Balades à Boutiers St Trojan ...
Pont sur Le Solençon vers 1900 
Vies et coutumes d'autrefois (2/2)...


Retour 1ère partie ... 

CE N'ETAIT PAS ENCORE LE TGV
En 1927, mon patron avait entrepris la peinture d'une maison de maître dans une propriété située à Langlé près d'Aigre. Il n'avait pas de voiture pour se déplacer, d'ailleurs il y avait peu de voiture à cette époque (il n'y en avait qu'une sur la commune de Boutiers à Bel-Air...), aussi les déplacements méritent d'être racontés.
Pour aller à Aigre avec bagages et de quoi travailler la semaine, nous avons pris le train en gare de Cognac vers 7h00 jusqu'à Jarnac puis changement de train et nous prenons le chemin de fer départemental dit "économique" et tout doucement en passant par Sigogne et Rouillac, nous arrivâmes à Aigre vers 13h00 en zigzaguant dans la campagne car le train s'arrête à toutes les fermes d'où on lui faisait signe. Souvent, chauffeur et mécanicien vont faire un brin de causette avec la fermière et quelquefois boire un coup (l'alcoomètre n'est pas inventé ...). A Aigre, nous nous chargeons de nos bagages et à pied, nous entreprenons les 4 kms qu'il nous reste pour arriver à Langlé où nous arrivons vers 14h00. Petite moyenne, 7 heures pour faire une quarantaine de kilomètres...
Il ne nous restait plus qu'à travailler. Nous étions nourris et couchions sur place. Les distractions manquant et loin de tout, le programme était manger, dormir et travailler. Nous travaillions 10 à 11 heures par jour. Autres temps, autres moeurs... Mais nous étions contents le chantier fini, de retrouver Cognac et notre vie habituelle.

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MERCI, MADAME L'EPICIERE
Quand nous étions gamins, faire du sport n'était pas bien vu de nos parents. Aussi pour taper dans une balle, il fallait se débrouiller. La balle était quelquefois remplacée par des chiffons ou de la toile de sac roulés très serrés et attachés avec de la ficelle. Notre terrain de jeu était "la chaume" aujourd'hui la place de l'église. Un des buts était entre deux arbres, face à la porte de l'église et quand, pendant les offices, la balle tapait dans la porte, nous avions droit aux félicitations des fidèles assistant à la messe...
Une journée, l'une des épicières a mis à l'étal une tombola dont le 1er lot était un ballon. Pensez si nous le convoitions ! Cette tombola était comme dans les fêtes foraines, des billets roulés avec des petits lots mais ce qui nous intéressait, c'était le ballon... Nos modestes ressources, quelques sous gagnés à conduire les chevaux pour labourer les vignes ou à faire de menus travaux (pomper l'eau au port Boutiers...) ne nous permettait pas d'acheter tous les billets. Nous avons donc mis nos sous en commun et quand nous avons eu le nécessaire pour acheter tous les billets restant, nous avons emporté billets et ballon. Mais l'épicière avait été surprise car nous avons déroulé nos billets et n'avons pas trouvé le billet gagnant le ballon ?!!
Nous n'avons rien dit mais personnellement, merci Mme l'épicière, car vous m'avez guéri de la passion des jeux de hasard des fêtes foraines ...
Cette histoire date du début du siècle et nous en parlons encore avec les quelques survivants de cette époque.

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ON TUE LE COCHON
Le repas de cochon était prétexte à une réunion de famille, de voisins et d'amis, prévu assez longtemps à l'avance en hiver. C'était un jour de liesse !
Il y avait dans le village 1 ou 2 spécialistes (plus ou moins adroits...) pour tuer le goret. C'était un vrai spectacle. Il fallait d'abord sortir le cochon du toit. Plus ou moins facile car on ne lui avait pas donner à manger la veille. Sorti du toit, il était étendu sur une échelle, la tête plus basse que le reste du corps. Le tueur munit d'un couteau très affûte cherchait l'artère sous le cou et la coupait. Suivant l'adresse du tueur, il saignait très vite ou bien criait pendant de longues minutes ... Le sang était précieusement recueilli dans une bassine sans arrêter de la brasser. On en faisait des boudins.
Quand le goret était bien mort, on l'étendait sur de la paille bien sèche et on faisait flamber la pauvre bête pour brûler les poils et gratter la couenne. Après, le goret remis sur l'échelle était dressé tête en bas le long d'un mur. Il était ouvert et vidé de ses tripes. Puis c'était l'heure du casse croûte bien arrosé...
Les femmes nettoyaient les tripes, épluchaient les oignons et autres ingrédients et c'était la confection des boudins. A midi, on mangeait "la pire". Le lendemain, le goret bien froid était découpé, les jambons préparés. Au repas du midi, on mangeait les cotes premières frites, un véritable délice ! Puis le gras était découpé en petits dés que l'on faisait fondre dans un grand chaudron dans la cheminée en touillant sans arrêt. C'était la place de la femme la plus âgée, assise sur une chaise en brassant la graisse. Il fallait veiller à ce qu'elle ne s'endorme pas. Les jambons étaient préparés pour être mis à saler. Les rôtis et autres étaient conservés dans la graisse. Les saucisses et boudins préalablement cuits étaient suspendus au plafond à sécher jusqu'à leur consommation.
La coutume voulait que l'on fasse cadeau aux voisins et amis de rôtis, boudins et saucisses. Cela s'appelait "faire des présents". Les gens nous rendaient la pareille quand ils tuaient leur goret. Ce qui fait que l'on mangeait de la viande de porc tout l'hiver. Le repas était souvent accompagné d'une salade de pissenlit que les hommes allaient chercher pendant que les femmes coupaient la viande. Ils disaient de cette salade : "O dégraisse la goule..."
Ce repas était une fête et un lieu de rencontre très apprécié de tous. On mangeait et on buvait bien ...

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UN SYNDICAT VICTIME DU PROGRES
Pendant mon apprentissage commencé en 1924, j'avais souvent entendu les compagnons plus âgés, employer l'expression : "Camarade syndiqué de la charrette à bras".
Je n'avais jamais su l'origine de cette phrase. Dernièrement, en lisant une nouvelle signée Gabriel Maitre, compagnon ébéniste, j'ai eu l'explication de ce terme.
Il existait à Cognac en ce début de siècle, un syndicat des transporteurs à bras. Leur président fut pendant longtemps Mr Mignon. Quand les adhérents mouraient, il prononçait l'éloge funèbre, très court et toujours le même : "Camarade syndiqué de la charrette à bras, dors en paix, les patrons ne t'emmerderons plus ...!".
A cette époque en effet, la charrette à bras était le moyen de déplacement le plus fréquent, et beaucoup de patrons considéraient ouvriers et apprentis comme bêtes de trait. Il n'était pas rare d'aller à 8 ou 10 kms avec la charrette à bras et les routes n'étaient pas goudronnées. Et si nous rouspétions d'être trop chargés, la réponse était : "tu trouveras bien un couillon pour t'aider...". Et souvent un piéton ayant pitié de nous, aidait à pousser la charrette en faisant un bout de route et la causette avec nous ...

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LES GLACIERES D'AUTREFOIS
Si aujourd'hui avec frigidaire et congélateur, le fait d'avoir de la glace l'été n'est plus un problème, il n'en était pas ainsi autrefois...
Aussi, depuis très longtemps, nos ancêtres ont essayé plusieurs façons de conserver de la glace ramassée en période froide l'hiver jusqu'aux chaudes journées d'été. Un des principes était le stockage. Il existe encore des vestiges de ces glacières creusées dans le rocher, maçonnées intérieurement en briques ou moellons en laissant un vide qui était rempli avec du charbon de bois. Il fallait prévoir un puisard pour écouler l'eau de la glace qui fondait et une aération. En surface, l'isolation consistait en couches superposées de paille et de terre. Des arbres feuillus y étaient plantés pour faire de l'ombre l'été.
En Allemagne, pendant la guerre 39-45, j'ai travaillé à ce stockage de glace. Elle était prélevée sur les étangs gelés, cassée et stockée dans des caves de brasserie. Elle se solidifiait et se conservait tout l'été. Cela se passait en Haute Bavière aux environs de Nuremberg.
Mais revenons en France. Dans notre région, l'on conservait la glace dans les carrières de Châteauneuf et Les Chaudrolles. Il existe une glacière aménagée dans une cave du Château Chesnel (Cherves) datant du début du XVII ème siècle. Il en existait une à Montagant presque complètement disparue. Une autre disparue aussi, route de Cognac à Ste Sévère a donné son nom à un lieu-dit "La glacière". A Cognac, un plan de 1875 mentionne l'emplacement d'une glacière dans le parc François 1er *. On a aussi trouvé des vestiges de glacières au château de Tesson au nord de Gémozac, et à Briagne près de Saujon.
Vers la fin du XIX ème siècle, apparut à Cognac les premières fabriques de glace industrielle (av. Victor Hugo et rue de l'abattoir). Elle était vendue par pain de 20 kgs (1.20 m de long sur 0.25 m de coté) à 5 Frs d'avant guerre... Cela faisait très cher aussi, on achetait 1/2 ou 1/4 de pain. Je me souviens du livreur de glace avec une voiture à cheval, un tablier de cuir sur l'épaule et un crochet pour tirer et casser les pains. Ces commerces cessèrent en 1947 quand apparurent les chambres froides et les premiers frigidaires.
* D'après les historiens Marlène CROISE et Pascal PIERRE de Cognac, cette glacière ne serait restée qu'à l'état de projet, et n'aurait par conséquent pas existé...

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LE PETIT ROYAN
Informations glanées "ici et là" auprès "d'anciens"...! Si vous avez d'autres infos... je suis preneur. Merci

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Jadis, le Petit Royan était situé au bas de l'ex auberge de Chatenay, au pied de l'église de St Marmet.
Ce lieu ,à proximité du pont de Châtenay, lieu d’intenses passages, était incontournable au début du XXème siècle. Je me souviens en avoir encore entendu parler dans les années 60, puis plus rien !
Chez "Karolo", il y avait une piste de danse, un pick-up mais pas d'orchestre ! Les habitués venaient se détendre le dimanche, danser, faire du bateau... et même y pratiquer quelques plaisirs coquins...
En effet, on m'a relaté que c'était aussi un lieu de rendez-vous, une maison de passe comme on dit...
"Les gars venaient, mangeaient puis sortaient par derrière vers la ligne de chemin de fer..."
Des chambres étaient aménagées pour ces rencontres, à condition de trouver soi même son élue car il n'y avait pas de fille sur place !

Ph Dumas

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Les "DUMAS" de Boutiers St-Trojan

Travail de Thierry Chollet sur les recensements de la population de Boutiers St-Trojan entre 1841 et 1901, et plus particulièrement sur le nom de DUMAS...

Ce travail considérable est disponible (format PDF) en cliquant ICI

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LE PONT DE CHATENAY © Patrick Huraux
A la veille de la réfection du pont de Châtenay (août 2019), penchons-nous un instant sur son histoire mouvementée.

Au XVIème siècle, seuls quelques ponts principaux comme ceux de Cognac, Saintes et Taillebourg enjambent le fleuve Charente.
Lors de l’édification du pont de pierre de Javrezac, sur l’Antenne au cours des années 1538 à 1542, une mention semble signaler l’existence passée d’un pont à « Chastenet » :
« Olivier Levesque, le maître-charpentier du pont, y employa un bois d’occasion entreposé dans le cimetière de Saint-Léger et récupéré du tablier de l’ancien pont de bois de Chastenet à Cognac ».
Si, sur les petites rivières et cours d’eau, des ponts (passerelles) essentiellement en bois sont construits, ce sont les bacs qui permettent le plus souvent le franchissement des fleuves, comme celui du port de l’Echassier à la Roche de Saint-Brice.
Au début du XIXème siècle, les « anciens ponts » sont devenus obsolètes et sont remplacés par des ouvrages plus conformes aux besoins du temps.
Ce sera la période des ponts suspendus : Jarnac (1826) et la Trache (1843).
Ils seront par la suite remplacés par des ponts en pierre.
Pour nos communes de Boutiers et de Saint-Trojan, il faudra attendre une circulaire du sous-préfet de la Charente en date du 28 août 1833 pour voir germer l’idée d’une construction sur la rivière Soloire :
« On délibère sur le terrassement à faire sur la chaussée du pons que l’on propose de faire dans la commune de Saint-Trojan. Le conseil municipal de Boutiers, ainsi que les plus hauts imposés sont d’avis que la commune soit imposé à 300 mètres de pierre, qu’elle conduira sur le dit chemin coût évalué à 900 francs ».
Après bien des tergiversations et mésententes entre les municipalités de Boutiers, Saint-Trojan et Saint-Brice, le pont sera finalement construit au lieu-dit la Furne en 1843-44.
Pour Boutiers, en désaccord avec l’édification de ce passage sur la Soloire, il faudra attendre encore un peu pour lancer la nécessité d’un pont sur la Charente.
Ce sera fait par une demande du conseil municipal le 3 septembre 1859 :
« On examina la réponse des autorités concernant le tracé du chemin du Solençon – dite butte du Solençon – Le conseil avait manifesté son désir d’une route passant par Saint-Marmet et traversant la Charente sur un pont au lieu-dit Chatenay et débouchant au faubourg de Cagouillet.
La directive préfectorale ne privilégia point ce projet ... le conseil marqua son mécontentement ».
Passant outre ce premier refus, une certaine ténacité reste de rigueur, malgré une réelle tension au sein du conseil avec les représentants de Saint-Trojan (nouvellement rattachés à Boutiers fin novembre 1858) qui désapprouvent ce projet.
On argumente alors auprès du Conseil Général :
« La construction d’un pont à Chatenay pour raccourcir de 2 kilomètres la route de grande communication numéro 24 entre Cognac et Boutiers, du point où elle s’arrête près l’auberge du Chêne Vert à Cognac, au point où elle commence près la Maison Brûler à Boutiers.
Il serait regrettable de renoncer à la réussite d’une telle entreprise.
Que le canton de Segonzac et tous le sud de l’arrondissement de Cognac n’est pas assez relié avec le nord, côté de Macqueville qui compte 40 communes dans son rayon et ayant des relations commerciales avec Cognac, et souffrant énormément de la difficulté d’accès du nouveau Champ de Foire qui se trouve maintenant dans le faubourg de Cagouillet.
Beaucoup de propriétaires ayant des denrées à porter au marché de Cognac n’y vont pas si souvent qu’ils le voudraient.
La dangereuse côte du Solençon dont la pente fait craindre à tout instant de nouveaux malheurs ; rappelle aussi qu’aux abords de Cognac surtout le moindre débordement de la Charente couvre la route d’un mètre d’eau et qui entrave sérieusement la circulation des piétons et gêne aussi gravement le passage des voitures et charrettes.
Il est vraiment triste de faire du clocher de Boutiers à l’auberge du Chêne Vert de Cognac 4 kilomètres lorsqu’on n’est simplement séparé de cette ville que par la Charente. On sait bien que le faubourg Saint-Jacques de Cognac présente quelques observations contre ce projet, parce que dit-il, on le privera de cette route
».
Une semblable formulation est adressée au Préfet courant 1861 :
« De décider la rectification de la route de grande communication numéro 24 entre Cognac et Boutiers Saint-Trojan, suivant une ligne qui partant de la crête du côteau dit du Solençon par Saint-Marmet, traversant la Charente au moyen d’un pont en fonte, sans péage, passerait près de Chatenay, l’Atrie, près du nouveau Champ de Foire, viendrait en ligne droite s’embrancher dans la route de Segonzac numéro 24 en question, près de l’auberge du Chêne Vert.
Cette route qui par son importance spéciale est appelée à devenir route départementale, serait plantée sans nul doute de beaux arbres, présenterait un magnifique coup d’oeil et serait d’un effet ravissant, tout en assurant la prospérité générale
».
La politique des ponts pour désenclaver certaines campagnes et permettre ainsi de meilleurs échanges économiques est devenue un aspect prioritaire.
En 1862, Saint-Brice relance l’idée du rachat du pont de la Trache (pont suspendu).
Boutiers répond : « Que ce pont leur est d’aucune utilité ».
Le projet Châtenay demeure leur ligne de mire, sachant pertinemment qu’ils ne sont pas au bout de leur peine.
D’autres demandes affluent dans ce sens, comme celle de Nercillac (20 avril 1866) :
«Les populations réclament partout avec les plus vives instances la construction de ponts gratuits sur la Charente au lieu-dit de Chatenay vis-à-vis de Boutiers et cela pour des raisons d’intérêt général.
Au moment où cette grave question va s’agiter de nouveau au sein du Conseil Général et du Conseil d’Arrondissement, ne trouveriez-vous pas urgent de profiter de la session de mai pour prier votre conseil municipal d’émettre un voeu bien motivé sollicitant l’exécution de ce projet, en faveur duquel il réclamerait du Conseil Général une subvention de fonds, n’est-il pas de toute évidence pour tout le monde, de noter les avantages que les ponts de Chatenay, premièrement à tout le pays en dispensant les communes du passage très onéreux et très dangereux du pont à péage et suspendu de la Trache, et des inconvénients de la côte aussi très dangereuse du Solençon.
Ce projet doit amener forcément le classement par la gare du chemin de fer de Cognac de la route numéro 24 en route départementale.
Je viens d’apprendre à l’instant que le pont suspendu d’Aubeterre vient de crouler. Les ponts suspendus sont donc en effet de mauvais travaux et cet accident ne peut que démontrer l’urgence de l’affaire de Chatenay
».
Va-t-on enfin obtenir gain de cause ?
Courant mai 1866, par une circulaire auprès des populations, monsieur Oscar Planat, député au Corps Législatif, attire l’attention sur l’utilité de la construction de ponts sur la Charente au lieu de Châtenay (deux ponts en réalité).
Une souscription est alors ouverte pour faire face aux frais d’étude.
Boutiers Saint-Trojan avait déjà en 1861 voté une somme de 3 000 francs pour les éventuels travaux. Néanmoins la famille Planat est réticente quant à l’éventuel tracé qui risquait d’amputer leur propriété route d’Angoulême et nuire à leur commerce.
Le projet restera ainsi enfoui jusqu’en 1872, deux ans après la fin du mandat du sieur Planat (hasard ?).
Un autre projet d’ampleur vient alors se greffer au premier (1872) :
« La sous-préfecture soumet le projet de passage d’un chemin de fer reliant Surgères à Cognac.
Le conseil émet un avis favorable en considérant que ce tracé par Chatenay avait un immense avantage. Il desservirait les carrières des Chaudrolles de Saint-Sulpice, les gisements de plâtre de Cherves et les fabriques de chaux, de tuiles et de briques de Boutiers...
Cela permettrait l’établissement d’une gare pour les nombreuses populations de Nercillac, Sainte-Sévère, Réparsac, Chassors, Houlette, Macqueville et autres. Il conviendrait d’établir à Chatenay un double pont de communication pour les charrettes et le chemin de fer. La municipalité de Boutiers Saint-Trojan vote une somme de 3 000 francs en faveur du pont charretier
».
Comme toujours, on avance ... lentement ... mais sûrement.
Le 9 février 1873, monsieur Edouard Martell, député et conseiller général de la Charente, en sa qualité de « Président de l’oeuvre du pont de Chatenay » sollicite à nouveau le concours de la commune :
« Depuis 20 ans, les 35 communes des « pays bas » de la rive droite, réclament la construction de ce pont afin d’y établir un passage pour le chemin de fer Cognac-Ruffec, et surtout un couloir charretier. La taxe perçue sur le bétail au pont suspendu de la Trache étant trop onéreuse. De plus, le dit passage se situe à plus de 2 kilomètres.
On émet le voeu pour qu’un pont soit construit entre l’église Saint-Marmet et le lieu de Chatenay
».
Boutiers Saint-Trojan s’engage sous 4 années à payer la somme de 3 000 francs et un montant de 75 000 francs de souscription est alors lancé.
Une fois de plus, les élus de Saint-Trojan « boycottent » les dites décisions.
Les évènements semblent s’accélérer, puisque le 8 mars 1874, monsieur Jules Ollivier Rambaud, maire de la commune et son conseil se réunissent pour statuer sur la rectification de la route (numéro 24) des ponts de Châtenay et présenter un tableau des terrains à acquérir.
Monsieur Rambaud avait vivement espéré que les terrains pourraient être abandonnés gratuitement à la commune, hélas il ne réussit pas dans ses négociations menées en 1875.
Certains habitants de Boutiers se refusent « à tout sacrifice ». Les temps sont durs ... il faudra acheter les parcelles.
Par contre, lors d’une enquête publique 1660 personnes avaient approuvé le projet contre 216 (principalement les habitants du faubourg Saint-Jacques).
Survient alors le propriétaire du domaine et château de Châtenay, monsieur Caminade, qui s’oppose à ce choix (passant trop près de son parc) et réclame une indemnité de 280 000 francs pour le préjudice occasionné.
Courant août 1876, on examine les plans d’offres et d’expropriation concernant les terrains envisagés pour les constructions.
Les travaux peuvent enfin commencer et seront exécutés de 1876 à 1878 par les entrepreneurs Chaumont et Bonnamy.
La première pierre sera posée le 14 septembre 1876; le boulevard et le pont seront terminés fin 1878 et ouverts à la circulation.
Dès 1877, l’architecte avait prévu la construction d’un bureau d’octroi avec logement et fournit trois projets, un en pierre, l’autre en brique et pierre et le troisième en pierre et bois.
Cette construction sera finalement réalisée en 1887 par Léonard Lestrade, entrepreneur de maçonnerie de Boutiers.
Le tramway des frères Daunizeau, exploitant une carrière de plâtre à Champblanc, fut établi en 1889. Il était à traction de chevaux et allait jusqu’à la gare de Cognac par le boulevard de Châtenay, la rue de la Verrerie, la rue de Segonzac (Un projet de chemin de fer fut un temps envisagé avant d’être définitivement révoqué).
La demande des communes environnantes pour desservir une contrée agricole et industrielle justifiait pleinement cet investissement :
« De nouvelles distilleries se sont élevées sur le parcours indiqué, les industries de tuiles, briques et chaux se sont considérablement développées, les vignes sont plus prospères que jamais, de même que le faubourg de Saint-Jacques vient d’être doté d’une gare le reliant à Saint-Jean d’Angely.... ».
En juin 1899, suite à divers accidents survenus aux abords du pont de Châtenay, le conseil municipal réclame à l’administration des ponts et chaussées :
« L’installation d’une banquette de sûreté ou garde-fou qui protègerait voyageurs et chevaux dans cet endroit dangereux ».
En 1904, la traction mécanique remplaça les chevaux. Des rails furent construits. La locomotive était chauffée au coke pour amoindrir la fumée, et le petit train à voie étroite d’une longueur maximum de 50 mètres ne devait pas dépasser 10 km/h.
Mais de nombreuses plaintes vont surgir contre cette circulation qualifiée de désagréable, gênante et dangereuse.

Image issue des photos anciennes à voir sur ce site (Ce chemin de fer à voie étroite avec sa petite loco-tender et ses wagonnets chargés de plâtre était très pittoresque)

Il y eut un accident mortel en 1910.
« Considérant que la traction mécanique employée par monsieur Pierre Dannizeau sur le tramway conduisant les plâtres de l’usine de Champblanc, située commune de Cherves à la gare de Cognac, par le chemin de moyenne communication n°18 et les chaussées et ponts de Châtenay, a été la cause de plusieurs accidents, dont un récent suivi de mort d’homme ».
Suite à ces accidents à répétition, on désire faire marche arrière quant au moyen de transport :
« Attendu que l’établissement des rails occupe le tiers de la largeur du chemin et que les matériaux d’entretien occupent l’accotement opposé, que cette concession ne profite qu’à un seul au détriment de tous ceux qui pratiquent le chemin n°18 et les chaussées et ponts de Châtenay et sans vouloir entraver la mise gare des plâtres de Champblanc ; demande le rétablissement de la traction animale, qui n’a été pendant de longues années la cause d’aucun accident pour les nombreux véhicules, animaux et voyageurs... ».
Demande qui n’aura pas d’effet.
Les incidents et accidents se poursuivent :
1936.
« Les problèmes liés aux voies sont devenus des plus quotidiens. L’entretien du chemin de grande communication de Châtenay retient l’attention et la vigilance de nos responsables.
Plusieurs accidents sont déjà survenus entre les rails de la voie ferrée de messieurs Garandeau et le passage automobile (tramway Daunizeau) – notamment un accident d’automobile dans lequel les deux occupants de la voiture ont été tués et de nombreux accidents à des bicyclistes
».
1942.
« 2 avril, 16 heures, nous avons constaté le décès paraissant remonter à 11 jours, de Maurice Lacote, né à Bonneuil (Charente) le 25 octobre 1921, manoeuvre, fils de Pierre Lacote et d’Alice Souc, son épouse, domiciliés à la Trache, commune de Saint-Brice, célibataire.
Le corps a été trouvé au lieu-dit « Chatenay » commune de Cognac.
Dressé le 4 avril sur la déclaration d’Abel Bonnet, 45 ans, commissaire de police, domicilié à Cognac.
Signature de : Paul Firino Martell, maire de la ville de Cognac, Chevalier de la Légion d’Honneur – Gustave Cantard, adjoint au maire de Saint-Brice, officier de l’état-civil par empêchement du maire
».
Après la guerre 1939-1945, le pont donnait des signes inquiétants d’affaissement.
Quant au tramway, il circula jusqu’en 1943, et le transport du plâtre s’effectua avec des camions à gazogène.

En 1950-1951, d’importants travaux de consolidation et de restauration sont entrepris :
« ... mais mal, avec du béton trop léger en ciment et des piles trop écartées ».
Pendant cette période, une passerelle en bois permettait seulement la circulation des piétons et des deuxroues.
Aujourd’hui, avec plus de 5 200 véhicules jour, l’édifice arrive en fin de vie, et son tablier de 75 mètres ne répond plus aux normes des infrastructures françaises. Des renforcements provisoires ont été installés en 1999.
Deux piles vont être conservées.
Les premiers crédits sont développés pour les études.
L’ultime étape avec ses énormes inconvénients de circulation se déroulera finalement en septembre 2019.
C’est devenu une nécessité première.
Une seule attitude à avoir : patience, patience.

1er pont - Image issue des photos anciennes à voir sur ce site

2ème pont - Image issue des photos anciennes à voir sur ce site
3ème pont - En juillet 2020...

Sources :
- L’exploitation traditionnelle de la pierre des Charentes – Sous la direction de Jacques Gaillard - Le Croît vif – 2017
- Article de presse Sud-Ouest – 25 octobre 2018.
- Article de presse Charente Libre – Jeudi 25 octobre 2018.
- Etude sur les maires de Boutiers Saint-Trojan – Patrick Huraux.

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LAITIERS À BOUTIERS SAINT-TROJAN © Patrick Huraux
Le laitier ou la laitière avait pour profession de vendre du lait, de la crème et des oeufs produit dans les fermes.

Photo de laitiers

Ils (elles) sillonnaient les villages et allaient sur les marchés.
Ce métier fut celui d’Anne Blanchard.
Née à Boutiers le 19 mars 1847, fille de Jean, tonnelier et cultivateur, demeurant Grande Rue, elle épouse en 1866 Jean Vernier, également tonnelier.
Ce dernier décède à Boutiers fin août 1899.
C’est à ce moment qu’Anne pour subsister devient marchande de lait de 1901 à 1915.

En octobre 1915 elle convole en secondes noces avec Augustin Angelier, veuf.
Elle décède à Boutiers le 28 janvier 1930.

Nous trouvons ensuite quatre autres laitiers.
Marie Vilotte, née Lugue, native de Boutiers et demeurant à Port Boutiers.
Elle occupe cette fonction vers 1920.

Ernest Laumône, né à Cognac en 1866. Tonnelier-cultivateur, il exerce lui aussi vers les années 1920.
Il demeure à Saint-Trojan et décède le 25 septembre 1932.

Jules Boisson, né à Chassors en 1874.
Demeurant les tuileries, il est signalé laitier de 1931 à 1936.

André Pouzet, né à Cherves-Richemont en 1900.
Petit-fils de Jean Pouzet, tuilier à Boutiers, il est d’abord layetier (fabricant de caisses) puis laitier autour des années 1936.

 

Photo de laitiers

Photo de laitiers

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LES CIMETIÈRES DE SAINT-TROJAN © Patrick Huraux

Découverte macabre...

En prévision de travaux à effectuer à l’église de Saint-Trojan, une intervention réalisée par l’archéologue Adrien Montigny de l’INRAP (institut national des recherches archéologiques) a été menée à bien dans des conditions climatiques malaisées.
Ce sondage s’effectuant autour de l’église a pu mettre en lumière les bases de l’édifice et la présence de cimetières épars.
L’emplacement des sépultures a nécessairement varié au cours des siècles.
Ainsi, nous les trouvons de part et d’autre : sur chaque côtés (sud et nord), à l’avant de la porte d’entrée, sous les voies de communication, voire sous des bâtiments à proximité de l’ancienne cure-école-mairie et du logis noble.
En effet, dans les années 1980, lors de travaux dans un bâtiment à vocation agricole, on tomba sur des sépultures taillées dans le rocher (les ossements étant en place).
Également, lors du creusement de tranchées pour l’installation de conduites d’eau puis de gaz sur la voie située au bas du petit mur d’enceinte, des ossements furent mis à jour.
Les corps reposaient selon l’orientation habituelle ouestest (la tête à l’ouest et les pieds à l’est) au sein de sépultures taillées dans le rocher à peu de profondeur.
Au XX ème siècle lors des travaux pour niveler et élaborer un terrain de pétanque des corps ensevelis furent extraits.
Le dernier cimetière en fonction fut celui situé à l’emplacement du petit parc paysagé (pierres tombales du XIX ème siècle – encore visible il y a quelques décennies).
En 1822, le maire de Saint-Trojan, François Roy, récupère auprès du sieur Pierre Arraudeau, un terrain jouxtant le devant de l’église :
« Un terrin vague situé devant la porte praincipale de léglise de la commune et borné par le mur de cloture au couchant et partie du midi quil reconnais que ledit tairin appartin et a toujours appartenut a la commune comme ayaint ancienement servi de simetiere quan consequense il sangage a an retirer le fumier et a enlever les bois et autres objets quil a sur le terrin comme aussi comblé les fausse quil a creusé et a égualiser le terrin avec les deblois quil poura prendre le long du mur du nord de leglise ».
Au milieu du XIX ème siècle, se pose le problème du manque de place dans le cimetière :
« Le cimetière situé au bourg, sans possibilité d’agrandissement, ne comprend guère que 50 emplacements ».
Les cimetières de Saint-Marmet et de Saint-Trojan étant jugés trop petits, on cherche un nouvel emplacement :
« Impossibilité d’inhumer vu le trop plein ».
Néanmoins on décide de conserver celui de Saint- Marmet.
La translation du cimetière de Saint-Trojan est examinée dès mars 1894 par le conseil municipal.
A cet effet, une commission de cinq membres est constituée.
« Considérant que les terrains à acquérir pour cette translation ont une étendue de 34 ares 17 centiares en rapport avec les besoins d’une commune de 850 habitants où la moyenne des décès est de 15 par an, qu’ils sont situés dans un lieu élevé et à plus de 100 mètres des habitations, sources et puits les plus rapprochés ; qu’ils sont convenablement exposés et que le sol d’après les fouilles qui y ont été pratiquées à une profondeur suffisante ».
On procède à l’achat des terrains, situés sur l’ancienne paroisse de Saint-Trojan, au lieu dit « Les Graves » (Aujourd’hui Grandes Terres).
Les propriétaires vendeurs étaient messieurs Michaud, Bureau, Rouhaud et Bouyer et le prix des terrains fixé à 15,625 francs l’are (8 août 1895).
Il était plus que temps car :
« Pour pouvoir inhumer la dernière personne décédée, il a été nécessaire d’exhumer un corps qui depuis 3 ans seulement reposait dans ce cimetière de Saint-Trojan » (Août 1896).
En 1930, le conseil municipal décide de transformer l’ancien cimetière de Saint-Trojan en place publique et de le classer dans le domaine privé communal. «L’aménagement de cette nouvelle place ne devant nécessiter que des travaux d’aplanissement susceptibles d’entraîner une faible dépense».

 


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© Philippe Dumas - Juillet 1999 - Tous droits réservés

(Dernière mise à jour : septembre 2021)