillot est présente sur les territoires de St Trojan, Boutiers et St Brice depuis le début du XVIIème siècle.
Son frère cadet, André Chaillot reprendra le moulin de St Trojan, et sera l'auteur d'une importante filiation de meuniers.
Il épousera le 10 janvier 1758 une fille de St Brice, Margueritte Figeron (apparentée à Figeron, Maire de ST BRICE). De cette union, naquirent 8 enfants, dont :
- Jean-André qui sera défenseur de la Patrie en l'an VII,
- Marie qui épousera un tuilier de Boutiers, Pierre Girard,
- Jeanne qui convolera avec Jean Roy dit Mullon, futur Maire de St Trojan.
A cette période, la roue de l'histoire tourne vite...
Le 14 octobre 1791, la municipalité de St-Trojan doit présenter la liste de ses citoyens pour entrer dans la Garde Nationale. Nous y trouvons tous les chefs de famille, notables de la commune (Maufras, Chaillot, Robinaud, Roy, Pérraud etc).
Le 15 février 1792, les communes de Saint-Trojan et Boutiers se voient dans l'obligation de constituer une compagnie.
Le dimanche 15 avril 1792, les commandants en chef, adjudants, capitaines et lieutenants "...doivent se rendre en cette ville de Cognac, à l'effet de procéder à la formation des légions de gardes nationales et à l'élection des officiers qui les doivent composer, sous la présidence d'un commissaire du Directoire"
Le tout s'opère par élection et tirage au sort... Dans la 3ème compagnie, composée de 100 hommes, nous notons :
Capitaine : Perraud ainé
Lieutenant : Bonnin (de Boutiers)
Sous-Lieutenant : Perraud le jeune
1er Sergent : Jean Roy
1er Caporal : Jean Chaillot
Bien des hommes de cette compagnie iront grossir les rangs des armées de la Révolution. Beaucoup verseront leur sang. C'est le cas de Jacques-François Perraud, de l'Ecart, mort le 10 avril 1794, comme prisonnier en Espagne.
Courant 1792-1793, la commune de Saint-Trojan fourni 13 hommes... C'est beaucoup pour une petite localité. En mai 1792, on décrète la déportation des prêtres réfractaires.
Le 11 juillet, la Patrie est déclarée en danger. La Royauté chancèle ; à Paris, on massacre les opposants dans les prisons.
Le 21 septembre 1792, la Convention remplace l'Assemblée Législative, l'abolition de la Royauté est déclarée.
Le 22 septembre 1792, la République est proclamée, et le procès du Roy peut débuter.
Le 09 octobre 1792, le sieur Maufras, curé de Saint -Trojan prêta "...le serment d'être fidèle à la Nation, de maintenir de tout son pouvoir la liberté et l'égalité ou de mourir à son poste, prescrit par la loy du 14 août 1792."
Le citoyen Philippe Maufras restera donc encore quelques temps en poste au sein de la commune en qualité d'officier public, secrétaire, notable... (réélu le 01/12/1792 et encore présent en février 1794).
En vérité, il continue à tenir les registres de naissances, mariages et décès...
"Nous Maire et secrétaire greffier de la municipalité de Saint Trojan, en vertu de la loy qui constate, détermine le mode de constater l'état civil des citoyens du 20 septembre 1792, l'An quatre de la liberté et sur la réquisition du procureur de la commune, sommes transportés dans la maison presbitérale où était le dépôt des actes de naissance, mariage et décès et avons clos et arrêtés les dits registres courants qui étaient entre les mains du citoyen curé, à Saint Trojan le 30 octobre 1792, l'An quatre de la liberté et premier de la République française."
Ceci faisait également suite à la lettre du district de Cognac :
"Nous vous envoyons, citoyens, trois registres chacun avec leur double pour les naissances, les mariages et les décès.
La tenue de ces registres mérite le plus grand soin et la plus grande exactitude.
Veuillez bien les recommander à l'officier public de votre commune.
Nous sommes informés qu'il y a des communes où l'on trouve difficilement les citoyens qui veulent se charger de cette formation importante.
Mais, craignons que ces appréhentions ne soient qu'une nouvelle manoeuvre de nos ennemis qui, par des suggestions toujours perfides, cherchent à contrarier toutes les opérations qui peuvent nous assurer leur défaite.
"
L'administration du district de Cognac en désaccord avec cette politique des communes d'incorporer les prêtres (souvent les rares personnages à posséder quelques degrés de culture, et sachant lire et écrire correctement), envoie une lettre aux municipalités :
"Instruit que vous avez laisser accumulé de la paroisse de votre commune les fonctions municipales que par la Loi déclare incompatible avec les fonctions curiales"
Les jours de l'abbé Maufras en tant qu'administrateur sont d'ores et déjà comptés...
Dès la fin décembre 1792, Saint Trojan possède sa "salle publique de la maison commune", embryon de Mairie.
On affiche à la porte les déclarations et informations diverses.
Le 1er décembre 1792, les nouvelles élections municipales conservent Jean Chaillot au pouvoir ! Jean Joussan est nommé Procureur, et Jean Lalande officier municipal.
Tout ceci se déroulait dans un climat de guerre permanente... Les différentes campagnes entre 1791 et 1793 (Autriche, Belgique, Vendée, Italie, Allemagne, Hongrie etc...) nécessitaient d'importantes levées d'hommes, ainsi que des chevaux, du matériel de transport, du fourrage etc...
En août 1793, "la levée en masse" intègre tous les hommes célibataires âgés de 18 à 25 ans !
Ces réquisitions touchaient également nos populations ; chacun devant payer "son" impôt.
Le rôle des Maires était donc extrêmement délicat et souvent source de conflits avec les administrés, dont les fils servaient déjà sous les drapeaux.
Cette situation perdura pendant toute la période révolutionnaire et sous l'Empire. Le mandat de Jean Chaillot est incontestablement l'un de ceux qui se déroule dans un temps des plus mouvementés...
Le 21 janvier 1793, on guillotine le Roi Louis XVI.
Le 13 juillet 1793, c'est l'assassinat de Marat ; Robespierre s'impose...
En septembre 1793, la "Terreur" est mise à l'ordre du jour, l'Armée Révolutionnaire est créée...
En cette même année, l'âge du citoyen actif passe à 21 ans et le suffrage universel est pendant quelque temps appliqué. On procéda également au recensement de la population. On apprend ainsi que Saint Trojan possède 240 habitants dont 67 votants.
Nous avons un état de la municipalité de Saint Trojan au 4 ventose An II (22 février 1794) :
"Jean Chaillot, Maire Laboureur à charrue 63 ans
Jean Joussan, Agent national Laboureur à charrue 26 ans
Louis Gueslin, échevin métayer 51 ans
François Roy, maréchal 26 ans
Jean Lalande, notable 45 ans
Jean Baptiste Frédéric, notable percepteur cultivateur et travailleur à tous ouvrage de l'agriculture, 36 ans et 2 mois
...
Tous les citoyens cy dessus dénommés sont tous bons patriotiques et jaloux de remplir leurs fonctions et de suivre les ordres de la Convention Nationale, et d'obéir à leurs supérieurs lors qu'ils en seront requis.
"
Jean Chaillot ne semble pas s'inquiéter lors de l'épuration d'avril et mai 1794. Ce qui semble signifier qu'il fut un révolutionnaire zélé...
Le 1er prairial de l'An II (20 mai 1794), les Maires et agents nationaux des communes du canton se réunissent à Cognac pour dresser la liste de "levée extraordinaire de chevaux", réclamée par la loi du 18 germinal.
Pour "Trojan" la contribution révolutionnaire portait sur une mule de 3 ans, taille de 4 pieds, noire marquée de feu, appartenant à Jacques Merceron, valeur 800 livres...
Le 27 juillet 1794, arrestation et exécution de Robespierre et de ses partisans.
En cette période la plus dure et la plus sanglante de l'histoire politique de notre pays, nos villages à consonance religieuse ou aristocratique furent débaptisés.
Effectivement, de septembre à décembre 1794, Saint Trojan fut débaptisé pour s'intituler "Trojan la Montagne", par sympathie avec la tendance politique des montagnards. Les registres d'état civil n'en font curieusement pas mention. Par contre, on lit souvent "Trojan", ou "Saint Trojan Souloir" ou "Seloir" (Soloire à la mode Saintongeaise). Cette dernière appellation qui s'instaura en parallèle un temps avec "Trojan la Montagne" courant septembre 1794, perdura jusqu'à fin octobre 1797...
Il apparait aussi évident que c'est à cette époque que le temple de l'antique château de Saint Trojan fut visité et les sépultures profanées (on pensait y trouver des objets précieux). Les ossements furent finalement portés dans le cimetière.
Arrive alors la seconde épuration de nivôse An III (décembre 1794) dirigée par l'agent révolutionnaire Bordas.
"Tableau du personnel des administrations municipales dressées en vue de leur épuration.
Commune de Trojan la Montagne :
Jean Chaillot, cultivateur, Maire. Brave homme, bon citoyen, bonnes moeurs, estimé de ses concitoyens, il demande sa démission, il donne pour motif son âge et les soins qu'exige son domaine. Il serait peut être difficile de trouver meilleur homme quoique un peu plus capable.
Louis Gueslin, cultivateur, officier municipal. Bonnes moeurs, civisme pur.
...
François Perraud, propriétaire, notable. Bonnes moeurs, civisme pur.
Jacques Roy, cultivateur, notable. Il est aveugle.
...
En remplacement :
Isaac Sabouraud, cultivateur, notable. Patriote sage et prudent.
Commentaires :
Jean Chaillot ; nous pensons que ce citoyen doit conserver sa place puisqu'il jouit de l'estime et de la confiance de ses concitoyens, et qu'il possède une fortune qui le met à même de donner son temps à la chose publique.
Jacques Roy, notable, doit être remplacé comme étant aveugle. Perraud pourrait être à la place de Louis Gueslin qui est âgé et qui a peine peut vacquer à ses affaires...
".
Impossible dans l'immédiat pour Jean Chaillot de jeter les gants... Il lui faudra encore attendre un peu.
Le 23 septembre 1795, proclamation du Directoire et d'une nouvelle constitution "La Constitution de l'An III".
Aux nouvelles élections du 07 novembre 1795, Jean Chaillot sera finalement remplacé. Il quitte alors les "affaires", et décèdera paisiblement à l'âge de 82 ans.

 
Jean-Baptiste FREDERIC
(Cognac 11-12-1757 / St-Trojan 23-09-1801)
Propriétaire - Bourgeois
1795 - 1798
Agent municipal
Jean-Baptiste Frédéric est le fils de Sieur Nicolas Frédéric, marchand bourgeois, secrétaire greffier de la municipalité, et de Marie Beauséjour.
Les Frédéric appartiennent à une famille de notables présente sur notre territoire depuis 1755. Ils ont demeuré successivement au logis du Solençon, de l'Ecart puis au bourg de Saint-trojan. Jean-Baptiste - qui deviendra Jean sous la Révolution - est un propriétaire aisé.
Lors des élections du 07 novembre 1795, il devient le responsable municipal de St-trojan (agent). Le titre d'agent municipal (surnommé parfois National) a été créé lors de La Constitution de l'An III.
On assiste alors à un changement profond dans l'administration locale, en raison de la suppression des districts et du regroupement des communes. Chaque commune dont la population est inférieure à 5000 habitants est administrée par un agent municipal et son adjoint ; la réunion des agents municipaux de chaque commune formant la municipalité du canton. Ils sont nommés pour 2 ans, et renouvelables chaque année par moitié. Des fonctions de police leur sont attribuées...
L'importance des fonctions d'agent municipal fit que l'on trouva difficilement des volontaires. Une lettre du ministère de l'intérieur, en date du 15 décembre 1795 (24 frimaire An IV) nous éclaire :
"La taxe de guerre qui porte peine contre les agents dont les communes seront en retard pour payer les contributions, a éloigné des places beaucoup de citoyens capables.
Elles se sont trouvées par là vacantes ou livrées à des hommes sans moyen et souvent presque sans propriété.
Dans cet état de chose, où il y a vraiment danger à abandonner à des hommes inhabiles la rédaction des actes constatant l'état-civil des citoyens, il serait peut être bon de confier ce soin à des instituteurs répandus dans le canton.
Une légère indemnité accordée pour chaque expédition des actes serait pour eux un surcroît d'appointement et une occasion pour le gouvernement de faire une économie en les diminuant.
(NDLR : ?!...)
Il en résulterait aussi un avantage pour les administrés qui seraient toujours certains de rencontrer chez eux l'instituteur, ce qui n'arrive presque jamais à l'égard des officiers publics que les travaux des champs tiennent continuellement éloignés de leur domicile."
En avril 1796 à 38 ans, Jean-Baptiste Frédéric épousa Marie Roy, âgée de 22 ans (avec laquelle il eu 3 enfants, Rosalie, Jean et Louis), native de St-Trojan, fille de François Roy, vigneron et de Jeanne Babin. Son beau-frère, François Roy, maréchal-ferrant et propriétaire, deviendra à son tour Maire de St-Trojan en 1816.
Tous ces hommes, les mêmes en vérité qui se passent les rênes du pouvoir sont soucieux de l'éducation, car à cette époque, nos communes n'avaient pas, pour la plupart, d'instituteurs attitrés !
Aux élections d'avril-mai 1797, Jean-Baptiste Frédéric a donc été réélu, mais il n'ira pas au terme de son mandat. A ses cotés, nous trouvons Louis Gétraud, Jean Joussan et François Roy, notables.
Il sera aussi confronté au délicat problème de réunification des communes. Déjà...!!!
Le ton est donné par le Maire de Cognac, Etienne-Emile Albert qui écrit le 29 frimaire An VI (19 décembre 1797) :
"Nous soussignés agent municipal de la commune de Cognac, considérant que le peu d'étendue de la commune donne lieu aux inconvénients les plus graves,.... il est impossible aux agents des autres communes, souvent placés à l'extrémité et dans le fond des hameaux, d'y maintenir une police exacte, que c'est souvent dans les cabarets que se forment les complots....
Il serait combien avantageux pour la commune de Cognac d'acquérir une augmentation de citoyens et de territoire, et de centraliser davantage l'action de la police.
Le canton actuel est composé de 16 communes, toutes petites, ne présentant pas plus de 10000 âmes. Plus près des marchés des eaux de vie et du corps administratif.
Voici la circonscription nouvelle qui convient.
Ceci est à voir avec l'administration centrale du département, pour être présenté au corps législatif et converti en loi.
Communes anciennes : Boutiers, St-Trojean et St-Brice.
Communes telles qu'elles seront après la réunion : Le chef lieu sera St-Trojean, avec une population de 1032 habitants,....
"
Jean-Baptiste Frédéric qui avait été "aux affaires" à l'âge de 37 ans se retira et la dénomination "St-Trojan la Seloire" dont il fut un des plus fervents adeptes, sera rebaptisé "Saint-Trojan" en décembre 1797.
Il disparut en son logis à l'âge de 44 ans.

 
Louis GETRAUD
(Réparsac 17-07-1757 / St-Trojan 30-10-1815)
Laboureur à charrue
1798 - 1800
Agent municipal
Louis Getraud n'est pas un inconnu, puisqu'il fut déjà en charge de la municipalité dès ses débuts... (voir ci-dessus)
C'est vraisemblablement en début avril 1798 qu'il revient au pouvoir, comme agent municipal et ayant son beau-frère Jean Joussan comme adjoint et officier public.
Le problème de l'instruction populaire se pose toujours cruellement. Témoignage de cet état, la lettre du 03 août 1798 (16 thermidor an VI) de l'administration municipale du canton de Cognac à celle du département de la Charente :
"Citoyens,
En exécution de l'article 3 de l'arrêté du Directoire exécutif du 27 brumaire dernier et de l'article 2 de celui de votre administration du 28 prairial, nous vous adressons l'état, non des écoles publiques car il n'en existe pas dans notre arrondissement, mais des écoles privées, de leurs instituteurs et élèves de l'un et de l'autre .... s'il en vient d'autres à notre connaissance nous auront soin de les mettre également sous vos yeux dans un état supplétif.
Lorsque le jury d'instruction sera nommé et qu'avec l'un de ses membres nous aurons fait les visites prescrites par l'article 2 de l'arrêté du Directoire exécutif du 17 pluviôse, alors mieux instruit sur le compte des instituteurs, nous vous feront connaître leurs principes, leurs moeurs et leurs talents.
Salut et Fraternité
M. Sarrazin
"
Les élections de mars-avril 1799 confirment le tandem à la tête de la commune...
Louis Getraud restera en poste jusqu'au début mai 1800, cédant naturellement la place à son beau-frère. Il se maintiendra au sein de la municipalité vraisemblablement jusqu'à sa mort.
En octobre 1799, Bonaparte arrive à Paris pour préparer le coup d'état du 18 brumaire An VIII (09 novembre 1799). Le Consulat est mis en place ! La Révolution et le Directoire ont vécu. Une nouvelle ère se profile et la France s'apprête à confier son destin à un Empereur...

 
Jean JOUSSAN
(St-Trojan 27-10-1767 / St-Trojan 26-09-1846)
Propriétaire
1800 - 1815
Dès 1792, Jean Joussan est partie prenante dans la vie municipale. En effet, il est membre du Conseil Général, en qualité de notable dès l'âge de 25 ans.
Puis en novembre 1795, nous le retrouvons adjoint de Jean-Baptiste Frédéric, pour devenir en suivant celui de son beau-frère Louis Getraud de 1798 à 1800.
Beau parcours pour ce jeune villageois...
Aux élections municipales de mai 1800, Jean Joussan devient donc Maire !
Qui est-il ?
Jean Joussan est le fils de Gabriel Joussan (natif de l'Echassier), notable dès 1790, et de Marie Roy, de St-Trojan.
Sa soeur Antoinette est l'épouse du Maire Louis Gétraud.
Il épousera une fille de Richemont, Marie Tachet avec laquelle il aura 7 enfants (deux "Marie", trois "Jean" et deux "Jeanne"). Les conditions de vie étaient rudes et la médecine limitée...
Trois enfants n'atteindront pas l'âge des 2 ans ; Marie décédera à 18 ans !
Cependant, son cinquième enfant, Jean (1799-1860) qui épousera Marie Bibard, sera Maire de 1834 à 1846.
La constitution de l'An VIII apporte les modifications suivantes :
- Le directoire du département est remplacé par les préfets.
- Création des arrondissements.
- Le suffrage universel est rétabli "Tous citoyens de 21 ans, domicilié dans la commune depuis 1 an a le droit de vote"...
Mais ce vote ne comportait plus d'élection ! En effet, les électeurs et les élus étaient les mêmes, se désignant entre-eux par la règle du dixième afin de former des liste de notabilités communales, départementales et nationales.
Néanmoins, la Constitution fut soumise à l'approbation populaire, en vertu de la souveraineté nationale. Car on était conscient que les Français tenaient aux conquêtes civiles de la Révolution et à la première de toutes, l'égalité sociale !
On vota donc dans chaque commune, non au bulletin secret, mais en signant sur un registre public OUI ou NON. Cette opération fut achevée le 28 février 1800 ; la Constitution fut approuvée par 3 011 107 voix contre 1 562...
Ce fut un véritable plébiscite !
Le 14 prairial An VIII (03 juin 1800), Jean Joussan est témoin d'un triste évènement :
"Sont comparus, Jean Joussan, Maire, Louis Gétrau, 43 ans, cultivateur et Mathieu Sarrazin, marchand demeurant Cognac, 58 ans, lesquels ont déclaré que Antoine Beaumont, domestique de Louise Sébillaud, meunière de la commune de St-Trojan ; lequel âgé de 21 ans de la commune de Chives, canton de Beauvais sur Matha, est mort s'étant noyé entre 7 et 8 heures du soir, le 3 de ce mois dans la rivière de Lassoloire, étant sur un bâteau qui a coulé à fond, sans qu'on est pu lui donner aucun secours".
Le 14 juin 1800, Bonaparte écrase les Autrichiens à Marengo...
A partir de cette année 1800, les registres de délibérations commencent à nous apporter quelques renseignements sur la gestion de l'équipe municipale...
"Moy Jean Joussan, Maire de la commune de St-Trojean s'étent réuny en la maison commune au son de la cloche.... au sujet des perception des contributions foncières et mobilière et du rolle des porte et fenaitre de l'an neuf...."
Voici par contre, le premier budget connu de St-Trojan, en date du 14 octobre 1800 (22 vendémiaire An IX) :
"Etat des depanse communalle de la commune de St Trojean pour lan neuf :
- Frais de bureau dut au Maire - 36 francs
...
- Abonnement de bultain - 9 francs
- Frais de tambour - 6 francs
- Frais de clauture de cimetiaire - néan
- Frais de piaiton - 6 francs
- Garde champaitre - néan
- Voirie des chemains vaisinau - néan
- Entretien de faussai aqueduc - néan
- Frais relatif aux aubjet de sur la propreté - néan
Total ... 86 francs
Certifie le présant état par moy Maire de la commune de St Trojean
etc..."
Vers 1801-1802, au retour d'exil de Simon-Paul Gay, curé de St-Brice, les communes de Boutiers, St-Trojan et St-Brice sont réunies ensemble pour l'exercice du culte.
Le presbytère en fonction étant celui de St-Brice.
A son décès survenu en 1820, le centre religieux sera St-Trojan pour quelque temps...
A ce sujet, nous découvrons que Jean Joussan avait lui aussi profité de la vente des Biens Nationaux.
"3ème jour Complémentaire de l'An III (19 septembre 1795) Les administrateurs du district de Cognac, vendent (suite à l'affiche du 30 fructidor, dont il a été donné lecture), une grange nommée 'La brechue', provenant du presbytère de St-Trojan.
De 20 pieds de largeur sur 25, Plus un jardin et un ayreau, ayant servi de cimetière, de 8 lattes. Le tout pour une somme de 800 livres.
"
A la séance du 19 vendémiaire An IV (11 octobre 1795), Jean Joussan proposera 39500 livres ; Jean Lalande 40000.
Finalement, Jean Joussan obtiendra le dit lot pour un montant de 41000 livres.
Le 08 avril 1802, le Concordat est promulgué, c'est l'officialisation de la liberté des cultes ; le 1er mai 1802, création des lycées.
Le 02 août 1802, Napoléon Bonaparte obtient le Consulat à vie, et le 04 août à Paris, la Constitution de l'An X est proclamée.
Les principales modifications résident dans son étape vers un pouvoir héréditaire et par une augmentation accrue des pouvoirs dans les mains du consul à vie. Localement, les Maires des villes de plus de 5000 habitants sont élus par le Consul lui-même, pour les autres il s'agit du Préfet.
A St-Trojan comme partout, on commémore le 14 juillet... Mais si fête il y a, notre pays demeure toujours en guerre, et l'état réclame encore des soldats.
"Aujourd'huy 3 thermidor An X (22 juillet 1802), en vertu de la dite convocation du Maire de la ditte commune en datte du 2 du présent mois.
Le Conseil Municipal setent fait présenter la Louy du 28 floréal dernier.
Les bultiat de consecristion des années 9 et 10 :
Jacques Michaud, Louis Roy, Jean Tallon (né à Boutiers le 12.9.1780), Jean Ménier.
Le tableau de l'An 9 continent 3 candidats, le conseil municipal a adopté la voix du sor trois billets d... a été déposés d'en un chapaux dont deux blans et sur le trouizianne il est écrist en mots concercrist de l'an 9 pour larmée de réserve lequel billet était tombe a Louis Roy se trouvé conscrist de lan 9 dan larmée de reserve, suivent le signaylement conscrist de l'an 9 pour larmée reserve Louis Roy agée de 22 ans, taille 5 pieds trois pouze neuf ligne, cheveux chatain, frons large, yeux roux, nez bien fait, bouche petite, manton rond.
Conscrist de lan dix, armée active, Jean Ménier, agée de 21 ans, taille 5 pieds 1 pouze, 9 lignée, cheuveux chatains, front large, yeux roux, nez gros, bouche moyenne, manton pointu.
Fait et arrêté en la maison commune de St-Trojan
".
16 mai 1803, embargo de l'Angleterre, 200 000 hommes se préparent à envahir le Royaume-Uni en juin...
Le Code Civil est promulgué le 21 mars 1804 (30 ventôse an XII), mais St-Trojan ne le recevra que le 21 janvier 1805.
Le 18 mai 1804, le Sénat proclame Napoléon Bonaparte Empereur des Français et adopte la Constitution de l'An XII, qui lui consacre les pleins pouvoirs. C'est le "nouveau régime".
Finalement, c'est le sacre de l'Empereur le 02 décembre 1804 par le Pape Pie VII.
Il règnera sous le nom de Napoléon 1er pendant 10 ans, jouissant d'une grande notoriété pour son habileté militaire et politique, mais aussi pour son régime autoritaire, et pour ses incessantes campagnes causant la mort de plus d'un million de civils, soldées par de lourdes défaites finales (dont Waterloo en Belgique).
Le 14 juillet 1805, la célébration n'aura pas lieu, la fête nationale est reportée au 15 août à l'occasion de la Saint-Napoléon...
21 octobre 1805, la flotte Française est détruite à Trafalgar (Cap au sud de l'Espagne). Cette victoire marque la suprématie Britannique sur les mers.
Le 02 décembre 1805, Napoléon écrase à Austerlitz (Tchéquie) les Russes et les Autrichiens...
1er janvier 1806, la France fête le nouvel an, rétabli par la restauration du calendrier Grégorien !
26 février 1806, début de la construction de l'Arc de Triomphe à Paris.
Octobre 1806, février 1807, les troupes Russes continuent de se faire massacrer. Les batailles sont sanglantes !
C'est dans ce contexte qu'eurent les élections municipales du 15 décembre 1807. Jean Joussan est réélu Maire, et François Roy son adjoint (nominations effectuées par le préfet). François Roy deviendra quelques années plus tard Maire à son tour.
Rien ne transpire des délibérations du conseil municipal. Nous ignorons les décisions prises... Jean Joussan sera en cette période de 1807 à 1810 officier public de l'état civil.
Le 10 septembre 1808, un sénatus-consulte (texte émanant du sénat) exempte de service militaire les hommes mariés et les veufs pères de famille. Les mariages montent en flèche. On assiste à des mariages avec des différences d'âges importantes.
Les 05 et 06 juillet 1809, Napoléon écrase les Autrichiens à Wagram (Autriche). La bataille laisse sur le terrain 50000 tués ou blessés graves.
Les années 1810 à 1812 sont toujours marquées par notre "va-t-en guerre" avec en point d'orgue la campagne de Russie, la bataille de la Moskova (80000 morts de part et d'autre) pour finir le 19 octobre 1812 par la (terrible) retraite de Russie via la Bérézina !
Des remplacements au sein de la municipalité interviennent le 20 décembre 1812. Louis Gétraud, Pierre Guitton, Jean Roi dit Mulon, Louis Sébillaud et Jean Lalande fils aîné renouvellent leur mandat (par tirage au sort).
Octobre 1813, Napoléon 1er essuie un nouveau revers à Leipzig (Allemagne).
Le 06 avril 1814, il abdique et le 24 avril Louis XVIII débarque et regagne son trône. 300000 hommes appartenant à l'armée impériale sont licenciés...
La dernière décision de notre municipalité fut la nomination le 1er février 1815, du Garde-champêtre en la personne de Pierre-François Guitton. Celui-ci était en charge des deux communes de St-Trojan et Boutiers. Son traitement s'élevait alors à 180 francs, soit 93 francs pour Boutiers et 87 francs pour St-Trojan.
De mars à juin 1815, c'est l'épisode des "Cent-Jours" qui prendra fin après la défaite irrémédiable de Waterloo. (Voir l'histoire ci dessus avec le Maire de Boutiers : Nicolas Moyet)
Cette période s'étale historiquement du 20 mars 1815 (retour de l'Empereur aux Tuileries) au 22 juin 1815, date de sa deuxième abdication.
Désormais, les Préfets se doivent de nommer dans les municipalités un personnel proche de la monarchie !
De nouveaux Maires seront donc nommés.
Aux élections de début Juin 1815, Jean Joussan quittera son poste (certainement contraint par le Préfet) au profit de Pierre Tondut.
Il gardera néanmoins sa place en tant qu'adjoint dans cette nouvelle municipalité, puis reprendra sa fonction de Maire, en raison de la probable 'maladie' du Maire en place.
Il ne semble pas du tout prouvé que l'aspect politique influa sur ces décisions ; nos fonctionnaires n'apparaissant pas comme des Bonapartistes intransigeants ou des Monarchistes convaincus... à moins que le Préfet ne voulu fermer les yeux !

 
Pierre TONDUT
(Chassors (Julienne) 04-10-1763 / St-Trojan 11-05-1817)
Cultivateur
1815
Cent jours
La période des "Cent-Jours" est si courte qu'elle prend à défaut les autorités politiques qui désirent installer ici et là leur majorité.
C'est ainsi que Pierre Tondut ne sera installé au poste de Maire que le 11 juin 1815, par arrêté du Préfet en date du 5 du dit mois ; alors que les "Cent-Jours" s'étalent de mars à juin 1815...
La municipalité est composée de Pierre Normand, Louis Roy, Jean Roy, Isaac Robinaud, Jacques Roy, Jean Lalande, Pierre Guitton et Louis Sébillaud.
Nous sommes le 08 juillet 1815, et Louis XVIII fait sa deuxième entrée dans la capitale.
Pierre Tondut restera peu de temps en fonction, car dès août/septembre 1815, Jean Joussan l'a remplacé. Pourquoi ?
Maladie, incompatibilité d'humeur, divergence politique, décision préfectorale, pétition, ..... ? Les archives municipales et départementales restent désespérément muettes.
Qui est Pierre Tondut ?
Il est baptisé à Chassors le 04 octobre 1763, fils de Jean Tondut, propriétaire à Julienne et de Jeanne Archambaud.
Lui-même cultivateur à Julienne, il épouse le 23 mai 1796 à St-Trojan, Marie Sabouraud (née en 1772), fille d'Isaac Sabouraud et de Magdeleine Normand.
Ce n'est qu'après le décès de son beau-père vers 1806, qu'il vint s'installer définitivement à St-Trojan.
Il fut entre-autres père de Pierre-Charles, futur Maire...
Pierre Tondut, éphémère Maire décède à St-Trojan en mai 1817.

 
Jean JOUSSAN
(St-Trojan 27-10-1767 / St-Trojan 26-09-1846)
Propriétaire
1815 - 1816
Donc vers août/septembre 1815, Jean Joussan revient aux commandes de la Mairie. Son absence aura été de courte durée, mais il y restera lui aussi peu de temps...
Cet homme rompu aux fonctions municipales devra céder sa place et préparer son fils Jean ! Il abandonne son mandat entre avril et juillet 1816. Il n'a pas encore 50 ans. Toutefois, il poursuit son devoir au service de sa commune en restant présent au sein des municipalités puisqu'il sera encore nominé lors des élections quinquennales de mars 1827.
Il s'éteindra en son logis de St-Trojan en septembre 1846, âgé de près de 80 ans.

 
François ROY
(St-Trojan 05-10-1770 / St-Trojan 22-04-1845)
Maréchal-ferrant - Propriétaire
1816 - 1825
Dès février 1794, François Roy est déjà membre du Conseil Général de la municipalité. D'ailleurs, il n'est autre que le beau-frère de l'ancien Maire Jean-Baptiste Frédéric et le cousin germain de Jean Joussan son prédécesseur.
La Mairie de St-Trojan est décidément une histoire de famille. Les dynasties de Maires se succèdent jalousement. Il est vrai que la population de St-Trojan est relativement faible, en chute depuis la révolution...
Il exerce le métier de maréchal-ferrant à St-Trojan. Il cumulera plus tard les professions de maréchal et de propriétaire.
Mais qui est François Roy ?
Il est le fils de François Roy (1739-1795), vigneron et de Jeanne Babin. Sa tante Marie Roy est l'épouse de Gabriel Joussan.
Il est entouré par 8 frères et sœurs. Son frère Jacques sera adjoint de la commune.
Le 31 août 1790, il épouse à St-Trojan Marie Michaud, veuve de Jacques Pouzou, et son aînée de 24 années. Intérêts financiers en question ... ? Manière d'échapper aux réquisitions militaires ... ?
Il convolera ensuite en seconde noces, le 28 août 1826 à St-Trojan, avec Jeanne Roy (1803 - 1874) fille de Jean Roy, sergent de milice, et de Jeanne Michaud. Aucune postérité ne viendra couronner ces deux unions.
François Roy devient donc Maire de la commune vers avril / juillet 1816.
Son adjoint sera en 1825, Pierre-Charles Tondut, fils de l'ancien Maire éphémère.
Hélas, les registres sont toujours désespérément muets sur la vie municipale.
Rares sont les délibérations inscrites ou tout au moins qui nous soient parvenues.
En 1817, le cens (contribution financière versés par les citoyens s'ils désirent voter ou être éligible, c'est le suffrage censitaire) est fixé à 300 francs pour voter et à 1000 francs pour être éligible (il était fixé à 30000 francs en 1815). En 1831, il sera abaissé de nouveau à 200 francs, et en 1847 à 100 francs. En 1848, le suffrage censitaire est remplacé par le suffrage universel...
Le 10 mars 1818, la loi présentée par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr rétablit un service militaire de six ans pour les jeunes choisis par tirage au sort, qui peuvent éventuellement payer un remplaçant !
1er août 1820 : Demande de changement de la maison curiale.
"A monsieur le Préfet du département de la Charente.
Monsieur,
Les soussignés habitants des communes de Saint-Trojan et Boutiers, canton et arrondissement de Cognac,
Ont l'honneur de vous observer que ces deux communes ont été réunies à celle de Saint-Brice Charente pour former une succursale dont le chef lieu fut fixé à Saint-Brice Charente, cette fixation eut lieu sur la demande du sieur GAY qui fut nommé desservant et les habitants des autres communes n'y consentirent que sur ce que cela entrait dans les convenances du sieur GAY qui possédait des propriétés dans cette commune, quoique les habitants des communes de Boutiers et Saint-Trojan en éprouvaient une grande incommodité étant obligé de traverser la rivière la Soloire pour se rendre à Saint-Brice.
Aujourd'hui toute considération nuisible est cessée par le décès de monsieur GAY, on doit rétablir les choses dans l'état où elles auraient due être mises dans le principe.
Le chef-lieu de la commune de Saint-Trojan est au centre des trois communes, elles sont a peu de chose près à la même distance les unes des autres, les habitants de celle de Boutiers passent par le chef-lieu de celle de Saint-Trojan pour se rendre à Saint-Brice et les uns et les autres sont obligé de traverser la Soloire.
En plaçant la succursale à Saint-Trojan on évite aux habitants de la commune un déplacement on abrège de moitié le chemin de ceux de Boutiers et on ote à tous le désagrément de traverser la rivière la Soloire, il n'y aura que les habitants de Saint-Brice qui éprouveront cette traversée.
En conséquence les soussignés vous supplient de placer le desservant de la succursale des communes sus dites au chef lieu de celle de Saint-Trojan où il y a une église propre au service divin et une très jolie maison curiale.
Ils attendent cette justice de votre bonté et vous saluent avec respect.
...
Signature des gens de la commune de Saint-Trojan
...
Vu par légalisation et confirmation des signatures ci dessus apposées aux quelles foi doit estre ajoutée par les maires des communes de Saint-Trojan est Boutiers
Le premier aoust 1820
Rambaud et Roy maires
".
05 mai 1821, Mort de Napoléon sur l'Ile Sainte-Hélène.
Le 13 mars 1822, François Roy procède à la bénédiction de la cloche de l'église de St-Trojan en compagnie d'Olivier Rambaud, maire de Boutiers et de Jean-Léon Dupuy et son épouse Adèlle de St-Denis, parrain et marraine.
Puis c'est un différent que François Roy doit règler avec Pierre Arraudeau, ce 4 mai 1822. En effet, ce dernier déclare :
" qu'il renonce entièrement à sa posésion et jouissance dun terrin vague situé devant la porte praincipale de léglise de la commune et borné par du mur de cloture au couchant et partie du midi qu'il reconnais que ledit tairin appartin et a toujours appartenut a la commune comme ayaint ancienement servi de simetière quan consequense il sangage a an retirer le fumier au moment ou on les porte dans les champ et a enlever les bois et toute autres objets quil a dépansé sur ledit terrin comme aussi le combles les fausse quil a creusé et a égualiser ledit terrin avec les deblois quil poura prendre le long du mur du nor de léglise desquil aura transporté le fumier moyainant quil ne sera fait par nous Maire aucune recherche ni poursuite au sujet des terre quil ont été enlevez sur ledit terrin ni de la possessionque ledit Arrandaux sur étoit attribué et que les pièces et papiers quil a fourni a Monsieur le Soupréfait lui seront rendu et a quoi le Maire surnommé avons consenti et accepté et ont signé avec nous Louis Roi et Pierre Guitton, témoin amené par le dit Arrandaux pour signer en lieu et place, attendu quil ne sait écrire les jours et mois, .... ".
Le 12 juin de cette même année 1822, des remplacements au sein de la municipalité sont opérés, à savoir :
" Pierre Guitton, 68 ans, propriétaire, possédant 900 francs de rente est nommé en remplacement de Louis Sébillaud décédé.
François Guitton, 45 ans, tonnelier, ayant 50 francs de rente, est nommé en remplacement de Jean Roy décédé.
Louis Gétraud, 38 ans, cultivateur, ayant 100 francs de rente, est nommé en remplacement de Gétraud père, décédé
".
08 juin 1824, un amendement retouche la loi Gouvion-Saint-Cyr, la durée du service militaire est portée à 8 ans...
Le 16 septembre 1824, mort de Louis XVIII, et avènement de Charles X.
Le 15 mai 1825, on vote le budget de l'année suivante. Les recettes ordinaires s'élèvent à 74,05 francs et les dépenses à 196 francs. Ces dernières comprennent le "service ordinaire" du culte, de l'instruction primaire et le salaire du garde-champêtre. Le déséquilibre est patent. Néanmoins les frais sont indispensables, il y a lieu de "s'imposer extraordinairement" pour combler le déficit (c'est à dire lever un impôt supplémentaire)...
Mais François Roy n'a visiblement pas que des amis dans son petit fief...
Les informations soumises au Sous-préfet en cette fin d'année 1825, mettent fin à son mandat :
12 décembre 1825 - Bureau du secrétariat général
" Monsieur le Préfet,
Lorsque je vous ai adressé mon état des maires et adjoints pour le renouvellement quinquénnal, je vous ai proposé aucun changement pour la place de maire de Saint-Trojan, n'ayant jamais eu lieu d'être mécontent de celui qui est titulaire, depuis j'ai appris qu'il mène une conduite fort immorale, ce qui est d'un dangereux exemple , c'est au point que le desservant de la succursale de Saint-Brice est résolu à abandonner cette succursale si le maire de Saint-Trojan (réunie pour le culte à Saint-Brice) n'est pas changé.
En conséquence comme il est essentiel de conserver le peu de prêtres qui existent dans cet arrondissement et que je me suis assuré que le sieur ROY François, maire de Saint-Trojan donne à ses administrés l'exemple pernicieux d'une conduite répréhensible sous le rapport des moeurs.
Je vous serai obligé si votre travail n'est pas encore fait de vouloir bien nommer en remplacement dudit François ROY, le sieur ROY Jean, porté en première ligne sur la liste ci-jointe.
Agréez monsieur le Préfet, l'assurance de mon respect.
Le sous-Préfet Ch. D'Alès ".
Deux candidats furent donc aussitôt proposés au Préfet. Jean Roy dit Mulon, propriétaire âgé de 58 ans, ayant 1500 francs de rente, et en deuxième position, Louis Gétraud, propriétaire de 29 ans, ayant quant à lui 600 francs de rente.
Le préfet opta pour le premier.
Que se passa-t-il réellement ?...
Comme il est mentionné en haut de ce paragraphe, François Roy, âgé de 55 ans vit au chevet de sa vieille épouse qui décèdera finalement le 18 novembre 1825 à l'âge de 79 ans.
Son remariage 9 mois plus tard avec sa jeune parente âgée de (seulement) 22 ans, pourrait être à l'origine du "scandale". Connaissait-il déjà charnellement cette jeune créature ? Ce qui expliquerait bien volontiers les médisances à son sujet...
François Roy fut donc démis de ses fonctions le 31 décembre 1825.
Son successeur inaugura la nouvelle année.
François Roy mourut en avril 1845 à St-Trojan.

 
Jean ROY dit Mullon
(St-Trojan 10-03-1769 / St-Trojan 03-10-1839)
Propriétaire
1825 - 1831
Jean Roy est nommé Maire en remplacement de François Roy, destitué par le Préfet et Sous-préfet le 31 décembre 1825. Il débute donc réellement son mandat le 1er janvier 1826.
L'adjoint demeure Pierre-Charles Tondut. Au 17 novembre 1826, nous avons une vision exacte de cette municipalité (ils sont dix) : François Guitton, Jacques Michaud, François Pelletier, Isaac Robinaud, Pierre Guitton, Jean Lalande, Louis Roy et Louis Gétraud.
Qui est ce nouveau venu ?
Jean Roy dit Mullon est né à Saint-Trojan. Il est le fils de Marie Chaillot et de Pierre Roy (1724-1807) natif du village des Mullons (ce qui explique le surnom accolé au nom de Jean - le patronyme ROY étant copieusement représenté à St-Trojan - les surnoms, sobriquets permettaient ainsi de les différencier. Il y avait Roy Mullon, Roy Dufour, Roy Grillat etc...).
Il est donc le neveu de Jean Chaillot, l'ancien Maire...
Il est propriétaire, et domicilié au bourg de la commune. Il épouse à St-Trojan, le 23 germinal An IX (13 avril 1801), Jeanne Marie Chaillot (sa cousine 1774-1847), fille de Jean Chaillot et de Marguerite Figeron. Ils auront cinq enfants.
Les registres nous apprennent qu'en janvier 1827, les chemins vicinaux de la commune sont au nombre de 12, et que l'on procède à des travaux sur le chemin qui mène de St-Trojan à Gatebourse.
En 1828, les individus les plus imposés, et qui possèdent des terres et immeubles sur St-Trojan sont : Rambaud, J. Joussan, Girard, P. Guélin, Carré, Delaunay, J. Roy (Maire), Cormenier, Dupuy et Guérin.
Les budgets sont toujours difficiles à boucler. C'est pourquoi on a souvent recours aux "Hauts imposés" pour combler les déficits, et lancer des impositions dites extraordinaires...
Le 14 mai 1829, l'équipe municipale présente un budget débiteur de 175,55 francs. Les postes les plus "gourmands" sont essentiellement le service du culte paroissial, l'instruction primaire et le salaire du garde-champêtre (le tout représentant un coût de 267,50 francs).
En 1829 à Paris, la rue de la Paix est éclairée au gaz, et à Rennes c'est la première création d'une caisse d'épargne et de prévoyance...
Cependant en 1830, Paris s'apprête à vivre une nouvelle révolution, avec en point d'orgue la "Révolution de juillet" (ou "Trois glorieuses"). Paris se soulève les 27, 28 et 29 juillet 1830, le Louvre et les Tuileries tombent, les révoltés sont maîtres de Paris ! M De Lafayette s'installe à l'Hôtel de Ville. Le 02 août 1830, Charles X abdique et le 09 août, Louis-Philippe d'Orléans est proclamé Roi des Français.
En 1831, le recensement national donne le chiffre de 32,5 millions de Français.
Le 17 juillet 1831, le conseil municipal délibère pour accorder une somme aux participants de la célébration de la fête nationale :
" le conseil municcipal de la commune de St-Trojean rehunnie aux lieu ordinaire de ses .... aux nombre de dix, pour délieberer la somme pour selebrer la faite nationnalle du vingt huit jullet, le consiel réhunnit à la mairie aux lieu hordinaire de ses seance sous la présidance du Maire a heure de midi, sont davie et ont délibéré et sont davie quil ait trente frans pour une barrique de vin, cinq frans pour un musiesian, canq frans pour les... ".
Reste à savoir de quelle fête nationale il s'agit ? Le 28 juillet... ?
Le 24 septembre 1831, en exécution de la loi du 21 mars 1831, on procède à de nouvelles élections municipales. Le 15 octobre, Pierre Légeron est élu Maire et Pierre-Charles Tondut, adjoint.
Mais un changement s'opère rapidement, et une nouvelle nomination s'effectue en ce 25 novembre 1831.
Pierre-Charles Tondut est élu Maire de St-Trojan, et Louis Gétraud au poste d'adjoint...
Nous ne savons pas pourquoi Pierre Légeron fut écarté, ou bien refusa t-il le poste ?
Jean Roy dit Mullon resta, comme ses prédécesseurs, au sein de la municipalité. Il passa en quelque sorte la main...
Les mêmes familles restent implantées dans ces différents conseils : Roy, Lalande, Gétraud, Joussan, Michaud, Guélin, Tondut...
Seul un nouveau venu : Légeron !
Jean Roy mourut à St-Trojan le 03 octobre 1839.

 
Pierre-Charles TONDUT
(Julienne 27-12-1801 / Boutiers 25-11-1856)
Propriétaire
1831 - 1834
Il est le fils de Pierre Tondut, Maire éphémère en 1815, et de Marie Sabouraud, de Saint-Trojan. Il épousa à Boutiers, le 19 février 1827, Jeanne Cormenier (1801 - 1876), fille de Jean Cormenier et de Marguerite Sabouraud.
De cette union vint une fille en 1828, Marguerite-Julienne Tondut, qui épousera Charles-Brice Carré.
Voici son procès-verbal d'installation :
" Aujourdhuy le 7 décembre 1831, a cet effet monsieur Tondut Pierre Charles, nommé Maire de la commune de Saint-Trojean par araité de monsieur le Préfet du département de la Charente du 28 novembre, a été instalé dans ses fonctions aprais avoir praité le sermant exigé par la loi du 31 août 1830.
Je jure fidélité au Roy des français, obéissance a la charte constitutionnele et aux loi du Royaume
"
Il est aux commandes de la mairie à l'âge de 30 ans. Son adjoint Louis Getraud (fils de l'ancien Maire...) est âgé de 33 ans. L'équipe au pouvoir est donc relativement jeune.
Le 2 février 1832, Pierre-Charles Tondut assisté des sieurs Jean Joussan et Jacques Roy, tous les deux membres du conseil municipal, ont "enlevé tous les papiers qui compose les archives de la Mairie. A savoir, registre, bultains, receuil des actes administrative et de Souspréfecture, aussi le buste de Louis-Philippe, la caisse de la commune..."
Pourquoi ? A-t-on changé de lieu ? Mystère...
A cette même époque, on a des soucis avec des réparations à effectuer à la cure de Saint-Brice, puisque le curé doit y résider.
02 décembre 1832 :
" ... pour la dépanse qu'il a à faire pour les réparation de la maison curiale de Saint-Brice, le conseil municipal se refuse formellement à consentir à un tel impau considérant que la maison curiale de Saint-Trojean à u beaucoup de réparation aux qu'el la commune de Saint-Brice nes pas intervenu et maime quelle est encore dans un pareil cas.
D'autre part par la commune de Saint-Trojean se trouvent déja grave dabor premièrement d'une imposition extra ordinaire pour le salaire du garde champaitre de plus pour linstituteur primaire .... de plus si la commune de Saint-Brice avait fait faire ses réparation aux moment qu'elle était utile il se trouverais pas dans cette péne car il depuis vingt cinq an aux moin il n'y à ut aucune reparation
".
C'est probablement la raison pour laquelle le desservant des trois communes, implanté au presbytère de Saint-Trojan (vraisemblablement après 1820), refusera en 1833, 1834 et 1835 de s'installer à Saint-Brice...
Le regroupement pédagogique ayant institué Saint-Trojan comme centre de l'école de Boutiers, Saint-Trojan et Saint-Brice, on a le souci de récupérer la cure pour y établir le local et l'habitat de l'instituteur (Saint-Trojan ayant été choisi pour centre scolaire et Saint-Brice pour centre religieux).
" 1er janvier 1834, nous soussignés maires des communes réunies, en vertu d'une ordonnance Royale, de Saint-Brice, Saint-Trojan et Boutiers, canton et arrondissement de Cognac, département de la Charente, agissants pour satisfaire à l'article 12 de la Loi du 28 juin 1833 (Guizot), sur l'instruction primaire, concernant le logement à fournir à l'instituteur communal. Joussan Jean fils, propriétaire demeurant Saint-Trojan, convenu de ce qui suit, savoir, moi Jean Joussan fils, reconnais avoir donné et donne par le présent à titre de loyer par mois, jusqu'à ce que l'instituteur puisse prendre possession du presbytère de Saint-Trojan, une chambre située à Saint-Trojean, pour servir de logement au sieur Melin dit Fagny, instituteur communal.
Le présent bail fait pour la seconde quinzaine de janvier 1834, les mois de février, mars, avril et mai ; moyennant le paiement de la somme de 8 francs par mois, laquelle sera prise sur les fonds votés par les communes et destinés à acquitter les dépenses faites pour l'instruction publique. Fait en présence de : Jean Joussan, Alexandre Bureau, maire de Saint-Brice, Rambaud, maire de Boutiers, Tondut, maire de Saint-Trojan
".
Don Camillo s'entête !!!
27 avril 1834
" Je réponds à votre lettre monsieur le Préfet, écrite le 23, pour apprendre que si le prebytère de Saint-Brice était agréable, j'y serais déjà, et pour preuve, c'est que je viens de commander à mon compte une serrure pour la porte d'entrée ainsi que quelques objets qui n'avaient pas été porté sur le devis et qui sont de première nécessité, ...
Je ne mérite pas le moindre reproche ... certaines personnes s'amusent à me faire peur ...
Mais je n'ai pas peur, ...
BALLESTER, curé de Saint-Brice ".
7 mai 1834
" Monsieur le Préfet,
J'ai l'honneur de vous transmettre une lettre du maire de Saint-Trojan, par laquelle il vous rappelle la promesse verbale que vous lui avez faite d'inviter le curé de Saint-Brice à aller résider dans le prebytère de sa succursale et à laisser libre celui de Saint-Trojan destiné par les communes de Boutiers, Saint-Trojan et Saint-Brice réunies pour l'instruction primaire, comme pour le spirituel à l'habitation de l'instituteur communal.
J'ai déjà eu à cet égard de vives explications avec cet ecclésiastique, il prétendait que le presbytère de Saint-Trojan lui appartenait, que lui seul devait toucher le prix du bail et voulait forcer l'instituteur à traiter avec lui et à lui fournir caution.
Je lui ai cité l'article 1 du decret du 31 juillet 1806, qui dit expressément :
« les biens des fabriques des églises supprimées appartiendront aux fabriques des églises auxquelles les églises supprimées sont réunies, quand même les biens seraient situés dans les communes étrangères ».
Ce qui est le cas de Saint-Trojan, et n'a point été érigé en annexe.
Joseph BALLESTER a écrit à l'Evêque qui lui a affirmé que l'église de Saint-Trojan avait été supprimée et réunie à Saint-Brice et qu'en conséquence le prebytère devait être régi par la fabrique de la succursale.
Après cela, le curé me dit qu'il resterait à Saint-Trojan jusqu' après avoir fait faire la première communion aux enfants de cette commune et irait habiter à Saint-Brice.
Mais depuis, il a élevé de nouvelles chicanes et ne paraît pas vouloir abandonner ce prebytère à l'instituteur.
Ce dernier est un officier retraité (
Jean-Stanislas Melin dit Fagny) plein de zèle pour son nouvel état qui rendra de grands services aux communes, mais il lui faut un local convenable, car depuis son installation et en attendant le départ du curé, il a été obligé d'établir son école dans une grange obscure et mal saine ce qui n'est pas tolérable.
Je vous prie en conséquence, d'avoir égard à la demande du maire de Saint-Trojan et d'inviter monsieur le curé de Saint-Brice à aller habiter le prebytère de Saint-Brice qui vient d'être mis en état de le recevoir.
Agréez ...
Le sous-Préfet : Dupuy ".
Finalement, le curé Ballester sera muté ailleurs.
Dès 1836, l'abbé Petit le remplacera et s'installera à la cure de Saint-Brice...
Le 18 avril 1833, on distribua dans les communes des armes afin de constituer éventuellement des Gardes Nationales : " Nous Maire de la commune de Saint-Trojean, avons reçu de monsieur le Sous-Préfet, la quantité de 4 fusils france, avec leur bayonnette et leur fouraux, sous la responsabilité et entretien par Arandeau et Taranssaud, Sauvion et Buriat ".
Le pont de la Furne sur la Soloire, récemment consolidé par les soins des municipalités de Saint-Brice et Saint-Trojan, a vu sa première conception en cette année 1833.
Une délibération nous apprend "qu'en vertu d'une circulaire de la Sous-Préfecture de Cognac, en date du 27 août 1833, on doit délibérer sur le terrassement à faire sur le pons qui est proposé de construire sur la-dite commune".
La réponse est la suivante :
"Le conseil municipal aux nombre de dix, et les plus aux cotisé au nombre de six sont davis daprais avoir examine le grand besoin de cette important travail est davis que la commune de Saint-Trojean soit imposé à la somme de 5013 francs .... le conseil municipal estime qu'un mètre de pierre soit estimé trois francs et qune journée d'homme soit estimé deux francs ....P.C. Tondut"
Il s'agit là en fait de l'acte de naissance du pont de la Furne !
Mais il faudra attendre encore 12 longues années pour voir son édification.
La commune de Saint-Brice n'est pas en reste, puisqu'elle participera aux travaux de terrassement, en s'imposant, le 03 septembre 1833 une prestation en nature de 300 mètres de pierre.
Le 2 décembre de cette même année, une autre délibération précise "que chaque propriétaire sera tenu de conduire sur le chemin du Pons du Ga, la quantité de 5 mètres de pierre par chaque taite de bétail estimé 3 francs ainsi que chaque journé de maneuvre estimé 2 francs".
Une question se pose au regard de cette délibération : Désirait-on prendre la terre de la Furne et la déposer au "Ga", ou bien le projet d'un pont sur la Soloire visait-il le "Ga" lui-même ?
Il semblerait que l'on voulut peut-être aménager le passage du "Ga" en raison de sa proximité directe avec le Bac de l'Echassier (Port de la Roche).
Après quelques échanges entre la préfecture, la sous-préfecture et l'agent-voyer (fonction attribuée à une personne chargée de gérer les biens communaux, d'entretenir la voirie), un déblocage des fonds pour l'élaboration des ponts fut accordé.
"3 janvier 1834, Vu la lettre de Monsieur le Préfet de la Charente du 6 novembre 1833, par laquelle ce magistrat annonce qu'un secours de 5000 francs, est accordé aux communes de Saint-Trojan, Boutiers et Saint-Brice pour la construction de 2 ponts sur 2 branches de la Solloire à Saint-Trojan, sous la condition que les terrassements à faire se montent à 6813 francs et seront exécutés par les communes.
Vu les délibérations des conseils municipaux de Boutiers et Saint-Brice qui votent chacun une prestation en nature de la valeur de 900 francs, vu celle du conseil municipal de Saint-Trojan votant d'abord une prestation de 2 journées d'hommes et de bétail et ensuite pour suppléer à son insuffisance, une imposition extraordinaire de 20 centimes par franc pendant 20 ans sur le principal de ses contributions foncières personnelles et mobilières pour former la somme de 6813 francs
".
Le devis global s'éleva à 14149 francs 54 centimes (Préfecture de la Charente - 23 avril 1834).
Pendant ce temps, on se souciait aussi des indigents (5 janvier 1834) : " pour fiece le nombre des indigan qui doive être instruit gratice ". Le Conseil fixa le nombre de 4 familles, et le montant accordé est de 2 francs pour les enfants...
Mais la question de ponts entre les communes de St-Brice et St-Trojan restait la préoccupation essentielle.
Le 3 février 1834, on reconnait l'urgence et la nécessité de l'établissement de deux ponts sur les deux branches de la Soloire (probablement au lieu dit "le Ga" en dessous du moulin) qui séparent la commune du bac de l'Echassier à La Roche.
On attend un secours du Préfet de la Charente, de l'ordre de 5000 francs. Les terrassements sont alors planifiés sur deux ans, à concurrence de la somme de 5013 francs.
Mais entre deux ponts, les ennuis avec le curé se poursuivaient, témoin cette lettre :
"24 février 1834, Nous sommes transportés sur le jardin du presbitaire de la commune de Saint-Trojean, à selfain d'examiné le délit sus dégradément commis par monsieur Ballutin (Ballester), curé de Saint-Brice, demeurant actuelment aux dit prebitaire de Saint-Trojean sur le quel jardin le dit curé sest permis d'araché plusieur arbre.
1) deux acasias d'une moyenne grosseur nouvellement planté,
2) qu'elque pies de groseillier doncs le nombre ne nous est pas parfaitement connus,
3) de plus plusieur piés de noisetier, un prunier aux quel il fait coupé la tige prétandans de la randre plus vigoureu,
.... Pierre-Charles Tondut, Maire,
Jean Roy dit Mullon
".
Décidément, la mairie et l'église s'affrontent ouvertement...
L'ambiance dans les vieilles ruelles de Saint-Trojan était à son comble !
Pas étonnant que le renouvellement triennal du 31 octobre 1834 se soit déroulé dans un climat des plus malsain, et la fin du mandat de Pierre-Charles Tondut est plus que mouvementée.
En désaccord avec lui, les conseillers municipaux dans leur ensemble, apportent leurs démissions, et se justifient auprès du Sous-Préfet de Cognac.
S'agit-il d'un "putsch" fomenté par l'adjoint Louis Gétraud ?
Les deux hommes sont en parfait désaccord ! Le Préfet ayant, à l'occasion des renouvellements des municipalités, redonné sa confiance à Pierre-Charles Tondut, le confortant dans sa position de Maire.
Jalousie ? Très certainement ?
Lutte de clans ? Probablement ?
"Saint-Trojan le 21 novembre 1834, monsieur le Sous-Préfet,
La mauvaise administration de Monsieur le Maire envers son conseil, nous oblige de vous faire connaître sa manière d'agir envers ses administrés.
Aussi nous vous prions monsieur le Sous-Préfet de vouloir accepter notre démission ou bien de faire nommer la démission de monsieur le maire, sinon vous aurez des pétitions.
Le jour du tirage au sort, le Conseil a été convoqué pour 10 heures du matin, à 1 heure après-midi, il n'était pas rendu chez lui, il a observé à un nombre du conseil, qu'il avait attendu beaucoup de fois, que l'on pouvait l'attendre à son tour. Le même jour, il a observé qu'il ne voulait plus régir la place de Maire, qu'il voulait donner sa démission, qu'il prie messieurs les électeurs de ne point lui donner leur suffrage.
Quand le sort fut tiré, il ne parla plus de faire sa démission, bien loin de là, il dit qu'il se moquait d'eux tous, qu'il la ferait quand il voudrait. Pour la convocation des budgets, monsieur le Maire étant indisposé, ne pouvant écrire pour faire sa lettre de convocation, ne voulu pas en prévenir son adjoint, il le fit faire par l'instituteur, au nombre de 19, dans cette quantité, il s'en trouve au moins les 2/3 qui ne sont pas signé. De plus, il s'est promis de changer un des répartiteurs, chose qui ne doit pas se faire.
Monsieur le Sous-Préfet, acceptez sa démission ou la notre, vous ne trouvez dans le reste des 30 plus imposés sur la liste des électeurs communaux, qui voudrons administrer avec lui, car il est un traitre et un perfide aux yeux de tout le monde.
Les membres du conseil démissionnaire Jean Joussan, Jacques Roy, Pierre Légeron, ... Louis Gétreau, adjoint démissionnaire
".
Il y a manifestement de graves problèmes de compréhension et de relation entre le maire, son adjoint, ses conseillers et la population de Saint-Trojan.
L'affaire prend de l'ampleur, le Sous-Préfet écrit alors au Préfet (Cognac 28 novembre 1834) :
"J'ai l'honneur de vous transmettre une plainte portée contre le maire de Saint-Trojan, le sieur Tondut, par l'adjoint Gestreau et 5 membres du Conseil Municipal qui demandent sa révocation ou offrent leurs démissions.
Les motifs de la plainte me paraissent légers et m'étant assuré que le fait relatif au changement d'un répartiteur était inexact, je comptais arranger cette affaire en famille et rétablir l'accord entre des gens qui étaient bons amis il y a un mois.
Mais j'apprends que l'adjoint Gestreau, mécontent du peu de suite que je paraissais vouloir donner à sa plainte, se disposait à vous en porter une directement, je dois alors vous instruire de ce qui se passe.
Le sieur Tondut a convoqué 2 à 3 fois le Conseil pour son installation et celles des conseillers municipaux, les membres plaignant ne s'y sont pas rendus, il doit avoir fait pour aujourd'huy.
Une dernière tentative et prêter son serment devant les membres présents. Il parait que le plus grand grief de Gestreau n'est pas porté dans la plainte, le voici et ce n'en est point un pour nous : le maire Tondut qui est actif et intelligent, achète des vins pour les convertir en eau-de-vie qu'il vend aux négocians ; pour faire son petit commerce avec sécurité, il a pris une patente de bouilleur et s'est déclaré à la régie des droits indirects, sujet dès lors à l'exercice, les employés vont chez lui, et d'après celà quelques habitans l'accusent d'avoir amené les commis dans la commune de Saint-Trojan ou il n'avaient jamais paru ce qui les contrarie.
Le sieur Tondut ennuyé de ces tracasseries voulait donner sa démission, je l'en ai détourné, c'est un des meilleurs Maires de l'arrondissement, il est zélé et entendu, nous le remplacerions difficilement.
J'ai été jusqu'à ce jour très content de l'adjoint Gestreau, mais il met dans cette affaire beaucoup trop d'animosité et d'entêtement, ....
"
Le 29 novembre, Pierre-Charles Tondut, conscient des divergences avec ses collaborateurs municipaux, adresse un courrier au Sous-Préfet :
"Monsieur le Sous-Préfet,
J'ai l'honneur de vous remercier infiniment ainsi que monsieur le Préfet, qui m'a nommé maire de la commune de Saint-Trojan, par circulaire en date du 31 octobre 1834,
Dans cette circonstance, Monsieur ne pouvet pas convenir aux administré de la commune de Saint-Trojan, d'après leur pétition et démissions qui vous a été présenté, ainsi Monsieur je vous prie de recevoir ma démission de Maire
".
Victor Dupuy, Sous-Préfet, tire l'affaire au clair, car le malaise est trop important :
"Cognac 3 décembre 1834,
Monsieur le Préfet,
Par ma lettre du 28 novembre, j'ai eu l'honneur de vous transmettre une plainte contre le maire de Saint-Trojan, contenant la démission de l'adjoint et de 5 conseillers municipaux.
J'ai rassemblé ce matin chez moi ce conseil municipal.
J'ai écouté toutes les plaintes et les explications des deux parties, et me suis malheureusement convaincu qu'il n'y avait aucun rapprochement à espérer, que les griefs étaient réciproques et qu'il y avait des torts des deux côtés.
Le maire m'a positivement donné sa démission, mais pour ne pas donner gain de cause à l'adjoint, cause de tout le tumulte, j'ai exigé qu'il donnât aussi la sienne, ce qu'il a fait.
En conséquence pour ramener la paix dans cette commune et d'après les démissions ci-jointes, j'ai l'honneur de vous proposer : le sieur Joussan Jean fils, pour maire, le sieur Roy Jacques, maréchal, pour adjoint
".
C'est la loi de la sagesse, car il fallait éviter "que de nouvelles élections eussent lieu dans cette petite localité, vu l'effervescence qui y règne, qu'elles n'eussent pas été tranquilles".
Les démissions vont donc se succéder en cascade (il y a un temps entre les démissions dictées et réalisées sur le terrain).
Le 4 décembre, c'est Louis Gétraud "chef de la cabale" qui offre la sienne :
"A Saint-Trojant, le 4 décembre 1834, à monsieur le Préfet Dangoulème,
.... le sousPrèfet nous à écrit de nous rendre chez lui, nous y somme rendu le trois de se mois d'après plusieurs questions monsieur le sousprèfet na put reusir à son idé, il à finit pour nous dirre qui ne resevrait point la démission du mairre sans selle de ladjoint en ma dressant la parolle je lui est répont que j'étais pret a la donner pourvu que tous les memebres qui etais dans le meme cas de moi donne la leur aussi il marepont que nom, en me disant qui me ferait randre ma demission par vous, jais ete surpris de sela de la part dunneotorité superieure de quard la position du mairre est bien diferante a la mienne les plainte sont conttre le mairre et le soutien est pour moi, ainsi je vous fais ma démission monsieur le prefet à vous de tout mon coeur aux lieu qua monsieur le souprefet je le lais faitteconttre mon coeur, rendez justisse monsieur le prefet a qui elle appartienjattan de vous si bonté veux me le permettre une réponse en qualité de démission.
Je suis toujours vottre tre simble serviteur ladjoint qui regrette de naittre plus pour vous servir
".
Un point partout, le Sous-Préfet (loin d'être net dans cette affaire) trancha en éliminant les deux opposants et les remplaçant à la tête de la municipalité.
Car ils resteront membres du conseil... on ne part pas pour si peu !!! D'ailleurs ils le feront payer à Jean Joussan...
Le mandat 1831-1834 fut donc quelque peu houleux. Une nouvelle équipe prenait le contrôle de la commune.

 
Jean JOUSSAN
(St-Trojan 18-03-1799 / BST 09-07-1860)
Propriétaire
1834 - 1846
Jean Joussan est un familier de l'administration municipale. Il est petit-fils de Gabriel Joussan, conseiller-notable, fils de Jean Joussan père, maire de 1800 à 1815, puis de 1815 à 1816, neveu de Louis Gétraud, maire de 1790 à 1791 et agent municipal de 1798 à 1800, beau-frère d'Elie Joussan, conseiller municipal (époux de sa sœur Jeanne), cousin de Louis Gétraud, adjoint malheureux de Pierre-Charles Tondut ; il cousine également (par sa grand-mère Marie Roy épouse de Gabriel Joussan) avec François Roy, maire de 1816 à 1825.
Autrement dit, la mairie est une affaire de famille !
Jean Joussan naît à St-Trojan le 28 ventôse An VII (18 mars 1799) de Jean Joussan (1767-1846) et de Marie Tachet (1767-1845).
Propriétaire terrien, il épousa Marie Bibard (1803-1863), native de la Chagnaie, fille de François Bibard et de Catherine Raguenaud.
Ils eurent 4 enfants, Augustin, Marie-Alemance, Héloïse et Amandine dite Honorine...
Il est nommé conseiller municipal le 21 mars 1831 avec l'équipe de Jean Roy dit Mullon, puis celle de Pierre-Charles Tondut. Au renouvellement triennal du 31 octobre 1834, il est confirmé dans son poste. Suite aux démêlés entre le maire Tondut et son cousin Gétraud, il est nommé maire de St-Trojan le 4 décembre 1834.
Les "loups" sont restés à la bergerie...
Son adjoint est Jacques Roy, maréchal-ferrant, né à St-Brice le 8 avril 1783, il est le frère cadet de François Roy, maréchal et maire de St-Trojan de 1816 à 1825, donc cousin de Jean Joussan...
Il est confronté dès son arrivée au projet concernant la construction de ponts.
Le 14 décembre 1834 : "Considérant que les travaux à faire à cette chaussée sont indispensables et urgents, attendu que lorsque les eaux de la Charente sont sorties de leur lit, la communication avec la ville de Cognac se trouve interrompue...".
Puis on embraye sur les écoles le 31 mai 1835 : "Le taux de la rétribution mensuelle à accorder à l'instituteur, divisé en deux classes ou catégorie, la première pour les élèves qui lisent et écrivent, à 2 francs ; la deuxième pour les élèves qui écrivent sur l'ardoise et reçoivent les premières leçons de lecture, à 1,50 franc.
Frais de location du logement de l'instituteur à supporter par les communes réunies de Boutiers, St-Brice et St-Trojean, fixés à 70 francs par année.
Le traitement fixe de l'instituteur étant de 200 francs....
".
A ce sujet, une délibération en date du 12 mars 1835, à la demande du Sous-Préfet, nous renseigne sur la personnalité de l'instituteur : "A l'effet de constater le temps depuis lequel le sieur Jean-Stanislas Melin dit Fagny, instituteur communal, est en fonction, et sur ses droits au payement du traitement fixe. Considérant qu'il est constant qu'en septembre 1833, monsieur Mourier, inspecteur des écoles de l'arrondissement de Cognac, à porter sur son tablau le sieur Melin dit Fagny, comme instituteur des communes réunies de St-Brice, St-Trojean et Boutiers, qui alors était à Angoulême à suivre comme élèves externe les cours de lécolles normales et supérieure, et qu'en novembre même année, pour satisfaires au désir des pères de famille, il a été écrit au dit instituteur pour l'engager de se rendre à Saint Trojean, chef lieu de cette réunion, pour ouvrir son école, ce qu'il fit le premier janvier 1834 et depuis est constamment resté en fonctions .... il exerce cette fonctions avec zèlle et exactitude".
Il n'obtint malgré tout, sa nomination définitive que le 29 mars 1837, à l'âge de 54 ans.
Le 17 février 1835, le conseil municipal autorise le maire à poursuivre en justice Louis Sébillaud père, propriétaire. "Ce dernier, par anticipation avait enlevé 16 fagots moitié fourrage et moitié bois, pris sur le communal (sur une superficie de 30 mètres de long sur 6 de large), joignant sa maison d'habitation. Il a en outre également déposé toute sorte de matériaux sur le dit communal".
Le 20 novembre 1836, on décide du remplacement de la cloche de l'église qui est cassée et hors d'usage.
La nouvelle cloche, prénommée Jeanne, et faite avec les débris de la précédente sera inaugurée par les maires de Boutiers et de St-Trojan le mardi 16 janvier 1838.
(Plus d'infos sur la cloche en cliquant ICI)
Les faits marquants :
26 février 1835 : Création d'une inspection de l'instruction primaire dans chaque département.
Novembre 1837 : Les élections législatives renforcent le centre ministériel.
Le 09 juillet 1837, on procède à l'installation de la nouvelle municipalité, légalement élue par l'Assemblée électorale de cette commune. Pierre-Charles Tondut, élu, n'acceptera pas la mission de membre du conseil municipal !
Chacun des conseillers, maire et adjoint, a alors prêté le serment prévu par la loi du 31 août 1830 : "Je jure fidéllité aux Roi des frances, obbéience a la charte constitutionnelle et aux loi de Royeaume".
Le 18 décembre 1838, le maire de St-Brice, monsieur de Jarnac de Gardépée, écrit au Préfet :
"J'ai l'honneur de répondre à votre lettre relative au mauvais état du petit pont de St-Trojean.
Avant de demander aux communes intéressées les fonds nécessaires à la réparation, il serait peut être convenable pour elles d'établir sur ce point et par la chaussée déjà existante le pont qu'on avait d'abord l'intention de construire sur l'ancien gué de St-Trojean.
Je suis convaincu monsieur le Préfet, qu'avec peu de frais, on satisferait de ce côté aux besoins de nos localités.
Il suffirait à mon avis, d'exhausser l'ancienne chaussée et de construire devant le moulin une arcade de pont assez large pour passer nos charettes.
J'ai la certitude que monsieur Delaunay serait disposé à laisser abattre le haut mur, qui sur ce pont, resserre la chaussée, et à le reculer autant qu'il serait nécessaire, sans indemnité.....
"
C'est le sieur de Jarnac qui semble prendre les initiatives...
"St-Brice 9 avril 1839, Monsieur le Préfet, il existe sur le cours d'eau de la Soloire, qui sépare les communes de St-Brice et de St-Trojan, un pont de bois, servant d'arrivage aux moulins qui y sont établis, et plus particulièrement encore, de moyen de communication avec Cognac, lorsque les passages de Bourg et de l'Echassier se trouvent intérompus par les grosses eaux.
Ce pont qui appartient aux deux communes, se trouve en fort mauvais état, et sur les réclamations qui lui en ont été portées, monsieur le Sous-Préfet a crû devoir m'écrire, pour le faire réparer concurrament avec monsieur le maire de St-Trojean.
J'ai rendu compte de mes idées à monsieur le Sous-Préfet, qui a engagé monsieur l'agent-voyer à venir étudier les lieux, et il est résulté de nos calculs qu'en établissant ce pont de St-Trojean au-dessus des moulins, au lieu de le porter au-dessous, comme celà avait été dit, on économiserait une somme de 4000 francs sur la dépense d'abord calculée de 7 à 8000 francs et pour laquelle on m'assure que vous avez déjà, Monsieur le Préfet fait allouer 6000 francs par la raison qu'on profite ainsi de la chaussée déjà faite pour les moulins, tandis qu'au dessous de ces moulins il y aurait une largeur considérable à remblayer pour en établir une nouvelle .... monsieur Lacour est d'autant plus disposé à les adopter que ce pont ainsi établi devant les moulins, se trouve à peu près en face du bourg de St-Trojan au lieu d'être à 300 mètres au dessous, et rapproche ainsi de 600 mètres environ cette localité du pont projetté à la Trâche pour la route n° 10 en faisant éviter un long circuit.
La seule difficulté qui pouvait s'opposer encore, à l'établissement du pont de St-Trojean en avant des moulins était le manque de terrain en amont de ces mêmes moulins, marqués par les hauts mûrs de clôture des propriétés de monsieur Delaunay ; mais j'ai obtenu de ce propriétaire l'abandon de tout l'espace nécessaire, à la seule condition de rétablir plus loin les murs en question.
Si vous approuver cette direction nouvelle, qui éviterait aux communes de St-Brice et de St-Trojean l'entretien d'un pontreau pour arriver aux moulins.
Je vous prie de donner vos ordres à monsieur Lacour, il trouvera autant d'opposition que de raisons pitoyables chez monsieur le Maire de St-Trojan qui ne peut nous pardonner le pont de la Trâche, mais il y a des gens qu'il faut servir et obliger malgré eux.
"
Autrement dit, l'affaire est rondement menée par les sieurs de Jarnac et Delaunay.
Ils ont obtenu le Pont de la Trache, puis ils vont obtenir celui de St-Trojan à l'emplacement défini par leurs soins !
Effectivement, le maire Joussan avait naturellement plaidé pour un pont au lieu-dit "le Ga" situé en droite ligne avec le port de l'Echassier. Le rapport de force était en faveur de St-Brice.
En tout cas, on avait beaucoup traîné depuis des années. Seul le maire de St-Brice était actif et poursuivait son action afin de voir aboutir ses projets.
"St-Brice le 19 mai 1839, Monsieur le Préfet, j'ai l'honneur de vous confirmer mes lettres relatives à :
- l'adjudication du Pont de la Trâche,
- au pont projetté sur la Sonoire à St-Trojean.
Aujourd'hui, je viens signaler à votre sollicitude le pitoyable état dans lequel les entrepreneurs des constructions de Cognac ont mis les trois chemins qui conduisent de cette ville au passage ou bac de l'Echassier.
Ces trois chemins sont entièrement défoncés par les nombreux transports de matériaux qu'ils ont eu à supporter, et la commune de St-Martin à laquelle ils appartiennent ne s'en inquiette nullement, parce qu'ils lui sont à peu près inutiles.
Ne serait-il pas possible d'en faire au moins boucher les ornières, sinon par la commune, peut-être par les entrepreneurs qui les ont abimés.
La Loi sur les chemins vicinaux l'explique assez clairement à ce sujet, ce me semble ?
Toujours est-il, monsieur le Préfet, que le mauvais état des routes en question, a fait abandonner le passage de l'Echassier et que si le pont de la Trâche n'est pas incessamment mis en adjudication toute communication entre Cognac et les communes de Juillienne, St-Brice, Chassors et Nercillac sera bientôt et forcément intérompue.....
"
Après un premier examen des demandes, la préfecture informe la sous-préfecture :
"27 mai 1839,
Monsieur le maire de St-Brice propose un nouvel emplacement pour la construction du Pont de St-Trojan, au sujet duquel vous m'avez écrit plusieurs fois, pour me demander les pièces du projet qu'on n'a pu retrouver dans mes bureaux (bravo pour l'esprit de rangement).
Je vous invite monsieur le Sous-Préfet à faire examiner avec soin les propositions de monsieur le maire de St-Brice et à me proposer les moyens d'exécution de ce nouveau projet qui, s'il était adopté rendrait l'ancien inutile
."
Malheureusement, les choses allaient encore traîner. La "guerre des chefs" était déclarée.
L'aspect financier doublé de fortes personnalités en présence, prolongeaient le scénario, et les courriers de l'époque en disent long sur les rapports entre les deux Maires...
De Jarnac, Maire de St Brice enfonce le clou !
"St-Brice, le 5 mars 1840,
Monsieur le Sous-Préfet, j'ai l'honneur de vous remettre ci-joint la délibération du conseil municipal de St-Brice, relativement à la coopération qu'elle veut bien prêter à la commune de St-trojean, pour la confection des deux petits ponts et chaussées projettés en faveur de cette commune.
J'apprends que contrairement à l'intérêt de sa localité le maire de St-Trojean, qui avait beaucoup promis en votre présence, s'oppose maintenant à l'exécution de cette importante communication.
Il ne m'appartient pas de juger....
"
Mais l'affaire ne va pas en rester là !!! Le pire est à venir...
Entre-temps, les conseillers municipaux de St-Trojan, exposent au Préfet les justes motifs et mécontentements qu'ils ont contre le Maire Jean Joussan.
Ils lui reprochent sa conduite administrative, et menacent de rompre toutes relations :
"5 août 1840, .... point de coopération de la part du conseil pour la confection des budgets, qu'il établit à sa guise, sans nous consulter, se contentant de les faire signer ensuite par quelques membres à sa dévotion (notamment pour la refonte de la cloche).
De telle sorte que les budgets de 1841 ne sont pas encore signés, parce que le conseil municipal en majorité, lassé enfin de cette manière de procéder, a refusé cette fois de les signer à domicile.
Ajoutez à ces faits que le sieur Joussan se sert de sa position de maire, pour contrarier en tout les intérêts de la commune.
Une proposition est faite pour la construction d'une chaussée et d'un pont en avant des moulins ; le conseil municipal l'approuve, le maire lui-même convient de la quotité de la contribution de la commune.
Les communes voisines font les 3/4 des fonds nécessaires et quand on arrive au moment de l'exécution, le même maire s'y oppose de tout son pouvoir, par l'esprit de mauvais vouloir et de l'animosité qui le dirige.
Il abuse de son autorité de maire en faveur d'intérêts particuliers.
Ayant anticipé avant sa nomination sur les terrains communaux de la commune, qui limita les droits de chacun, mais le sieur Joussan depuis qu'il est maire, n'en a plus tenu compte, et jouit de son autorité des terres qu'il a précédemment usurpées à la commune...
Il est impossible que la commune de St-Trojean continue à être administrée de cette manière.
Louis Gétraud, Pierre Buriaud, Louis Robinaud, Jacques Roy et Pierre-Charles Tondut
"
La balle est dans le camp de Jean Joussan. Il s'en explique auprès du Sous-Préfet de Cognac, le 5 septembre 1840 :
"Pour satisfaire aux dispositions de votre lettre du 25 août dernier, j'ai l'honneur de vous adresser les renseignements que vous désirez sur ma justification aux plaintes et allégations désignées contre moi, par quatre membres du conseil municipal de ma commune et un propriétaire ... jamais aucune mauvaise intention n'est entrée dans ma pensée concernant mes devoirs envers la gestion de l'administration qui m'est confiée...
Daignez vous rappeler Mr le Sous-Préfet qu'à l'époque du renouvellement triennal de 1837, messieurs Tondut et Gétraud n'ont pas voulut prêter le serment prescrit par la Loi, sans en expliquer les motifs, alors j'ai du les considérer comme renonçant volontairement à leur qualité de conseillers municipaux ; pourquoi parce que ces messieurs très mécontent tous deux d'avoir été déplacé, l'un de Maire et l'autre d'adjoint voulaient tacher de désunir le conseil, faire oppérer des changements calculés par eux ; plus tard voyant que leurs intentions étaient restées sans succès, ils ont fait des démarches près de vous pour pouvoir prêté leur serment, alors par respect pour la qualité de Maire que l'on ne doit pas jouer, j'ai crut devoir m'opposer autant que possible à leur rentrée, action qui quoi que juste m'en à fait deux ennemis.
Pour ce qui conserne les fonds de ma commune, vous êtes à même monsieur le Sous-Préfet, d'apprécier le mérite de cette plainte ... puisque vous avez dans vos bureaux les budgets et propositions pour 1841, et les comptes et budgets des années précédentes, et que vous savez très bien qu'un maire ne peut toucher aux fonds communaux sans en avoir reçut l'autorisation de l'autorité supérieure ....
"
Le Sous-Préfet dans une lettre du 29 septembre 1840, donne sa version des faits à Monsieur le Préfet.
"J'ai l'honneur de vous envoyer ainsi que vous me l'avez demandé par votre lettre du 14 août, la plainte qui vous a été adressé contre le maire de St-Trojan. J'y joint la réponse de ce magistrat qui me parait très satisfaisante.
Cette plainte n'est pas signé par 5 conseillers municipaux, mais par 4, car le sieur Jacques Roy, ne fait pas partie du conseil, et encore l'un d'eux à signé les budgets - Louis Robinaud. On devrait n'en compter que 3.
Ces plaignants sont tous membres d'une même famille, qui est toujours jalouse du titre de maire qu'elle a vu avec peine lui échapper.
Leur sentiment est toujours prêt à se manifester sous toute ses formes, a encore été excité par le maire d'une commune voisine qui m'avait manifesté le désir que son collègue de St-Trojan ne fut pas réellu, et c'est probablement sa plume qui leur a servi d'interprête.
Voilà ma manière de voir, ce qui a donné lieu à cette plainte, dont les applications seraient graves, si elles n'étaient réelles, d'après les explications verbales et par écrit au maire,... elles ne me semblent pas devoir être prise au sérieux
"
Les choses deviennent un peu plus claires. Le jeu des clans, des amitiés, les jalousies sont à l'origine des différends. L'influence de la parentèle est indéniable - Louis Gétraud, fils de maire, lui-même évincé en 1837, est le beau-père de Pierre Buriaud, Jacques Roy est parent des Robinaud, ...etc...
Ceci dit, Louis Gétraud est cousin de Jean Joussan, ... en vérité les clans se font et se défont au sein mêmes des familles.
Pierre-Charles Tondut apporte à son tour sa pierre à l'édifice des récriminations.
"St-Trojean le 4 octobre 1840, Monsieur le Préfet, les membres du conseil municipal de la commune de St-trojean soussignés ont eu l'honneur de vous soumettre une plainte datés du 5 août espriment les justes motifs de plainte qu'ils ont contre le maire.
Ils sont surpris de ne point avoir reçu votre réponse - Comme ils peuve justifier tous les faits qu'ils ont avancés , ils doivent vous dire qu'ils regarderaient comme un deni de justice le silence de votre administration à cet égard.
Membres du conseil municipal depuis 25 ans nous n'entendons pas lêtres seulement de nous et voulons en exarcer les droits - nous ne pouvons donc admettre la manière de faire de Mr le maire, et ce par pudeur nous nous sommes abstenus de prendre part aux décisions qu'ils a provoqués, nous nous rendrons désormais aux séances pour dévoiler hautement l'impéritie et l'ignorance du Maire, pour ne pas dire plus...
"
Pendant cette période de zizanie intense sur la butte de St-Trojean, le projet de construction au pont de la furne n'avançait guère.
Finalement le maire de St-Brice, Léon-Joseph de Jarnac de Gardépée, relance l'affaire, par sa lettre au Sous-Préfet, en date du 26 février 1841.
"... Je ne puis vraiment me dispenser de vous faire remarquer, monsieur le Sous-Préfet, la pitoyable conduite de M. le maire de St-Trojean dans toute cette affaire ; non seulement il a fait tous ses efforts pour empêcher le résultat satisfaisant de la souscription de St-Brice, mais encore il a contrarié, autant qu'il était en lui, les projets d'amélioration que vous aviez formés pour la communication dont il s'agit ; si essentiellement nécessaire à toute notre contrée et plus particulièrement à la commune de St-Trojean.
Si, je puis hausser les épaules en songeant que la haine que me porte le sieur Joussan est la cause de tout celà, je ne puis pas oublier aussi facilement, qu'il sacrifie les intérêts de nos communes, à son animosité personnelle et je vous déclare bien positivement , qu'aux termes de sa délibération ci-jointe, la commune de St-Brice, ne remuera pas une pierre, et ne donnera pas une obole, avant que celle de St-Trojean , n'ait exécuté dans son entier et bien complettement, la promesse qui vous a été donnée par le maire et son adjoint, de se charger de terres, les déblais et terrassement nécessaires
...."
A ce rythme les choses allaient au point mort.
Entre-temps heureusement, le Préfet débloquait la situation (11 février 1841):
"J'ai l'honneur de vous informer que sur ma proposition, monsieur le Ministre de l'Intérieur vient de m'autoriser à appliquer une somme de 1400 francs, imputable sur les fonds départementaux, à la construction du Pont de St-Trojan, et au prolongement d'une arche du Pont du petit moulin".
Revenait au Sous-Préfet, la charge de convaincre Jean Joussan et sa municipalité.
"16 février 1841,
Monsieur le maire de St-Trojan,
J'ai l'honneur de vous donner avis, que Monsieur le Préfet vient d'après sa proposition d'être autorisé par monsieur le Ministre de l'Intérieur, à appliquer une somme de 1400 francs, à la construction de deux ponts sur la Soloire.
De cette construction se rattache d'une manière indispensable la réparation de la chaussée qui nécessite environ 1600 mètres de terrassement, dont les 5/6 sont à la charge de votre commune, et que vous m'avez formellement promis que vos administrés exécuteraient volontairement. St-Brice est disposé à faire son 1/6 des terrassements et offre 1090 francs de souscription
"
Finalement une délibération du conseil municipal de St-Trojan, redonnait positivement de l'élan au projet.
"4 mars 1841,
A l'effet de prendre à la charge de la commune l'engagement de rendre sur la chaussée en avant des moulins, chemin qui donne la quomunication de St-Trojean à St-Brice, la quantité de 1340 mètres cube de pierre ou de payé en argents la somme de 1340 francs sous la demande de l'entrepreneur qui en fera l'adjudication.... et considérant que la souscription en argents faite par plusieurs habitant propriétaire de la commune de St-Brice se monte à 1173 francs, ainsi que celle de 1400 francs que monsieur le Préfet à obtenut de monsieur le Ministre de l'Intérieur...
Louis Gétraud....Monsieur Rambaud, maire de Boutiers et Jean Joussan, maire de St-trojean
"
On allait pouvoir lancer la construction du Pont de la Furne. Tout s'enchaîne ensuite, même parfois avec une pointe de malignité...
"St-Brice 28 mars 1841,
Le conseil municipal de St-Brice après en avoir délibéré, dit qu'il sera prêt à exécuter tous les engagements contractés, dès que la commune de St-Trojean ne reculera plus devant les siens...
"
L'ensemble est entériné par la délibération de St-Trojan, le 25 avril 1841.
Enfin le samedi 10 juillet 1841, à l'heure de midi, à l'Hôtel de la Sous-Préfecture de Cognac, il est procédé par monsieur le Sous-Préfet en présence de messieurs les maires....et de messieurs les agents-voyers supérieur et spécial, à l'adjudication des travaux de diverses natures, pour la reconstruction à neuf de deux Ponts sur la Soloire et l'empierrement de la chaussée. L'indication sommaire des ouvrages fait ressortir les prix suivants :
Grand Pont - 1975 frs 24c.
Petit Pont - 556 frs 22c.
Pavage de la chaussée - 474 frs 72c.
"L'empierrement ne sera fait qu'après que la chaussée aura été portée par les travaux des prestataires des deux communes"
Les soucis ne manquèrent pas, comme le prouve une lettre du maire de Jarnac au Sous-Préfet le 8 novembre 1841.
Les meuniers rentraient dans la ronde...
"J'ai l'honneur de vous informer que par la suite des plaintes qui vous ont été portées samedi en ma présence, sur la construction des nouveaux ponts de St-Trojean, je me suis rendu ce matin sur les lieux et que je me suis assuré par mes yeux, que ces plaintes étaient sans fondement, parce que dans ce moment même, où les eaux sont élevées, il s'en faut de plus de 2 pieds (66 centimètres) que leur niveau n'atteigne le ceintre du pont devant les moulins, et que par conséquent vinssent-elles à monter considérablement il est bien impossible qu'elles puissent arriver à couvrir le ceintre, puisque le déversoir du Grand Pont est toujours là pour en recevoir le trop plein.
J'ai appris sur les lieux, que les plaintes des meuniers qui ne sont que fermiers des moulins, pouvaient bien avoir pour objet d'obtenir de leurs propriétaires une diminution du prix de ferme, et que tous moyens leurs paraissaient bons pour obtenir le résultat.
P.S. : Mon collègue, le maire de St-Trojean, vous aurait demandé l'autorisation de faire venir de St-Même, 3 pièces de 6 pieds, pour parfaire et élargir le Pont des moulins. Cette dépense d'environ 50 francs, est indispensable, et la commune de St-Brice ne sera pas éloignée, je pense de prendre la moitié à sa charge
"
La bonne entente prenait enfin le pas, mais les ponts ne sont toujours pas en place l'année suivante puisque le Préfet formule une réponse à la demande de son Sous-Préfet.
"4 juin 1842,
Vous me demandez, par votre lettre du 31 mai, l'autorisation de faire payer une somme de 600 francs, pour la construction du pont de St-Trojan.
Je vous ferais remarquer que la dépense totale, montant de l'adjudication ayant été prévue aux chapitres additionnels de 1841
"
Plus rien ne semble venir troubler la construction tant attendue. On peut sérieusement supposer que celle-ci fut terminée courant années 1843-44...
A cette époque, le recensement dénombre 34,2 millions de Français, et en cette année 1842 à St Trojan, Jean Joussan saisit la justice pour exposer une plainte. En effet le 23 janvier 1842, le sieur Louis Roy, propriétaire, époux de Marie Chaillot, est accusé d'avoir "violement donné deux coups de bâton au fils mineur de Jean Joussan.
L'un des coups aurait asséné au côté gauche, l'autre sur la tête.
Pour sa défense, le dit Roy reconnait que dans un moment fâcheux d'exaltation il a donné deux coups de bâton en représailles du mauvais traitement que le jeune Joussan aurait infligés à son fils.
En compensation Roy accepte de verser la somme de 300 francs pour dommages et intérêts
".
Aux nouvelles élections de fin 1846, le Préfet nomme un autre candidat au poste de maire. Jean Joussan très affecté se défend le 9 octobre :
"Monsieur le Préfet,
Avant de remettre en d'autres mains les très délicates fonctions de maire de ma commune, que j'exerce depuis 14 ans bientôt, du mieux qu'il m'a été possible de le faire, avec beaucoup de bonne volonté, je suis obligé de céder au désir qui me fatigue de vous faire part du coup pénible et douloureux que m'apporte la réception de toutes les pièces relatives à l'installation du conseil municipal avec les commissions d'un nouveau maire et adjoint venant de votre part. Les motifs qui vous ont déterminé à me faire remplacer, ....je suis condamné sans avoir été entendu.... monsieur Légeron, mon successeur, ....la majeure partie des membres du conseil municipal et des hauts cotisés est dans l'intention de vouloir protester contre cette installation, parce que le sieur Légeron est âgé de 72 ans, ne sachant à peine lire et encore moins écrire.
Les deux dernières délibérations, il n'a put les signer.
Son domicile situé au lieu de la Grande Métairie, se trouve éloigné de 2 kms du chef-lieu, et par des chemins détestables dans toute les saisons, de telle manière que les gendarmes se sont refusé de passer par ce chemin.
Grave désagrément pour toutes personnes qui journellement ont l'occasion d'aller à la mairie.
Du reste le sieur Légeron est un homme d'honneur et infiniment estimable, mais les causes ci-dessus désignées, n'en sont pas moins de nature à devoir être prises en considération, pour tâcher du mieux que possible satisfaire les habitants de la commune.
Pour celà, il serait nécessaire de faire un autre choix.
Confiant de la sagesse de vos principes et l'intégrité de votre justice,...
Jean Joussan, maire provisoire
".
Jean Joussan s'accroche à son poste. Il restera maire jusqu'en novembre 1846, puisque Pierre Légeron dès décembre est mentionné comme étant le premier magistrat.
Déception et mauvaise foi apparaissent dans cette lettre. Pierre Légeron n'est pas "l'âne bâté" décrit par Joussan. Les voies reliant son logis, ne sont pas non plus dans l'état de délabrement annoncé. De plus, Légeron est âgé de 67 ans...
Par contre, il est difficile aux regards de la documentation existante d'affirmer de manière formelle qu'il fut le maire de décembre 1846. Il est possible qu'un nouveau jugement et décision préfectorale intervint, au profit de son fils Pierre Légeron. Il est par contre certain qu'en 1848, c'est bien son fils qui est maire.
Alors, Pierre Légeron père, fut-il Maire de 1846 à 1848 ?
Il y a tout lieu de le penser, les signatures sont différentes, la "prose" plus affinée chez le fils...
De mauvaise grâce, Jean Joussan rentra dans le rang et se consacra à son patrimoine.
Le 17 juillet 1856, devant maître Bonniot, il acheta divers bâtiments et terrains appartenant à Madame Rose-Héloise Després Delaunay. En somme, il faisait l'acquisition d'une moitié de l'antique château de St-Trojan (la vente s'effectuera pour un montant de 4000 francs) !
L'autre partie sera vendue le 20 octobre à Monsieur Marc Lançon, maître de chai chez Martell (pour 23300 francs).
Jean Joussan se voyait à la fin de sa vie, l'héritier en partie des seigneurs de St-Trojan. Il devait s'éteindre âgé de 61 ans le 9 juillet 1860. Son épouse mourut le 15 mai 1863. Leurs descendants restèrent propriétaires de l'antique logis de St-Trojan jusqu'à la deuxième moitié du XXème siècle.
Il restera présent au sein du conseil municipal pendant encore quelques temps (toujours présent en 1848).

 
Pierre LEGERON
(Macqueville 11-03-1779 / St-Trojan 19-05-1855)
Propriétaire

1846 - 1848
Né en mars 1779 probablement à Macqueville, Pierre Légeron père est le fils de Zacharie-Toussaint Légeron et de Louise Texier. Sa soeur Jeanne Légeron est l'épouse de Louis Gétraud fils.
Propriétaire terrien, il fait l'acquisition du domaine de la Grande Métairie le 20 septembre 1826. Il épousa Marie Gauthier (décédée à Saint-Trojan le 17 février 1843), dont il aura pour fils Pierre Légeron en février 1810 qui lui succédera.
A partir de 1826, plusieurs membres de la famille Légeron viendront s'installer à la Grande Métairie, notamment sa soeur Louise et son frère aîné Jean. Il décèdera à Saint-Trojan en mai 1855, âgé de 75 ans.
Il occupe le poste de maire dès décembre 1846, à la suite de Jean Joussan évincé par le préfet. Il a déjà participé à la vie municipale dès 1830, où il remplaça François Pelletier, décédé. Il s'agissait de l'équipe de Jean Roy dit Mullon. Il demeurera conseiller sous les mandats de Pierre-Charles Tondut et Jean Joussan. Son adjoint en mai 1847 est Pierre Larue. Il s'agit du meunier de Saint-Trojan (Gensac 25-08-1817 / 14-09-1886).
Le milieu ambiant
1847 : Une crise économique frappe le pays, et le 28 janvier, les députés votent une loi facilitant l'importation des grains, pour faire face à la disette qui sévit depuis l'automne 1846.
Pendant ce temps à Saint-Trojan, le budget établit en 1847 fait ressortir les postes suivants :
"Loyer de la maison commune - 15 francs ;
Entretien annuel des propriétés communales - 4 francs ;
Entretien des chemins vicinaux - 412 francs ;
Salaire du garde-champêtre ou forestier : 75 francs ;
Traitement fixe et logement des instituteurs : 45 francs ;
Traitement fixe et logement de l'institutrice : 33 francs ;
Frais de culte,.... enfants trouvés,....
"
Le 23 mai 1847, on vote une somme de 136 francs 18 centimes pour la moitié du devis affecté à la réparation du pont de Saint-Trojan sur la Soloire. Déjà !!!
A cette même date on établit une liste des familles indigentes qui doivent recevoir l'instruction gratuite : Jean Lalande, François Lalande, Le Bloin et Pierre Baraud.
"Le conseil municipal réunit au lieu ordinaire des séances afain de délibéré consernant une lettre de monsieur le sous-Préfet en date du 27 juillet pour aviser au moyen dotoriser la fabrique de léglise de Saint-Brice, sont réuni Boutiers et Saint-Trojan à poursuivre monsieur Rambaud, à la remises d'un batiment ou chapelle que ce monsieur Rambaud est propriétaire par adjudication.
Le conseil municipal nes pas davis dotoriser la fabrique à poursuivre.
Le conseil municipal a toujour eut connaissance que Olivier Rambaud et ces devanciers etait propriétaires de lancienne commanderie et toutes ces dépandances, et ne veux nullement se mêle des procédures que voudrait soutenir la fabrique, et ne veux donner aucune autorisation à la fabrique....
"
La commune de Boutiers se trouvera donc seule à soutenir un long et coûteux procès contre la famille Rambaud.
Le 24 juillet 1848, la municipalité essaie de conserver son instituteur :
"Sur la position du sitoyen Fagny Melin instituteur lequel dans les promiers jours davril à été obligé de douner sa demission dinstituteur communal pour satisffaire au dégret du 13 mars darnier sur le cumul.
Considérant que le citoyen qui reste toujours au milieu de nous comme instituteur privé d'après lordre du citoyen Giral inspecteur des écolle de notre departememnt est par suitte de notre consantement pour continuer linstruction des élèves indigent des trois commune de la réunion avec celle des autre enfans qui en conséquance il est de toutes justice de la part des conseillers municipaux de la réunion de lui fixer une certaine somme à recevoir par trimestre à titre dindemnité pour les soins à continuer aux élèves indigent pour leur instruction a la fourniture de livre et ardoises crayons et à dont il oront besoin. Fixation à 200 francs....
"
L'année 1848 marque un progrès considérable au profit de la démocratie.
Le 2 mars : Proclamation du principe du suffrage universel masculin. Il permit ainsi de donner la parole à 9 millions d'individus (précédemment 200 000 électeurs par le cens, minimum d'impôt nécessaire pour être électeur).
Tous les Français âgés de 21 ans sont dorénavant concernés. On assiste alors à une grande ferveur dans le pays.
Le 10 décembre : Louis-Napoléon Bonaparte est élu 1er Président de la deuxième République (à 74 %), au premier tour par suffrage universel masculin, pour un mandat de quatre ans. L'affluence fut considérable avec 84% de votants...
C'est dans ce climat "enchanteur" que lors des élections municipales au suffrage universel masculin de septembre 1848, Pierre Légeron père céda sa place à son fils. Son passage fut bref, mais il eut le souci d'assurer sa succession.

 
Pierre LEGERON
(Macqueville 24-02-1810 / BST 24-05-1892)
Propriétaire
1848 - 1858
Pierre Légeron fils est né à Macqueville le 24 février 1810. Propriétaire à la Grande Métairie, il épouse à Boutiers, le 17 septembre 1849, Jeanne Rousseau, veuve de Sieur Pierre Gratreau, née à Saint-Trojan le 23 mars 1814. Ils auront une fille unique, Marie-Olympe Légeron née le 2 février 1851, femme d'Achille-Aimé Vitet, propriétaire.
Pierre Légeron sera néanmoins le dernier maire de la commune de Saint-Trojan.
Procès d'installation du 1er octobre 1848 : "En présance du conseil municipal convoqué à cet efet pour procéder à linstalation du citoyen Légeron Pierre fils nommé maire de la commune de Saint-Trojan et à celle du citoyen Larue Pierre nommé adjoint tous les deux nommé par une élection faite conformant à l'article 10 & 11 du décret de l'Assemblée Nationalle en datte du 3 juillet 1848 et par l'autorisation de monsieur le Préfet en datte du 2 septembre 1848 ont tous les deux été aujourd'hui installé en leurs fonctions par un autorisation de monsieur le Préfet en datte du 21 septembre 1848".
Le 9 novembre 1848, l'instituteur Melin dit Fagny, expose au conseil son nouveau souci : "Le 12 avril dernier, il a été forcément et obligé de donner sa démission d'instituteur communal sans égards pour ses 14 ans d'exercice et ses sacrifices pour pourvoir son école d'un matériel convenable et en supporter les frais d'entretien pendant ce même laps de temps ; et de là pour satisfaire aux rigoureuses dispositions du décrêt du 13 mars du gouvernement provisoire sur le cumul d'une pension militaire avec un traitement civil, pour la modique différence de 100 francs sur le maximum fixé par le décrêt, mais vu que depuis cette époque, l'assemblée nationale a rendu le 12 août un autre décrêt qui autorise le cumul avec des retenues graduées sur le traitement civil ; en conséquence il croit pouvoir aujourd'hui prier avec justice le conseil municipal d'avoir la bienveillance de solliciter de celle de monsieur le Ministre de l'Instruction Publique de le réintégrer dans ces anciennes fonctions".
A l'unanimité le conseil prend en considération la demande du fidèle et compétent instituteur. Il sera de nouveau l'instituteur communal.
Soucieux des archives municipales, une demande particulière est adressée au Président de la République :
"30 septembre 1849 : En vertu d'une demande faite par monsieur le maire, ....afin d'obtenir l'autorisation de pratiqué une chambre commune dans une dépendance du presbytaire nommé chaix. Le conseil municipal....ayant reconnu la demande de monsieur le maire de toutes utilité et indispansable qui de tous temp n'ayant jamais eut de chambre commune, les archives de la mairie a éprouvé des pertes considérables. Le conseil municipal est davis que la demande monsieur le maire soit mise en exécution".
Une nouvelle loi électorale est instaurée le 31 mai 1850. Pour être électeur, il fallait désormais être domicilié depuis 3 ans dans la commune. En fait le droit de vote fut ainsi enlevé à plus de 3 millions de citoyens. Le suffrage universel était donc pratiquement aboli. Il faudra attendre le coup d'état du 2 décembre 1851, pour le voir rétabli.
Les années se suivent et les budgets sont toujours aussi difficiles à maîtriser. Pourtant les postes demeurent les mêmes (année 1851) : salaire du garde-champêtre 75 francs, dépense de la garde nationale 10 francs, entretien chemin vicinaux 41 francs, traitement fixe et logement de l'instituteur 45 francs... etc... A l'exception de dépenses plus extraordinaires, par exemple :
"18 mai 1851 : Afain de délibérer sur l'imposition extraordinaire pour la réparation urgentes et indispensables de la fontaine et des lavoirs public de la commune. Le conseil municipal est davis que la commune de Saint-Trojan soit imposés à la somme de 200 francs. Avec aide attribuée par le gouvernement, vu que la commune est dans l'impossibilité de se charger de la totalité".
On a le souci premier d'avoir une eau propre. C'est un élément vital pour une toute petite cité...
Ce conseil affiche également la volonté profonde de remettre en état l'infrastructure communale.
"9 mai 1852 : Le conseil municipal de Saint-Trojan en session ordinaire vient de réclamer à monsieur le Préfet une journée de prestation de la grande vicinalité pour être portée sur la petite, depuis une dizaine d'année que notre commune est portée au numéro dix, les chemins de la commune sont en mauvais état fautes de navoir pas asser d'une journée de prestation....".
De plus, on essaie de réglementer les <<transhumances animales sauvages>> :
"Que sont fait journellement par la trop grande cantité de brebis qui vaque journellement et librement dans les terre de la commune. Le conseil municipal est davis que chaque individus qui voudra avoir des brebis en aura que deux et tenu par la corde, à la main par chaque individus ou trois chaque maison - Saint Trojean le 9 mai 1852".
Le 27 juillet 1852, on installe le maire et son adjoint.
"Aujourdhui le vingt sept juillet 1852 en présance du conseil municipal convoqué extraordinairement à cet efet pour procéder à linstallation de Légeron Pierre maire et Larue adjoint. Tous les deux nommé par arrêté de monsieur le Préfet et en vertue d'un degret du chef de létat en datte du 7 de ce mois, qui prescrit lorganisation municipale, ont tous les deux prête le serment prescrit par larticle 14 de la Constitution. Rabatier, Gétraud, ....André Peltier (illétré), Légeron, maire".
On installe à cette même période (19 août 1852), une <<boite d'affichage>> au prix de 10 francs. Suite à la prise de pouvoir de Louis-Napoléon et du basculement dans le Second Empire, on fait prêter en 1852, le nouveau serment d'allégeance au maire et à son conseil. Puis ils ont tous prêté entre les mains du maire, le serment exigé (21 septembre 1852) :
"Je jure obéissance à la Constitution et fidélité au Président".
On note que la moyenne d'âge est de 44 ans.
En 1852, le ministre Morny écrit aux Préfets et leur demande :
"Exercez votre action au grand jour et mettez le peuple en mesure de discerner quels sont les amis et les ennemis du gouvernement qu'il a fondé".
Le 13 février 1853, le Préfet demande donc au maire de Saint-Trojan de recevoir individuellement ses conseillers et de leur faire prêter le serment de fidélité à l'Empereur. On tient ainsi à s'assurer du loyalisme des élus...
Le manque de moyen contraint souvent la petite commune de Saint-Trojan à refuser un certain nombre de bien-être.
"21 juillet 1853 : Le conseil municipal réuni extraordinairement par le maire, par la circulaire de monsieur le Préfet, en date du 7 juillet 1853, au sujet d'un service sanitaire gratuit par commune ou par canton. Le conseil municipal après examen à décidé que la commune de Saint-Trojan n'avait poins de revenus assez suffisan pour entretenir un service égal".
Puis on assiste à un changement de maître d'école (31 juillet 1853).
"Le maire a soumis au conseil municipal la circulaire de monsieur le recteur du département de la Charente, au sujet de savoir si le sieur Louis Raby, qui a été nommé par ce magistrat, instituteur intérimaire des trois communes de Saint-Trojan, Saint-Brice et Boutiers a su par sa morale et sa bonne conduitte et à l'attachement journallier qu'il porte à ses élève a recueilli toutes les simpatie méritable du conseil municipal. Celui-ci accepte que le sieur Louis Raby soit nommé instituteur communal pour la réunion des trois communes".
Le 12 décembre 1853, on prend une série de mesures pour la restauration des bâtiments communaux :
"Le conseil municipal sur la demande du trésorier de la fabrique des trois communes réunis, à l'effet d'autorisé ledit trésorier à la vente d'un pied d'arbre, qui se trouve situé dans le cimetière de Saint-Trojan. Le conseil municipal autorise à condition que les fonds de cette vente soit employé à réparé la toîture du cloché et de la porte du cimetière qui menace entièrement ruine. Puis à prendre sur le communal quelque mettre de terre pour les réparations de la chambre de la mairie".
Le 22 janvier 1854, la municipalité décide de créer un atelier de charité "...pour donner du travail au bras innocupé pour être porte en travail de réparation des chaume de Saint-Trojan, allant au chaume de Boutiers..."
Le 9 octobre 1854, on a le souci de meubler convenablement la mairie "...ameublement de la chambre de mairie, qui consiste en un bureau, une petite table, des étagères pour les bultins des Lois et une douzaine de chaises. A prendre sur les fonds disponibles - 40 francs"
En 1855, on établit et fixe une <<taxe municipale sur les chiens>>. Les chiens d'agrément ou de chasse sont taxés 2 francs et les chiens de garde 1 franc.
Le 27 juin 1855, on procède à l'installation du maire et de l'adjoint :
"Le conseil municipal de la commune de Saint-Trojan s'est réuny en vertue de l'autorisation de monsieur le Préfet....la seance ayant été déclarée ouverte le président a reçu de monsieur Légeron Pierre nommé maire le serment prescrit et qui est ainsi conçut "je jure obéissance à la Constitution et fidéllité à l'Empereur", puis le maire prenant immédiattement la présidance à reçu de Monsieur Larue Pierre son adjoint le serment qui à été prêté dans les même termes".
Pierre Légeron avait, ainsi que son adjoint Larue, la confiance de la préfecture bonapartiste.
En 1856, la situation de Saint-Trojan dans les annuaires indique :
Maire - Légeron
Adjoint - Larue
Curé - (voir Saint-Brice)
Instituteur - Raby
Population - 209 habitants
Superficie - 278,72 hectares
La municipalité est ensuite confrontée à un acte illicite commis par l'un de ses nouveaux ressortissants.
"4 janvier 1857, sur l'invitation de monsieur le maire sans autorisation expésialle afain d'obvier à un déli qui sest comi et qui se commetterait annuellement si on lui portait past empechement, ainsi le sieur Lançon propriétaire dans Saint-Trojan (demeurant l'ancien logis noble) à établi une fabrique à destille l'audevie sur le bor de la rivière et que son mare vide sur le communal et dans un lieu qui sert journellement et momentanement d'abrevoir et de lavoir public à toutes la commune, et donc pour obvier à cet inconvenient le maire à fait dresser un proces verbal par le garde champêtre qui à été porté entre les mains du commissaire de polisse qui à refusé de faire droit, l'afère à été porté à la connaissance du juge de paix qui à donné un permi à monsieur le maire de poursuivre le delainquant devans les juge compétant.
Le conseil municipal de Saint-Trojan est d'avis d'autorise monsieur le maire de poursuivre dans le nom de la commune et l'autorise des cette délibération à depensé les fonds nécessaire au nom de la commune.
Louis Artaud, Louis Gétraud, Léon Roy, Ferran Louis (illetré), Arrandeau, Louis Robinaud
".
Il s'agira là, de l'avant-dernière "affaire" que la municipalité aura à traiter. L'ultime et la plus importante arrivait en cette année fatidique de 1857.
Nous allons maintenant longuement analyser son déroulement et ses conséquences durables : LA FUSION ENTRE SAINT-TROJAN ET BOUTIERS

En réalité l’idée et le souhait de cette fusion étaient plus anciens. Le parcours de Saint-Trojan est en ce sens très chaotique. Au moyen-âge Saint-Trojan est une paroisse libre, administrée par son seigneur qui demeure en son castel notamment la famille Gasteuil. Vers 1500, Catherine Gasteuil, dame de Saint-Trojan, apporte en dot la terre dudit lieu à son mari Jean Poussard, chevalier, seigneur de Fors, Lignières et Saint-Brice. Les Poussard firent de Saint-Brice leur résidence favorite. Puis le 5 mai 1582, Suzanne Poussard, dame de Saint-Trojan épousa messire Louis d’Ocoy, chevalier, seigneur de Couvrelles, chambellan du Prince de Condé. Les d’Ocoy vinrent habiter le logis de Saint-Trojan, laissant les Poussard à Saint-Brice.
Mais, par succession en 1635, les d’Ocoy retrouvèrent dans la corbeille le château et la terre de Saint-Brice.
Cette dernière demeure étant plus moderne et spacieuse que l’antique logis de Saint-Trojan, les d’Ocoy et leurs descendants (La Motte d’Ayran, Guiton de Maulevrier, Des Nanots) prirent leurs quartiers à Saint-Brice. Saint-Trojan étant dévolu à un régisseur. En 1792, les châteaux et les terres de Saint-Trojan et de Saint-Brice furent vendus à Michel-Marie Desprès Delaunay. A la Révolution, Saint-Trojan retrouva sa propre liberté, en devenant une commune à part entière. Plus encore, elle devint le centre privilégié entre Saint-Brice et Boutiers en matière d’enseignement et de maison curiale. Saint-Trojan avait son maire, son prêtre et son instituteur, sa mairie, son presbytère son église et son école. Bien vite, la cure de Saint-Brice devint le lieu choisi. Quant à l’école, il faudra attendre les années 1875, pour que chacune des communes crée son école.
En 1858, la liberté de Saint-Trojan fut à nouveau mise à mal et cette fois-ci, de façon définitive. A l’ère de l’intercommunalité, Saint-Trojan fait parfois encore figure d’insoumise.
Examinons maintenant les circonstances du rattachement de Saint-Trojan à la commune voisine, la « ventripotente » Boutiers.
En réalité, c’est bien avant 1858, que l’idée avait germée dans l’esprit de nos responsables départementaux, comme le prouve cette lettre du 24 juillet 1843.
« Vu les lettres de monsieur le Préfet, en date des 6, 19 et 24 avril dernier, qui prescrivent de faire instruire divers projets de réunion de commune au nombre desquels se trouve celui de la réunion de Saint-Trojan à Boutiers.
-vu le Plan des deux communes,
-vu la délibération de Boutiers, qui refuse la réunion,
-vu la délibération de Saint-Trojan, qui l’a refusé également,
-vu l’enquête faite à Boutiers, qui contient 60 déclarations contre le projet,
-vu l’enquête faite à Saint-Trojan, qui contient 33 déclarations contre le projet, Considérant que ces deux communes, sont chacunes dans l’impossibilité de satisfaire aux obligations que leur impose la Loi du 28 juin 1833, sur l’instruction primaire qu’elles n’ont qu’un instituteur, que par suite de leur réunion à celle de Saint-Brice, Considérant que leur résistance ne s’appui sur aucun motif réellement valable, et qu’elle n’est fondée que sur le désir de voter chacune une commune indépendance, mais que ce désir doit céder devant les besoins de l’administration qui a le plus grand intérêt à faire cesser la circonscription communale trop restrainte. Considérant que cette réunion ne froisse aucun intérêt, et qu’elle existe déjà en ce qui concerne le culte et les dépenses de l’instruction primaire. Vu les articles 1, 2, 3 et 4 de la Loi du 18 juillet 1837, est d’avis, Que la réunion de la commune de Saint-Trojan à celle de Boutiers soit prononcée. Fait à la sous-Préfecture de Cognac. Le sous-Préfet Dupuy, Officier de la Légion d’Honneur
».
Cette fois-ci, les deux communes, d’un commun accord, refusaient catégoriquement la fusion. La sous-préfecture faisait le forcing, imposait ce nouvel état des choses.
Néanmoins, sur le terrain chacun campa sur ses positions.
On fit comme si de rien n’était. Mais l’idée allait faire son chemin. Car chacun sait, que les autorités ne renoncent pas facilement à « leur idée ». On prit son temps, mais on revint à la charge. Si la Monarchie de Juillet resta sur sa faim, l’Empire régla pour de bon le projet. On fit donc à nouveau pression sur les communes, et Boutiers se laissa finalement infléchir.
« Boutiers 19 février 1857, Le conseil municipal et les plus imposés de la commune, étant réunis sous la présidence de monsieur le maire, pour la session ordinaire, et suivant la circulaire de monsieur le sous-Préfet du 6 février 1857, Furent présents : Pierre Girard, Jean Godichaud, Charles-Brice Carré, Nicolas Moyet et Henri Martin, du conseil municipal ; Jean-Baptiste Cormenier, Louis Chambaud, et le comte Demontiers de Mérinville, hauts imposés. Voyant les avantages pour les habitants des deux communes, monsieur le Président a donné connaissance des dispositions de la circulaire du sous-Préfet, concernant la réunion. Après avoir mûrement réfléchi, ont été unanimement d’avis que Saint-Trojan soit réuni à Boutiers ».

Par cette délibération, un pas important venait d’être franchi. La réaction de Saint-Trojan ne tarda pas.
« 24 février 1857, le conseil municipal et les hauts contribuables délibérant d’un commun accort ou serait pas d’avis de réunion à la commune de Boutiers, qui promièrement est uni comme dépourvu du tout ce qui convient à l’administration tant municipalle que pour le culte, tandis que la commune de Saint Trojan possède une maison curialle, une église, une chambre commune, si toutefois l’administration supérieure tient à la réunion, l’administration municipalle de Saint-Trojan ne veux point se mettre en contradiction avec l’administration supérieure, mais elle ne consent point à la réunion de la commune de Saint-Trojan à Boutiers, prenant en considération que cette réunion occasionnerait de nouvelle dépance, tandis que la réunion à Saint-Trojan n’ocasionnerait aucune dépance, vue que nous possédons tout ce qui nous est nécessaire pour l’administration municipalle et du culte a qui déja Boutiers se trouve reuny pour l’instruction primaire.
Nous prions l’administration de prendre les intérêts des communes en grande considération car elles ne sont pas pourvues de grand revenue.
Léon Roy, Louis Gétraud, Pierre Pelletier, Pierre Larue, adjoint,
Pierre Arraudeaud, Charles Roy, Louis Artaud, Jacques Michaud, Louis Robinaud, du conseil municipal ; J. Roy, André Guitton, Pierre Guélin et J. Joussan, hauts imposés
».
Les choses sont plus claires. Saint-Trojan ne refuse plus la réunion ...... mais pas dans le sens souhaité ....c’est à Boutiers de se réunir à Saint-Trojan, et non le contraire.
Si effectivement, Saint-Trojan peut se targuer de posséder des locaux scolaires et religieux, en revanche son nombre d’habitants ne cesse de décliner.
En 1841, époque de la première « fusion », Boutiers avait une population de 362 âmes et Saint-Trojan de 200.
Quinze ans plus tard, Boutiers est passé à 509 pour 187 à Saint-Trojan.
De plus la superficie plaide aussi en faveur de Boutiers avec 427 hectares contre 278.
Boutiers connait à cette époque un « boom économique » lié à l’industrie des tuiles.
Les tuileries drainent alors beaucoup de familles des départements de la Creuse et de la Corrèze.
Devant l’entêtement des « gaulois retranchés de Saint-Trojan », le département se livre à une étude poussée sur la viabilité et l’intérêt du projet (septembre 1858).
« Saint-Trojean (l’orthographe ne semble toujours pas fixée) - 278,12 hectares - 187 habitants - revenus 900 francs - dépenses 1090 francs - église, ancien presbytère (le prêtre réside à Saint-Brice) ou se tient l’école et cimetière.
Boutiers - 426,75 hectares - 509 habitants - revenus 1376 francs - dépense 1600 francs - ancienne église et cimetière.
Boutiers Saint-Trojean - 704,87 hectares - 696 habitants - revenus 2076 francs - dépense 2200 frs - église, ancien presbytère et cimetière
».
Les procédures sont en route. Le 10 janvier 1858, on procède à une enquête de « commodo et incommodo » par voie d’affichage dans les dites communes.
Le résultat de cette étude est publié le 14 février 1858.
Pour Boutiers : « Enquête auprès de la population, dans la salle de mairie de Boutiers. En présence du juge de Paix du Canton de Cognac, agissant en qualité de commissaire enquêteur désigné par le sous-Préfet. Le procès-verbal d’information commodo et incommodo en marge duquel et en marge de chaque déclaration ou déposition, nous indiquerons par la lettre P (pour) le projet, et C (contre). 58 personnes se sont présentées, à savoir :
Chambaud, Blanchard, Moreau, Roy, Moyet, Boucq, etc...».

Tous pour - « J’adhère entièrement au projet de réunir Saint Trojan à notre commune... ».
Pour Saint-Trojan, il en allait bien sûr tout autrement. Cette occasion nous permet de connaître de façon détaillée la population, qui exception faite de deux chefs de famille, s’oppose farouchement à cette union. En voici quelques extraits :
« Je m’oppose à la réunion projetée, parce qu’elle ne présente aucun avantage pour notre commune, ...... parce que nous possédons tout ce qui est nécessaire à l’administration d’une commune, tandis que Boutiers n’a ni église, ni mairie et que je ne veux pas participer à la dépense à faire pour en bâtir, ..... etc ... ».
Les signataires « contre » sont les suivants (cette fois-ci le projet a ressoudé les clans) : - Suze François, 46 ans, scieur de long, ne sait signer, - Cireau Adrien, 25 ans, cultivateur, ne sait signer, - Etourneaud Pierre jeune, 28 ans, cultivateur, signe, - Gétraud Louis, 60 ans, cultivateur, signe, etc....
Les « pour » sont très isolés (cela sent quelque peu le règlement de compte ....) : - Joussan Jean, 58 ans, propriétaire, signe, - Guitton Pierre, 58 ans, tonnelier, signe.
Ils déclarent : « je considère la réunion projetée comme très avantageuse pour les intérêts des deux communes »
L’enquête administrative avait été ouverte du 15 janvier au 14 février, au secrétariat de la commune de 10 heures le matin à 5 heures le soir. Le commissaire peut le 20 février suivant dresser un procès-verbal avec conclusions.
« Saint-Trojan, moins de 200 habitants, ressources insuffisantes et difficulté d’y trouver des conseillers municipaux et un maire. Alors que l’ensemble constituerait 700 habitants et que Boutiers comme chef-lieu serait plus central. Attendu que l’opposition formée par les habitants de Saint-Trojan, repose sur des motifs qu’il est facile de combattre. L’église de Saint-Trojan est beaucoup trop petite pour contenir les fidèles des deux communes. Par ailleurs, Boutiers en construit une autre ».

Le 24 février 1858, Saint-Trojan « l’irréductible » maintien sa position et signe :
« Si toutes foi l’administration supérieure tient à la réunion, l’administration municipalle de Saint-Trojan n’entend point se mettre en contradiction avec l’administration supérieure, mais elle prétant conserver sa neutralité pour le sepirituel. Elle ne consant point la réunion à Boutiers quoique en contradiction avec la Loi. Parceque prenant en considération que cette réunion occasionnerait à de nouvelles dépence, tandis que la réunion à Saint-Trojan n’occasionnerait aucune, vu que la commune posséde tout ce qui est nécessaire pour l’administration à qui la commune de Boutiers est déja réunie pour l’instruction primaire ... ».
Le 14 mars, on rajoute « une nouvelle couche » :
« Le conseil municipal de Saint-Trojan et les plus hauts imposés étant réunis par l’autorisation de monsieur le sous-Préfet, en date du 4 mars 1858, afin de prendre une délibération sur l’avis des habitants qui sont consignés au procès-verbal d’enquête de commodo et incommodo. Ses membres du conseil et les hauts imposés délibérant toujours d’un commun accord ont examiné le procès verbal d’enquête dressé par le juge de Paix. Sur 24 avis contre la réunion, et 2 pour, et puis plusieurs avis ont été donné à monsieur le maire, avant la présence du juge de Paix dans la commune, qui s’est présenté le dernier jour du délai de clôture du procès-verbal, qui ne sont pas consigné et qui s’opposent formellement aussi à la réunion comme ceux qui ont signé le procès-verbal d’enquête. Ainsi nous nous maintenont toujours dans notre refus de réunion, qui est exprimé dans notre délibération antérieure et ci-annexé aux pièces. Louis Gétraud, Léon Roy, Pierre Larue, adjoint, Arrodeau, Louis Robinaud, Louis Artaud, Jacques Michaud, Peltier, Ferrand (illétré), conseillers, Jacques Roy, Pierre Gélin, Rabatier, André Guitton, La Pierre, Terransaud Pierre, hauts imposés. Légeron, maire ».
Ils se débattent tristement, c’est le dernier sursaut, les dés sont jetés .....
Le même jour, la commune de Boutiers, à son tour fait le point de cette réunion douloureuse pour les uns, favorable pour les autres.
« Girard Pierre, Chambaud Louis, Moyet Nicolas, Carré Charles Brice, Martin Henri et Godichaud Jean, Monsieur le maire a donné connaissance des dispositions de la circulaire de monsieur le sous-Préfet qui solicite l’avis du conseil municipal, pour la réunion de Saint-Trojan à Boutiers. Ont été d’avis que la commune de Saint-Trojan serait réunie à la commune de Boutiers, comme l’administration la toujours entandue, même sur le procès-verbal du comodo et d’incomodo l’explique, c’est Saint-Trojan qui doit être réunit à Boutiers ..... (La précision est capitale) Nous avons la sertitude que la commune de Saint-Trojan a présenté une pétition et qui nous dise d’avoir recut l’assurance de leur demande de l’administration, que Saint-Trojan serait chef-lieu par raport qu’il possède une église et un simetière et une mairie (intox). Mais il ne dise point qu’elle est leur population qui n’est que de 188 abitant, tandis que celle de Boutiers en possède 509, de plus si les deux communes étaient réunie leur église ne serait d’aucune utilité, cette église est ci petite qu’el ne pourait recevoir le tiers des administré , qu’il faudrait revenir à une nouvelle dépense pour la faire démolir et la faire reconstruire, leur simetière qui est si peu aparente quil contient à peu près 1.50 are de terrin .... ....il faudrait encore revenir à un nouveau, par le moyen qu’il ne peut se grandir et situé aux millieu du bourg. Nous pensons d’avoir une église avant deux ans, plus le communal de Boutiers vue que plusieurs honorable personne de nos environs se range à notre possition, même le pasteur qui désert les deux communes. Le maire Pierre Daniaud ».

Saint-Trojan baisse les bras, non sans réticence, puisque la dernière délibération du conseil municipal en exercice date du 14 mai 1858.
Le 16 juillet le sous-Préfet fait son rapport auprès du Préfet, pour entériner la décision :
« Vu les circulaires ministérielles des 29 janvier 1848 et 29 août 1849, sur la nécessité de supprimer les petites communes, (il reprend les différentes étapes avec les points avancés par la commune de Saint-Trojan), .... vu qu’il est très difficile de rencontrer en cette commune (Saint-Trojan) Un homme capable d’exercer les fonctions de maire, que le maire actuel est domicilié à Cognac et que par conséquent il ne peut surveiller les intérêts de cette commune.
Considérant que la commune de Boutiers n’a point d’église, de maison d’école, de mairie, que son cimetière est supprimé attendu son exiguité, que ses ressources en proportion de son importance vis à vis Saint-Trojean sont plus élevées et que la fusion des deux communes aura pour résultat de balancer les recettes ordinaires avec les dépenses de même nature.
Considérant que le cimetière de Saint Trojean est supprimé depuis fort longtemps comme se trouvant placé dans l’enceinte du bourg, que dès lors la réunion une fois faite, la nouvelle commune pourra se procurer les ressources nécessaires pour faire l’acquisition d’un terrain propre à cet usage.
Considérant que les communes de Saint-Trojean et de Boutiers sont annexées pour le culte à Saint-Brice, que Saint Trojean possède une église en bon état, un presbytère, une maison d’école où se réunissent les enfants de ces trois communes réunies pour le culte comme pour l’instruction et qu’il résulte de l’état statistique produit à l’appui du dossier que la réunion
a de sérieux avantages tant pour les habitants que pour l’administration.
Considérant que les communications entre Saint Trojean et Boutiers sont des plus faciles au moyen d’un chemin vicinal parfaitement entretenu, que ces communes n’ont aucun droit de parcours ou d’usages locaux l’une sur l’autre et que le périmètre de la nouvelle commune de Boutiers sera plus régulier.
Considérant que les oppositions faites par les habitants de Saint-Trojean sont guidées par l’instinct de la conservation de leur indépendnace vis à vis de Boutiers et qu’elles sont dénuées de tout caractère sérieux.
Considérant que l’instruction de l’affaire fait ressortir l’opportunité de la réunion,
SOMMES D’AVIS Que la commune de Saint-Trojean soit réunie à celle de Boutiers sous le nom de :
BOUTIERS St-TROJEAN
et que le chef-lieu de la nouvelle commune soit fixé à Boutiers
».

Trois jours plus tard, le sous-Préfet précise une condition à cette union :
« que les frais de l’église que la commune de Boutiers doit faire construire seront supportés par cette commune ».
Puis, le directeur des contributions directes d’Angoulême accorde à son tour un avis positif (13 août 1858).
On remonte ainsi en cascade.
Le 25 août 1858, le Conseil Général du département adopte à son tour le dit projet.
Puis c’est la Préfecture qui accepte la résolution d’une réunion de la commune de Saint-Trojan (là l’orthographe est correcte), à celle de Bouthiers.
Décidément les décideurs sont toujours bien loin du terrain.
C’est chose faite le 4 septembre 1858.

« Bien qu’elle possède une église et un presbytère, les deux communes de Bouthiers et de Saint-Trojan sont annexes de la commune de Saint-Brice pour le service du culte, qu’ainsi au point de vue religieux cette réunion ne porte aucun changement dans les habitudes des habitants des deux communes, que déjà le presbytère de Saint-Trojan sert de maison d’école pour les dites deux communes, considérant que cette réunion permettra à la nouvelle circonscription de se créer les ressources qui lui manque pour l’acquisition d’un nouveau cimetière en remplacement de ceux existants qui sont insuffisants, placés dans l’enceinte des bourgs, contrairement à la Loi et dont la suppression a déjà été prononcée ».
Le point d’orgue arrive le 29 novembre 1858, du ministère de l’Intérieur.
« Fait au Palais de Compiègne le 29 novembre 1858, Napoléon, par la grâce de Dieu et la volonté nationale Empereur des Français, A tous présent et à venir, Salut, Sur le rapport de notre Ministre Secrétaire d’Etat au département de l’Intérieur,
Vu les délibérations les délibérations en date des 19 février et 14 mars 1858, par lesquelles le conseil municipal de la commune de Bouthiers (charente) assisté des plus imposés approuve le projet de réunion des communes de Bouthiers et de Saint-Trojan,
Vu les délibérations en date des 24 février et 14 mars 1858, par lesquelles le conseil municipal de Saint-Trojan, s’oppose à la réunion projetée,
Vu l’état certifié par le Préfet de la Charente, duquel il résulte que la commune de Saint-Trojan n’a que 187 habitants,
Vu l’avis du Conseil Général du département de la Charente, en date du 25 août 1858, tendant à la réunion des deux communes de Bouthiers et de Saint-Trojan,
Vu la Loi du 18 juillet 1837, La section de l’Intérieur, de l’Instruction publique et des Cultes de notre Conseil d’Etat entendue, Avons décrété et décrétons ce qui suit :
Article 1er Les communes de Bouthiers et de Saint-Trojan, canton de Cognac, arrondissement de Cognac, département de la Charente, sont réunies en une seule commune, dont le chef-lieu est fixé à Bouthiers et qui prendra le nom de Bouthiers-Saint-Trojan.
Article 2 Les communes réunies continueront à jouir comme sections de communes de tous les droits d’usage ou autres qui peuvent être respectivement acquis.
Delangle - Ministre Secrétaire d’Etat au Département de l’Intérieur
».
Le 7 décembre 1858, le Préfet est informé de l’acceptation de l’Union. « Monsieur le Préfet, J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint ampliation d’un décret Impérial en date du 29 novembre, en vertu duquel les communes de Bouthiers et de Saint-Trojan sont réunies en une seule commune, dont le chef lieu est fixé à Boutiers, et qui portera le nom de « Bouthiers-Saint-Trojan ». Je vous prie, monsieur le Préfet, de vouloir bien prendre les mesures convenables pour la prompte exécution de ce décret.
Le Conseiller d’Etat Secrétaire Général
».
L’affaire était résolument et irrémédiablement bouclée. La commune libre de Saint-Trojan avait vécue (1790-1858). Une page était tournée, une nouvelle histoire commençait.
Pierre Légeron, le dernier maire continuera à oeuvrer pour la nouvelle commune, dès février 1859 il y figure en compagnie de Jean Rabatier (qui sera promu adjoint), Pierre Larue et Louis Artaud. Mais nous en reparlerons en détail dans la troisième partie de cette étude. Il s’éteindra en son habitat de la Grande Métairie, le 24 mai 1892. Les derniers actes consignés dans les registres de Saint-Trojan furent : Pour les naissances, celle de Jules Nadon, du Vignaud, le 23 juillet 1858, Pour les mariages, celui de Jean Bilaud et de Jeanne Lalande, le 12 octobre 1858, Pour les décès, celui de Louis Roy, âgé de 78 ans, époux de Marie Chaillot, le 25 novembre 1858.
En bas des trois registres, Pierre Légeron notera : « Arrêté le présent registre aux actes de décès, naissance, mariage. A la mairie de Saint-Trojan le 31 décembre 1858. Le maire Légeron ».



MAIRES DE BOUTIERS SAINT-TROJAN
Extraits du travail de Patrick Huraux ©

 
Pierre DANIAUD
(Ballans 11-06-1795 / BST 08-06-1864)
Propriétaire

1858 - 1864
Ce propriétaire né à Ballans le 23 prairial de l’An III, est conseiller municipal de Boutiers, dès le 2 août 1840 (équipe Olivier Rambaud). Il parviendra au poste d’adjoint le 6 novembre 1842, puis de maire le 23 août 1846. Il sera réélu en 1852. C’est sous son dernier mandat, qu’il aura la lourde et délicate mission de procéder à la réunion de la commune de Saint-Trojan à la sienne. Après moult remous, la réunion des deux communes de Saint-Trojan et de Boutiers sera entérinée le 29 novembre 1858. Une nouvelle commune apparaît alors, celle de Boutiers-Saint-Trojan.
Un renouvellement du conseil municipal s’imposait donc, et une nouvelle élection s’opéra en janvier 1859. Entre-temps, Pierre Daniaud occupa la fonction de maire provisoire.
En réalité, on trouva un compromis afin de ménager au mieux la susceptibilité des habitants déçus de Saint-Trojan.
Si le maire se devait d’appartenir à la communauté de Boutiers (la plus importante), le poste de premier adjoint devait revenir à celle de Saint-Trojan.
Pour le partage des fauteuils des conseillers municipaux, on tiendra également compte du nombre des populations ici et là. Après les élections effectuées par l’assemblée électorale le 9 janvier, on procéda le 17 février 1859, à l’installation du premier conseil municipal de Boutiers Saint-Trojan.
La composition fut la suivante :
- Pierre Girard, 56 ans, résidant à Boutiers, élu avec 68 voix
- Jean Godichaud, 42 ans, Boutiers, 66 voix
- Charles-Brice Carré, 36 ans, Boutiers, 62 voix
- Pierre Daniaud, 63 ans, Boutiers, 60 voix
- Louis Chambaud, 30 ans, Boutiers, 58 voix
- (Comte) Renaud Des Monstiers-Mérinville, 37 ans, Boutiers, 56 voix
- Henri Martin, 29 ans, Solençon, 55 voix
- Nicolas Moyet, 37 ans, Boutiers, 54 voix
- Pierre Légeron, 48 ans, Saint-Trojan (Grande Métairie), 35 voix
- Jean Rabatier, 49 ans, Saint-Trojan, 35 voix
- Pierre Larue, 41 ans, Saint-Trojan, 29 voix
- Louis Artaud, 51 ans, Saint-Trojan.
L’ensemble de cette nouvelle équipe prononce le serment en vigueur : « Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur ».
Il faudra attendre le 4 mars pour désigner officiellement le maire et l’adjoint, selon les directives de monsieur le Préfet de la Charente (24 février 1859). Guère de surprise - Pierre Daniaud est nommé maire et Jean Rabatier, adjoint.
Il leur restait maintenant à oeuvrer pour le bien de cette nouvelle unité, en essayant de gommer au maximum les rancoeurs des habitants.
Le 3 septembre 1859, on examina la réponse des autorités concernant le tracé du chemin du Solençon (dite butte du Solençon).
Le conseil avait manifesté son désir « d’une route passant par Saint-Marmet et traversant la Charente sur un pont au lieu-dit Chatenay et débouchant au faubourg de Cagouillet ».
La directive préfectorale ne privilégia point ce projet, et décida de l’actuel tracé, contournant la propriété du domaine du Solençon (au midi). On allongeait ainsi la voie de 115 mètres. Le conseil marqua son mécontentement ....sans plus.

Le 3 février 1860, on autorise le comte des Monstiers-Mérinville, à construire sur la chaume dit « le communal » de Boutiers, une chapelle, à l’aide d’une souscription.
Le sous-préfet et le conseil de fabrique donnent pour cela leur accord, pour prélever les matériaux de l’église Saint-Marmet.
Boutiers ne pouvait plus continuer à ne pas avoir sa propre église au centre du village.
Les choses étaient en route ....
L’assemblée électorale, par son suffrage des 19 et 26 août 1860, procède au renouvellement de son équipe municipale, qui sera officiellement installée le 25 septembre (date d’élection initialement prévue). Deux seuls changements sont à signaler, Pierre Arraudeau, du bourg de Saint-Trojan, 57 ans, et Jean-Baptiste Cormenier, de Boutiers, 53 ans, remplacent Pierre Légeron et Louis Artaud.
Dans un tout autre registre, on procède le 11 novembre 1860, à la vente des matériaux entreposés sur le communal, « au midi des cimetières de Saint-Trojan ».
L’année 1861, s’ouvre sur un grand projet régional – « la construction d’un pont à Chatenay ».
Le 10 février, le conseil ou plutôt une partie, délibère sur cette perspective.
En effet, on peut déceler une certaine tension entre les conseillers. Si ceux de Boutiers sont présents, ceux de Saint-Trojan sont, soit absents - Cormenier (fils d’une Sabouraud de Saint-Trojan), Rabatier et Arraudeau - soit refuse de signer - Larue.
Le maire expose :
«  La construction d’un pont à Chatenay pour raccourcir de 2 kms la route de grande communication N° 24 entre Cognac et Boutiers, du point où elle s’arrête près l’auberge de Chêne vert à Cognac, au point où elle commence près la Maison Brûlée à Boutiers.
On sollicite le Conseil Général.
Il serait regrettable de renoncer à la réussite d’une telle entreprise.
Que le canton de Segonzac et tous le sud de l’arrondissement de Cognac n’est pas assez relié avec le nord, côté de Macqueville qui compte 40 communes dans son rayon et ayant des relations commerciales avec Cognac, et souffrant énormément de la difficulté d’accès du nouveau champ de foire qui se trouve maintenant dans le faubourg de Cagouillet. Il dit que beaucoup de propriétaires ayant des denrées à porter au marché de Cognac n’y vont pas si souvent qu’ils le voudraient. Enfin, il signale la dangereuse côte du Solençon dont la pente fait craindre à tout instant de nouveaux malheurs ; il rappelle aussi qu’aux abords de Cognac surtout le moindre débordement de la Charente couvre la route d’un mètre d’eau et qui entrave sérieusement la circulation des piétons et gêne aussi gravement le passage des voitures et charettes. Il termine en disant qu’il est vraiment triste de faire du clôcher de Boutiers à l’auberge du Chêne Vert de Cognac, 4 kms lorsqu’on n’est simplement séparé de cette ville que par la Charente.
On sait bien que le faubourg Saint-Jacques de Cognac présente quelques observations contre ce projet, parce que dit-il, on le privera de cette route 
».
A l’unanimité le conseil accepte le projet, et demande au Préfet :
« De décider la rectification de la route de grande communication n°24 entre Cognac et Boutiers Saint-Trojan, suivant une ligne qui partant de la crête du côteau dit du Solençon, par Saint-Marmet, traversant la Charente au moyen d’un pont en fonte, sans péage, passerait près de Chatenay, l’Atrie, près du nouveau champ de foire, viendrait en ligne droite s’embrancher dans la route de Segonzac n°24 en question, près de l’auberge du Chêne Vert. Cette route qui par son importance spéciale est appelée à devenir route départementale, serait plantée sans nul doute de beaux arbres, présenterait un magnifique coup d’oeil et serait d’un effet ravissant, tout en assurant la prospérité générale ».

Egalement en ce mois de février 1861, on procède à la bénédiction de la nouvelle église de Boutiers.
Ce 6 février à 10 heures du matin, monseigneur Cousseau, évêque d’Angoulême, bénit l’église « Saint-Antoine de Boutiers », en présence du comte des Montiers de Mérinville, Hennessy, Martel, Jules Dupuy (principaux souscripteurs), les curés de Cognac, Jarnac, d’Ars, du séminaire de Richemont et de l’abbé Petit, desservant les paroisses de Boutiers, Saint-Trojan et Saint-Brice.
La construction de la dite église débuta au mois de mars 1860, pour s’achever en ce début de mois de février 1861.

Début 1862, c’est la période des budgets.
- Les frais d’administration, y compris le salaire des gens de service, les registres d’état civil, les frais d’impression des comptes, livres et budget de la commune, timbres et frais de confection des matrices des rôles s’élèvent à 232 francs.
- Remise au Receveur municipal - 196 frs
- Loyer de la maison commune - 45 frs
- Entretien annuel des édifices du culte - 60 frs
- Supplément de traitement au curé ou desservant - 80 frs
- Traitement fixe et logement des instituteurs - 810 frs
- Entretien des chemins vicinaux - 1305 frs
- Fête publique - 50 frs
- Dépenses imprévues - 100 frs
- Salaire des garde-champêtres ou forestiers - 400 frs
Total = 3278 frs.
Les revenus communaux sont de - 2748 frs.
Il reste donc à pourvoir pour cette année en question - 530 frs.
On décide également du montant de la rétribution scolaire.
- Enfants de 8 ans et au-dessous - 1.50 frs
- “ de 8 ans à 10 ans - 2.00 frs
- “ de 10 ans à 13 ans - 2.50 frs
- “ de 13 ans et au-dessus - 3.00 frs
Quant au traitement fixe de l’instituteur il est fixé à 600 frs.

Le 18 mai, le conseil et les plus hauts imposés doivent se prononcer sur l’opportunité du rachat du pont de la Trache. Mais après en avoir « mûrement délibéré », il est avancé que la commune ne peut s’imposer « vu les grands besoins qu’elle aurait à faire dans sa commune, et qu’elle ne peut à défaut de fond, et que ce pont leur est d’aucune utilité ».
Vu effectivement, que l’idée maîtresse de la construction de celui de Chatenay les intéresse plus.
Seuls les concitoyens de Saint-Trojan, doivent une nouvelle fois faire grise mine.
Le 10 novembre 1862, sous la présidence du maire et de Louis Chambaud, secrétaire de séance, on accepte d’acheter deux parcelles pour agrandir le cimetière de Saint-Marmet, puis de clôturer l’ensemble. Ce débat n’intéressant pas les conseillers de Saint-Trojan, ils seront absents de ladite réunion.
Le budget de 1864, le dernier de Pierre Daniaud, fait ressortir invariablement les mêmes postes.
Seuls les montants changent (Soit une augmentation de 7% par rapport à celui de 1862).
Le déficit étant de 644 frs à pourvoir, on fait appel aux « plus forts imposés » - Alexis Levêque, Pierre Roturier, Pierre Légeron, Jacques Roy, Jean Lalande, Pierre Daniaud, Des Montiers Mérinville, Olivier Rambaud, Philippe de Bonnegens, Jean Gautier (fils).......
Pierre Daniaud ne terminera point son mandat de maire, et décèdera en son logis de Boutiers, le 8 juin 1864. Sa dernière apparition publique remonte au 15 mai, lors du budget.
La maladie emporta probablement cet homme de 69 ans, qui avait beaucoup apporté à sa commune d’adoption.

On peut remarquer, pour clore ce chapitre, que la fréquence des élections municipales est en raison des évènements politiques, très aléatoires.
Chaque nouveau régime, afin d’asseoir sa politique, fait systématiquement procéder à de nouvelles élections (nationales, régionales et locales).
D’une manière générale, le rythme des consultations du peuple, au niveau municipal, s’opère en ce début du XIX ème siècle (sauf changement de pouvoir ou de constitution) tous les
3 ans, puis à partir de 1855 à 1870, tous les 5 ans, et enfin de 1874 à 1912 tous les 4 ans.

 
Jules-Ollivier RAMBAUD
(Cognac 12-08-1822 / BST 19-06-1887)
Notaire - Propriétaire

1865 - 1878

Jules-Ollivier Rambaud est né à Cognac le 12 août 1822. Il est le fils d’Ollivier (avec deux L), notaire à Cognac et de Marie Dumas dite Zéline.
Il appartient à une vieille famille de serviteurs municipaux. Son arrière-grand-père, Jean Bonnin fut le premier maire de Boutiers de 1790 à 1792, son arrière grand-oncle Pierre Saulnier fut agent municipal de 1795 à 1797, puis maire de 1800 à 1818, enfin son grand-père Olivier Rambaud occupa cette place de 1818 à 1842.
Son père ne s’intéressa point à la vie locale de Boutiers. Il se fixa à Cognac, où il exerçait la profession de notaire, rue Saint- Martin.
Jules fut également notaire à l’étude de son père. Mais, il résidait en partie en son domaine familial de Bélair.
De son mariage avec Marie- Louise Poineau, il laissa trois enfants, dont : Marie-Marguerite (1852), épouse de Michel-Gaston Audouin-Dubreuil ; et Marie- Anne-Thérèse (1855), épouse de Jean-Pierre-Paul Hériard.

Après le décès brutal du maire Pierre Daniaud, il fallut à la hâte trouver un remplaçant. Le sous-préfet proposa donc au Préfet, une liste de candidats.
« J’ai l’honneur de vous adresser des propositions pour la nomination d’un maire à Bouthiers Saint-Trojan. Cette commune est divisée en deux parties opposées par suite de la réunion à Bouthiers de l’ancienne commune de Saint- Trojan.
Ordinairement le maire est pris à Bouthiers et l’adjoint à Saint- Trojan.
Le premier candidat, monsieur Jules Rambaud, notaire à Cognac, satisfait à cette condition, et possède une grande propriété et une habitation, il y réside pendant la belle saison, il y est très aimé, et fait les affaires de presque tous les habitants. Il donnerait sa démission de conseiller municipal à Cognac, motif qui l’a jusqu’à présent écarté du conseil municipal de Bouthiers.
L’adjoint d’ailleurs qui est régisseur de monsieur le Général comte de Brémond d’Ars, est parfaitement capable et peut le suppléer.
Les autres candidats sont à peine présentables, et je ne les ai portés que faute de mieux.
Le sieur Daniaud est fils de l’ancien maire, il est peu intelligent.
Le sieur Girard est peu recommandable sous le rapport des moeurs, mais il est plus capable.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’assurance de mon respectueux dévouement.
- Rambaud Jules - 43 ans - marié - 3 enfants - Notaire à Cognac et propriétaire à Bouthiers - Fortune estimée : 40 000 frs - Observation : Conseiller municipal à Cognac Très intelligent - très capable - très dévoué.
- Pierre Daniaud dit Michel - 33 ans - marié - 1 enfant - Propriétaire-cultivateur - Fils de l’ancien maire - Fortune : 1 800 frs - Assez intelligent - assez capable - dévoué.
- Pierre Girard - 63 ans - célibataire - 1 enfant reconnu - Conseiller municipal - Fortune : 3 000 frs - Assez intelligent - assez capable - assez dévoué
(23 décembre 1864)
».
Finalement le Préfet se rangea à l’avis si orienté du sous-Préfet.
« Par décision de ce jour et sur votre proposition, j’ai nommé monsieur Jules Rambaud, notaire, aux fonctions de maire de la commune de Bouthiers Saint-Trojan, vaccante par suite du décès de monsieur Daniaud. Son installation devra avoir lieu en séance du conseil municipal.
Vous aurez soin de me transmettre une expédition du procès-verbal, constatant l’accomplissement de cette formalité
(31 décembre 1864)
».

L’installation officielle aura lieu le 22 janvier 1865. Rien de particulier ne se déroula pendant cette courte période "d’intérim". Car dès le 15 août 1865, s’opéra l’installation de l’équipe, suite aux élections du 23 juillet.
Le maire Jules Rambaud et l’adjoint Jean Rabatier furent « intronisés » le 24 septembre 1865.

Aussitôt, on se met sérieusement au travail.
D’abord, la commune achète auprès des sieurs de Bonnegens (château du Solençon) et Raby, les deux parcelles pour agrandissement du cimetière de Saint- Marmet. La dépense totale, avec construction du mur de clôture s’élève à 3 031 frs. A cet effet, une souscription est lancée au niveau de la population et une aide est réclamée au Préfet de la Charente.
Puis, la municipalité se lance dans une opération d’intérêt public et commercial - l’amélioration de certaines voies de communication.
« Le bourg de Boutiers est construit sur un côteau, les puits y sont rares et presque tous manquant d’eau l’été. Les habitants sont donc dans la nécessité d’aller à la rivière chercher l’eau qui leur est utile pour leur bétail. Si le bourg de Boutiers était en communication facile avec la rivière Charente, les habitants profiteraient de l’avantage que leur présenterait la navigation pour faire leurs approvisionnements en foin, paille, pierre de taille, etc... ils s’en serviraient également pour expédier leurs vins et eaux de vie, soit à Cognac, soit à Jarnac, pour expédier sur les deux rives de la Charente les produits des nombreuses fabriques de tuiles qui existent dans la commune. Sachant que les chemins qui mènent à la rivière sont actuellement impratiquables.
Le conseil émet donc le voeu que monsieur le Préfet classe comme chemin de petite vicinalité, le chemin dit du Port de Boutiers, qui part du chemin de petite vicinalité N°2 près de Bélair, passe au bourg traverse le chemin de petite vicinalité n°5 en y empruntant 61 mètres et se termine à la rivière Charente, au lieu-dit le Port de Boutiers. Ce chemin est de 1214 mètres de long et de 5 mètres de large
».

Jules-Olivier Rambaud apporte aussi son expérience passée au sein du conseil municipal de Cognac. Pour preuve, les présentations de budgets sont mieux détaillées et plus précises. Celui de 1865, s’élève à 4198 francs.

Courant avril 1866, l’affaire du pont de Chatenay ressort.
Les maires de notre secteur font front et veulent contraindre les pouvoirs publics à accepter le projet. Une lettre du maire de Nercillac à l’encontre d’Olivier Rambaud fait le point (20 avril) :
« Monsieur et cher collègue, Les populations réclament partout avec les plus vives instances la construction de ponts gratuits sur la Charente au lieu-dit de Chatenay vis à vis Boutiers et celà pour des raisons d’intérêt général.
Au moment où cette grave question va s’agiter de nouveau au sein du Conseil Général et du Conseil d’Arrondissement, ne trouveriez-vous pas urgent de profiter de la session de mai, pour prier votre conseil municipal d’émettre un voeu bien motivé sollicitant l’exécution de ce projet, en faveur duquel il réclamerait seulement du Conseil Général une subvention de fonds.

N ’est-il pas de toute évidence pour tout le monde, de noter les avantages que les ponts de Chatenay, premièrement à tout le pays en dispensant les communes du passage très onéreux et très dangereux du pont à péage et suspendu de la Trache, et des inconvénients de la côte aussi très dangereuse du Solençon. Ce projet doit amener forcement le classement par la gare du chemin de fer de Cognac, de la route N° 24 en route départementale. Je viens d’apprendre à l’instant que le pont suspendu d’Aubeterre vient de crouler. Les ponts suspendus sont donc en effet de mauvais travaux, et cet accident ne peut que démontrer l’urgence de l’affaire de Chatenay ».
Si cette lettre est riche d’enseignements, elle montre surtout le besoin pressant des populations pour obtenir un passage, de surcroît gratuit, sur la Charente. Mais nous savons bien que pour faire bouger les autorités compétentes, il faut de la patience et de bons arguments.
Lors du budget de 1866, la liste des hauts imposés (soit les plus riches de la commune) se compose de : Messieurs Raby Elie, de Bonnegens, Ferrand Louis, Légeron Pierre, Lalande Jean, Gratraud Pierre, Paponnaud Jean, Joussan Augustin, Chambaud Louis, Larret Thomas, Pelletier Pierre, Rousseau François. Ils assistent systématiquement (et pour cause) aux réunions de budget et séances extraordinaires. A l’ouverture de chaque conseil, on procède, en exécution de la loi, à la nomination du secrétaire de séance. Cette nomination se déroule au suffrage majoritaire. Le montant du dit budget 1866, s’élève à 4 191 frs. Les demandes réitérées des citoyens pour la construction de ponts, trouvent enfin un écho favorable en mai 1866.
« Le maire expose au Conseil, que tout dernièrement monsieur Planat, député au Corps Législatif vient par une circulaire d’appeler l’attention des populations sur l’utilité de la construction de ponts sur la Charente au lieu de Chatenay. Qu’il a ouvert une souscription pour faire face aux frais d’études du projet de construction des ponts. Le maire fait observer que par délibération de mai 1861, la commune avait déjà voté une somme de 3 000 frs pour couvrir les travaux de construction ».

Une "Mort dans l'église"
En ce début de journée d’été du jeudi 28 juin 1866, l’atmosphère est lourde, pesante. Les jours précédant ont été très chauds et la nuit dernière suffocante.
L’orage intervient finalement, le tonnerre gronde et les éclairs illuminent la voûte céleste.
Il est 7 heures du matin et le jeune Pierre Gustin Bayou s’achemine dans la nouvelle église paroissiale située près de « la chaume » du village de Boutiers.
Probablement bedeau, il oeuvre au bon fonctionnement de l’église et notamment il a soin de sonner la cloche pour l’Angélus du matin.
Le nouveau prêtre de la succursale Boutiers-Saint-Trojan-Saint-Brice, monsieur l’abbé Théodule Loir-Mongazon réside quant à lui à la cure de Saint-Brice, où il est en poste depuis janvier 1865.
Pierre Gustin se sent certainement en parfaite confiance au sein de cette maison de Dieu.
Pourtant, au dehors l’orage devient violent et la foudre tombe …. et foudroie le pauvre garçon.
« Aujourd’hui 28 juin à 7 heures du matin est décédé dans l’église de Boutiers, foudroyé par le feu du ciel, Pierre Gustin Bayou, célibataire, cultivateur, âgé de 22 ans, demeurant Boutiers ».
La déclaration est faite par Jacques Roy, cultivateur, âgé de 45 ans, voisin et par Jean Bayou, cultivateur, âgé de 32 ans, frère du décédé, demeurant Boutiers.
Pierre Bayou (Bayoux) était né à Cellefrouin le 21 mars 1844 de Pierre, propriétaire-cultivateur au village de Goutibert et de Françoise Gervais.
Triste et inattendue fin pour ce jeune servant.
Sa tombe existe encore au sein du petit cimetière de Saint-Marmet...

Ecole de filles
Sur le plan scolaire, la loi du 10 avril 1867, impose aux communes de plus de 500 habitants, la présence d’une école publique de filles.
« Que la commune doit fournir à l’institutrice un local convenable, tant pour son habitation que pour la tenue de l’école, le mobilier de classe et un traitement. Que le traitement des institutrices qui ne peut être moindre de 400 à 500 frs, selon qu’elles sont de 1er ou de 2ème classe, se compose :
1) d’un traitement fixe de 200 frs,
2) du produit de la rétribution scolaire,
3) d’un traitement éventuel, calculé à raison du nombre d’élèves gratuits présents à l’école, d’après un taux déterminé chaque année par le Préfet, sur l’avis du conseil municipal et du Conseil épartemental,
4) d’un supplément pour le cas où le traitement fixe joint au produit de la rétribution scolaire et du traitement éventuel n’atteindrait pas la somme ci-dessus
».
Madame Marie Heurgon, épouse du sieur Louis Raby, instituteur communal des communes réunies de Boutiers, Saint-Trojan et Saint-Brice Charente, sollicite des conseillers municipaux, un avis favorable à la demande qu’elle se propose d’adresser à l’inspecteur d’académie, tendant à être nommée institutrice communale des deux communes. Au préalable, avant son mariage, madame Heurgon était institutrice à Cherves.
Le conseil municipal accepte la proposition (3 octobre 1867). Le 11 novembre, on définit les structures scolaires. On maintient l’idée d’une classe de garçons à Saint-Trojan (regroupement Boutiers-Saint-Brice-Saint- Trojan) sous la houlette de monsieur Raby (qui anime également depuis deux ans, des cours gratuits pour adultes), et on accepte de nommer son épouse, pour animer une classe de filles. On se refuse à créer des écoles par hameaux.
Un problème se pose en ce qui concerne les cours d’adultes, c’est celui du dédommagement :
« Monsieur Raby dirige depuis ce cours, il a fait preuve de beaucoup de zèle, il avait l’année dernière 42 élèves, mais on ne peut pas continuer à lui imposer un pareil travail sans rétribution. La presque totalité des personnes qui fréquentent ce cours sont des domestiques étrangers à la commune qui tous ont des salaires très élevés. Il y a peu d’indigents dans la commune, presque tous les habitants, sans être riches, “jouissent d’une certaine aisance”. Ils doivent pouvoir rétribuer l’instituteur. La commune n’ayant que peu de ressources, et ayant nommée madame Heurgon, comme institutrice avec salaire fixe et acceptée de créer une nouvelle classe, ne peut s’engager à plus ».
La gratuité n’est donc pas à l’ordre du jour. Jusqu’alors la rétribution scolaire se présentait comme suit :
- Pour les enfants au-dessous de :
8 ans - 1.50 frs (par mois)
8 à 10 ans - 2 frs
10 à 13 ans - 2.50 frs
13 et au-dessus - 3 frs
Le dit conseil fixe une nouvelle classification et de nouveaux barèmes :
- Pour les enfants :
au-dessous de 10 ans - 1.50 frs
au-dessus de 10 ans - 2 frs
- Pour les adultes - 1.50 frs.
Reste à trouver un nouveau local, pour y établir la classe des filles. Le rapporteur de cette commission est Jean-Baptiste Cormenier. Il élude deux propositions.
Le conseil municipal fera choix de la moins bonne solution, mais de la moins coûteuse.
Rappelons, que jusqu’à ce jour, la classe actuelle était divisée en deux, par une cloison de 1.50 mètre de hauteur, avec d’un côté les garçons et de l’autre les filles. Cette disposition était valable lorsque l’ensemble était dirigé par l’instituteur, mais il apparut alors inconvenable, avec la venue d’une institutrice, de procéder de cette manière.
La première solution consistait à faire, la classe des filles dans la classe actuelle des garçons, et créer pour ces derniers, une nouvelle salle dans un chai qui a sa façade sur la cour (dimensions 10m x 6m x 3,70m). Montant de la dépense - 1 700 frs.
Le deuxième projet consiste à s’approprier, pour en faire une école de filles, l’ancienne mairie de Saint-Trojan. Cet appartement de 6 mètres carré, joint le local habité par l’instituteur. Les frais s’élèvent à 700 frs. D’où, le choix du Conseil. Il faudra néanmoins faire communiquer cet appartement avec la buanderie qui dépend du presbytère et qui sert actuellement de maison d’école. Les murs et la toiture seront également revus. Cette buanderie aura pour fonction, de servir d’entrée à l’école de filles.
Nous savons, par une délibération du 17 mai 1868, que les dits travaux n’étaient pas encore entrepris.
On était visiblement à la recherche de fonds. On attendra encore et encore .....
« Réparation du puits Marion, car il est très utile à la majeure partie des habitants de la commune, la marjelle est tombée et il y a danger, non seulement pour ceux qui tirent l’eau, mais pour tous les enfants du voisinage ; 700 frs pour réparation à l’ancien presbytère pour l’approprier à une classe de fille (une croisée, une porte, un plancher, un plafond et faire blanchir les murs) ; 200 frs de réparations au lieu d’aisance des filles et des garçons, en lieux séparés ; 200 frs pour du matériel à la classe de filles; de plus, les planchers haut et bas sont en mauvais état, et il faut prévoir une dépense de l’ordre de 2 000 à 2 500 frs».
Le conseil municipal émet le voeu, de formuler une demande auprès du Préfet, afin d’en obtenir une subvention, « en considération des sacrifices qu’elle vient de s’imposer pour son école ». Les ressources de Boutiers-Saint- Trojan étant très insuffisantes pour un tel financement.
En ce qui concerne, le « puits Marion » on réclama une participation à chaque ayant droit au puisage, de l’ordre de 0.75 à 3 frs.
Au cours des années qui suivirent, le sujet de l’école primaire fut souvent abordé. Le 14 février 1869, le conseil fixe à 13 le nombre des enfants indigents, obtenant un enseignement gratuit.
Nous sommes donc loin de l’information donnée quelques années plus tôt, par ce même maire Rambaud, disant que la population de Boutiers Saint- Trojan « sans être riches, jouissaient d’une certaine aisance ».
Le 21 février 1869, on procède à la bénédiction du cimetière de Saint-Marmet (suite à l’agrandissement effectué par la municipalité).
« Le 21 février 1869, sous le règne glorieux du Souverain Pontife Pie IX et de l’Empereur Napoléon III gouvernant de France, a été bénite par monsieur l’abbé Dumas, chanoine honoraire, Supérieur du petit séminaire diocésain de Richemont (délégué par monseigneur Cousseau, évêque d’Angoulême), une moitié nouvelle du cimetière de Saint- Marmé, commune de Boutiers- Saint-Trojan, paroisse de Saint- Brice.
En présence de messieurs l’abbé Ducluzeau et Fontmartin, professeurs au séminaire de Richemont, de monsieur Rambaud, maire de Boutiers- Saint-Trojan, Président du Conseil de fabrique de Saint- Brice, de son conseil municipal et d’un grand nombre de témoins...
».

Puis, on aborde le problème de l’élargissement du pont de Saint- Trojan, véritable casse-tête récurrent.
Le 16 novembre 1869, Olivier Rambaud en expose l’urgence à son conseil. « Elargir le pont de Saint-Trojan, où les dangers qu’il présente pour la viabilité, et à cet effet, il présente un devis dressé par monsieur Fort-Beaupré, entrepreneur à Cognac, établissant qu’on ferait cet élargissement au moyen de deux pièces en fer, portant sur deux culées établies de chaque côté du cours d’eau, avec tablier de chêne par-dessus et garde-corps également en chêne »
La dépense totale se chiffre à 936 francs.
Que de dépenses .....

En 1870, selon un arrêté préfectoral, la rétribution scolaire tombe à 1 frs par élève. La municipalité est donc obligée d’augmenter le traitement fixe des enseignants. Comme toujours, les décisions des autorités sont à assumer par les collectivités et administrations locales. Les siècles passent, mais les méthodes restent ...
On note hélas, un nombre toujours plus élevé d’élèves indigents, à la charge de la commune. Tous ces éléments, ont une répercussion sur l’engagement des coûts.
L’année 1870, le budget passe à 5021 frs. Voici quelques postes :
Voici quelques postes :
- Traitement du secrétaire de mairie - 50 frs
- Frais de bureaux de la mairie - 40 frs
- Divers abonnement - 10.50 frs
- Frais de registres d’état civil - 42 frs
- Traitement du tambour-afficheur - 20 frs
- Salaire du garde champêtre - 400 frs
- Loyer et entretien de la maison commune - 45 frs
- Entretien des chemins vicinaux ordinaires - 554 frs
- Entretien des chemins vicinaux de grande communication - 1 162 frs
- Salaire du piqueur - 180 frs
- Salaire du cantonnier - 40 frs
- Entretien des bâtiments communaux - 300 frs
- Traitement de l’instituteur primaire - 733 frs
- Traitement de l’institutrice - 533 frs
- Prix d’achat de livres - 20 frs
- Supplément du traitement du curé - 200 frs
- Subvention à la fabrique de l’église - 60 frs
- Entretien du cimetière - 20 frs
- Réparation aux lieux d’aisance de l’école de garçons - 200 frs
….etc ....

A l’issue de ce budget, on procède en août, aux nouvelles élections municipales.
Le 28 août 1870, le procès-verbal d’installation de l’équipe municipale (peu changée) se compose ainsi :
- Jules-Ollivier Rambaud , notaire, 48 ans
- Nicolas Moyet, propriétaire, 49 ans
- Henri Martin, marchand de vin, 41 ans
- Pierre Daniaud, propriétaire, 40 ans
- Charles Brice Carré, propriétaire, 48 ans
- Jean Godichaud, propriétaire, 54 ans
- Pierre Larue, meunier, 53 ans
- Pierre Girard, propriétaire, 69 ans
- Jean Rabatier, propriétaire, 61 ans
- Pierre Légeron, propriétaire, 59 ans
- Louis Chambaud, propriétaire, 42 ans
- Pierre Roturier, tuilier, 40 ans.
C’est un conseil « mûr », dont l’âge moyen est de 50 ans. Une nouvelle fois, on prêtera le serment à l’Empire : « Je jure obéissance à la Constitution et fidélité à l’Empereur ».
Examinons dans le détail cette élection effectuée selon la convocation du Préfet, en date du 23 juillet 1870.
« Procès-verbal des opérations électorales de la commune de Boutiers Saint-Trojan, ce 7 août à 7 heures du matin. Sous la présidence de Jules-Ollivier Rambaud, le bureau est constitué de messieurs Pierre Girard, Charles-Brice Carré, François Rainaud et Pierre Merlet. Le secrétaire de séance étant Louis Raby (instituteur). A la mairie, le président fait placer sur la même table une boîte destinée à recevoir les votes. Après avoir été ouverte et vérifiée et qu’aucun bulletin ne figurait à l’intérieur, la boîte est fermée avec deux serrures. Une clé est alors remise entre les mains du président et l’autre à Pierre Girard. Sur la table figure :
- un exemplaire du numéro du recueil des actes administratifs de la préfecture,
- la feuille d’inscription des votants,
- la liste officielle des électeurs de la commune, close le 31 mars 1870 - le nombre étant porté à 230 électeurs.
Le président fait alors connaître à l’assemblée qu’elle est ce jour appelée à procéder à l’élection de 12 conseillers municipaux, et que chaque bulletin doit contenir autant de noms que de conseillers à élire. Ensuite, il est procédé à l’appel des électeurs dans l’ordre de la liste.
A l’appel de son nom, chaque électeur se présente devant le président et lui remet sa carte et un bulletin fermé qu’il dépose dans la boîte du scrutin. La carte est rendue à l’électeur après avoir été déchirée à l’un des angles.
Le vote des électeurs étant constaté par la signature ou le paraphe de l’un des membres du bureau sur la feuille d’inscription des votants en marge du nom. L’appel étant terminé, le président fait procéder au re-appel des électeurs qui n’avaient pas encore voté.
Il se présente 120 électeurs (la majorité des voix étant donc porté à 60).
Le dépouillement fait ressortir le choix suivant :
- Jules-Ollivier Rambaud - 104 voix
- Nicolas Moyet - 75 voix
- Henri Martin - 75 voix
- Pierre Daniaud - 72 voix
- Charles-Brice Carré - 66 voix
- Pierre Larue - 65 voix
- Jean Godichaud - 63 voix
- Pierre Girard - 61 voix
- Jean Rabatier - 60 voix
- Jean-Baptiste Cormenier - 57 voix
- Pierre Légeron - 53 voix
- Louis Chambaud - 52 voix
- Pierre Roturier - 44 voix
- Pierre Arraudeau - 42 voix
- Jean Bouyer - 37 voix
- Louis Gautier - 35 voix.
A 10 heures du matin, le président déclare le scrutin clos.
Sont élus : Rambaud, Moyet, Daniaud, Carré, Larue, Godichaud, Girard, Rabatier et Martin.
Mais le conseil municipal ne se trouvant pas au complet au 1er tour de scrutin, le président annonce qu’il sera procédé à un second tour de scrutin le jour même, pour compléter 3 conseillers.
Le bureau est ouvert à 14 heures et clos à 18 heures.
Le résultat est (120 électeurs) :
- Pierre Légeron - 65 voix
- Louis Chambaud - 45 voix
- Pierre Roturier - 45 voix
- Jean-Baptiste Cormenier - 44 voix
- Pierre Arraudeau - 23 voix
- Jean Bouyer - 15 voix.
Sont élus en complément :
Légeron, Chambaud et Roturier ».
Ce sera la dernière fois.

Abordons l’année fatidique de 1870.
Le 28 août 1870, le conseil procède à la nomination de 6 membres chargés de l’organisation de la garde nationale sédentaire (Martin, Roturier, Daniaud, Chambaud, Carré, Moyet).
Le 29 septembre, Rambaud fait part au conseil de la lettre du sous-préfet :
« J’ai le projet de réunir en un bataillon de Garde Nationale sédentaire, les compagnies de Cherves, Saint-Sulpice, Mesnac et Boutiers ».
La municipalité accepte. Quelques jours après, en présence des hauts imposés - le comte Des Montiers-Mérinville, Pierre Cavard aîné, Pierre Nicolas, Louis Ferrand, Jean Gauthier, Jagaille François, Pierre Pelletier, François Corde, Auguste Hennessy, Pierre Cavard et Jean-Baptiste Cormenier - Le maire demande de « s’imposer extraordinairement » pour subvenir aux frais d’habillement, armement et solde pendant 3 mois des gardes nationaux mobilisés de la commune, sur la base de 30 francs par homme (pour la part communale, le reste devant être à la charge du département). Pour cela, un emprunt serait nécessaire.
La liste des mobilisés de la commune, établie par la Préfecture comprend 14 jeunes gens :
Arraudeau Jean, garde mobile, Pelletier Pierre, engagé, Lessard, Videau, Gros, Mergnac, Marty, (ouvriers tuiliers, natifs de Corrèze et de Dordogne), Gallard, Gueslin, Naud, Blond, Roy François, Roy Léon et Taransaud.
On signale, d’abord que le jeune Jean Arraudeau, parti pour le service, croyait avoir été réformé par le conseil de révision, comme étant soutien de famille. C’est donc par erreur qu’il est parti.
Puis, que les ouvriers tuiliers ne sont plus résidents à Boutiers. Cette démarche était justifiée, pour éviter de s’imposer sur la totalité des gardes nationaux.
Le conseil votera finalement une somme de 210 frs pour seulement 7 d’entre eux.
Jules Rambaud conscient que la commune n’avait pas présentement les moyens de subvenir à cette nouvelle charge, propose d’avancer cette somme, remboursable en 1871 sans intérêt.
Beau geste du maire.
Ordre et contre-ordre ....le gouvernement de défense nationale informe les municipalités, que le département n’a pas à assumer une partie de la dépense, mais que seules les communes doivent en supporter les frais. La somme à payer s’élève à 1 895 frs. L’emprunt apparaît inévitable. Une fois encore le maire propose d’avancer le montant, remboursable en quatre contributions au taux de 5 %.
L’avis est favorable et accordé.
Diverses dépenses sont également occasionnées pour frais de la Garde Nationale.
Notamment : « 21 frs 75 centimes à la veuve Levêque, épicière à Boutiers, pour fourniture de 14 kilogrammes et demi de chandelles pour l’éclairage du corps de garde ».

En ces temps troublés, la pauvreté ne cesse d’augmenter, comme en témoigne le nombre toujours plus important d’enfants bénéficiant de l’enseignement gratuit.
« Jean Lugue, Théophile Chevalerias, Honoré Jaugin, Julien Rainaud, Elisabeth Rainaud, Jules Meunier, Ernest Dumas, Jean Baillou, Camille Laforge, Marcel Martinaud, Léopold Templeraud, Gustave Martin, Jacques Boin, Pierre Lugue, Julien Cormelier, Lucien Angelier, Augustin Chevalerias, Emma Sicard, Mariette Jousson ». (Année 1872).
Suite à la chute de l’Empire, de nouvelles élections ont lieu dans toute la France, afin d’asseoir le nouveau régime.
A Boutiers Saint-Trojan, elles se déroulent en mai 1871.
Le résultat est quasi similaire à la précédente (8 mois avant).
Sont élus :
- Pierre Daniaud - 41 ans
- Jules-Ollivier Rambaud - 49 ans
- Pierre Légeron - 61 ans
- Charles-Brice Carré - 49 ans
- Jean Rabatier - 62 ans
- Pierre Larue - 54 ans
- Louis Chambaud - 43 ans
- Pierre Roturier - 41 ans
- Henri Martin - 42 ans
- Jean Charraud Gautier - 46 ans
- Pierre Girard - 70 ans.
- Jean-Baptiste Cormenier - 64 ans
Moyenne d’âge - 52 ans.
On procède ensuite à l’élection du maire et de l’adjoint - Jules- Ollivier Rambaud est élu maire, avec 10 voix contre 1 voix.
Pierre Daniaud est élu adjoint au troisième tour, par 5 voix contre 4 voix à Jean Rabatier (suffrage serré entre les deux hommes).
Saint-Trojan n’avait donc plus « son premier adjoint » promis.... Nous pouvons imaginer les conversations animées et pleines de fiel, dans l’ancien fief révolutionnaire de « Trojan la Montagne ».

Aussitôt on « s’attèle » à l’inévitable budget, qui est une fois de plus en augmentation.
Recettes 9 900 frs - Dépenses 7582 frs - Soit un excédent (peu habituel) de 2 318 frs.
De nouveaux postes apparaissent :
- Permis de chasse, intérêt de fonds placés, etc ....
On se propose d’entretenir la voie qui va de Boutiers aux Tuileries (en passant par chez Pou) et de la classer en chemin vicinal. L’industrie de la tuile favorisait un trafic plus intense. De plus, un fossé sera constitué, en partant de la maison de Louis Chambaud, tuilier et conseiller.
Pierre Larue profite de cette occasion pour formuler une réclamation.
Suite à l’élargissement de la chaussée du moulin de Saint-Trojan, il avait fait don à la commune d’une parcelle de terrain, mais il souhaitait récupérer les peupliers situés dessus.
Les réunions de conseil ne manquaient pas de piquant à cette époque.
Un exemple banal consiste à une discussion sur la taxe municipale appliquée sur les chiens. On signale que « les chiens des sieurs Denechère, Chevallier et François Martin qui sont de la deuxième catégorie ont été porté en première ; que Martin Henri a été imposé pour un chien qu’il n’avait plus depuis 3 ans et que Raynaud avait lui aussi été imposé pour un chien qu’il avait tué sur ordre du garde-champêtre, attendu que celui-ci (le chien) avait été mordu par un autre chien hydrophobe (qui a une peur morbide de l’eau) ».
Vaste sujet ....sans réponse ni explication précise.

Une nouvelle préoccupation importante est à l’ordre du jour en cette année 1872 - l’achat d’un immeuble afin d’y établir la mairie.
Depuis la révolution, la « maison commune » est un appartement qui est loué à un particulier. Les frais d’entretien incombant à la municipalité.
« Monsieur le maire rappelle au conseil que depuis longtemps on a l’intention d’acheter un immeuble pour en faire une maison commune, que le conseil est allé plusieurs fois déjà visiter divers locaux qui n’ont pas été trouvé convenables. L’immeuble où est établie la mairie étant à vendre en ce moment, monsieur le maire pense que ce serait une bonne acquisition pour la commune. Cet immeuble n’est pas beaucoup trop vaste ? Mais si dans l’avenir, la commune prend toujours de l’accroissement, il faudra créer une école à Boutiers, ce serait un endroit superbe, et il serait fâcheux de n’en avoir acheté qu’une partie.
Il pense qu’on pourrait l’avoir pour 7 000 frs, tous frais payés cela reviendrait à la commune à 8 000 frs, et cette somme pourrait être payée ainsi que les intérêts au moyen de vingt centimes additionnels au principal des quatre contributions pendant 12 ans. Que cet impôt ne serait pas trop lourd pour les habitants de la commune qui le supportent déjà depuis 2 ans pour le remboursement de l’emprunt fait pour les mobilisés. En conséquence il demande au conseil de nommer une commission de 2 membres qui aura pour mission de voir les propriétaires de cet immeuble et de traiter avec eux.
Le conseil (moins messieurs Rabatier et Larue) reconnait à la majorité que l’immeuble dont il s’agit est unique dans la commune pour l’établissement de la mairie et d’une maison d’école s’il y a lieu plus tard, il entre dans les vues et les projets présentés par monsieur le maire, et nomme messieurs Daniaud, adjoint et Godichaud pour s’adjoindre à monsieur le maire afin d’entrer en pourparlers avec les propriétaires, il les autorise à en faire l’acquisition au mieux des intérêts de la commune.
Quant aux moyens de payer, il y sera pourvu par une imposition extraordinaire votée ultérieurement par le conseil et les plus hauts imposés
».
Le 19 août 1872, le maire fait part au conseil, que leur démarche en vue d’acquérir ce local, a échoué. Il se propose de renouveler les contacts avec les propriétaires.
Pourtant, le problème de réfection de l’école de Saint-Trojan se pose toujours.
L’architecte Covillon soumet un devis de 6 000 frs. Celui-ci est aussitôt rejeté, la commune ne disposant que d’une somme de 1 400 frs.
Le maire (omniprésent) présente un autre projet, celui de convertir en classe le chai attenant à la maison d’école. Les murs étant bons, l’élévation de 5 mètres sur 9.90 mètres de longueur et 5.90 mètres de largeur. Seuls travaux, des ouvertures, un plafonnier et un crépissage sont à opérer.
En plus des travaux à effectuer à l’école de filles, le tout se chiffre à 2 030 frs.
Une imposition extraordinaire sera prise pour ce financement. Henri Martin, conseiller, objecte que la commune de Boutiers s’est beaucoup agrandie ces dernières années du côté des fours à tuiles, l’école située à Saint- Trojan est devenue trop distante pour les enfants. Bon nombre d’enfants des tuileries vont déjà à l’école à Cognac. Un re-centrage pour un établissement scolaire sur le chef-lieu de Boutiers serait à envisager. Le conseil, tout en reconnaissant la valeur de l’observation rejette ce projet pour des raisons purement financières. Mais, la graine est semée, et l’idée fera son chemin .....

La sous-préfecture soumet le projet du passage d’un chemin de fer, reliant Surgères à Cognac. Le conseil émet un avis favorable, en considérant que ce tracé par Chatenay avait un immense avantage. Il desservirait les carrières des Chaudrolles de Saint-Sulpice, les gisements de plâtre de Cherves et les fabriques de chaux, de tuiles et de briques de Boutiers-Saint-Trojan.
Cela permettrait l’établissement d’une gare pour les nombreuses populations de Nercillac, Sainte-Sévère, Réparsac, Chassors, Houlette, Macqueville et autres.
Il conviendrait d’établir à Chatenay, un double pont de communication pour les charrettes et le chemin de fer.
La municipalité de Boutiers est tellement emballée par cette suggestion qu’elle vote une somme de 3 000 frs en faveur du pont charretier (bien sûr toujours en accord avec les hauts imposés, force économique de la commune).
Le 15 septembre 1872, à nouveau, on reparle de l’acquisition du local « Mairie ».
« Rapport de la commission qui avait pouvoir d’acquérir un clos situé au chef-lieu de la commune.
La dite commission s’est entendue avec les propriétaires dudit clos, et par un acte sous signature privée, moyennant un prix principal de 7 000 frs, avec intérêts sur le pied de 5 %, payable moitié le 1er janvier 1874 et moitié le 1er janvier 1875.
Qu’il y a lieu de voter les fonds nécessaires pour payer le prix.
Que la commune n’a pas de fonds ordinaires pour faire face à cette dépense, mais qu’elle n’a pas de dettes, par conséquent rien ne s’oppose à voter des centimes additionnels sur le principal des 4 contributions pour payer la totalité de ce prix, et une somme de 1 000 frs pour faire face aux frais d’acquisition et à quelques frais d’approbation (soit 8 000 frs).
Que d’après le tableau d’amortissement qu’il a donné s’imposant de 867,42 frs par an, le prix total de l’acquisition et frais serait payé en 13 années.
Que ce vote ne peut avoir lieu qu’avec l’assistance des plus imposés, mais doit être pris en considération par le conseil
».
Tout semblait parfaitement établi. C’était sans compter sur les conseillers municipaux du bourg de Saint-Trojan..
Lors de ce conseil avec les hauts imposés, les sieurs Larue, Rabatier et Légeron demandent à prendre la parole :
« Ils s’opposent à cette acquisition la trouvant très importante pour les ressources de la commune, que c’est charger tous les habitants d’un impôt bien lourd, que leur mettre 20 centimes additionnels pendant 13 années, qu’ils reconnaissent l’utilité d’achever ou de faire construire une maison commune, qu’on peut être un jour ou l’autre renvoyé de l’appartement dans lequel sont les archives de la mairie, et dont la commune n’est que locataire et qu’il est indispensable de savoir où on transportera ces archives, mais qu’une dépense de 3 à 4 000 frs serait suffisante pour avoir une mairie parfaitement convenable, qu’il serait possible d’en faire construire une sur le communal, et que la dépense n’excèderait certainement pas cette somme ; que pour tous ces motifs, ils s’opposent à l’acquisition projetée ».
Le « front autonomiste de Saint- Trojan » botte en touche, une nouvelle fois.
Ce qui démontre bien que les rancoeurs de 1858 sont encore loin d’être assouvies.
C’est un fait intéressant, qui permet de comprendre mieux les aléas de la vie municipale à Boutiers Saint-Trojan. L’intégration forcée de Saint- Trojan dans le giron de Boutiers est une cicatrice que la population Trojannaise n’a pas admis, n’admet pas. Il faudra du temps.
Les grandes dépenses qui ont trait au territoire de Boutiers sont systématiquement rejetées, boudées par les représentants de Saint-Trojan. Soit ils l’affirment de vives voix, soit ne ils participent pas aux débats.

Les choses n’en restent pas là, puisque tous les autres conseillers municipaux de la commune font alors bloc. Ils répondent :
« Que si on n’avait en vue que la construction seule d’une mairie, il ne faudrait pas acheter 50 à 60 ares de terrain, mais que le clos dont on avait décidé l’acquisition est parfaitement situé à l’entrée du bourg ; que nécessairement il y aura lieu dans un temps plus ou moins éloigné de construire à Boutiers une maison d’école, que l’école actuelle est à Saint- Trojan, parce qu’elle est réunie à celle de Saint-Brice-Charente, mais que ces deux communes prenant chacune de l’extension, il y aura lieu par la suite d’en créer une pour chacune d’elles, qu’alors celle qui existe à Saint-Trojan devra être reportée à Boutiers qui est le chef-lieu et qui est le centre de la commune. Qu’à cette époque on ne trouverait certainement pas un terrain aussi bien placé et à d’aussi bonne conditions. Que quant au prix, ils pensent qu’il est loin d’être exagéré, que la commune fait même une très bonne affaire ; qu’actuellement la commune n’aura aucune dépense à faire pour la mairie qui se trouve déjà dans ce local. Que la location des bâtiments qui ne sont pas occupés pour la mairie produira un revenu annuel d’environ 250 frs ..... Pour tous ces motifs, ils estiment donc qu’il y a lieu d’approuver le projet d’acquisition, et de s’imposer extraordinairement pour en payer le prix ».
Il est évident que les « séparatistes » de Saint-Trojan avalèrent mal leur salive, en entendant de tels propos. Ils étaient conscients qu’à présent, le but avoué était la fermeture de l’école de leur petit village.
Après la suppression de la mairie au profit de Boutiers, puis du culte à celui de Saint-Brice, aujourd’hui le dernier bastion, l’école, allait leur échapper. Comment allaient-ils annoncer cette nouvelle à leurs concitoyens ?
La tâche ne fut certainement pas facile.
On se ferma probablement un peu plus vis-à-vis du chef-lieu. L’antagonisme s’installait de nouveau, après l’outrage de 1858, arrivait pour eux le temps de l’affront.
L’histoire est ainsi faite, une succession de rapports de force gère les hommes et les femmes.
Cette date du 15 septembre 1872, marque effectivement une nouvelle étape dans l’histoire des rapports entre Boutiers et Saint-Trojan. Il s’agira du dernier sursaut.
Mais reconnaissons bien, même si nous trouvons la finalité triste pour Saint-Trojan, que ce dernier projet était bel et bien logique et clairvoyant. Rambaud et son conseil, en hommes avisés et responsables, firent incontestablement le bon choix.
A l’issue de cette réunion, et selon la formule consacrée, la discussion étant épuisée, une promesse de vente fut consentie auprès des propriétaires (seuls Larue, Rabatier et Légeron voteront contre). Un emprunt de 8 000 frs fut engagé. Les vendeurs de l’immeuble étaient :
Pierre Texier, ancien tuilier, demeurant à Cognac ; Elisabeth Heignon femme du sieur Grollaud, également de Cognac ; Marie Heignon épouse de Jean Rutelier, de Cherves ; et la veuve de François Charagnac du Coudret de Cherves (née Joséphine Heignon).
Ils cédaient 55 ares de clos, dans lequel se trouvait une construction comprenant une maison d’habitation avec chai et une autre petite construction côté du midi.
Les « Hauts Imposés » qui contribuèrent à cet achat, furent : Messieurs de Mérinville, propriétaire de l’Ecart ; Louis Ferrand, propriétaire à Saint- Trojan ; Pierre Cavard aîné, tuilier aux Tuileries de Boutiers ; Auguste Bordes, propriétaire à Saint-Trojan ; Jacques Raby “Guimbelot”, propriétaire au Solençon ; Jean Gautier, maréchal à Boutiers ; Elie Raby “Martinaud” propriétaire au Solençon ; Pierre Cavard dit “Lancier”, tuilier aux Tuileries de Boutiers ; Frédéric Raby, propriétaire au Solençon ; François Jagaille, tuilier aux Tuileries de Boutiers ; Pierre Cavard dit “Lévêque”, tuilier aux Tuileries de Boutiers ; François Corde, tuilier aux Tuileries de Boutiers.
Cette énumération (non exhaustive) nous prouve l’importance et la bonne santé de nos tuileries. Les familles les plus riches de la commune sont en majeure partie, celles des tuiliers. L’industrie de la tuile a rapidement pris son essor. C’est un facteur très important, tant sur le plan purement économique (richesse personnelle et implantation de commerces,...) que d’un aspect démographique. Les affaires sont menées bon train car les actes d’achat avec les divers propriétaires avaient été passés à cette même époque (montant de la transaction 7 000 frs).
Le sous-Préfet décide une enquête de « commodo et incommodo » pour le dimanche 13 octobre.
A cette occasion 97 personnes de la commune de Boutiers Saint- Trojan expriment sur le choix effectué par leur municipalité :
- 77 donnent un avis favorable, contre 20 contraires.
Par cet acte de citoyenneté, nous « nageons » incontestablement dans un degré de démocratie remarquable.
La décision fut donc entérinée par la délibération du lundi 21 octobre.
Seul, Pierre Légeron (unique présent du clan de Saint-Trojan) vota contre.
En ce début d’année 1873, les « affaires scolaires » reviennent sur la table. Notamment la rétribution scolaire et le salaire des instituteurs. Pour les enfants de :
8 ans et au-dessous - 1.50 frs
8 ans à 10 ans - 2 frs
10 ans à 13 ans - 2.50 frs
13 ans et au-dessus - 3 frs
Pour les défavorisés, la somme est fixée à 1 frs par élève et par mois.
Le salaire fixe de l’instituteur est fixé à 100 frs pour la part de Saint-Brice, et autant pour celle de Boutiers-Saint-Trojan. L’ensemble de ces différentes perceptions, devant s’élever (selon la loi) au minimum de 700 frs pour l’instituteur et 500 frs pour l’institutrice.
En réalité, nos enseignants sont largement au-dessus.
Le rapport s’établit ainsi : Saint- Brice - 458 frs pour l’école de garçons et 485 frs école de filles ; Boutiers Saint-Trojan – 425 frs école de garçons et 491 frs pour les filles.
A cela, il faut ajouter le salaire fixe. Notons que pour l’année 1873, 18 enfants sont scolarisés gratuitement.

Le 9 février 1873, on statut une fois de plus sur l’utilité du pont de Châtenay.
Monsieur Edouard Martell, député et conseiller général de la Charente, en sa qualité de Président de « l’oeuvre du pont de Chatenay » sollicite le concours de la commune de Boutiers-Saint-Trojan.
Depuis 20 ans déjà, les 35 communes « des pays bas » de la rive droite, réclament la construction de ce pont, afin d’y établir un passage pour le chemin de fer (Cognac à Ruffec) et surtout un couloir charretier ; la taxe perçue sur le bétail au pont suspendu de la Trache étant trop onéreuse. De plus, le dit passage se situe à plus de 2 kms. Le conseil municipal émet le voeu le plus énergique pour qu’un pont soit construit entre l’église Saint-Marmet et le lieu de Châtenay. Notre commune s’engage sous 4 années à payer la somme de 3 000 frs. Pour le projet, un montant de 75 000 frs de souscription est lancé.
Lors de cette délibération, on procède au classement du chemin rural du bourg de Boutiers à l’étang, en passant par la tuilerie dite « de chez Pou ». Une fois de plus, les élus de Saint-Trojan « boycott » la séance ...... le sujet fâche ....
Par contre, ils sont tous présents à celle concernant les budgets, le 18 mai suivant. Le budget 1873 s’équilibre pour une somme de 18 771 frs. Il faut noter que les frais et emprunt pour l’achat de la nouvelle mairie, la participation à la construction du pont de Châtenay, les entretiens des bâtiments scolaires et l’achat de terrains au Solençon contribuent grandement à l’augmentation importante des postes.
Les prévisions du budget 1874 sont plus conformes aux normes
- 6150 frs.
On peut noter que la commune est devenue très structurée : un garde champêtre (salaire 450 frs) un piqueur (salaire 180 frs) un tambour-afficheur (traitement 15 frs) et un secrétaire de mairie (Pris parmi le conseil et d’un emploi non fixe, avec un salaire de 60 frs).
Le 18 mai de la dite année, la municipalité est confrontée à un « problème de négligence facheux ».
Le sieur Elie Raby, demeurant Segonzac, avait vendu à Boutiers Saint-Trojan, des terrains et talus situés au Solençon, en vue d’élargissement de la voie de « grande communication » (proche du ruisseau du Roy). Ce dernier n’étant toujours pas payé, formule le désir de racheter l’ensemble. Le conseil accepte sous certaines conditions (aucun labour trop proche de la route, ni de plantation d’arbres....).
D’ailleurs, d’autres litiges interviendront avec divers vendeurs. La délibération du dimanche 26 octobre, nous apprend que les travaux effectués à l’école de Saint-Trojan sont enfin terminés. Les dépenses de maçonnerie, menuiserie, serrurerie et de charpente s’élèvent à 2 675.75 frs (des travaux supplémentaires indispensables ayant été nécessaires). Le conseil municipal se rend ce jour sur place pour vérifier les travaux (13 heures de l’après-midi), et déclare :
« Que le plan de ces travaux de réparations a été parfaitement conçu ; que la classe des garçons est superbe, très vaste, parfaitement aérée ; que les travaux sont très bien exécutés et étaient tous indispensables ».
Les dépenses en question sont validées par les conseillers, exception faite du sieur Martin, opposé au projet depuis son origine.
On note à cette époque, que plusieurs réunions de conseil, se déroulent le dimanche.
Enfin, les choses commencent à bouger quant à la construction du pont de pierre à Châtenay. Jules-Ollivier Rambaud et ses équipiers doivent en ce dimanche 8 mars 1874 (à 1 heure de l’après-midi) statuer sur la rectification de la route N° 24 des ponts de Châtenay.
Ils doivent fournir :
- un plan d’ensemble des ponts de Saint-Marmet (on parle du cours d’eau de Saint- Marmet) et de Châtenay,
- le tableau des terrains à acquérir,
- rapport de la commission d’enquête,
- détail estimatif...
Il faut savoir que lors de l’enquête d’utilité publique, 1 660 personnes ont approuvé le projet contre 216 qui contestent (essentiellement les habitants du faubourg Saint-Jacques). Le sieur Caminade, propriétaire du domaine et château de Châtenay, s’oppose également au projet, et réclame une indemnité de 280 000 francs pour le préjudice occasionné. La commission reconnaît néanmoins à l’unanimité l’utilité de cette construction.
Le 22 mars 1874, le conseil municipal est convoqué, pour procéder à l’installation du maire et de son adjoint (en vertu de l’arrêt du Préfet, le 14 mars). Pas de changement, puisque Jules- Ollivier Rambaud et Pierre Daniaud sont nommés. L’installation du conseil municipal ne s’effectuera que le 20 décembre de la même année (les élections se déroulèrent fin novembre).
La composition fut la suivante :
- Pierre Daniaud, 44 ans
- Jules-Ollivier Rambaud, 52 ans
- Jean Rabatier, 65 ans
- Henri Martin, 45 ans
- Pierre Roturier, 44 ans
- Pierre Légeron, 63 ans
- Louis Chambaud, 46 ans
- Charles Carré, 52 ans
- Pierre Larue, 57 ans
- Jean Charraud Gautier, 48 ans
- Jean Godichaud aîné, 58 ans
- Nicolas Moyet, 54 ans.
La moyenne d’âge étant de 52 ans. Sur le plan national les républicains obtinrent la majorité.
Pour l’année 1875, l’instruction primaire compte 21 élèves admis gratuitement.
La pauvreté fait toujours rage, et ce malgré les industries tuilières florissantes.
C’est alors qu’un problème crucial se pose alors aux responsables communaux (délibération du 16 mai 1875).
La commune de Saint-Brice ayant fait cessation sur le plan scolaire, une décision importante était donc à prendre.
« Il est évident que l’école de Saint-Trojan avait sa raison d’être lorsque cette commune était réunie avec Saint-Brice, mais depuis qu’elle a été divisée et qu’un instituteur a été placé à Saint-Brice, elle se trouve à l’extrémité de la commune et est très mal placée. Les habitants des villages des Tuileries, le Solençon et autres environnants ont donc raison de demander qu’elle soit transférée à Boutiers qui est le chef-lieu et le centre de la commune. Pour se rendre à Boutiers, la distance sera la même pour les habitants de Saint-Trojan que pour ceux des Tuileries (environ 3 kms) ».
Mais pour cela, il était nécessaire de construire ou d’aménager deux classes (garçons et filles) et un logement pour l’instituteur et l’institutrice. Il fallait donc engager de nouvelles dépenses......Une fois encore .....
La commune avait précédemment fait l’acquisition d’un bloc de bâtiments et de terrain, pour servir de mairie. Il fallait donc les modifier et construire quelques annexes. L’ensemble étant jugé bien placé « très beau local, vaste et aéré ». L’inconvénient était que « la commune venait tout dernièrement de faire un grand sacrifice pour réparer l’école de Saint- Trojan (elle avait dépensé environ 1 900 frs). Monsieur le maire regrette beaucoup d’avoir demandé au conseil municipal de voter cette dépense, mais il ne pouvait pas faire autrement. Il y avait danger à laisser les enfants dans la classe telle qu’elle était, on pouvait craindre chaque jour la chute des planchers et toitures. Il ne pouvait se douter que l’école de Saint-Trojan qui était si bien dirigée, serait séparée d’avec celle de Saint-Brice. La commune avait donc dépensé pour cette réparation 1 900 frs qui sont entièrement perdus ».
Présentement le maire évalue la dépense à effectuer à 7 000 frs.
Soit :
- 3 500 frs fournis par l’état et le département,
- 1 000 frs à prendre sur les fonds libres dans la caisse du receveur de la commune,
- 2 500 frs seront empruntés par la commune (remboursable en 3 années, au taux de 5% l’an).
La décision est alors soumise au vote des conseillers.
A l’unanimité, on décide de transférer l’école de Saint- Trojan à Boutiers.
Des devis et des plans vont être dressés.
Ainsi la distance des enfants les plus éloignés, ne serait plus que de 1,5 km.
D’autre part, il y aura lieu de trouver de nouveaux instituteurs, car la famille Raby a formulé sa demande de changement.
Le même jour on examine, une fois de plus, les transactions concernant les ponts de Châtenay. Le Préfet réclame à la commune de Boutiers Saint- Trojan l’achat des terrains pour l’établissement des ponts. La municipalité à cours d’argent, couverte de dettes, a visiblement de gros soucis.
« Le maire avait pensé que les terrains seraient abandonnés gratuitement à la commune, mais il n’a pas réussi dans ses négociations. Le sieur Gautier qui est le propriétaire le plus intéressé à la création des ponts, attendu que sa prairie acquerra une plusvalue très considérable, qui peut même se chiffrer à au moins 10 000 frs, se refuse à tout sacrifice ».
La commune ne peut s’imposer extraordinairement. Une très forte souscription ayant déjà été faite, elle ne peut faire davantage, et propose qu’une souscription soit effectuée par les autres communes intéressées. Il lui semble peu juste d’être la seule à fournir l’effort, parce que la route passe sur son territoire. Une somme de 4 000 frs suffirait pour l’achat des terrains nécessaires.
Le 15 août à midi, le maire réuni son conseil, en vue de délibérer sur le devis de la nouvelle école de Boutiers.
Cette délibération est combien intéressante, puisqu’elle nous donne moult détails sur l’aspect des classes et dépendances.
« Comprend deux classes l’une pour les filles et l’autre pour les garçons ayant chacune 5 m de large sur 10,50 m de long et une élévation de 3,80 m. Le logement pour l’instituteur et l’institutrice (mari et femme) se compose au rez-de-chaussée d’une cuisine, un salon et un petit bûcher (la mairie restant où elle est actuellement), au premier étage deux chambres avec chacune une cheminée et un vaste grenier ».
Plusieurs points négatifs résident premièrement dans le montant du devis - 10 200 frs.
Ollivier Rambaud reconnaît que cela représente une dépense de plus de 3 000 frs au-dessus des prévisions.
Autre tourment, l’inspecteur des écoles primaires et le Préfet se refusent à apporter une subvention, en raison du non-respect de logements séparés entre l’instituteur et l’institutrice, ces derniers n’étant pas systématiquement mari et femme.
Le devis pour deux appartements distincts s’élèverait à environ 20 000 frs (escalier double, construction d’un autre chai, allonger le corps d’habitation....). Dans l’état actuel, la commune n’a pas les moyens de subvenir à une telle dépense.
Le conseil municipal demande à nouveau aux autorités compétentes du département de leur « venir au secours » par une subvention, sinon ils seront dans l’obligation de recourir à une imposition extraordinaire.
On ne lâche pas facilement les deniers ....
Le présent mandat se terminera ainsi, sans prise de décision.
Le dimanche 6 août 1876, le dossier des ponts de Chatenay revenait sur la table.
On examine les projets d’offre et d’expropriation, concernant les terrains envisagés pour les constructions.
Dernier travail de ce conseil. Les nouvelles élections arrivent.
Le 25 septembre 1876, Boutiers Saint-Trojan assiste à un renouvellement de son conseil municipal.
Jules-Ollivier Rambaud est réélu, maire avec 11 voix et Pierre Daniaud, adjoint avec 9 voix. L’équipe se compose de :
Gautier-Charraud, Charles Carré, Pierre Larue, Jean Godichaud, Pierre Légeron, Louis Chambaud, Pierre Roturier, Nicolas Moyet et Jean Rabatier.
Selon la loi du 12 août 1876, l’élection du maire et de l’adjoint se déroule à bulletin secret et à la majorité absolue.
Peu de changement sur cette liste, les mêmes responsables sont reconduits pour un nouveau mandat.
D’ailleurs, il est étonnant qu’une telle élection ait lieu à Boutiers avant le terme naturel fixé à l’année 1878. J’ignore la raison exacte.
Nous remarquons avec cette dernière composition du conseil, la présence du fidèle tandem Rambaud- Daniaud. Pierre Daniaud dit Michel est né à Courbillac le 27 octobre 1830. Il est le fils de l’ancien maire, Pierre Daniaud, mort en fonction en 1864 (prédécesseur de Jules- Ollivier Rambaud).
Ce dernier ayant laissé à Boutiers un bon souvenir, son fils fut tout naturellement sollicité pour occuper la place d’adjoint.
Il épousa à Saint-Trojan en 1856, Marie-Justine Aumon (native de Chérac) fille du régisseur de l’Ecart. Deux enfants naîtront de cette union - Pierre-Aimée (°1858) et Marie-Adine (1860- 1861). Il restera en fonction après les mandats de son ami Jules- Ollivier Rambaud. Bel exemple de service.
La fin de l’année 1876, verra encore le même sujet soulevé, celui de l’expropriation et du rachat des terrains, en vue de la construction des ponts à Châtenay (1 000 frs pour Martin et 1 200 frs pour Raby) puis de l’assiette de la nouvelle voie de communication et bien sûr du financement de l’ensemble du projet.
La dernière grande réunion municipale du sieur Rambaud, fut celle du 27 février 1877.
Il y est question de la préparation du budget 1878, et d’une part de la modification de l’assiette du chemin de l’étang, puis d’autre part l’exécution de nouveaux tracés de routes reliant Saint- Trojan, le bourg de Boutiers et le nouveau pont de Châtenay.
Nous en resterons là.
Les nouvelles élections de janvier 1878 apportèrent quelques modifications.
Jules-Ollivier sollicita le désir de ne pas se représenter comme maire, mais accepta de rester au sein de la nouvelle équipe municipale.
Il avait considérablement oeuvré pour sa commune, apportant une ouverture nouvelle et durable.
A l’écoute de ses concitoyens, il favorisa par le souci de nouvelles voies, les industries tuilières et l’implantation de nombreux commerces.
Il est également celui qui (et la tâche n’était pas aisée) recentra sur Boutiers (au détriment de Saint-Trojan) les principaux pôles de vie administrative, religieux et scolaire. Désormais le bourg de Boutiers comptait, son église, sa mairie et son école.
De nouvelles voies se faisaient jour, d’autres étaient élargies, un pont sur la Charente à hauteur de Châtenay facilitait les relations commerciales avec Cognac et évitait à la fois un long détour et un surcoût pénalisant. Boutiers Saint-Trojan s’engageait raisonnablement, au prix d’efforts financiers qui durent faire grincer bien des dents, vers la modernité.
Lui et ses équipes se battirent au maximum pour obtenir des pouvoirs publics les aides les plus substantielles possibles, afin d’alléger au maximum les dettes.
Une nouvelle page et non des moindres s’achevait.

 
Jean RABATIER
(St-Laurent 01-06-1809 / BST 11-03-1895)
Propriétaire - Régisseur

1878 - 1888

Jean Rabatier est né à Saint- Laurent de Cognac le 1er juin 1809.
Il est le fils d’André Rabatier, propriétaire à Saint-Laurent et de Marie Vidaud. Propriétaire à Saint-Trojan, il est aussi le régisseur de madame la comtesse de Sainte-Mesme, puis du général comte de Brémond d’Ars, au château de Saint-Brice. C’est dans les années 1830-40, qu’il apparaît sur notre territoire. Acquéreur d’une grosse ferme au bourg de Saint-Trojan, il épouse par contrat du 8 avril 1847 (Passé devant Rambaud), Jeanne Roy, de Saint-Trojan, fille de Jean Roy (ancien sergent de milice révolutionnaire) et Jeanne Michaud.
Le mariage se déroulera à Saint- Trojan le 8 juin.
Veuve de François Roy (ancien maire de Saint-Trojan), elle décèdera le 23 septembre 1874, âgée de 70 ans.
A Boutiers, âgé de 79 ans, il épousera en seconde noces, une autre veuve du clan, Marie Roy, le 19 novembre 1888.
Fille de Jacques Roy et de Marie Frouin, elle est la propre nièce de défunte Jeanne Roy.
Jean Rabatier n’aura aucun enfant de ses deux unions.
Il fait son entrée en septembre 1848, où il est élu adjoint du maire de Saint-Trojan, Pierre Légeron. Aux élections de 1852, il est conseiller municipal du même maire.
Il le restera jusqu’à la fusion avec Boutiers (29 novembre 1858).
Lors de la création de la nouvelle municipalité de Boutiers Saint-Trojan, le 17 février 1859, c’est lui, Jean Rabatier, qui sera nommé l’adjoint du maire Pierre Daniaud.
A la mort de ce dernier, il conservera son poste d’adjoint auprès de Jules-Ollivier Rambaud, jusqu’en 1865, puis restera conseiller municipal jusqu’au terme des mandats du maire en 1878.
L’installation du conseil municipal se déroula le 12 janvier 1878. La composition proclamée par le bureau électoral des 6 et 13 janvier est la suivante :
- Pierre Daniaud
- Jules-Ollivier Rambaud
- Pierre Légeron
- Charles Carré
- Jean Rabatier
- Henri Martin (fils aîné)
- Pierre Roturier (fils)
- Jean Bouyer
- Pierre Larue (père)
- Jean Godichaud aîné
- Pierre Cavard dit Lancier
- Jean Paponnaud (Roturier).
La nomination du maire et de l’adjoint eut lieu le 21 janvier. L’élection s’avéra particulièrement serrée. Au premier tour du scrutin, Pierre Légeron recueille 5 voix et Jean Rabatier 6 voix (Henri Martin ayant 1 voix).
Le second tour place Légeron et Rabatier à égalité (6 voix). Le troisième et dernier tour ne permet pas de départager les deux candidats. Il faut néanmoins nommer un maire, et c’est au bénéfice de l’âge que Jean Rabatier est élu. Le même problème se déroule pour l’adjoint. Aux deux tours de scrutin, Pierre Légeron obtient 6 voix contre 5 à Pierre Daniaud. (Pierre Larue obtenant 1 voix) Pierre Légeron se voit offert le siège d’adjoint.
Les nouveaux élus peuvent maintenant se mettre au travail. D’abord, ils rejettent la proposition de l’évêque d’Angoulême, transmise par le desservant de Saint-Brice, d’ériger la commune de Boutiers en paroisse. Ils ne souhaitent nullement faire les frais d’un presbytère.
L’affaire en reste là.
Courant décembre 1878, l’éternel sujet concernant les chemins menant au pont de Châtenay refait son apparition. Rien de passionnant, sinon la découverte qu’un lieu sur notre commune avait été baptisé Malakoff.
De nouvelles élections municipales se déroulèrent courant janvier 1881.
Le résultat fut :
Rabatier Jean - 114 voix
Rambaud Jules - 108 voix
Carré Charles - 104 voix
Roturier Pierre - 100 voix
Daniaud Pierre - 127 voix
Larue Pierre - 115 voix
Gautier Charraud - 105 voix
Guitton André - 100 voix
Godichaud Bachelier - 99 voix
Bernard Léon - 98 voix
Moyet Nicolas - 95 voix
Légeron Pierre - 93 voix.
Le 23 janvier, Rabatier Jean est élu par le conseil, maire par 11 voix sur 12 (selon la Loi du 12 août 1876, entérinée par celle du 3 mars 1882).
Daniaud Pierre devient le premier adjoint avec 10 voix sur 12. Il deviendra le plus souvent « adjoint faisant la fonction de maire » de janvier à août 1881 (absence ou maladie du maire ?).
Rappelons que nous vivions sous la Constitution de la IIIème République (1877), qui pratique le suffrage universel masculin, élisant les maires, le conseil municipal et les grands électeurs. Précédemment en 1875, le suffrage universel (établit depuis 1848) réclamait d’avoir 21 ans pour voter. La qualité d’électeur s’obtenait par l’inscription sur les listes électorales de la commune où l’on était domicilié depuis au moins 6 mois, et dans laquelle on acquittait ses impôts. Ceci conférait le droit de participer à la nomination des conseils municipaux, des députés et des conseillers généraux.
En 1875, la France comprenait 40 000 communes. Cette dernière forme réellement la base de l’organisation administrative du pays. C’est de cette Constitution de 1875, que le Président de la République est élu pour 7 ans.
L’évolution se poursuit, et cerne quasi définitivement les fonctions, élections, durée des conseils municipaux. C’est une véritable révolution, car c’est une remise des pouvoirs locaux aux citoyens de base. Le choix revient ainsi au Peuple. En 1880, le chant « La Marseillaise » est décrété hymne national.
La Loi des 28 et 29 mars 1881 aboli définitivement la Législation Impériale qui conférait au chef d’état et aux Préfets de nommer les maires. Ils sont désormais élus (d’ailleurs dès les élections de janvier 1881).
Chaque commune possède son conseil municipal élu pour une durée de 6 ans au suffrage universel (de 10 à 30 selon la population).
Le pouvoir exécutif appartient au maire, élu par le conseil municipal, et aidé dans ses fonctions par un ou plusieurs adjoints. Le maire est agent de l’Etat, et peut être suspendu par décision du Préfet et révoqué par un décret du Président de la République.
Le conseil municipal règle par délibération toutes les affaires de la commune - budget, voirie, services publics, octrois.....
Notre nouveau conseil a pour premier souci le curage de la rivière la Soloire. Cette dernière ayant un sérieux problème d’écoulement.
Le 13 novembre, suite à un rapport de l’inspecteur des écoles primaires, la demande du transfert des écoles au chef-lieu Boutiers est à nouveau abordée. Seuls les moyens financiers empêchent pour l’instant ce projet. Les derniers sacrifices sont encore présents.
C’est alors qu’intervient une sombre affaire, qui bénigne au départ prendra vite une démesure navrante.
A l’origine comme souvent fut l’aspect financier et les dissensions avec le personnel communal.
Les finances de la commune étant comme souvent insuffisantes, le maire avait décidé par une délibération du 9 octobre dernier, d’une part d’affermer une partie des locaux de la mairie, où résidait le garde champêtre, et d’autre part de ne pas augmenter le salaire dudit garde champêtre (qui demandait une augmentation).
Mal lui en prit.
Dans une séance extraordinaire en date du 27 novembre 1881, une lettre du sous-Préfet lui demande des comptes, précisant que le Préfet suspendait la décision prise le 9 octobre. Le maire et son conseil sont obligés de rendre avec regret des comptes aux « autorités supérieures ».
D’abord, ils n’admettent pas les « démarches étranges » effectuées par « l’honorable fonctionnaire de la commune » pour entraver les décisions du conseil. Le souci d’obtenir des fonds justifiait leur décision d’affermer l’enclos et les locaux jouxtant la mairie. De plus, depuis de nombreuses années le salaire du garde champêtre était fixé à 450 frs.
Rabatier rappelle que les temps ont changé, puisque le terrible phylloxéra touche le pays.
« Inutile messieurs de rappeler que depuis un grand nombre d’années jamais garde champêtre n’a touché plus de 450 frs par an, et si cette somme a été de tout temps allouée à cet agent ou à ses prédécesseurs, c’est qu’alors nos vignobles existaient et que vu le voisinage de la commune de Cognac, il était juste d’accorder au garde un traitement en rapport avec la surveillance incessante qu’il fallait exercer sur les récoltes à cette heureuse époque de prospérité viticole. Malheureusement les temps changent, avec la situation difficile du moment et les faibles récoltes de son budget.
Le conseil a décidé de maintenir le chiffre actuel des dépenses ordinaires, de ne point augmenter et de tirer profit de tous les revenus possibles, sans imposer d’un seul centime les contribuables, déjà assez imposés. Qu’au lieu de réclamer pour le garde champêtre une augmentation de traitement, qui n’est pas justifié en l’état précaire des ressources communales, je désirerai comme vous de voir augmenter de préférence les ressources de la commune, en affermant un immeuble qui ne produit actuellement absolument rien
».
Rabatier frappé par la crise qui ampute son budget, réagit en gestionnaire.
Malheureusement, il a en face de lui un homme déterminé, qui laisse entendre “qu’il resterait malgré la commune dans l’immeuble de la mairie”.
Le conseil prend la décision suivante :
« Considérant que l’administration supérieure est trop libérale et trop respectueuse de la discipline hiérarchique pour souffrir qu’un agent communal se mette en révolte ouverte contre les décisions du maire et du conseil municipal, alors qu’il ne s’agit présentement non pas d’une question de personne, mais d’une question financière et de pure administration locale ».
En somme, le conseil maintient la délibération du 9 octobre et en réclame énergiquement l’exécution. Toutefois, on accepte de discuter à la prochaine cession du budget (mai 1882) du traitement de l’agent communal. Pour l’instant le salaire restera fixé à 250 frs (grosse perte pour l’agent communal).
Le conseil invite le maire à vider les locaux de la mairie occupés à titre de simple tolérance par le garde champêtre.
Ce dernier remercié par la municipalité, fera appel auprès du Préfet.
Une véritable crise se prépare.
Mais en attendant, d’autres sujets prennent le pas, et les difficultés financières annulent ou diffèrent les différents projets.
D’abord, c’est le raccordement du chemin de grande communication n° 24 reliant le Solençon à Saint- Marmet qui est révoqué du fait du peu de personnes concernées (5 à 6 feux), puis c’est l’intention de rectifier « la côte » de Boutiers (reliant Nercillac et Réparsac) qui est reporté (Délibération du 5 janvier 1882).
Le rachat du pont de la Trache par Boutiers Saint-Trojan est définitivement repoussé (n’offrant plus aucun intérêt en raison de l’existence de celui de Châtenay).
Un grand débat s’amorce à nouveau - celui de l’implantation de l’école au chef-lieu Boutiers.
Le 15 août 1882, la visite de l’inspecteur primaire à l’école de Saint-Trojan, amène le conseil à réfléchir et prendre une lourde décision.
« L’inspecteur a dit que les écoles de Saint-Trojan étaient autrefois très bien placées lorsqu’il n’y avait qu’un seul instituteur pour Saint-Trojan, Boutiers et Saint-Brice, parce qu’elles étaient au centre de la réunion. Mais aujourd’hui qu’il y a un instituteur pour chaque commune, il n’en est plus de même, surtout avec les vues du gouvernement qui crée des écoles de hameau lorsque les écoles sont trop étendues. Il pense qu’il faudrait transporter les écoles au chef-lieu de la commune, en faisant construire un local scolaire dans le clos qui dépend de la mairie ; elles seraient alors au centre de la commune et les enfants de Saint- Trojan auront le même trajet que ceux qui viendraient de Terrusson autre extrémité de la commune ».
Jean Rabatier et son conseil optent dans un premier temps pour la demande de plans et de devis.
En outre, le maire rappelle qu’il y a une dizaine d’année un emprunt avait été contracté afin de financer l’actuelle mairie et le clos. Cet emprunt prenant fin en 1885, un nouvel endettement peut être programmé à suivre, afin d’aménager un groupement scolaire dans le dit clos. Cette sage résolution sera longue à mettre en route.
Mais le conflit qui couvait depuis plusieurs mois, entre la municipalité et le garde champêtre (soutenu par le Préfet), connait son paroxysme.
D’abord le Préfet réintègre le garde champêtre dans ses fonctions.
C’est un véritable désaveu pour le maire et son équipe. Forte de son soutien auprès de la majeure partie de la population, la municipalité donne sa démission courant octobre 1882. De nouvelles élections sont alors programmées pour le mois suivant.
Entre-temps un nouveau maire, et probablement quelques fonctionnaires, sont nommés pour assurer l’intérim. Le remplaçant n’est pas un inconnu.

Pierre Légeron devient en octobre 1882 maire provisoire de Boutiers Saint-Trojan.
Fils de maire, il fut le dernier maire de Saint-Trojan de 1848 à 1858. Puis, il sera conseiller municipal dès février 1859 au sein de la nouvelle municipalité de Boutiers Saint-Trojan, dirigée par Pierre Daniaud (jusqu’en 1865).
Il réapparait dans l’équipe de Jules-Ollivier Rambaud de 1870 à 1878. Finalement, il obtient le poste d’adjoint de 1878 à 1881, aux côtés de Jean Rabatier. Il ne figure plus sur le registre des délibérations du conseil courant de l’année 1882. Brouille probable ?
Son mandat de maire provisoire sera effectivement de très courte durée, puisque les élections se déroulent le 12 novembre 1882. Les quelques décisions qu’il aura à prendre seront vertement dénoncées par l’équipe démissionnaire.
Les élections confirmeront et conforteront de manière confortable Rabatier et les siens. Ce fut un plébiscite. Ainsi la dite municipalité tiraillée par le Préfet, montrée du doigt par certains concitoyens, et tenant à faire taire définitivement les ragots, avait décidé de démissionner en octobre 1882, et fait le choix de redemander la confiance des habitants (selon la loi du 3 mars 1882 ou les conseils élisent leur maire). La municipalité fit sans aucun doute, preuve de courage en cette pénible situation.
Il est «amusant» de noter qu’un simple agent municipal pouvait à lui seul faire tomber une équipe municipale et son maire en tête. L’alerte avait été néanmoins chaude.
Le citoyen Gautier, dont on reparlera plus loin était un personnage au caractère bien trempé.
Il faillit réussir dans son entreprise de déstabilisation. Non satisfait, il poursuivra de sa haine la municipalité, l’affaire n’étant pas close pour autant.
Jean Rabatier étant élu maire par 10 voix et Pierre Daniaud adjoint par 9 voix. Serein, le travail municipal pouvait reprendre.
Une lettre résume l’épisode :
« Un garde champêtre, eut-il la confiance du conseil municipal, et fut-il avec messieurs les conseillers et les habitants de la commune dans des termes convenables et dignes, comme cela doit toujours être, le conseil municipal vu la diminution si considérable de la fortune publique à Boutiers Saint-Trojan, réduirait assurément le traitement du garde champêtre dans l’intérêt des habitants.
Mais, il le fait de préférence de préférence à un garde champêtre qui sait parfaitement que le conseil a donné sa démission dans le but de savoir du corps électoral s’il ratifierait la conduite de ces mandataires, ou bien s’il la blâmerait vis à vis de cet agent qui ne cessait et ne cesse encore d’injurier municipalité et conseillers.
Le corps électoral consulté ayant réélu le conseil municipal à une plus forte majorité que jamais, et près des deux tiers des électeurs venant d’adresser au maire une pétition réclamant le changement du garde champêtre, en raison des vexations sans nombre dont ils sont l’objet de sa part.
Le dit conseil pour obéir au sentiment général de ses mandants, ne peut voter le supplément du traitement réclamé par monsieur le Préfet en faveur du garde champêtre Gautier, et refuse de voter aucune somme à ce sujet, déclarant laisser à monsieur le Préfet, toute la responsabilité d’une semblable allocation au profit d’un agent qui n’a pas la confiance dans la commune
».

Le 7 décembre 1882, on installa une boîte à lettres au village des Tuileries.
Puis, le 12 janvier 1883, on reparla enfin de la maison d’école et de ses dépendances.
Dans un premier temps on délibère sur l’amodiation (location d’un lieu moyennant une prestation périodique en nature ou en argent) des locaux en fermage du clos de la mairie.
La ferme est octroyée pour une durée de 5 ans.
Dans le même temps (25 janvier) on examine les devis établis par l’architecte Vedrenne, de Cognac, pour la maison d’école.
« Les constructions seraient au sud de la mairie, elles comprendraient deux logements et deux classes séparées.
Chaque construction comprendrait un logement pour l’instituteur ou l’institutrice, composé d’une cuisine, un salon et deux chambres à coucher au premier.
Les classes seraient vastes, construites conformément au règlement de l’administration de l’instruction publique. Vis à vis chaque classe, il y aurait une cour et jardin par derrière et à côté
».
Le montant du devis s’élève à 28 912 frs.
Le maire estime que si l’Etat et le département ne viennent pas au secours de la commune, il lui sera impossible d’effectuer cette nouvelle dépense.
Le conseil estime qu’il peut s’imposer pour un montant de 15 000 frs (valeur du terrain compris - 5 000 frs) et demande une indemnité du reste à l’administration. Un emprunt de 10 000 frs est lancé sur 28 années (taux 4.5 %).

L’année 1884 amènera de nouvelles élections municipales courant mai.
Le 18 mai, c’est l’installation du conseil.
Les élus sont : Pierre Daniaud, Jean Rabatier, Jules Rambaud, Charles Carré, Pierre Roturier, Léon Bernard, Jean Gautier, Pierre Larue, André Guitton, Nicolas Moyet, Constant Godichaud, Alfred Raby.
Jean Rabatier est investi maire, par 8 voix sur 12 (Pierre Daniaud 3 voix et Pierre Larue 1 voix).
Pierre Daniaud reste adjoint avec 9 voix sur 12 (Charles Carré et Nicolas Moyet ayant 1 voix).
La première réunion du nouveau conseil se déroule le 27 mai, et la question abordée concerne une fois de plus le garde champêtre, véritable épine dorsale.
Le secrétaire de séance, Alfred Raby objecte « qu’il est temps d’en finir avec la question du garde champêtre qui est la cause des divisions fâcheuses dans la commune ...... ».
Messieurs Carré et Godichaud sont d’avis de supprimer purement et simplement le poste de cet agent, comme la récente loi du 5 avril 1884 le stipule.
Considérant que Gautier est en lutte ouverte contre l’administration municipale, le conseil accepte la suppression du poste à compter du 1er juillet de l’année.
Le 22 juin, la discussion tourne autour du budget.
Les principaux postes sont :
Frais d’administration, gens de service, matrice - 742 frs
Supplément traitement du curé - 300 frs
Dépenses d’instruction primaire - 180 frs
Entretien des chemins vicinaux - 1566 frs
Fêtes publiques - 50 frs
Salaire du cantonnier ou forestier - 180 frs.
Ce même jour, on doit procéder à la nomination d’une commission municipale scolaire (Loi du 28 mars 1882) qui a pour charge de surveiller et d’encourager la fréquentation des écoles.
Messieurs Raby Alfred, Jean Couturier, Jean Charraud et Henri Renaud sont désignés par vote.
Une lettre du Préfet, en date du 8 octobre, déclare comme nulle la décision du conseil, de supprimer une nouvelle fois le poste de garde champêtre dans la commune de Boutiers Saint-Trojan.
Le conseil demande au maire de faire appel et «en appeler auprès le conseil d’Etat».
Décidément cette affaire est de plus en plus empoisonnée.
Le 11 janvier 1885, les répartiteurs sont nommés :
Cavard François, pour les Tuilleries.
Renaud Henri, pour le bourg.
Larue Eugêne, pour Saint- Trojan.
Daniaud Pierre, pour l’Ecart.
Gauthier Jean, pour le bourg.
Charraud jean, pour la Maison Brûlée.
Le 28 février 1886, on délibère sur le cas du jeune Pierre Miot, afin de l’exempter de service national. Sa mère, séparée de son mari, est atteinte d’aliénation mentale, et sa grand-mère usée par le travail et les afflictions ne peuvent vivre sans le soutien de Pierre, unique ressource financière.
Le conseil accepte.
Le 23 mai, le conseil émet le voeu, que soient créées deux foires dans la commune de Boutiers Saint-Trojan, dont l’une se tiendrait dans le chef-lieu de la commune le deuxième lundi de Pâques, et l’autre à Saint- Trojan le 16 août de chaque année.
Le projet de l’école suit son chemin.
Après avoir obtenu une subvention annuelle de 673,45 frs, du Ministère de l’Instruction Publique (16 novembre 1885), la municipalité sollicite au Crédit Foncier de France, un emprunt de 21 100 frs au taux de 4.60 % (9 juin 1886).
Le 27 juin 1886, Jean Rabatier informe ses collègues qu’il a été dans l’obligation de conduire à l’hôpital, le nommé Jean Belle, atteint d’une «maladie sérieuse».
«Vous savez tous messieurs, que ce malheureux n’avait même pas un lit pour se coucher, ni le sou pour se procurer quoique ce soit. Il n’y n’avait donc qu’à considérer son état présent pour que le moindre sentiment humain dicte les mesures prises, et vous sachant tous hommes à compatir aux misères d’autrui, je ne doute pas un seul instant n’approuverez ma conduite en cette occasion ».
On implore le département de venir en aide à la commune pour financer les différents frais d’hospitalisation.
Le 10 novembre 1886, Corentin Texier fonde à Boutiers, une «société musicale instrumentale », dont le nom de «l’Union Musicale de Boutiers Saint- Trojan», et demande son inscription à la sous-préfecture de Cognac. Cette fanfare est située à l’entrée du village de Boutiers. L’accord sera prononcé courant mai-juin 1887.
Le 25 août 1887, monsieur Vedrenne, architecte, présente le devis concernant les travaux supplémentaires à effectuer aux maisons d’école - 5 612 frs.
Le devis est accepté et la construction peut se poursuivre.
La fin du mandat de Jean Rabatier prend fin. Les élections municipales se déroulent les 6 et 13 mai 1888.
Trop âgé, il ne sera pas candidat à sa propre succession, mais restera néanmoins dans le prochain conseil.
Il aura ainsi plus de temps à consacrer à sa nouvelle épouse et à sa propriété de Saint-Trojan.

 
Jean-Auguste BARAUD
(Châteuneuf 27-10-1837 / BST 19-05-1904)
Propriétaire

1888 - 1900
Jean-Auguste Baraud est né à Châteauneuf le 27 octobre 1837, de Jean Baraud, menuisier et propriétaire et de Marie Paillon.
J’ignore à quelle date notre Caltelnovien vient s’installer à Boutiers. Il est le plus secret de nos maires.
Souvent nommé «Auguste Baraud dit Chasteauneuf» ou «Baraud-Chasteauneuf». Il n’apparaît pas dans les registres de la commune et ne participe pas officiellement à la vie municipale.
Chevalier du «mérite agricole», il achète une propriété au lieu-dit le «Belle-Vedelle», qui deviendra plus tard le Belvédère.
Marié à Jeanne-Catherine-Marie- Louise Geneuil, il sera père de Louis-Auguste-Anne Baraud (1869) négociant.
Les élections municipales des 6 et 13 mai 1888, amène un changement profond de l’équipe. Une nouvelle génération d’hommes apparaît. A savoir :
Renaud Henri, Baraud Auguste, Daniaud Pierre, Emerit Henri, Vitet Achille, Bouyer Jean, Godichaud Constant, Berthomé Henri, Paponnaud Jean, Rabatier Jean, Ferrand Louis et Lestrade Jean.
Seul le tandem Rabatier-Daniaud figure à nouveau.
Les électeurs de Boutiers Saint-Trojan opèrent une modification profonde de leurs dirigeants.
L’élection et l’installation du maire et de l’adjoint se déroulent le 20 mai.
Maire : Auguste Baraud obtient 7 voix, contre 4 à Pierre Daniaud et 1 pour Rabatier Jean.
Adjoint : Achille Vitet obtient 5 voix, contre 2 à Pierre Daniaud et Jean Bouyer et 1 à Paponnaud Jean, Renaud Henri et Emerit Henri.
Au second tour Achille Vitet comptera 8 voix. La lutte fut âpre.
Qui est Achille Vitet ?
Achille est né le 19 mai 1851 au Fraineau, commune d’Haimps (près de Matha).
Fils de Michel Vitet et de Marie Godin, il est surtout le gendre de Pierre Légeron, ancien maire de Saint-Trojan et maire provisoire de Boutiers Saint-Trojan, dont il a épousé la fille Marie-Olympe. Il est propriétaire sur la terre de son beau-père à la Grande Métairie.
Le couple aura deux enfants :
Marie-Renée (1878-1878) et Achille-Gaétan (1880).
Pierre Légeron était en désaccord avec l’ancienne municipalité conduite par Jean Rabatier. Ce revirement de situation explique en partie cela.
La revanche est dans l’air.
Le premier travail de ces hommes récemment au pouvoir, fut l’étude du budget. On peut noter dans ce dernier, la réapparition du poste de garde champêtre. Cet emploi sera confié à Pierre Candé.
Le 27 mai la commission municipale scolaire nomme messieurs François Lacombe et Alphonse Lestrade.
A la réunion du 17 juin, on nomme pour la première fois, comme secrétaire de séance, un non membre du conseil.
Il s’agit de l’instituteur Dominique Battout, puisque l’école de Boutiers est finalement en fonction.
Le 10 février 1889, on demande le classement du chemin rural de Port-Boutiers, afin d’élargir son assiette.
Le 28 juillet, on procède aux élections au conseil d’arrondissement. A cette occasion, le nombre des votants est de 209 sur 283 inscrits. Le résultat du scrutin est le suivant :
- Pascal Combaud, négociant, 98 voix
- Jules Brisson, propriétaire, 96 voix
- Henri Germain, négociant, 96 voix
- le Général Boulanger, 108 voix
- Georges Laguerre, avocat, 105 voix
- Paul Deroulède, propriétaire, 104 voix
- Messieurs Dupuy, Otard et Martell, chacun 1 voix.
Ceci donne la tendance politique de l’époque, et nous permet d’affirmer que Boutiers Saint-Trojan fut boulangiste.
Le 11 août, on poursuit le fermage de la maison dite « Malakoff » et du clos de la mairie.
Le budget de l’année 1890 laisse entrevoir un déficit chronique de 2158 frs. L’impôt devra compenser ce manque.
Le 16 août, il est question du prolongement et de rectification de la route qui conduit de Bagnolet aux ponts de Châtenay, en passant devant l’abreuvoir communal (ou lavoir) du Solençon, en accord avec le propriétaire du Solençon monsieur Gustave Bérauld (abandon gratuit de terrain) et de monsieur Gauthier.
Cette route passant également devant le cimetière pour rejoindre le tramway des carrières Daunizaud.
On sollicite donc, les fonds du département, puisque la commune est déjà trop endettée avec la construction de l’école. La largeur de la route est fixée à 10 mètres, fossés compris.
Le 25 janvier 1891, on examine le projet de rachat du péage du pont suspendu de la Trache (Saint-Brice).
« Considérant que la commune de Boutiers, bien que désireuse de voir aboutir le projet en question, n’a pas cependant un intérêt direct et immédiat au dit rachat, vote néanmoins la somme de 100 frs, à prélever sur les fonds libres en caisse ».
Il est amusant de constater que le conseil s’assemble parfois sans aucun sujet à délibérer, comme l’atteste la réunion du 21 février 1891 à 2 heures du soir :
« Conformément à la Loi, il a été aussitôt procédé à la nomination d’un secrétaire pris dans le sein du conseil. Monsieur Berthomé ayant obtenu la majorité des suffrages a été désigné pour remplir ces fonctions qu’il a acceptées.
Monsieur le maire, président, a ouvert la séance et a déclaré n’avoir aucune matière à soumettre à la délibération.
Aucun des membres présents n’ayant non plus de propositions à faire, le procès-verbal a été clos et monsieur le président a levé la séanc
e ».
Le 22 mars, on vote un crédit supplémentaire de 2 550.84 frs, pour les frais de construction de l’école, à prendre sur les fonds disponibles.
La somme importante de 27 340.11 frs ayant déjà été payée par la commune. Les travaux, quant à eux étant terminés dans leur ensemble depuis longtemps.
On note sur le budget de 1891, l’apparition d’un certain nombre de nouveaux postes. A savoir :
Traitement du secrétaire de mairie - 193.75 frs
Assurance contre l’incendie - 29.65 frs
Entretien de la maison d’école - 81.80 frs
Chauffage des écoles - 200 frs
Annuité de remboursement des écoles - 1 218.68 frs.
Le 20 juin 1891, Auguste Baraud communique un procès-verbal du sieur Pascal Combeau, commissaire délégué, sur un projet d’échange « d’échange de la partie de l’ancien chemin rural non reconnu de la Maison Brûlée à Saint-Marmet, comprise entre la route du Solençon et le chemin de Jarnac, contre une parcelle de terrain destinée à l’établissement d’une carrière communale, appartenant à Elie Raby ».
Le conseil rejette en bloc la réclamation.
Dans sa session extraordinaire du 21 janvier 1892, le conseil est confronté (déjà) aux lenteurs administratives.
« Monsieur Monérat, entrepreneur de travaux publics, domicilié à Salles d’Angles, adjudicataire des travaux de construction de la maison d’école de Boutiers, expose qu’il a dans l’intention d’intenter une action judiciaire à la commune, pour obtenir le paiement de la somme de 1 721.39 frs, qui lui est due, sur le montant des travaux effectués depuis longtemps.
Les membres du conseil font observer que les retards apportés à ce règlement ne sauraient être imputés à la commune, qui avait inscrit ce montant à son budget de mai dernier, mais bien aux lenteurs de l’administration supérieure
».
Des démarches « pressantes » seront donc effectuées auprès de la Préfecture.
Courant février 1892, on envisage établir des aqueducs et une chaussée au Port Boutiers, afin de faciliter l’accès à la prairie de Corbières.
Puis le 10 avril, le maire expose que monsieur Daniaud, conseiller municipal, intente une action contre l’entrepreneur de la chaussée récemment établie au Port Boutiers, pour avoir déposé des matériaux sur une petite parcelle de terrain formée par les alluvions de la Charente, près de sa propriété.
Cette parcelle et terrain joignant la voie publique a toujours été considérée comme appartenant à la commune, selon la loi du 26 juillet 1790, déclarant que nul ne peut prétendre aucun droit de propriété sur les chemins publics, rues et places des villages, bourgs ou villes que les Lois postérieures ont attribués aux communes.
Que cette parcelle permet d’y déposer des matériaux destinés au chargement des bateaux, tels que huile, briques, chaux, pierres de taille et autres, ou pour recevoir ceux à destination de Boutiers...
Le conseil déclare que l’action de Daniaud est mal fondée et autorise le maire à défendre les droits de la commune devant les tribunaux.
Décidément, on ne plaisante pas!
Revenons à nos élections municipales à Boutiers Saint-Trojan.
Elles se déroulèrent le 1er et le 8 mai 1892.
Les élus furent :
- Henri Renaud,
- Auguste Baraud,
- Henri Berthomé,
- Henri Emery,
- Achille Vitet,
- Pierre Daniaud,
- Jean Bouyer,
- Louis Ferrand,
- Constant Godichaud,
- Jean Roturier Paponnaud,
- Alfred Raby,
- François Jagaille.
Le 15 mai, Auguste Baraud se succède par 7 voix contre 5 à Henri Renaud.
Achille Vitet demeure lui aussi adjoint par 7 voix contre 5 à Louis Ferrand.
Les scores furent serrés. Auguste Barraud repartait pour un second mandat.
En mai 1892, un crédit pour frais supplémentaires est voté.
Il s’agit essentiellement des dépenses concernant les enfants assistés (46 frs), du remboursement de l’emprunt pour les écoles (25.20 frs), des frais d’entretien des malades à l’hospice d’Angoulême (32.90 frs), et de l’emploi du secours accordé en raison du froid (25 frs).
La population de la commune de Boutiers Saint-Trojan est promptement passée à 850 habitants - elle était de 749 âmes en 1886. Notre commune connaît un véritable essor démographique.
Les distilleries et les industries de tuiles, chaux et briques ont attiré une main-d’oeuvre importante.
Divers artisans et commerçants se sont implantés sur notre territoire afin de satisfaire les nombreuses demandes.
En cette même année, le maire décide de créer sur la chaume de Saint-Trojan, une foire qui se tiendrait le 3 des mois de janvier, mars, mai, juillet, septembre et novembre de chaque année.
L’apport commercial et agricole semble indéniable.
De plus, Saint-Trojan possède un vaste terrain communal (La chaume) propre à l’établissement d’un champ de foire et à l’installation de marchands forains.
Accord est donné.
Le 18 février 1893, le conseil municipal projette avec d’autres communes l’établissement du tramway à vapeur reliant Rouillac à Cognac et passant par Sigogne, Houlette, Saint-Sévère, chez Frouin, les Tuileries de Boutiers et le pont de Châtenay.
Les sieurs Emmanuel-Isidore Cavard et Amédée Tugiras sont exemptés de service national comme soutien de famille. Les bras manquent et font défaut.
Le printemps et l’été 1893 ont été particulièrement secs, et les fourrages manquent cruellement. Les agriculteurs se trouvent alors dans l’impossibilité de nourrir leur bétail.
Le conseil municipal demande un dégrèvement d’impôt pour leur venir en aide.
Le 18 mars 1894, le maire invite son conseil à examiner la question de la translation du cimetière de Saint-Trojan « qui se trouve dans l’impossibilité d’inhumer vu le trop plein ».
A cet effet, une commission composée de 5 membres est nommée : messieurs Ferrand, Renaud, Vitet, Raby et Godichaud. Son rôle aura pour objet, la création d’un nouveau cimetière, sans entraîner la suppression de celui de Boutiers situé à Saint-Marmé.
Courant juin, on décide d’attribuer la somme de 50 frs, allouée pour les fêtes publiques, au secours des indigents.
Cette distribution aura lieu le 14 juillet. Aucune réjouissance ne sera donnée cette année, en raison du deuil national dans lequel le pays est plongé (assassinat le 24 juin du Président de la République Sadi Carnot).
On note aussi, quelques remous au sujet de la voie du Solençon. Le conseil doit apporter diverses modifications.
Puis, suite à une nouvelle élection du conseil municipal, on procède le 16 décembre 1894, à l’installation du maire et de son adjoint. J’ignore la forme que pris ce vote.
Cette élection doit faire suite à la Loi du 5 avril 1884, qui a redéfinie les fonctions des conseils et leur nombre (en fonction du nombre des populations).
Boutiers Saint-Trojan passe à 12 élus.
De vives tensions existent entre Pierre Daniaud et le conseil. Un procès est en cours. Une histoire de remboursement de frais de maçonnerie (Lestrade) est à l’origine de l’affaire de la divergence.
L’affaire ne sera régularisée que fin 1895.
Selon la loi du 15 juillet 1893, chaque commune doit avoir un bureau d’assistance médicale gratuite. Une liste des personnes nécessiteuses doit être établie.
La réunion du 14 février 1895, définit les différentes commissions de la municipalité :
- Commission de la vicinalité - voirie
- Commission des travaux publics
- Commission d’instruction publique
- Commission du cimetière de Saint-Trojan
- Commission d’assistance médicale gratuite.
On constate beaucoup de pauvreté dans notre petite commune. Des aides sous formes d’achat de chaussures et de vêtements sont consenties aux enfants les plus nécessiteux.
Des achats de pain sont effectués auprès du boulanger Lestrade (122.50 frs sur les années 1892, 1893 et 1894).
La municipalité se débat afin d’apporter son soutien. Des exemptions de taxes sont accordées.
Le moindre besoin est un souci financier fâcheux. Les écoles réclament deux tables pour l’école des garçons - coût 85 frs. Les difficultés commencent alors pour le financement. On vit au jour le jour. La tâche n’est certes pas aisée.
Le conseil doit aussi statuer sur les retours au foyer des soutiens de famille. C’est un phénomène fréquent.
C’est ainsi qu’en mai 1895, les jeunes Edmond Jaugin et Grimaud Second rentrent au bercail. Le 26 mai 1895, Auguste Baraud donne connaissance à son conseil, qu’un bon nombre des habitants de la commune, désire fonder une société de secours mutuels sous la dénomination « d’Union fraternelle de Boutiers Saint-Trojan ».
Les statuts sont soumis à l’approbation.
La dite création est justifiée par la non efficacité de l’ancienne société (vieille de 15 ans), dont certaines sélections étaient jugées peu singulières.
Cette nouvelle société avait une vocation humanitaire et d’épargne. De plus, le nombre de ses sociétaires offrait toute garantie nécessaire.
Bien dans l’air du temps, un avis favorable fut accordé.
Un autre sujet délicat était à mener de toute urgence. Il s’agit de délibérer sur la « Translation du cimetière de Saint-Trojan ».
Dès juin, l’emplacement a définitivement été défini.
Et, par la session du 8 août 1895, on aborde l’achat des terrains situés sur l’ancienne paroisse de Saint-Trojan, au lieu-dit « les Graves ».
Les propriétaires vendeurs sont messieurs Michaud, Bureau, Rouhaud et Bouyer.
Le prix des terrains est fixé à 15,625 frs l’are. La superficie retenue comme étant nécessaire étant de 34 ares 17 centiares.
C’est le besoin estimé pour une commune de 850 personnes, dont la moyenne annuelle des décès est de 15.
De plus, le lieu choisi répond aux normes : lieu élevé à plus de 100 mètres des habitations, non présence de puits et source à proximité et bon état des sols.
Le choix et le coût font l’unanimité.
Le 24 novembre, l’instituteur de la commune fait part à Auguste Baraud, de son désir de donner des cours du soir pour les adultes, à charge à la commune de prendre en charge les frais nécessaires à cette organisation.
Auguste Baraud propose le vote d’une somme de 150 frs. La réponse est décevante: « le conseil tout en rendant hommage au dévouement de l’instituteur, regrette que les finances municipales soient obérées au point de ne pouvoir permettre aucune indemnité ».
Le 5 février 1896, on débat de sujets très divers - nettoyage de la saignée qui se trouve au couchant de la chaussée de Port Boutiers, partant du premier pont et allant à la rivière du Solençon; finition des travaux du chemin de « La palisse-rasée » (80 frs) et de la Grande Rue du bourg (60 frs).
Le 23 février, on accepte pour le nouveau cimetière de Saint- Marmet, la construction d’un ossuaire, afin d’y « recueillir les ossements restant des fosses ».
Pour cette besogne, c’est le devis de monsieur Champeaux, entrepreneur de maçonnerie de Boutiers, qui a été retenu (91.80 frs).
A Saint-Trojan, le sieur Henri Guélin a édifié en bordure de son terrain un mur « appenti » qui jouxte le chemin. Plusieurs contestations se sont élevées.
La mairie demande la démolition du dit mur et en revendique la propriété (8 mars 1896).
Après le bâton, la municipalité décide d’accorder un satisfecit à l’instituteur monsieur Jean.
« Monsieur le maire expose que jamais les écoles communales n’ont été tenues par des maîtres plus zélés ni plus dévoués que monsieur Jean, notre instituteur actuel, dont l’éloge n’est plus à faire. Il cite les attestations les plus élogieuses émanent des familles dont les enfants fréquentent l’école et qui témoignent toutes du zèle et de la valeur réelle de ce vaillant éducateur de la jeunesse républicaine d’avantgarde.
Son dévouement est d’autant plus méritoire qu’il est désintéressé et qu’il s’exerce avec la plus complète abnégation et la plus grande modestie depuis bientôt 40 ans sans interruption ni défaillance Le conseil municipal, interprète de la population toute entière, vote à monsieur Jean, les plus sincères remerciements pour le zèle et le dévouement qu’il apporte dans l’accomplissement de ses pénibles fonctions d’instituteur et prend la respectueuse liberté d’appeler l’attention des pouvoirs publics et notamment de monsieur le ministre de l’Instruction Publique, sur ce modeste fonctionnaire, un des plus zélés pionniers de l’enseignement populaire, et de lui accorder sur le déclin de sa laborieuse carrière, une distinction honorifique en récompense de ses longs et excellents services
»
Même si la déclaration est, on ne peut plus onctueuse, on savait reconnaître la valeur des grands serviteurs communaux (cela ne coûtait rien).
Courant avril, on projette de grands travaux à faire au Port de Boutiers pour favoriser l’embarquement des marchandises de la région. Puis on revient sur le projet de rectification de la chaussée du Solençon, Saint-Marmet et Châtenay. Problème récurrent par excellence.
Mais, de nouvelles élections se profilent.
Les élections municipales qui se déroulent les 3 et 10 mai 1896, élisent la liste suivante :
Vitet Achille, Godichaud
Constant, Berthomé Henri,
Baraud Auguste, Devedeix Louis,
Champeaux pierre, Lestrade
Alexandre, Robinaud Pierre,
Ferrand Louis, Lestrade Léonard,
Bouyer Jean et Jouard Elisée.
Peu de changement.
Le maire Auguste Baraud et l’adjoint Achille Vitet sont élus le 17 mai.
On peut remarquer que si des décisions sont prises en réunion, elles ne sont pas toujours suivies d’effet. C’est le cas de la translation du cimetière de Saint-Trojan.
Une séance du 23 août 1896, nous apprend que rien n’a encore été entrepris.
Et pourtant le besoin se fait cruellement ressentir. L’aspect financier dicte réellement les délibérations.
« Le maire attire l’attention de l’assemblée sur l’opportunité de l’établissement d’un nouveau cimetière pour la commune, vu que cette question est arrivée à sa période aigue. Le cimetière de Saint-Marmet est plein ainsi que celui de Saint-Trojan (situé au centre même de ce village dont la translation a déjà été votée il y a environ 2 ans). Que pour pouvoir inhumer la dernière personne décédée, il a été nécessaire d’exhumer un corps qui depuis 3 ans seulement reposait dans ce cimetière de Saint-Trojan. Que la commune grevée encore pour la maison d’école d’une dette de 18 000 frs environ, n’a aucune ressource pour parfaire la somme de 6 500 frs que coûterait la construction du cimetière projeté. En conséquence monsieur le Maire propose la mise en vente de l’ancien presbytère de Saint- Trojan et de ses dépendances. Cet immeuble ne rapporte actuellement rien à la commune, et est désaffecté depuis la fusion de la commune de Saint-Trojan avec celle de Boutiers (il est noté à tort 1854).
Suivant toute probabilité on trouverait acquéreur pour la somme de 5 ou 6 000 frs ».
Un procès-verbal d’enquête est alors mené par monsieur Portier, commissaire délégué sur ce projet d’aliénation, le 6 septembre.
Plusieurs réclamations d’habitants de Saint-Trojan se font jour.
« Considérant que les opposants Guitton et Etournaud ne donnent pas les motifs de leur opposition et que les objections formulées par Raby et Guélin sont des plus futiles et sont plutôt la conséquence d’une opposition systématique que le résultat de réflexions sérieuses ».
En effet, la race des anti-fusionnistes n’était pas encore éradiquée.
Les plaies étaient encore sanguinolentes. On ne tint nullement compte de ces derniers soubresauts.
Le 20 septembre on procède à la mise en vente du dit presbytère.
Le 4 octobre, à l’occasion de la visite du tsar de Russie, le conseil municipal manifeste son approbation.
« Monsieur le Président expose que l’arrivée en France des souverains Russes, a une trop haute portée politique et pacifique pour que la commune de Boutiers St-Trojan n’en manifeste pas sa joie patriotique. »
Il propose donc au conseil l’envoi à l’Ambassadeur de Russie à Paris du télégramme suivant :
« Le conseil municipal de Boutiers Saint-Trojan (Charente) réuni extraordinairement et spécialement se fait l’interprète unanime des sentiments patriotiques de la population en acclamant l’arrivée de Leurs Majestés sur la terre française par le cri de VIVE la RUSSIE
».
Le 22 novembre 1896, un sujet retient toute l’attention de notre conseil, c’est celui du tramway à vapeur urbain, reliant Rouillac à Cognac, en passant par Sigogne, Houlette, Sainte-Sévère, Chez Frouin, les Tuileries de Boutiers, Saint-Jacques.
Le projet du chemin de fer, un temps envisagé, ayant été révoqué, on se rattache à ce nouveau mode de liaison...
« De nouvelles distilleries se sont élevées sur le parcours indiqué, les industries de tuiles, briques, chaux se sont considérablement développées, les vignes sont plus prospères que jamais, de même que le faubourg de Saint-Jacques vient d’être doté d’une gare le reliant à Saint- Jean- d’Angely….. ».
Autant de raisons pour soutenir le projet.
A la même date, l’instituteur monsieur Jean, sollicite à nouveau le conseil municipal pour donner gratuitement des cours pour adultes, en compagnie du maire Jean-Auguste Baraud.
Cette fois-ci l’assemblée accepte et donne la somme de 75 frs pour les divers frais.
Une demande de subvention sera également demandée à l’administration.
Suite à l’accord du sous-Préfet, de l’évêque d’Angoulême et d’une enquête de « comodo et incommodo », il pourra être procédé à la vente de l’ancien presbytère de Saint-Trojan.
(Séance du 11 février 1897)
Par contre, un désaccord profond s’éleva avec le conseil de fabrique de Saint-Brice, opposé à la vente du presbytère de Saint- Trojan.
En cette fin XIXème siècle, la plaque tournante de la vie commerçante de Boutiers se situe aux Tuileries. Les résidents, conscients de leur importance croissante, n’hésitent pas à formuler certaines demandes.
« Le hameau des Tuileries est presque totalement habité par des industriels et commerçants, qui se plaignent de ne recevoir leur correspondance que dans l’aprèsmidi et qu’il résulte de cette distribution tardive de graves inconvénients pour leurs intérêts ».
Le conseil se faisant l’écho de ces plaintes, sollicite de l’administration des postes, le changement de l’itinéraire du facteur rural, afin que le dit hameau soit desservi à la première heure, tout en conservant le privilège d’une deuxième levée de la boîte aux lettres le soir.
Les habitants du bourg durent grincer des dents.
Le 18 juillet 1897, on étudie deux chapitres importants.
D’abord, la translation du cimetière de Saint-Trojan, puis les réparations à effectuer aux bâtiments communaux, notamment l’appropriation d’une salle de mairie.
On doit recourir à un emprunt de 7 000 frs (sur 30 annuités, au taux de 3.85 %), pour financer ces programmes.
Une imposition extraordinaire sera aussi lancée.
La pression fiscale continuait bien malheureusement.
On parlera, dès le 1er août, des différents tarifs et règlements des concessions de terrains (perpétuelles, trentenaires et temporaires) sur les deux cimetières de la commune : le nouveau de Saint-Trojan et celui de Saint- Marmet.
L’année suivante, la municipalité est en lutte ouverte avec l’abbé Quéron, curé de Saint-Brice.
Le 21 août 1898, Pierre Champeaux, rapporteur de la commission instituée par le conseil, donne lecture des conclusions sur la pétition de l’abbé Quéron et consorts (du 2 juillet) - modus viventi.
« L’honorable conseiller rapporte avec une grande clarté, les offres faites à monsieur l’abbé Quéron, les tentatives de la commission pour mettre fin à un état de choses qu’ont crées les exigences pécuniaires de monsieur le curé.
Après un historique rapide de la question, il exprime le regret de ne pouvoir résoudre le différend à cause de l’attitude et l’esprit mercantile de monsieur l’abbé Quéron, dont l’objectif principal est (de son propre aveu) de mettre en pratique le proverbe : pas d’argent, pas de curé !
Monsieur l’abbé Quéron ne voit dans les fidèles (suivant encore son expression) que “des clients plus ou moins solvables”.
Le conseil aura fait son devoir en cherchant à assurer le service du culte sans trop obérer la commune et en refusant de satisfaire à des exigences démesurées.
Considérant sa pétition (2 juillet), où il demande qu’une subvention de 250 frs soit votée pour dire des messes dans l’église paroissiale de Boutiers et faire le catéchisme,
Considérant les exigences nouvelles de monsieur le curé qui demande maintenant 500 frs pour assurer tous les quinze jours et jours fériés le service de la messe, les mariages, les baptêmes, le catéchisme et les enterrements,
Considérant qu’il exige en outre le droit de réclamer des frais de fabrique illimités pour les enterrements,
Considérant que sous la République chacun doit jouir de la pleine et entière liberté de conscience et que les signataires de la pétition ont usé de leur légitime droit en demandant qu’il fut dit des messes,
Considérant d’un autre côté qu’il serait souverainement injuste d’en faire supporter les frais aux citoyens qui n’en usent pas,
Considérant que si les 30 messes demandées ont une valeur quelconque aux yeux des signataires, cette valeur ne peut guère être inférieure à 85 centimes par an, résultat obtenu en divisant la somme de 250 frs par le chiffre de 291 signataires,
Considérant que cette pétition contient un certain nombre de noms de personnes absentes de la commune depuis longtemps et ceux de jeunes enfants,
Considérant que l’incitation de monsieur le curé de recourir à un référendum constitue une manoeuvre illégale,
Considérant que monsieur le curé dit avoir la ressource de “brûler sa dernière cartouche” et qu’il en a le droit en se conformant toutefois à la Loi sur le port d’armes,
Considérant une circulaire récente où monsieur le curé est assimilé aux gens qui ne travaillent pas pour le “roi de Prusse” et dans laquelle monsieur le curé lui-même estime que pour lui le meilleur parti à prendre est d’accepter un poste plus avantageux à lui offert par ses supérieurs
».
Le conseil recommande donc le dit curé, à la générosité des signataires de la pétition et ne donne pas suite aux exigences.
Le 27 novembre 1898, une pétition émanant des négociants et d’industriels de Cognac, Boutiers et Champ-Blanc, réclame au Préfet, que soient effectué des dragages dans la Charente en amont du pont de Châtenay et qu’il soit construit un quai avec rampe d’accès se raccordant au chemin vicinal. Ces travaux pouvant être fait dans un pré appartenant à monsieur Hennessy.
On ne demande rien moins qu’un port d’embarquement et de débarquement à vocation commerciale.
L’entretien des fossés et canaux était une charge importante. Le curage du « fossé du Roy » fut décrété en cette année.
Mais une difficulté s’annonçait quant à un autre.
Le 22 décembre, Auguste Baraud expose que le canal d’écoulement dit « des Tuileries » (creusé en 1890) est destiné à disparaître faute d’entretien.
Une démarche auprès du Préfet est engagée afin qu’il soit placé sous la juridiction du Syndicat de la Rivière dite du « fossé du Roy » dont il est un affluent.
L’utilité est manifeste, puisque ce canal permet d’une part, d’assainir les eaux stagnantes des marais et évite à la population les fièvres paludiques (fréquentes autrefois), et d’autre part, permet aux industriels d’exploiter des quantités considérables de terres réfractaires (dessèchement).
L’année 1899 débute par la fixation des tarifs et l’établissement des 14 articles réglementant le nouveau cimetière (26 février 1899).
En même temps, le conseil à l’unanimité proteste contre une décision du Conseil Général augmentant de 60 % la côte mobilière de la commune.
La municipalité de Boutiers Saint-Trojan est résolument républicaine, comme le témoigne une lettre envoyée au Président de la République Loubet « gardien inébranlable de la Constitution ».
Le conseil ajoute « qu’il est le seul à assurer au pays le calme et la sécurité » et l’assure « de la confiance qu’il inspire à la patriotique population de la commune ».
Boutiers Saint-Trojan a un grand coeur, puisque le 26 mars, on vote une somme de 15 frs, en faveur des victimes de la catastrophe de Toulon (explosion d’une poudrière).
Le 14 mai, on reparle du procès que la commune a avec le sieur Guélin de Saint-Trojan.
Afin de soutenir son bon droit, une somme de 500 frs est versée à l’avocat. Le procès étant actuellement en appel devant la Cour de Bordeaux. L’optimisme règne et les chances de succès ne font plus aucun doute.
Affaire à suivre !!!!
Suite à divers accidents survenus aux abords du pont de Châtenay (sur la chaussée établie entre les ponts), le maire demande à l’administration des Ponts et Chaussées de prendre des mesures.
Concrètement, on réclame l’installation d’une banquette de sûreté ou garde-fou qui protègerait voyageurs et chevaux dans cet endroit dangereux (4 juin 1899).
Si les travaux supplémentaires effectués à la mairie sont enfin réalisés, l’entrepreneur Champeaux réclame toujours une partie de son argent (1 000 frs).
L’optimisme affiché du conseil dans « l’affaire Guélin » est vite émoussé par l’ardoise de la Cour d’appel de Bordeaux – 3 738.34 frs. Et de plus, le procès n’est pas encore gagné. Triste revers.
Maintenant le maire est confronté au problème de payer sans délai la dite somme.
La commune n’ayant pas de ressource disponible, il s’agit de trouver un prêteur.
C’est Jean Thomas, propriétaire à la Roche de Saint-Brice qui s’engage à prêter le montant.
Le remboursement s’effectuera sur 10 annuités au taux de 3.50 %.
Cette fin de règne est donc un peu ternie.
Le procès se poursuivra en 1900.
Ainsi se termine, les mandats d’Auguste Baraud.
Les élections du mois de mai 1900 approchent.
Auguste Baraud se retire de la vie publique. Il a 73 ans ....et plus que 4 années à vivre .....
Il s’éteindra dans sa propriété le 19 mai 1904.
Beaucoup de réalisations avaient été mises en place. D’autres étaient encore à venir.
Un nouveau siècle prometteur arrivait.
Ainsi s’achevait un siècle bien rempli. Les bouleversements avaient été nombreux.
On avait déjà l’impression que les « temps changeaient trop rapidement ».
Le XXème siècle serait en cela conforme au précédent.

Photo disponible en survolant le nom du Maire...

Henri RENAUD
(Berneuil 05-02-1851 / BST 14-06-1939)
Propriétaire

1900 - 1937
Avec l’arrivée d’Henri Renaud aux commandes du pouvoir municipal, nous inaugurons à la fois un nouveau siècle et le plus long règne de maire de notre commune.
Henri Renaud fort apprécié de ses concitoyens resta 37 ans en fonction de premier magistrat. C’est en 1876 qu’il apparaît à Boutiers.
Qui est-il ?
Henri Renaud est né à Berneuil le 5 février 1851, où son père Jean Renaud est propriétaire. Sa mère est Marie Duguet.
Son attachement pour notre commune sera le fruit d’une rencontre, celle de sa future épouse Marie-Céline Carré.
Cette dernière, fille unique après le décès de son frère Charles- Alphonse (1848-1862), est la fille de Charles-Brice Carré et de Marguerite-Julienne Tondut.
Le « devoir municipal » était inscrit dans les gènes de ces familles.
Puisque, si Charles-Brice Carré fut très longtemps conseiller municipal, les Tondut père et fils furent maires de Saint-Trojan. Signalons enfin, que la famille Tondut était apparentée aux Cormenier.
Par son mariage, célébré à Boutiers le 21 novembre 1876, Henri Renaud épousait à la fois une jeune fille de bonne famille mais aussi une hérédité municipale.
De son mariage devait naître une fille : Marie-Esther-Amedine (14 avril 1878), qui épousera un pharmacien en 1899.
Henri Renaud fut comme ses père et beau-père un propriétaire terrien.
Le 11 janvier 1885, il devient répartiteur de la commune de Boutiers Saint-Trojan, pour le secteur du bourg, son beau-père étant alors conseiller municipal de l’équipe de Jean Rabatier.
Aux élections de mai 1888, succédant à son beau-père, il devient à son tour, conseiller municipal de l’équipe d’Auguste Baraud.
Il le restera jusqu’en 1900.
Aux élections des 6 et 13 mai 1900, sa liste est élue.
Les 258 électeurs votants plébiscitent une trentaine de noms.
Henri Renaud arrive en tête avec 160 voix.
Achille Vitet - 126 voix
Constant Godichaud - 124 voix
Léon Bernard - 116 voix
Corentin Texier - 115 voix
Henri Emery - 114 voix
Georges Aubouin - 111 voix
Aimé Daniaud - 104 voix
Léonard Sage - 103 voix
Jean Thomas - 102 voix
Léonard Lestrade - 100 voix
Jean Couturier - 86 voix.
L’ancien instituteur, Jean-Charles Jean avait obtenu 67 voix.
Le 20 mai, on procède à l’élection du maire et de son adjoint.
Henri Renaud obtient 10 voix sur 12. Il est élu maire de Boutiers Saint-Trojan.
Achille Vitet obtient également 10 voix et poursuit sa tâche d’adjoint.
On se met ensuite au travail.
Outre, les diverses dispenses de « périodes militaires de 13 jours », le conseil est confronté le 16 septembre 1900 à un sujet brûlant - celui du projet de tramway. Pas facile de concilier l’ensemble des protagonistes.
Les intérêts personnels de personnages locaux influents étaient bien entendu de mise.
En effet, un nouveau changement du tracé était à l’étude - Segonzac, Jarnac, Rouillac. Ainsi, on évitait Boutiers.
Nos élus mécontents firent savoir qu’il fallait desservir une « contrée agricole et indusrielle».
On avançait encore les points forts de notre secteur - nombreuses distilleries, les usines de plâtre de Champblanc, les tuileries et briqueteries de Boutiers, etc ....
On parlait gros sous, en calculant les recettes produites par ces industries.
On protestait énergiquement et on insistait avec véhémence, souhaitant que le choix du parcours Segonzac, Cognac, les Tuileries de Boutiers, Sainte-Sévère, Houlette et Sigogne serait finalement retenu une bonne fois pour toute.
Il y a quelques années la municipalité a entrepris la restauration d’un petit édifice situé à Port Boutiers (aux saules pleureurs).
La construction de ce bâtiment remontait à l’année 1900.
En effet, il est inscrit dans la séance du 18 novembre : « Monsieur le maire communique au conseil l’offre faite par un groupe de souscripteurs, d’un édifice, situé à Port Boutiers, contenant une pompe destinée à fournir de l’eau aux habitants de la commune en temps de sécheresse ».
On remercia les donateurs et on accepta.
Une nouvelle protestation fut émise concernant l’application de la loi du 29 décembre 1900 sur les boissons.
« Considérant que cette loi par suite de la surélévation considérable des droits sur l’alcool, rend pour ainsi dire invendables les eaux-de-vie de vins, et porte un coup mortel à la viticulture et au commerce charentais, en outre par un commencement d’atteinte à la liberté des bouilleurs de cru, elle menace ces derniers du rétablissement de l’exercice ; que le propriétaire récoltant est particulièrement intéressé à ce que ses produits ne soient pas altérés par certains commerçants peu scrupuleux ; qu’enfin la démonstration à bon marché des alcools d’industrie est susceptible de concilier tous les intérêts ».
On réclame donc auprès du Préfet :
« 1) que la liberté complète soit rendue aux bouilleurs de cru, quelles que soient la capacité et la nature de leurs alambics,
2) qu’une taxe importante soit accordée aux eaux-de-vie de vins comme boissons hygiéniques et que le droit de dénaturation qui s’élève à environ 10 francs, soit réduit des 9/10ème, comme on peut le faire sans risque de fraude, en n’exigeant qu’un pour cent d’alcool méthylique,
3) que l’article 8 de la loi du 2 août 1872 sur les acquits de couleur, soit rigoureusement appliqué et qu’on exige par suite l’établissement de comptes distincts pour chaque catégorie d’alcools et l’inscription ineffaçable sur les fûts et sur les bouteilles de la nature de l’alcool mis en vente ou transporté
».
On avait son idée sur la question à Boutiers Saint-Trojan.
Le 7 juillet 1901, plusieurs industriels et propriétaires des communes de Boutiers et Cherves formulent la demande de la construction d’un quai situé sur la Charente (rive droite) en face de l’octroi de Châtenay.
Ce qui prouve une fois de plus, l’essor économique important de nos villages.
Le dossier fut transmis à la préfecture.
Plus terre à terre, on accorde une somme de 600 francs (paiement sur deux ans) à Lestrade, entrepreneur de maçonnerie, pour la construction d’un abri pour le « char funèbre » de la commune.
Il sera attenant au préau de l’école des garçons.
Ce corbillard avait été financé en intégralité par un grand nombre de personnes de la commune (les fonds municipaux étant anémiques).
La session du 8 juin 1902, s’ouvre sur l’aide de solidarité à accorder aux malheureuses victimes de la catastrophe de la Martinique (l’éruption de la montagne Pelée avait fait en mai plus de 40 000 morts). Une souscription est lancée.
A la même date, on accepte le projet de classement du chemin de Saint-Trojan à Saint-Marmet (partie comprise entre Corbières et Port Boutiers).
Cette construction s’élevant à 6 300 francs, un emprunt sera opéré à la Caisse des retraites pour la vieillesse (une souscription était également en cours). En réalité, la municipalité ne devra financer que 800 frs sur 30 ans (ceci grâce aux donateurs).
La loi de 1901 de Pierre Waldeck-Rousseau sur les associations, fit des émules dans toute la France. Boutiers Saint-Trojan ne fut pas en reste.
Le 8 décembre 1902, une nouvelle association voit le jour - «La solidarité des agriculteurs».
A l’origine, une poignée d’hommes : Jean Couturier, Pierre Hubert, Jules Robert, Edmond Feniou, Charles Mottard, Henri Guillon, Albert Héraud et Constant Godichaud, tous propriétaires.
Ils sont les fondateurs d’une société coopérative anonyme de consommation et fournitures de ménage à capital variable de 500 francs (divisé en 20 actions de 25 francs).
Très vite d’autres souscripteurs s’inscrivent : Jean Thoubey, Madeleine Gallard, Léonard Lestrade, Frédéric Michaud, Jean Garnier, Pierre Angelier, Auguste Candé, François Guérin, Victor Rayé, Georges Guillemain et Lucien Lacombe.
Ces derniers sont fabricant de caisses, cultivateur, instituteur, entrepreneur et tonnelier.
La dite société fondée pour une durée de 99 ans (elle a donc cessé de vivre en décembre 2001), avait pour véritable but d’acheter en gros et au comptant les objets de consommation de toute nature et de les revendre aux associés aussi au comptant.
La première assemblée générale aura lieu le 22 février 1903, sous la présidence de monsieur Jean Couturier.
Le budget de l’année 1903, fait ressortir les postes suivants :
Frais d’administration (salaire des gens de service, registres état civil, frais d’impression des comptes, livres et budgets, timbres, etc ....) - 797 francs
Entretien annuel des propriétés communales - 570 francs
Remises du Receveur municipal - 298 francs
Dépenses d’instruction primaire (loyers des maisons d’école, etc ...) - 250 francs
Entretien des chemins vicinaux - 1 596 francs
Entretien des chemins ruraux - 350 francs
Dépenses d’assistance publique - 207 francs
Fêtes publiques - 50 francs
Dépenses imprévues - 300 francs
Salaire du garde-champêtre - 400 francs
Cantonniers ou piqueurs - 200 francs
Dépenses du service de l’assistance médicale gratuite - 300 francs.
Le total des dépenses ordinaires s’élève donc à : 5 318 francs.
Quant aux recettes ordinaires elles se chiffrent à : 2 471 francs.
Le déficit affiché se monte à 2 847 francs.
L’imposition décidée par le conseil municipal est donc fixée à 2 850 francs.
En fin 1903, on reparle de la construction du tronçon Saint- Trojan à Saint-Marmet, et plus particulièrement de la partie Corbières à Port-Boutiers distante de 1 000 m (chemin vicinal 5). Le besoin de rendre praticable ce chemin et de faciliter les communications entre Cognac et le village de Saint-Trojan.
Nous avons la liste des très nombreux souscripteurs. Nous ne citerons au hasard, que quelquesuns d’entre eux :
Henri Gueslin, Bouyer Jean, Champeaux Jean, Corentin Texier, Lestrade aîné, Just Gueslin, Victor Lalande, Antoine Viossange, Jean Desvergnes, Pierre Arrodeau, Henry Castillon du Perron, Paul Hériard, Pierre Castillon du Perron, Rabatier, Roy, Castaigne, Maurice du Parc, Caminade de Châtenay, James Hennessy, Jean Hennessy, Henri Renaud, Larue, Joussan, Léonard Viossange, Pierre Robinaud, Guillon, Firmin Ardouin, Victor Hays, Pierre Grimaud, Louis Joussaume et autres, qui financeront à hauteur de 1 500 francs.
Le nouveau venu au poste d’adjoint, n’est pas totalement un inconnu. Jean Bernard dit Léon, est né le 21 mars 1854.
Il entre au conseil en mai 1900. Propriétaire à l’Ecart, il est le fils unique de Jean Bernard et de Marie- Madeleine Arrodeau.
Il épouse Marie-Anais Daniaud, fille unique de Pierre Daniaud, propriétaire à l’Ecart et de Victorine Daniaud. Les Bernard et Daniaud étaient propriétaires du domaine de l’Ecart depuis 1879 - acte d’achat auprès du comte des Moustiers de Mérinville et de son épouse Marie-Célestine-Bertille Dupuy (Fille du négociant Léon Dupuy, d’où le prénom supplémentaire de Jean Bernard).
Les Daniaud étaient cousins des Daniaud, maire et adjoint de Boutiers.
Une fille et un fils naîtront de l’union Bernard-Daniaud.
Le premier souci de ce conseil, fut l’élaboration du budget pour 1905.
Les postes demeurent les mêmes, seules les sommes augmentent.
Frais d’administration (y compris le salaire des gens de service, les registres d’état civil, timbres, Les frais d’impression des livres de comptes, etc ....) - 859.40 F
Remises du receveur municipal - 298.10 francs
Entretien annuel des propriétés communales - 580.00 francs
Dépenses d’instruction primaire - 300 francs
Entretien des chemins vicinaux - 1 440 francs
Entretien des chemins ruraux -350 francs
Dépenses d’assistance publique - 205 francs
Fêtes publiques - 100 francs
Dépenses imprévues - 300 francs
Salaire du garde-champêtre - 400 francs
Cantonnier ou piqueur - 200 francs
Dépense du service de l’assistance médicale gratuite - 300 francs
Total des dépenses - 5 262.50 francs.

Confronté à la misère ambiante, le conseil apporte son soutien à la « Société de secours mutuel et assistance publique » et à l’assistance aux vieillards, infirmes et incurables privés de ressources. Du pain, des légumes, des vêtements sont alors financés.
En 1905, des travaux sont entrepris dans la « Grande rue » de Boutiers. On y installe des caniveaux et des bordures. Léonard Lestrade entreprend les travaux (4.50 francs le mètre linéaire).
L’hygiène est donc à l’ordre du jour.
La construction du chemin vicinal n°5, de Port Boutiers à Saint- Trojan, entraîne quelques plaintes des riverains.
D’abord Théophile Bouin obtient une somme de 175 francs, pour dommages causés à sa propriété. Puis en 1907, c’est le sieur Jean Bouyer, de Saint-Trojan, qui expose qu’on lui a arraché une haie comportant des noyers.
On s’inquiète aussi de l’abus des boissons alcooliques.
« La circulaire laissant aux conseils municipaux la faculté de fixer la distance qui doit séparer les cafés ou débits de boissons, des édifices consacrés aux cultes quelconques, des cimetières, des hospices, des écoles primaires, collèges ou autres établissements d’instruction publique ».
Toujours en 1907, on reparle du projet de tramway départemental - la ligne Confolens à Cognac. On attend toujours, la décision finale du parcours exact.
Faisons un peu connaissance avec l’adjoint Emery.
Henri-Barthélémy Emery est né à Mesnac le 28 septembre 1849. Fils de Henry Emery et de Marguerite Couprie. Tonnelier à Bagnolet, il deviendra propriétaire au Solençon.
Il épousera à Boutiers le 9 mai 1871, Françoise Cartron, de Javrezac.
Une fille Marguerite (° 1872) s’unira avec Louis-Maximin Bareaud.
C’est en mai 1900, qu’il deviendra pour la première fois, conseiller municipal dans le sillage d’Henri Renaud.
Lors de la séance extraordinaire du 26 mars 1909, un nouveau sujet apparaît au sein des discussions : l’évaluation des propriétés non bâties (Loi du 31 décembre 1907).
On désigne une commission de « classificateurs » pour appréhender la question.
Rien d’important dans les débats. Le train-train habituel : on débloque 50 francs pour venir en aide aux victimes de l’inondation à Paris (janvier 1910) ; établissement des listes pour l’assistance médicale gratuite, assistance aux vieillards .....
En février 1910, on alerte le Préfet sur les dangers du « tramway Dannizeau ».
« Considérant que la traction mécanique employée par monsieur Pierre Dannizeau sur le tramway conduisant les plâtres de l’usine de Champblanc, située commune de Cherves à la gare de Cognac, par le chemin de moyenne communication n°18 et les chaussées et ponts de Châtenay, a été la cause de plusieurs accidents, dont un récent suivi de mort d’homme.
Considérant que l’autorisation accordée par arrêté préfectoral n’est que temporaire et toujours révocable, demande instamment à monsieur le Préfet de la Charente de revenir sur la concession accordée par son prédécesseur à titre d’expérience, comme étant dangereuse pour la sécurité publique par suite du peu de largeur des voies empruntées.
Attendu que l’établissement des rails occupe le tiers de la largeur du chemin et que les matériaux d’entretien occupent l’accotement opposé, que cette concession ne profite qu’à un seul au détriment de tous ceux qui pratiquent le chemin n°18 et les chaussées et ponts de Châtenay et sans vouloir entraver la mise gare des plâtres de Champblanc ; demande le rétablissement de la traction animale, qui n’a été pendant de longues années la cause d’aucun accident pour les nombreux véhicules, animaux et voyageurs
.... ».
On ne faisait pas dans le modernisme à Boutiers Saint-Trojan. On se souciait de la sécurité, et on n’hésitait pas à reprendre les chevaux.
A cette même période, un problème se présente quant à l’attribution de l’ancien presbytère de Saint-Trojan.
En effet, cet « actif mobilier » appartenait à la fabrique de Boutiers Saint-Trojan et de Saint-Brice.
Le Préfet, selon les directives nationales se propose d’en répartir le produit entre les deux communes. Saint-Brice exigeant sa part.
Mécontentement à juste titre de Boutiers Saint-Trojan qui fait valoir l’aspect suivant :
« Considérant que le dit immeuble se trouve tout entier sur le territoire de la commune de Boutiers Saint-Trojan et que la propriété ne pouvait lui en être déniée.
Attendu qu’à plusieurs reprises la commune de Boutiers Saint-Trojan y a fait à ses frais d’importantes réparations, sans que la commune de Saint-Brice ne soit jamais intervenu, notamment en 1873 où elle a dépensé une somme de 2 675.75 frs pour l’approprier en locaux scolaires et au logement de l’instituteur et de l’institutrice primaire.
La commune de Saint-Brice ne peut à aucun titre prétendre à la propriété d’une partie de cet immeuble
».
Le conseil municipal revendique l’entière appartenance du presbytère.
En cette année 1910, la commune compte 29 personnes qui nécessitent une assistance médicale gratuite; 20 personnes une assistance obligatoire aux vieillards, infirmes et incurables.
Le gouvernement alloue une somme de 524.15 francs pour la commune de Boutiers Saint- Trojan, afin de venir en aide à nos viticulteurs durement frappés par les intempéries de l’an passé.
On crée également une commission (application de la loi du 5 avril 1910) sur les retraites ouvrières et paysannes. Cette commission composée de messieurs Achille Caillaud, Auguste Baraud Chasteauneuf, Aimé Daniaud et Toussaint Couprie sera chargée d’établir la liste des assurés.
Un élément furtif nous permet d’aborder l’existence de notre fête locale.
Henri Renaud fait observer que « la fête locale aura lieu cette année (1912) les 14 et 15 avril, et que beaucoup de forains ayant déjà demandé des places, il y a lieu pour le bon ordre de désigner quelqu’un qui soit chargé de l’organisation de la fête».
L’homme de la situation sera le garde-champêtre monsieur Durieux.
Avant d’examiner les élections, un bref petit rappel des évènements.
1909 - 3 janvier, reconnaissance officielle par les grandes puissances de Moulay Haliz comme sultan,
Paris, fin janvier, le poste de télégraphie sans fil installé sur la Tour Eiffel est relié avec succès à la première station militaire T.S.F située près d’Epinal,
La Haye, 9 février, accord entre Paris et Berlin sur le partage de l’exploitation économique du Maroc.
Dans le même temps, l’Allemagne reconnaît les intérêts particuliers de la France sur ce territoire,
25 février, inauguration des premiers escaliers roulants du métropolitain,
10 novembre, les résultats du recensement montrent une baisse de la natalité, Boutiers Saint-Trojan compte 821 habitants, contre 846 en 1906.
Mais voici les élections des 5 et 12 mai 1912.
Les heureux élus seront :
Henri Renaud, propriétaire à Boutiers
Henri Emery, propriétaire au Solençon
Toussaint Couprie, propriétaire au Solençon
François Cherlonneix, maître tuilier aux Tuileries
Jacques Hériard, propriétaire à Bellair
Achille Caillaud, propriétaire à Boutiers
Aimé Daniaud, propriétaire à Boutiers
Léonard Lestrade, entrepreneur aux Tuileries
Pierre Arraudeau, propriétaire à Saint-Trojan
Henri Guélin, propriétaire à Saint-Trojan
Gaston Gautier, propriétaire à Boutiers
Alexandre Lestrade, propriétaire à Boutiers, le seul élu au second tour.
L’installation du maire Henri Renaud et de l’adjoint Henri Emery s’effectuera le 19 mai.
Invariablement on procède à la constitution des diverses commissions et des répartiteurs.
Puis, on discute des retraites ouvrières et paysannes de la commune.
Début 1913, on apprend que la bascule communale est réparée, et on s’empresse alors d’établir un tarif pour les pesées (en fonction des poids - 25 centimes les pesées de 1 à 250 kgs et de 50 centimes au-dessus). On révisera les tarifs en 1916, les jugeant trop inférieurs vis-à-vis des frais d’entretien et de pesage (050 centimes et 1 franc).
Le social se poursuit avec l’apparition d’une « assistance aux femmes en couches ». Le conseil fixe à 50 centimes par jour, le taux d’allocation à accorder aux femmes privées de ressources.
Toujours en 1913, on achète des « cabines-isoloirs » pour un montant de 40 francs.
Le 22 novembre 1914, la municipalité décide d’établir dans la commune un atelier public de distillation « brûlerie communale ». Mais les évènements de la guerre empêchent certainement cette création, puisque l’affaire est à nouveau évoquée en 1919.
Cette brûlerie sera implantée au lieu dit « le petit Logis » dans un chai appartenant à Moïse Bergeon, au bourg de Boutiers.
Cette dernière période est sans beaucoup d’intérêt d’ordre municipal, aucune nouveauté n’apparaît.
La terrible guerre de 1914-1918 ne permet pas d’entreprendre. On gère au mieux. Pas de grands frais, l’essentiel est basé sur le social. L’aide aux indigents et le soutien aux familles éprouvées par la guerre, sont les principales initiatives du conseil.
Il n’y aura pas non plus d’élections en 1916, il faudra attendre la fin des hostilités pour reprendre un nouveau rythme.
Les élections auront lieu les 30 novembre et 10 décembre 1919.
La guerre est terminée, la vie reprend doucement son cours normal.
Les élections municipales de Boutiers Saint-Trojan (comme dans toute la France) se déroulent les 30 novembre et 10 décembre 1919.
Peu de changement.
On fait confiance à l’ancienne municipalité, qui a correctement manoeuvrée pendant les difficiles et douloureux moments.
L’équipe élue se compose de :
- Lestrade Alexandre
- Renaud Henri
- Caillaud Achille
- Emery Henri
- Couprie Toussaint
- Daniaud Aimé
- Baraud Chasteauneuf
- Bernard Fernand
- Lestrade Léonard
- Godichaud Constant
- Mosnier Léon
- Hubert Pierre.
L’élection du maire et de l’adjoint aura lieu le 11 décembre.
Henri Renaud obtient 11 des 12 voix. Il est renouvelé comme maire.
Au poste d’adjoint, c’est Achille Caillaud qui est élu avec 11 voix contre une à Léonard Lestrade.
Voici en la personne d’Achille Caillaud, un nouveau venu.
Achille est né à Boutiers le 10 février 1868. Son père Jean Caillaud, natif de Genac, est tonnelier à Boutiers. Sa mère, Marie Lambert, est native de Migron.
Le mariage se déroula à Boutiers le 20 janvier 1863. Ils demeurèrent à la Grande Métairie.
Cultivateur puis propriétaire, Achille décéda à Boutiers Saint- Trojan le 10 janvier 1942.
Ce fut en mai 1908, qu’il fut pour la première fois élu au conseil. Réélu en 1912.

En 1920, les biens communaux sont assurés à la Compagnie « la paternelle ». La valeur assurée s’élève à 82 000 francs. La prime annuelle étant de 48.55 francs.
On réactualise les taux de l’allocation mensuelle aux vieillards, infirmes et incurables. A savoir :
- Pain, 2 francs
- Légumes, 1.50 franc
- Viande, 1.50 franc
- Logement, 1.50 franc
- Chauffage, 1.50 franc
- Vêtement, 1 franc
- Eclairage, 1 franc.
Toujours en février 1920, Henri Renaud envoie un courrier au directeur des postes à Angoulême « Le conseil municipal de Boutiers Saint-Trojan a décidé la création à Boutiers d’une cabine téléphonique communale. Je viens vous prier de vouloir bien me donner à ce sujet tous renseignements utiles, notamment le prix approximatif de cette installation étant donné que la distance de Cognac à Boutiers est de 4 kms.
Une ligne qui ne sert plus et qui va de Cognac aux Tuileries de Boutiers dont la distance est à peu près la même pourrait être utilisée, quelques poteaux seulement de cette ligne devront le cas échéant être déplacés
».
Mais la réponse ne fut pas favorable dans l’immédiat.
« J’ai l’honneur de vous faire connaître que dans les circonstances actuelles cette création ne peut être envisagée, mon administration étant dans l’obligation rigoureuse de réserver son matériel disponible pour la reconstitution du réseau électrique des régions libérées ».
Il faudra encore attendre un peu. On doit définir courant 1922, la fixation de 6 jours de vacances supplémentaires pour les écoles primaires. Le choix se porte sur : les 26, 27, 29 et 30 décembre ; un jour pour le mardi gras et le lundi de la fête locale.
C’est en 1923 que l’on reparle sérieusement du téléphone. Le Directeur des postes et des télégraphes de la Charente écrit ceci :
« Comme suite à votre lettre du 24 novembre 1922 et après étude, j’ai l’honneur de vous faire connaître que mon administration centrale a fixé le montant de l’avance à fournir à l’état pour la construction du circuit téléphonique à Boutiers Saint- Trojan-Cognac et d’un réseau à Boutiers Saint-Trojan à 6 920 francs.
Le remboursement de cette somme sera opéré au moyen du produit des communications empruntant le circuit et des redevances d’abonnement au réseau de Boutiers Saint-Trojan. Je vous serais obligé de me faire connaître si la commune accepte ces conditions et dans l’affirmation, de me faire parvenir un extrait de la délibération du conseil municipal qui aura été prise à cet effet. Il reste bien entendu que l’avance demandée est susceptible d’être modifiée suivant les variations du prix du matériel et de la main d’oeuvre employée au moment ou l’administration sera en mesure d’entreprendre les travaux
».
Le conseil municipal accepte les conditions, en demandant que les travaux soient effectués dans les plus brefs délais, et vote les crédits.
On en profite également pour remplacer la boîte aux lettres du bourg, qui était en bois et très usagée, par une en fonte répondant aux normes des P.T.T.
En 1923, on décide d’élever un monument aux morts, à la gloire des fils de la commune tombés au champ d’honneur.
Afin de financer ce projet important, une souscription est lancée.
Lors de la séance du 13 janvier 1924, Henri Renaud fait part de la somme récoltée - 4 112 francs. Ceci ne couvre évidemment pas le montant global - 9 000 francs.
Le reste sera à financer par les impôts.
Le plan et les devis du monument sont acceptés.
Les entrepreneurs sculpteurs sont messieurs L. Borgioli et A. Mayolle, de La Rochefoucauld.
Le choix de l’emplacement communal sera celui du lieu dit « Tour Malakof ».
41 noms seront inscrits sur le mémorial avec pour seule légende « Boutiers Saint-Trojan à ses enfants morts pour la France 1914-1918 ».
L’importance croissante des automobiles dans notre village (dès cette époque) fait prendre diverses mesures de sécurité. Notamment celle-ci :
« En raison des nombreux accidents dus à l’excès de vitesse des automobiles, monsieur le maire propose d’en réglementer la vitesse dans la commune de Boutiers Saint-Trojan. Le conseil après en avoir délibéré décide que dans toutes les agglomérations de la commune, la vitesse des automobiles ne pourra excéder 10 kms à l’heure et 8 kms pour les camions-autos » (1924).
La commune se débat toujours à la recherche de fonds pour financer les emprunts contractés pour les réalisations des projets (cimetière, chemins vicinaux, monument aux morts ....) ses impositions, les diverses assistances (médicales, femmes en couches, infirmes et incurables, familles nombreuses, vieillards .....) le paiement des salaires, etc ....
La gestion n’est pas évidente. Voici un état du budget établi en 1924.
Frais d’administration (y compris salaire des gens de service, les registres d’état civil, frais d’impression des comptes et livres et budgets, timbres, matrices de rôles ....) - 2 509 francs
Remise du receveur municipal - 515 francs
Loyer et entretien de la maison commune - 50 francs
Entretien annuel des propriétés communales - 1 420 francs
Dépenses d’instruction primaires, loyers et entretien des maisons d’école - 700 francs
Entretien des chemins vicinaux - 5 168 francs
Entretien des chemins ruraux - 1 000 francs
Dépenses d’assistance publique - 2 480 francs
Fêtes publiques - 400 francs
Dépenses imprévues - 429 francs
Dépenses du service de l’assistance médicale - 800 francs
Dépenses relatives à l’application de la loi sur la protection de la santé publique - 928 francs
Total des dépenses = 16 400 francs.
Les recettes se chiffrent à = 14 432 francs.
Reste à pourvoir = 1 968 francs.
Henri Renaud présente à son conseil un nouveau devis sur l’édification du monument aux morts. Messieurs Borgioli et Mayolle proposent que la statue allégorique soit en marbre de Carrare au lieu d’être en pierre.
Le montant de la nouvelle dépense est de 11 500 francs (au lieu des 8 000 francs).
Le conseil accepte la proposition et s’ingénie à trouver le financement.
La construction s’acheva probablement fin 1924-début 1925.
Début 1925, une directive préfectorale réglemente les distributeurs automatiques d’essence.
Le conseil fixe alors les tarifs des taxes à percevoir :
Appareils distributeurs fixes alimentés par une canalisation souterraine, pour routes nationales et routes départementales, chemins vicinaux de grande communication, voies urbaines, chemins vicinaux et ruraux - 100 francs
Appareils mobiles sur chariot et canalisations aériennes des appareils partant d’une borne placée hors de la voie publique, routes nationales .......125 francs.
En février 1925, on achète une grille pour entourer le monument aux morts - coût 1 100 francs.
Se profilent à nouveau les élections municipales de mai.
C’est dans cette ambiance que se déroulent les élections municipales des 3 et 10 mai 1925.
Les suffrages se portent sur les candidats des 2 listes
- Achille Caillaud
- Henri Renaud
- Alexandre Lestrade
- Fernand Bernard
- François Cherloneix
- Ludomir Renaud (Liste républicaine de gauche) élu le 10 mai
- Constant Godichaud (Liste républicaine de gauche) élu le 10 mai
- Léon Pouzet (“ “ “ ) élu le 10 mai
- Léonard Lestrade (Liste d’union républicaine et sociale) élu le 10 mai
- Pierre Hubert (“ “ “ ) élu le 10 mai
- Léopold Penaud (Liste républicaine de gauche) élu le 10 mai
- Gabriel Tarazon (“ “ “ ) élu le 10 mai.
Le 17 mai, à 15 heures, on se retrouve salle de la mairie, pour élire le maire et son adjoint.
Henri Renaud, obtenant 7 voix contre 5 à Achille Caillaud, conserve une fois de plus son fauteuil. Achille Caillaud demeure adjoint avec 7 voix contre 4 à Constant Godichaud et une à Ludomir Renaud.
Le 4 octobre 1925, le maire Henri Renaud annonce que l’inauguration du monument aux morts de la guerre est fixée au 11 octobre. A cet effet, on prévoit des frais.
Le 7 décembre, on procède au dénombrement de la population, un crédit de 500 francs sera débloqué pour les dépenses.
Il y aura 691 habitants dénombrés à Boutiers Saint-Trojan.
Une déclaration des surfaces ensemencées en céréales, fait état pour notre commune de :
210 hectares de blé et de 251 hectares d’orge.
En 1927, la municipalité fait savoir son mécontentement après l’annonce que l’entretien de la Charente est suspendu entre Montignac et Cognac, puisque la voie n’est plus navigable.
« Que la Charente de Montignac à Cognac, traverse plusieurs villes et villages et qu’il y aurait un grave danger à la laisser envahir par les boues, les herbes et les joncs, dont la décomposition ne manquerait pas de provoquer des épidémies, surtout dans les localités qui s’alimentent d’eau puisée directement dans la rivière ».
On demande donc que les crédits soient maintenus pour permettre chaque année le dragage, le nettoyage des rivières et des écluses, favorisant ainsi l’écoulement plus rapide des eaux ce qui atténuera les inondations si préjudiciables aux récoltes et aux prairies riveraines.
Par contre, dans un même temps on s’oppose au curage de la Soloire.
« Considérant que le curage de la rivière Soloire proposée par l’administration des Ponts et Chaussées ne présente aucun caractère d’utilité publique, tant au point de vue de l’hygiène qu’au point de vue des propriétés riveraines.
Que l’état de ce cours d’eau est tel qu’il a toujours été sans qu’on ait eu à souffrir de son défaut de curage.
Considérant d’autre part, que les frais que nécessiterait le travail proposé seraient très élevés et tout à fait hors de proportion avec l’intérêt en jeu.
Que dans ces conditions le conseil ne peut que protester contre le curage proposé
».
L’aspect financier était encore en toile de fonds.
Un projet d’électrification était en cours. Un syndicat d’étude avait été constitué le 12 décembre 1926, regroupant les communes de Boutiers, Ars, Châteaubernard, Gimeux, Merpins et Saint-Brice.
Le 22 janvier 1928, le conseil municipal accepte le dossier qui s’élève à la somme importante de 128 050 francs.
Evidemment, on a d’abord recours à un emprunt local (banque).
Le siège social du syndicat est fixé à Châteaubernard.
L’endettement de Boutiers Saint-Trojan était important, mais l'intérêt était d'utilité.
Les 5 et 12 mai 1929, de nouvelles élections municipales se déroulent.
Elles portent « au pouvoir » :
- Achille Caillaud, de Boutiers
- Henri Renaud, de Boutiers
- Léon Mosnier, de l’Etang
- René Barraud, de la Maison Brûlée
- Fernand Bernard, de Saint- Trojan
- François Cherloneix, des Tuileries
- Léonard Lestrade, du Belvédère
- Jules Joussan, de Saint-Trojan
- Ernest Lambert, de Boutiers
- Léopold Robinaud, de Saint- Trojan (élu au second tour)
- Gabriel Tarazon, de Saint- Trojan (élu au second tour)
- Paul Lestrade, de Boutiers (élu au second tour).
L’élection du maire et de l’adjoint s’effectue le 19 mai.
Henri Renaud est une nouvelle fois élu maire avec 10 suffrages (contre 2 à Robinaud Léopold).
L’adjoint n’est autre qu’Achille Caillaux, avec 9 voix (Gabriel Tarazon ayant 2 voix et Léon Mosnier 1 voix).
Le 22 janvier 1930, le sous- Préfet de Cognac valide une nouvelle association à Boutiers :
Le Cinéma rural et scolaire.
Ce dernier ayant pour but « de distraire les habitants de la commune par des films sélectionnés, moraux, récréatifs et instructifs».
Puis, on reparle de la construction du chemin rural de Saint- Marmet à Saint-Trojan, toujours pas terminé.
Par prévention, la commune de Boutiers Saint-Trojan, contracte une assurance incendie sur les conseils du maire de Cognac, Paul Firino Martell.
A la demande des habitants de Saint-Trojan, l’ancien cimetière du village est transformé en place publique. En effet, il est constaté qu’aucune sépulture depuis plus de trente ans n’a été faite.
Un simple aplanissement (sans trop de frais) est suggéré.
En ces années, la commission des fêtes (ancêtre de notre comité) est composée de messieurs Tarazon, Barraud, Caillaud, Mosnier et Bernard.
L’année 1931 est riche en réunions municipales.
D’abord, le recensement de la population affiche 716 habitants.
Ensuite, on signale que l’effectif scolaire justifie l’emploi d’une adjointe à la classe enfantine à l’école de fille.
Devant ce besoin, il convient de créer de nouvelles constructions scolaires.
Les locaux étant jugés trop étroits et non conformes aux normes de l’époque.
L’inspecteur d’académie avait fait un rapport en ce sens. Il fallait donc : construire une classe enfantine, faire l’acquisition de mobilier scolaire, élever un réfectoire avec vestiaires et lavabos, deux buanderies.
Là aussi, un emprunt doublé d’une demande de subventions auprès de l’État et du département fut décidé.
La réalisation du programme devait coûter 75 000 francs. On en prit pour 30 ans. La modernisation était à ce prix, et l’on commença les travaux sans attendre les subventions.
Un arrêté ministériel du 31 juillet 1936, alloua à la commune une subvention de l’ordre de 43 560 francs.
Les élections municipales se déroulent les 5 et 12 mai 1935.
L’équipe élue se compose de :
- Henri Renaud, de Boutiers
- Achille Caillaud, de Boutiers
- Léon Mosnier, de l’Etang
- Fernand Bernard, de Saint- Trojan
- Alexis Cherloneix, des Tuileries
- Maurice Tessier, de Boutiers
- Jules Joussan, de Saint-Trojan
- René Barraud, de la Maison Brûlée
- Edmond Dumas, des Tuileries
- Ernest Lambert, de Boutiers
- Robert Lépouchard, de Saint- Trojan
- Gabriel Tarazon, de Saint- Trojan.
Le duo Renaud-Caillaud sera très logiquement ré-élu maire et adjoint, le 19 mai.
Henri Renaud réalise une véritable prouesse. Élu maire en mai 1900, il conserve les commandes de la mairie et maintient admirablement le cap.
Depuis 1885, il est impliqué dans les affaires communales. Il mérite le qualificatif de « grand serviteur ».
Sa popularité est extrême, puisqu’il n’hésite pas à reprendre un nouveau mandat à l’âge de 84 ans. Les années n’ont pas de prise sur lui.
Fin 1935, le conseil donne un avis défavorable au projet d’installation d’une agence postale (recrutement de personnel, frais important ....).
En 1936, il est à nouveau question de la classe enfantine. Une subvention du ministère vient finalement d’être accordée à Boutiers, pour un montant de 43 500 francs. La mairie devra quant à elle, voter un emprunt de 23 500 francs. Ainsi, la construction de l’école enfantine, d’un réfectoire et de deux buanderies pourra commencer. En effet, les deux maîtresses de filles étaient avec leurs 75 élèves, confinées dans un espace très étroit. Les conditions d’hygiène et de sécurité étaient très loin d’être idéales (la maîtresse adjointe étant arrivée à Boutiers en octobre 1931).
Louis Martinot, entrepreneur à la Petite Arche et Edouard Guélin de Saint-Trojan, réaliseront les travaux.
L’architecte de Cognac, monsieur Clavery perçoit à cet effet, la somme de 1 200 francs pour ses honoraires.
Divers sujets sont abordés en cette année. D’abord, le droit de vaine pâture à la prairie de Corbières, sera en raison du mauvais temps, repoussé. En effet, les propriétaires et fermiers ne pouvant retirer leur foin avant le 25 juillet (époque fixée pour la vaine pâture), on repousse le pacage au 20 août (beaucoup de pluie - le même problème qu’en 1932).
A cette même période, on nomme une commission pour surveiller l’arrachage de la vigne, selon les décrets.
Toujours en 1936, le conseil municipal « très moderne », conscient que les postes T.S.F. peuvent jouer un rôle certain pour la prospérité économique, agricole et touristique de la région, demande une extansion plus grande de « RadioBordeaux-Sud-Ouest » (une plus large puissance d’émission). Les Cognacs des Charentes doivent autant que les Vins de la Gironde avoir leur antenne.
Les problèmes liés aux voies sont devenus des plus quotidiens.
L’entretien du chemin de grande communication de Châtenay retient l’attention et la vigilence de nos responsables.
Plusieurs accidents sont déjà survenus entre les rails de la voie ferrée de messieurs Garandeau et le passage automobile (tramway Daunizeau) – « notamment un accident d’automobile dans lequel les deux occupants de la voiture ont été tués et de nombreux accidents à des bicyclistes ». On parle de cylindrage ou de goudronnage.
De nos jours, où nous parlons beaucoup d’insécurité, et particulièrement des risques encourus par nos représentants de l’ordre, la municipalité de Boutiers dégage une somme de 20 francs pour participer à l’érection d’un monument à Paris, à la mémoire « des gendarmes morts victimes de leur devoir ».
Les soucis et frais inhérents aux installations et entretiens des canalisations sont aussi très présents (dès les années 20).

L’esprit d’entreprise règne dans notre petite commune, à l’instar de monsieur Raymond Cavard, épicier aux Tuileries de Boutiers, qui demande la permission d’installer une pompe à essence le long dans le mur de façade de son immeuble. Le commerce est à son apogée.
C’est alors, que le maire Henri Renaud, probablement malade, demande sa démission.
Âgé de plus de 85 ans, il passe le flambeau. Il a bien mérité de se reposer ; toute sa vie, il a oeuvré pour le bien-être de sa commune.
Il ne profitera guère de son repos, puisqu’il décèdera à Boutiers le 14 juin 1939.
Il justifie son arrêt d’activité par une lettre du 28 juillet 1937 :
« Monsieur le sous-Préfet, Ma santé ne me permettant plus de travailler utilement pour la commune, j’ai l’honneur de vous remettre ma démission de maire de la commune de Boutiers Saint-Trojan, fonction que j’occupe depuis 37 ans, veuillez ..... ».
Une nouvelle page de l’histoire de Boutiers Saint-Trojan va s’inscrire.

 
Achille CAILLAUD
(BST 10-02-1868 / BST 10-01-1942)
Cultivateur

1937 - 1941
Nous ne reviendrons pas sur la vie d’Achille Caillaud, puisque nous l’avons déjà traité précédemment.
Ce « dauphin » d’Henri Renaud, fut élu son adjoint dès le 11 décembre 1919.
C’est donc tout naturellement qu’il fut désigné maire après la démission de monsieur Renaud.
Il endosse les fonctions de maire de Boutiers Saint-Trojan le 17 août 1937. Il obtient 10 voix.
Sa mouvance politique est l’U.R.D.
Lors de la réunion du conseil municipal du 25 août, on procède à l’élection du nouvel adjoint.
Les suffrages se porteront sur Maurice Tessier, radical indépendant. Il bénéficiera de 9 voix.
Nous reparlerons de ce dernier dans le prochain chapitre.
L’équipe poursuivait sa marche.
Rappelons que Boutiers SaintTrojan gère un budget comportant en cette année 1937, des recettes pour un montant de 58725 francs et des dépenses s’élevant à 48 642 francs. Henri Renaud était parti avec une gestion des plus saines.
La première démarche du maire sortant fut de remercier son prédécesseur pour le travail accompli :
« Monsieur Henri Renaud, actuellement âgé de 86 ans, est resté sans interruption maire de la commune de Boutiers SaintTrojan pendant 37 ans. L’estime générale dont il était entouré et les services qu’il avait rendus au Pays ont été reconnus par le Gouvernement et le 15 novembre 1936, monsieur Henri Renaud a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Il a sonné sa démission de maire le 27 juillet dernier en raison de son âge et de son état de santé et il apparait qu’il conviendrait en reconnaissance des services rendus par lui à la commune de le nommer Maire Honoraire ».
Puis on se met au travail. En raison des fortes gelées, le mois de décembre 1938 a durement éprouvé la viticulture.
« Les gelées exceptionnelles de décembre dernier ont causé au vignoble charentais un dommage considérable. Qu’on peut évaluer à un assez grand nombre d’hectares la superficie des vignes complétement détruites dans la commune, ainsi que dans les communes voisines. Qu’il en résulte pour les propriétaires, non seulement la perte totale de la récolte de cette année, mais la nécessité de remplacer le vignoble en s’imposant des frais énormes et en restant privés de toute récolte pendant au moins 4 ans. Que c’est dans ces conditions, la ruine totale de la plupart des sinistrés ».
On réclame donc auprès des pouvoirs publics, des indemnités.
On s’attaque ensuite à un plan d’alignement de la voie urbaine de Saint-Trojan.
De nombreux rétrécissements rendaient la circulation dangereuse, notamment de la voie allant du mur de clôture de Fernand Bernard au carrefour du chemin de « Pique-bœufs » en passant devant le vieux four (toujours à l’ordre du jour fin décembre 1941).
Début 1939, le maire fait part d’une erreur survenue au sujet de l’indemnité versée au gardechampêtre de la commune, Léopold Grené. Un mandat de 400 francs (au lieu de 100) lui a été « généreusement » attribué (qu’il a encaissé).
On demandera au sieur Grené de restituer la somme de 300 francs.
Avec le conflit de 1939, bon nombre des enfants de Boutiers Saint-Trojan sont incorporés, laissant souvent leur famille dans la peine.
Le conseil municipal accorde des allocations dites militaires aux plus nécessiteux. Les dossiers sont examinés au cas par cas.
« Madame Boulestin, née Feniou Marie-Laure, pour son mari Gabriel Boulestin, mobilisé le 26 août, Madame Brard, née Mesnard Marguerite, pour son mari Brard Marc-Lucien, mobilisé le 26 août, Madame Sicot, née Thomas Marie, pour son mari Sicot Paul-Marcel, mobilisé le 27 août, Madame Dessouchet, née Bouin Marie, pour son mari Dessouchet Louis, mobilisé le 27 août, Madame veuve Joubert, pour son fils Joubert Albert, mobilisé le 29 août, Madame Lacombe, pour son mari Gabriel Lacombe, mobilisé le 29 août ».
La guerre a aussi pour effet de nommer un régisseur comptable pour effectuer le paiement des allocations aux réfugiés mosellans. De nombreuses familles mosellanes, fuyant les combats vinrent s’expatrier dans nos régions.
Boutiers Saint-Trojan aura son lot d’émigrants.
Ces derniers, en provenance de Rouhling, arrivèrent à Boutiers Saint-Trojan le 11 septembre 1939.
Dans un premier temps, une allocation d’un montant de 4 francs par jour pour les enfants de 8 ans au plus, et 8 francs pour les enfants de plus de 8 ans et les adultes leur sera versée. Puis, à partir du 1er octobre c’est le régisseur qui attribuera une somme forfaitaire aux chefs de famille.
C’est l’adjoint, Maurice Tessier qui sera nommé à cette délicate fonction (1er octobre 1939).
On note que depuis les premiers évènements, la mairie s’était dotée d’un secrétaire de mairie titulaire en la personne de monsieur Quittet, instituteur communal. Ce dernier ayant été à son tour mobilisé au début 1940, c’est madame Raymonde Martinot qui fit office de secrétaire de mairie à sa place (peu de temps en réalité).
Boutiers Saint-Trojan compte à la mairie 3 salariés (exception faite des instituteurs) - le garde-champêtre, le cantonnier et le secrétaire de mairie.
Par contre, lors des séances du conseil, le secrétaire demeure toujours l’un des membres du conseil.
Certains conseillers sont euxaussi sur le front - notamment Alexis Cherloneix qui sera par la suite prisonnier de guerre.
La vie continue pourtant.
Le 29 août 1940, le ministère des beaux-arts se propose de classer le site de Saint-Marmet – « site constitué à Saint-Marmé par une vieille église en ruines recouverte de lierre et les cyprès du cimetière voisin ».
Une nouvelle secrétaire de mairie (temporaire) est nommée le 1er novembre 1940, il s’agit de madame Alsace Sainturat.
Elle percevra un salaire de 3 880 francs par an (porté à 5 000 francs en octobre 1941).
Au début de l’année 1941, on crée une cantine scolaire. Mais, le 26 janvier, une subvention est réclamée à l’État ministère de l’éducation nationale), en vue de procéder à la réfection des cours de l’école communale. La superficie de 1 000 mètres carré ne présentant pas les pentes nécessaires à l’écoulement des eaux. Le devis s’élève à 8 000 francs.
Dans le même temps (8 mai) l’Inspecteur d’Académie demande en urgence l’agrandissement des fenêtres de l’école – « en raison du manque d’air et de lumière ». Le total des travaux avec ceux de la réfection de la cour se chiffre à 14 200 francs
Le 1er février, monsieur René Renaud, devient le président de la société « la jeunesse sportive de Boutiers » (probablement le club de football). Une demande de terrain est alors effectuée à la municipalité.
Lors de l’attribution ou non de l’assistance médicale gratuite pour les réfugiés de la Moselle (1941), nous avons une liste de cette population...
Le 15 septembre 1941, devant le surcroît des tâches administratives, on nomme une secrétaire adjointe à madame Sainturat Alsace.
« Cette aide étant indispensable pour que les différents services de la mairie puissent être assurés d’une façon normale en raison notamment du travail nécessité par le développement donné au service du ravitaillement et de la carte d’alimentation ».
Mademoiselle Trijaud Yvette, de Boutiers, est pourvue de ce poste, avec un salaire de 150 francs par mois.
Le 28 septembre, le Commissariat général à l’éducation générale et aux sports demande à la commune de Boutiers Saint-Trojan de fournir un terrain, distant de 500 mètres de l’école, et destiné à être aménagé comme terrain de sport scolaire, d’éducation physique et de football.
Le terrain retenue est celui appartenant à mademoiselle Fernande Daniaud (1 hectare).
Cette dernière consent à louer à l’amiable pour une durée de 18 ans. La location annuelle est de 1 800 francs (payable par trimestre).
L’aménagement de ce terrain reviendra à la somme de 53 000 francs. Une nouvelle subvention est invoquée.
Achille Caillaud, se sentant fatigué, décide à son tour de jeter l’éponge. Il est âgé de 74 ans.
Il écrit au sous-préfet courant décembre 1941.
La démission sera effective début janvier 1942.
Malade, Achille Caillaud quitte la scène politique de Boutiers Saint-Trojan fin décembre 1941.
Il était temps, puisqu’il décède le 10 janvier 1942.
Le contexte national est périlleux, il faudra relever le défi, rassurer et aider la population.
Les temps difficiles s’annoncent.

 
Louis-Maurice TESSIER
(Baignes Ste-Radegonde 03-11-1874 /
BST 08-04-1952)
Commis des Ponts et Chaussées

1941 - 1944
Louis-Maurice Tessier né à Baignes le 3 novembre 1874, est le fils de Louis Tessier, maître de chai, et de Marie Hays.
Maurice exerce ensuite la profession de commis aux ponts et chaussées.
Le 1 juillet 1899, il épouse à Boutiers Saint-Trojan,, Prélide Couturier, fille de Jean et de Léontine Moyet.
Les familles Couturier et Moyet ont déjà fourni bon nombre de maire et conseillers municipaux à la commune de Boutiers SaintTrojan.
C’est en mai 1935 que Maurice Tessier devient pour la première fois, conseiller municipal dans l’équipe d’Henri Renaud.
Lors de la démission de monsieur Renaud, c’est Achille Caillaud qui prend les rênes de la mairie, et prend pour adjoint le 17 août 1937, Maurice Tessier.
A son tour malade, Achille Caillaud démissionne fin décembre 1941 et de nouvelles élections internes pour occuper les postes vacants se déroulent en janvier 1942.
La séance extraordinaire du 6 janvier 1942 permet de désigner les nouveaux responsables.
Le conseil (enfin ce qu’il en reste, un décès, une démission, un prisonnier de guerre, etc ....) élit le maire et les adjoints.
Le président ouvre la séance en rappelant « que par sa lettre du 24 décembre 1941, le Préfet a accepté la démission des fonctions de maire et de conseiller municipal présentée le 19 par monsieur Achille Caillaud, en raison de son âge et de son mauvais état de santé et a nommé monsieur Maurice Tessier, adjoint au maire de Boutiers Saint-Trojan délégué pour assurer la fonction de maire de la commune ».
Il n’est pas immédiatement nommé maire, car il faut attendre les prochaines élections légales.
Seul un adjoint faisant office de maire (ou maire provisoire) est désigné.
Maurice Tessier accepte cette proposition, mais demande d’être assisté (conformément aux instructions de l’administration préfectorale) par deux adjoints.
« Dans l’exercice des nouvelles fonctions qui lui sont confiées et pour le seconder sans sa tâche, particulièrement difficile en ce moment .... ».
Les adjoints désignés seront :
Alexis Cherloneix (toujours absent car prisonnier de guerre) et Robert Lépouchard.
Le conseil à l’unanimité donne son approbation, et tient une nouvelle fois à saluer le travail et le courage d’Achille Caillaud démissionnaire.
MàJ récente« Le conseil adresse à monsieur Achille Caillaud qui, depuis deux ans, a donné le meilleur de luimême pour l’administration de la commune, l'expression de sa sympathie et de l’amitié de tous ses collègues avec tous ses souhaits pour l’amélioration de sa santé »
La nouvelle équipe se compose de : Maurice Tessier, Léon Mosnier, Jules Joussan, Ernest Lambert, Edmond Dumas, Baraud René, Robert Lépouchard, Alexis Cherloneix et Gabriel Tarazon (perpétuel absent pour des raisons qui semblent tenir du désaccord).
La première mesure prise est d’augmenter le salaire des employés communaux :
Madame Sainturat, 700 francs/mois, Yvette Trijaud, 200 francs/mois, Léopold Grené, garde-champêtre, 400 francs.
Le 27 février 1942, on désigne un nouveau régisseur-comptable pour le paiement des allocations aux réfugiés.
Devant l’ampleur du travail de la secrétaire de mairie Alsace Sainturat, on nomme pour l’aider mademoiselle Hélène Tessier, propriétaire à Boutiers (fille du maire Maurice Tessier).
Les frais du bureau du maire (commandé en 1941) s’élèvent à la somme de 2 300 francs.
Nous sommes en période de guerre en cette année 1942. Des demandes de secours se mettent en place :
« 17 février 1943, Tessier, maire de Boutiers SaintTrojan.
A monsieur le maire de la ville de Cognac.
Monsieur le Maire,
Je reçois votre lettre du 12 courant me demandant de faire partie du comité cantonal d’accueil aux évacués de la zone côtière.
Je suis très sensible à votre demande et vous prie de compter sur mon acceptation empressée.
Veuillez agréer, monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments dévou
és ».
Le 17 avril, il est question d’aménager le terrain scolaire d’éducation physique et sportive, car il est trop boueux. Le montant des travaux dépasse le budget initial.
Le 30 mai 1943, la préfecture procède à des collectes de blé, car le pays manque cruellement de pain et il est fait appel à la mobilisation de tous.
Boutiers Saint-Trojan est peu concerné, son agriculture n’étant que peu basée sur les grains.
Mais un effort est fait.
En ces périodes troublées, les budgets sont de plus en plus consacrés aux aides aux réfugiés, nécessiteux de tous genres, vieillards, femmes en couche ....etc....
Le 1er juillet 1943, Georges Léris Lhermitte est nommé aidesecrétaire de mairie en remplacement d’Yvette Trijaud - son salaire sera de 250 francs/mois.
Le 7 février 1944, on est obligé de louer une salle (appartenant à André Laurent, de Jarnac), afin d’y stocker le bois de chauffage des écoles et de la mairie, et le matériel communal.
Divers projets fusent alors au sein du département. D’abord, celui d’un projet d’aménagement d’un groupement d’urbanisme des communes des cantons de Segonzac, Cognac, Jarnac et Châteauneuf, en vue de « Permettre un développement plus rapide et plus rationnel des trois centres compris dans le regroupement tout en conservant et améliorant au point de vue touristique de la vallée de la Charente ».
Devant le caractère d’intérêt général du projet, le conseil donne son adhésion.
Le second dessein est la remise en état de la rivière Charente.
Les travaux d’amélioration et d’entretien sont estimés à 5,2 millions de francs.
La participation de la commune de Boutiers Saint-Trojan est fixée à 1 000 francs/an.
Puis, vient un programme de distribution d’eau potable.
Mais la conjoncture prend une tournure nouvelle.
L’Allemagne capitule. Les administrations françaises se doivent de changer « de têtes ».
Les responsables sont souvent taxés d’avoir été conciliants avec le gouvernement de Vichy.
Des réactions se font jour, ici et là. Une purge plus ou moins violente est en route.

A Boutiers Saint-Trojan, on assiste le 4 octobre 1944, à la dissolution du conseil municipal en place.
« République Française - Liberté - Egalité - Fraternité
Préfecture de la Charente - Cabinet du Préfet Gouvernement provisoire de la République Française.
Le chargé des fonctions Préfectorales de la Charente, vu l’ordonnance du 3 juin 1943, portant institution du Comité Français de la Libération Nationale ;
Vu l’ordonnance du Commissaire à l’Intérieur du Comité Français de la Libération Nationale, portant création de Commissariats Régionaux de la République Française ;
Vu l’ordonnance du 21 avril 1944 du Comité Français de la Libération Nationale, portant organisation des pouvoirs publics en France et notamment les articles 3-4-5-6 et 7 ;
Vu la circulaire n° 17 de monsieur le Ministre de l’Intérieur ;
Vu l’arrêté du commissaire Régional de la République pour la région de Poitiers, portant délégation de pouvoirs au chargé des fonctions préfectorales de la Charente ;
Vu les instructions du comité national de la Résistance ;
Sur la proposition du comité départemental de Libération de la Charente ;
Arrête :
Article 1er - Le conseil municipal de la commune de Boutiers Saint-Trojan est dissout.
Article 2 - Il est institué dans la commune de Boutiers Saint-Trojan une délégation municipale composée comme suit :
Président : Renaud René
Vice-Président : Tarazon Gabriel
Membres : Mme Trijaud Céline, Dumas Edmond, Marcel Quittet, Gabriel Lacombe, Maurice Charruau et Armand Blanchard.
Article 3 - Le présent arrêté dont l’application est immédiate sera soumis dans un délai de 8 jours à la ratification de monsieur le Commissaire Régional de la République.
Angoulême le 4 octobre 1944 - Le chargé des fonctions préfectorales de la Charente J. Garnier
».
La transmission des pouvoirs du conseil municipal à la délégation municipale nommée par arrêté préfectoral, s’effectue dans les règles. Un procès-verbal de notification est dressé quelques jours après.
« Le 22 octobre 1944, à 15 heures, se sont réunis, dûment convoqués à la mairie de Boutiers :
1er, les membres du conseil municipal ci-après désignés - messieurs Tessier Maurice, adjoint faisant fonctions de maire ; Mosnier Léon ; Tarazon Gabriel ; Dumas Edmond ; (messieurs Tarazon Gabriel et Dumas Edmond sont également membres de la délégation municipale).
Absents : Lépouchard Robert, Lambert Ernest et Barraud René.
2ème, les membres de la délégation municipale ci-après désignés : messieurs René Renaud, Président ; Tarazon Gabriel, Vice-Président ; Mme Trijaud Céline, Quittet Marcel, Charruau Maurice, Dumas Edmond, Lacombe Gabriel et Blanchard Armand.
Sous la présidence de monsieur Tessier Maurice, adjoint faisant fonction de maire.
Monsieur Quittet Marcel a été désigné pour remplir les fonctions de secrétaire qu’il a acceptées. Monsieur Tessier Maurice a ouvert la séance et donné lecture de l’arrêté préfectoral cidessus (du 4 octobre 1944).
Conformément aux instructions préfectorales, un exemplaire de cet arrêté sera affiché pendant 10 jours, du 22 octobre au 31 octobre 1944, à la porte de la mairie. Après cette lecture et cette déclaration faites, le présent procès-verbal, qui comporte la transmission à la date de ce jour des pouvoirs du conseil municipal de la commune de Boutiers Saint-Trojan à la délégation municipale indiquée ci-dessus, a été déclaré clos et tous les intéressés présents ont été invités à y apposer leur signature.
Nous adressons au chef du gouvernement provisoire de la République, l’assurance de notre confiance, nous accordons toute notre admiration à ce grand Français qui dans les heures les plus sombres de notre histoire n’a jamais douté de la destinée de la Patrie - Au Général de Gaulle qui est resté l’apôtre et le défenseur de notre fière devise républicaine - Liberté, Egalité, Fraternité
».
Ainsi prenait fin ce conseil municipal de transition nommé le 6 janvier 1942 (après la démission d’Achille Caillaud).
Maurice Tessier, jamais maire de fait, cède la place.
Âgé de 70 ans, il se retire pour une courte durée des fonctions municipales. Car, il va être élu dans le prochain conseil en mai 1945. Preuve que nos responsables furent pleinement appréciés pendant cette sombre époque.
Il décède à Boutiers Saint-Trojan le 8 avril 1952

Photo disponible en survolant le nom du Maire...

René-Louis RENAUD
(BST 06-05-1898 / BST 07-09-1964)
Propriétaire

1944 - 1964
Photo disponible en survolant le nom du Maire...

Gabriel-Ludovic TARAZON
(BST 28-03-1897 / BST 02-11-1972)
Agriculteur

1964 - 1965
Photo disponible en survolant le nom du Maire...

Paul GIRAUD
(Nercillac 06-12-1927 / BST 12-05-2014)
Propriétaire - Cultivateur

1965 - 1977
Photo disponible en survolant le nom du Maire...

Jacques CONVERT
(Creil 26-04-1933 / La Rochelle 22-03-1998)
Architecte

1977 - 1980
Il démissionna en 1980.
Puis Jacques Convert fut Directeur du CAUE 17 (Conseil d'architecture d'urbanisme et de l'environnement de la Charente-Maritime) du 1er mars 1980 au 30 juin 1995.

Photo disponible en survolant le nom du Maire...

Robert RICHARD
(Aumagne 22-05-1945 / BST 03/12/2021)
Expert en sécurité dans l'industrie
1980 - 2014
Photo disponible en survolant le nom du Maire...

Philippe NIFENECKER
(né en 1948...)
Médecin généraliste
2014 - 2020
 
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Jean-François BRUCHON
Responsable de service
2020 - ....
 



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