Balades à Boutiers St Trojan ...
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1972 - LES DISPARUS DE BOUTIERS :

Tandis qu' Eddy Merckx venait de gagner son 4ème Tour de France, que Georges Pompidou gouverne la France, qu'une tuerie a fait 16 morts aux Jeux Olympiques de Munich (dont 11 athlètes Israéliens), un mystère vient de surgir à Boutiers St Trojan. En effet depuis le 25 décembre 1972, une famille entière a disparu corps et biens !
Le couple Méchinaud et leurs deux enfants, ont quitté Cognac entre 1 et 2 heures du matin, à bord de leur voiture dans l'épais brouillard de cette nuit de Noël, et ne sont jamais arrivés à Boutiers...
Les gendarmes, alertés par la disparition des Boutierois, trouvèrent dans la petite maison les cadeaux de Noël au pied du sapin, la dinde et les huîtres dans le réfrigérateur...
Paul Giraud, maire de la commune à cette époque, interrogé en décembre 2008 à ce sujet expliqua "Les comptes bancaires ont été surveillés, mais ils ne furent jamais touchés malgré la paye récemment virée..."
Et de conclure "En 1976 lors de la sécheresse, un hélicoptère survola la vallée du fleuve Charente car le niveau de l'eau avait considérablement baissé ; peut être aurions nous vu le véhicule au fond d'une fosse ? Mais rien..."

Que s' est il passé cette nuit là ? Nul ne le sait...

N' étant nullement devin, je vous propose seulement de revivre cette tragédie à l' aide des articles de journaux qui ont émaillé la presse à l' époque (Vifs remerciements à Christine GILLES...), et plus récemment...
Les articles les plus récents sont en bas de cette page




Mystère près de Cognac
(CHARENTE LIBRE du 18/01/1973)




Un jeune couple et ses enfants ont disparu depuis Noël

Mr et Mme Méchinaud, un couple de Charentais et ses 2 enfants, Eric (7 ans) et Bruno (4 ans), ont mystérieusement disparu en automobile depuis la nuit de Noël, entre Boutiers et Cognac.
Des recherches ont été entreprises et hier, un hélicoptère a survolé les environs, tandis que des plongeurs exploraient les fonds de la Charente, à la recherche de l'épave de leur voiture. Toutes ces recherches n'ont donné aucun résultat...
La famille Méchinaud



Vaines recherches dans le Cognaçais pour retrouver la famille disparue depuis plus de trois semaines
(CHARENTE LIBRE de janvier 1973)
Cognac - Hier après-midi, durant plusieurs heures, Un hélicoptère de la protection civile de Bordeaux, a scruté le lit de la Charente entre Saint-Brice et Crouin, afin de repérer l'éventuelle présence d'une voiture immergée dans le fleuve. En effet, depuis le 25 décembre, une famille de Boutiers, Mr Jacques Méchinaud, 31 ans, employé à l'usine Saint-Gobain, son épouse Pierrette, 29 ans et leurs enfants, Eric 7 ans et Bruno, 4 ans, n'ont pas reparu à leur domicile.
LA NUIT DE NOEL
Tout a commencé la nuit de Noël. Le couple Méchinaud et leurs enfants avaient réveillonné chez des amis à Cognac, puis vers 1 heure du matin, pressés par les enfants désireux de découvrir les jouets que leur avait apporté le Père Noël, ils quittèrent leurs amis à bord de leur Simca 1100 grenat, pour rejoindre leur domicile.
Dès lors, on ne devait plus les revoir...
S'agit il d'un suicide collectif ? Les proches, les parents, se sont bien sûr inquiétés, et un avis de recherche a été lancé, mais jusque là, toutes les recherches sont demeurées vaines.
Photo CL

Le capitaine Laplaine, commandant du corps des sapeurs-pompiers de Cognac, montre, sur un plan, le tracé de la Charente, au pilote de l'hélicoptère de la protection civile de Bordeaux qui va effectuer les recherches.

LE MENAGE DEVAIT SE SEPARER
En fait tout n'allait pas pour le mieux dans le ménage. Mr Méchinaud avait appris quelques jours plus tôt que sa femme le trompait. Taciturne et de tempérament jaloux, violent même, il avait difficilement accepté son infortune et plusieurs disputes s'en étaient suivies. C'est alors que son épouse devait confier à sa soeur son intention de le quitter. Le ménage devait d'ailleurs se séparer quelques jours plus tard.
Que s'est il donc passé la nuit du 25 décembre. Mr Méchinaud, sous l'emprise du désespoir ou de la colère, s'est il précipité avec toute sa famille dans la Charente ? Un radiesthésiste interrogé par la famille le prétend, mais il n'est pas encore possible de le dire, tant que les recherches menées conjointement par la gendarmerie de Cognac et les pompiers n'ont pas abouti.
Jacques Méchinaud, qui habitait depuis deux ans et demi une petite maison à l'entrée de Boutiers, était considéré dans son entourage comme un garçon. travailleur. Bien que fréquentant peu les habitants du bourg, il avait de nombreux amis qu'il recevait fréquemment et l'on s'explique encore difficilement cette brusque disparition.
Cette affaire, on s'en doute, cause un certain émoi à Boutiers et l'on peut échafauder bien des hypothèses tant que ce mystère ne sera pas élucidé.
Paul BOUJUT




COGNAC : aucune trace de la famille disparue le jour de Noël
(CHARENTE LIBRE de janvier 1973)
Les recherches reprennent aujourd'hui
Les recherches entreprises en vue de retrouver la famille Méchinaud, qui n'a pas reparu à son domicile, à Boutiers, depuis la nuit de Noël n'ont toujours rien donné, bien que le cercle des investigations ait été élargi. En effet, la gendarmerie de Cognac a demandé hier, aux pompiers de Jarnac de fouiller à leur tour la Charente, les mares, enfin tous les endroits où il serait possible d'immerger une voiture. Ces recherches, comme celles menées par les pompiers de Cognac en aval de la ville ont été vaines... Les enquêteurs ne possèdent, il est vrai que bien peu d'éléments et essaient, pour l'heure, de récolter des témoignages susceptibles de les mettre sur une piste quelconque. Certes, l'emploi du temps du couple la veille et le soir de sa disparition, a en partie été reconstituée et rien dans son comportement, achats de jouets pour le Noël des enfants, soirée passée en compagnie d'amis ne pouvait laisser prévoir quoi que ce fut. Mr et Mme Fontanillas qui, sans aucun doute furent les dernières personnes à les avoir vus, puisqu'ils avaient réveillonné ensemble, n'arrivent pas à comprendre ce drame car, dans l'esprit de tous, cette disparition n'a pu avoir qu'une issue tragique.

Leur ancienne propriétaire, à Veillard, est bouleversée, elle s'était attachée à ce jeune couple, sérieux et travailleur, qui avait d'ailleurs passé chez elle sa première nuit de noces. Par la suite, elle s'était prise de beaucoup d'affection pour les enfants, surtout le petit Eric qui venait, à cette époque, souvent la voir et qu'elle considérait un peu comme son propre petit-fils. L'absence de nouvelles le jour de l'an l'avait fortement chagrinée. "Si seulement, dit elle, ils m'avaient confié les enfants."
Jacques Méchinaud, nous l'avons dit, était un garçon sérieux qui cherchait à améliorer sans cesse ses connaissances professionnelles. Son épouse était elle même une bonne femme d'intérieur qui s'occupait bien de ses enfants. Pourtant, une liaison malheureuse allait rompre l'unité du ménage et le hasard voulut qu'un jour le mari apprenne son infortune. Infortune que celui-ci, qui avait tant fait pour sa famille, ne put admettre. Querelles, séparation, néant...
Aujourd'hui, les recherches vont reprendre, les gendarmes ont l'intention de fouiller les rives du fleuve, mais sans grand espoir, car rien ne prouve que la voiture soit réellement dans la Charente.
Paul BOUJUT




Les disparus de Cognac : toujours rien
(CHARENTE LIBRE de janvier 1973)
L'hypothèse du suicide collectif devra t'elle être écartée ?
Cognac. - Hier encore gendarmes et pompiers ont multiplié leurs recherches pour essayer de retrouver la trace de la famille Méchinaud. Ces recherches qui étaient toujours orientées vers la Charente, endroit présumé où le véhicule aurait pu disparaître, n'ont apporté aucun élément nouveau sur cette affaire qui demeure tout aussi obscure.
Dans le courant de l'après midi, les gendarmes de la brigade de Cognac sous les ordres de l'adjudant-chef Beausset, ont prospecté les rives de la Charente. Les hommes du capitaine Laplaine aidés de leurs collègues de Saint-Jean d'Angély, ont de leur côté dragué le fleuve en divers endroits, tandis que les pompiers de Jarnac effectuaient une manoeuvre semblable aux environs de Saint-Même les carrières.
Ainsi après 3 jours de recherches infructueuses, est on en droit d'acceuillir avec une certaine réserve les affirmations du radiesthésiste qui prétend toujours que la voiture est immergée dans le fleuve et par là même l'hypothèse d'un suicide collectif.
D'ailleurs, un proche de la famille pense tout autrement : il est bien certain qu'une famille de quatre personnes et une voiture ne disparaissent pas facilement sans laisser de traces. Jacques Méchinaud sous l'effet d'un coup de tête n'a t'il pas tout simplement "enlevé" sa famille pour soustraire sa femme à son entourage, pour essayer de sauvegarder son ménage, de se créer une nouvelle vie en repartant à zéro dans l'incognito d'une grande ville ? Rien n'est impossible, et cette supposition est tout aussi plausible que celle du suicide, du meurtre ou de toutes les histoires plus ou moins extravagantes qui depuis quelques jours se racontent dans la région.
Le mystère demeure donc complet.
Paul BOUJUT
Photo CL



La disparition de Cognac : le mystère reste entier
(CHARENTE LIBRE de février 1973)
Cognac - Après plusieurs semaines de vaines recherches, le mystère qui plane sur la disparition de la famille de Boutiers demeure entier. L'enquête piétine toujours, aucun indice n'étant venu confirmer ou infirmer les hypothèses pouvant être émises sur cette troublante affaire.
Comme nous l'avons déjà relaté, les recherches entreprises dans tout le secteur sont restées sans effet, pourtant hier encore, à la suite d'une affirmation d'un radiesthésiste Parisien, les gendarmes de la brigade de Cognac sont allés inspecter les bords du Né, sans succès d'ailleurs. Mais rien ne doit être laissé au hasard et les renseignements aussi fantaisistes soient-ils, demandent à être vérifiés.
Une nouvelle fois, les enquêteurs ont effectués de minutieuses recherches dans la petite maison aux volets verts où vivait le couple et leurs enfants. Mais pas le moindre indice pouvant laisser prévoir cette disparition n'y a été relevé. Dans le réfrigérateur, il y a avait toujours la dinde et les huîtres du repas de Noël et au pied du sapin les jouets attendent toujours la venue des deux petits garçons que l'on a maintenant pas plus d'espoir de retrouver vivants que leurs parents.
Paul BOUJUT



Une famille Charentaise a disparu depuis Noël
(Communiqué AFP du 20/04/1973)
Pour une petite maison aux volets verts, fermés à l'entrée de Boutiers, près de Cognac (Charente), malgré la floraison printanière, le temps s'est arrêté au 25 décembre 1972.
A l'intérieur, à la place des oeufs en chocolat de pâques : un arbre de Noël qui a perdu ses aiguilles sur des paquets contenant des jouets que leurs jeunes destinataires n'ouvriront peut être jamais. Dans le réfrigérateur : de la dinde, des huîtres, maintenant plus qu'avariées. Sur une table : un carnet de chèques.
Cette maison est celle de la famille Méchinaud : un couple, deux enfants.
Maison où habitaient les Méchinaud...

Ils ont passé la nuit de Noël à Cognac chez des amis. Ils les ont quittés à 2 heures du matin, le 25 décembre, à bord de la Simca 1100 grenat de Jacques Méchinaud, 31 ans, le père. Quatre kilomètres séparent Cognac de Boutiers. Depuis plus personnes ne les a revus. La gendarmerie de Cognac enquête sans relâche, des hommes grenouilles ont plongé maintes fois dans la Charente et dans les pièces d'eau où une voiture aurait pu tomber. Un hélicoptère a survolé la plupart des cours d'eau de la région. Tout cela en vain. Aucune trace du véhicule et des ses quatre occupants.
Alors ? Quatre mois après une seule certitude : une famille entière a disparu sans laisser de trace. A cette certitude s'ajoutent un certain nombre de probabilités, et beaucoup d'hypothèses, certaines sérieuses, d'autres relevant de la plus haute fantaisie...
Mais revenons au 24 décembre, à cette dernière journée connue de la famille Méchinaud.
Jacques Méchinaud, employé à l'usine Saint-Gobain de Cognac, sait depuis la veille que sa femme Pierrette, 29 ans, qu'il a épousé enceinte en janvier 1965, a l'intention de le quitter pour refaire sa vie avec un voisin, et cela malgré l'existence de deux charmants garçonnets, Eric 7 ans et demi, et Bruno 4 ans et demi.
Méchinaud est un homme taciturne et décidé. A 16 ans, il quitte ses parents pour aller vivre sa vie. A 31 ans, on ne lui connaît aucun vice : il ne fume pas, ne boit pas, ne pêche ni ne chasse, dans cette région pourtant giboyeuse de la Charente. Son passe-temps favori : réparer des voitures et des motocyclettes en dehors de ses heures de travail.
Conscient de son infortune, en cette veille de Noël, cela ne l'empèche pas de faire des achats avec les siens "comme si de rien n'était". Témoins les cadeaux sous l'arbre de Noël, témoin le repas qui attend toujours dans le réfrigérateur.
Pierrette, à qui la vie quotidienne de ce petit village de Charente semble peser - elle ne travaille pas - est depuis quelques mois l'amie d'un voisin. Elle lui a promis de rompre avec son mari après Noël.
Les enfants, Eric et Bruno, qui vont à l'école de Boutiers, sont totalement étrangers au drame qui couve...
Dans la soirée du 24, toute la famille se retrouve chez les Fontanillas, des amis de Cognac. Les deux couples se connaissent d'autant mieux que Fontanillas est un collègue de Méchinaud. La soirée, aux dires des hôtes, se passe très normalement, et Jacques Méchinaud ne semble pas pressé de les quitter, bien qu'il sache que son collègue doit se lever très tôt le lendemain.
Finalement le départ a lieu à deux heures du matin. Un épais brouillard recouvre toute la région. On n'y voit pas à cinq mètres. Jacques Méchinaud sort le premier, fait tourner longuement son moteur pour réchauffer l'intérieur de la Simca 1100 et pour dégivrer le pare-brise. Dernier adieux et la voiture disparaît dans le noir et dans le temps...
Aujourd'hui le mystère demeure entier !
On sait seulement que Pierrette voulait quitter son mari, que ce dernier était au courant de cette intention, qu'il aimait sa femme et ses enfants et qu'il était capable de décisions énergiques, peut être définitives. Alors deux hypothèses sont avancées par ceux qui enquêtent ou ceux qui les ont connus :
La première, celle du suicide collectif. Méchinaud a longuement médité la fin de sa famille et a précipité sa voiture dans la Charente ou dans une autre rivière où on les retrouvera lorsque les eaux seront plus basses. Malgré les recherches intensives, cette hypothèse n'est pas à écarter car le flot a bien pu entraîner le véhicule à demi immergé à plusieurs kilomètres de son point de chute comme cela s'est déjà produit par le passé (les Charentais ont ainsi découvert un beau matin en face des quais à Saint Jacques (Cognac) une voiture immergée dans laquelle le corps du conducteur était réduit à l'état de squelette ; il était là depuis 3 ans).
Le maire de Boutiers, le père de Jacques Méchinaud, sa soeur ainsi que plusieurs autres personnes sont persuadées que toute la famille a péri noyée...
La deuxième hypothèse, avancée notamment par "l'ami" de Pierrette Méchinaud, est que "tout le monde vit dans une grande ville éloignée ou à l'étranger". Il fait ressortir à l'appui de sa thèse que Méchinaud avait effectué à l'automne dernier un stage de perfectionnement d'électro-mécanicien dans une usine spécialisée à Chalon sur Saône, et qu'il pourrait très bien y être retourné pour s'y installer.
Les lieux, eux, n'ont pas changé. La maison reste désespérément fermée, bien que le propriétaire - qui n'est plus payé et pour cause - voudrait récupérer son bien. Dans le jardin où quelques pinces à linge sont restées pendues à un fil, des tulipes, fraîchement écloses, semblent attendre que les petites mains de Bruno et Eric viennent les cueillir.
Jean-Anne CHALET




Il y a deux ans, entre Cognac et Boutiers, une famille de quatre personnes s'évanouissait dans la nuit de Noël
(CHARENTE LIBRE de décembre 1974)

Deux heures du matin à Cognac, dans la nuit froide du 25 décembre 1972, un jeune couple et leurs deux enfants sortent de chez des amis avec lesquels ils viennent de fêter Noël. On embrasse les enfants, une dernière poignée de main, le moteur de la petite Simca ronfle, les portières claquent. Quelques secondes plus tard, les feux de la voiture disparaissent au coin de la rue, le bruit s'estompe happé par le brouillard qui recouvre la ville...
Le couple c'est Mr et Mme Jacques Méchinaud, qui cette nuit là ont mystérieusement disparu avec leurs deux enfants Eric 7 ans et Bruno 4 ans. Depuis deux ans, malgré des recherches activement menées sur le plan local, jamais on n'a retrouvé leur trace.
Chaque année, en France, 20 000 hommes et 15.000 femmes disparaissent ainsi. 15 % de ces dernières ne sont jamais retrouvées. Certaines se sont expatriées ou bien sont venues grossir le troupeau des prostituées. Par contre 98 % des hommes sont retrouvés. Toutefois quand la police prend contact avec eux, bien souvent ceux-ci demandent que l'on respecte leur secret, ce qui généralement se fait lorsqu'ils sont en règle.
Alors, une famille entière peut-elle disparaître ainsi ? C'est la question que l'on se pose encore aujourd'hui à Cognac et dans le bourg de Boutiers où habitaient les Méchinaud.
DES HYPOTHESES
A l'époque on a beaucoup parlé d'un suicide collectif. Pierrette Méchinaud, en effet, avait l'intention de quitter son mari pour aller vivre avec un voisin dont elle avait fait connaissance quelques mois plus tôt..
Ayant appris son infortune, l'époux n'aurait il pas alors décidé de se donner la mort en précipitant sa voiture dans la Charente ou dans une carrière inondée, entraînant avec lui tous les siens ?
L'été les eaux, en raison de la sécheresse, ont atteint un niveau extrêmement bas et pourtant aucun pêcheur n'a signalé la présence d'une voiture au fond de l'eau car il est bien évident d'un véhicule abandonné en quelque autre lieu aurait été retrouvé depuis bien longtemps. L'énigme demeure donc entière.
LE DOSSIER RESTE OUVERT
Pour les gendarmes de Cognac, le dossier recherches reste toujours ouvert. Mais il est bien évident que jusqu'à preuve du contraire, au moment de sa disparition, Jacques Méchinaud n'avait commis aucun délit, et n'avait aucune raison d'être inquiété. Libre à lui d'aller vivre ailleurs avec sa famille sans en faire part à son entourage.
A Boutiers, une petite maison aux volets verts, est longtemps restée close. C'est là, à l'entrée du bourg, près du
Monument aux Morts que vivait depuis trois ans la famille Méchinaud. Depuis quelques mois les parents du couple ont fait enlever les meubles et le propriétaire qui évidemment n'avait plus de nouvelles de ses locataires a de nouveau loué sa maison.
Les voisins, si on les interrogent sur cette affaire déclarent presque unanimement : «Ils sont tous morts », mais d'autres ajoutent après quelques secondes de silence : « A moins que... » et s'arrêtent sans préciser leur pensée.
Le père de Jacques Méchinaud qui est maintenant âgé de 75 ans et qui demeure à l'orée du village du Tilloux dans la commune de Gensac-La-Pallue est tout aussi évasif : « Les gendarmes doivent me prévenir s'ils apprennent quelque chose » dit-il avant d'ajouter : «Vous savez je n'en sais pas plus que vous... c'est une drôle d'histoire... je ne sais pas où ils sont, où ils ont pu aller ». Refuse t-il de croire à la mort de ses petits-enfants, de son fils ?
Le doute est toujours là qui tenaille les esprits qui s'oppose à une affirmation définitive.
Peut être un jour la vérité sera découverte, alors il n'y aura plus de mystère sur la disparition d'une famille, une nuit de Noël, entre Cognac et Boutiers.
Paul BOUJUT




Un soir de réveillon à Boutiers : une famille disparaît
(CHARENTE LIBRE du 08/09/1978)
Le mystère toujours non élucidé d'une famille entière de Cognac, les Méchinaud, disparue depuis maintenant 2.093 jours...
« C.L. » fait le point cinq ans et demi après, sur cette mystérieuse affaire.
"Cette disparition a profondément traumatisé les habitants de Boutiers où habitaient les disparus", explique M. Giraud, ancien maire de la commune. On serait traumatisé à moins...
25 décembre 1972, il est environ 1 h 30, rue des Bruns à Cognac. Sur le pas de leur porte, Mr et Mme Fontanillas raccompagnent les amis avec lesquels ils viennent de passer le réveillon. Jacques Méchinaud, 31 ans, sa femme Pierrette, 29 ans, leurs enfants Eric, 7 ans, et Bruno, 4 ans, s'engouffrent dans la Simca 1100 grenat.
Quelques instants plus tard, la voiture s'enfonce dans le brouillard de cette nuit froide. Ce sera la dernière fois que l'on verra les Méchinaud...
Pierrette avait un amant
Il faudra attendre quelques jours pour que les gendarmes de Cognac soient alertés. .Quand ils réussissent à pénétrer dans la petite maison aux volets vert délavé qu'habitent les Méchinaud, ils découvrirent les cadeaux des enfants au pied du sapin de Noël décoré. Dans le réfrigérateur : une dinde et des huîtres. Sur la table, un carnet de chèques. Dans les armoires, des vêtements. Là, dans cet intérieur coquet, le temps semble s'être suspendu...
Tout de suite, les gendarmes pensent à un accident : sur les quatre kilomètres qui séparent Cognac de Boutiers, la route suit la Charente. Alors les pompiers mobilisent leurs hommes grenouilles.
Parallèlement l'enquête commence. Très rapidement, la disparition est éclairé d'un jour nouveau : Pierrette Méchinaud avait un amant depuis quelques mois, un voisin. Son mari avait appris son infortune au début du mois de décembre. Une violente dispute avait alors éclaté entre les époux : Pierrette en portera pendant quelques jours les stigmates. Enfin, les enquêteurs apprennent que Pierrette avait décidé de quitter Jacques et que ce réveillon devait être la dernière soirée qu'ils passaient ensemble.
Départ à l'étranger
Alors deux hypothèses se font jour : Jacques Méchinaud a entraîné sa famille à l'étranger pour soustraire sa femme à l'influence de son amant ; ou bien Jacques Méchinaud a été l'investigateur d'un suicide collectif.
Et comme les hommes grenouilles, les pompiers, aidés d'hélicoptères et de radiesthésistes reviennent bredouilles de leurs investigations dans la Charente, les trous d'eau, les mares et les carrières proches, la première hypothèse connaît de plus en plus de supporters : "Une personne peut disparaître ; quatre, c'est déjà bien plus étonnant. Mais une voiture...". D'autant qu'à l'époque, la version officielle note : "Tout a été fouillé sys-té-ma-ti-que-ment ! ".
Pourtant les enquêteurs relèvent de nombreux points qui font apparaître cette fuite comme peu vraisemblable : aucun prélèvement n'a été fait sur le compte en banque ; le carnet de chèques est resté à Boutiers ainsi que les papiers d'identité et le livret de famille, et l'on ne passe pas une frontière aussi facilement que cela.
Suicide collectif ?
Près de six ans après, on n'a toujours pas retrouvé trace de la famille Méchinaud, ni de sa voiture. Mais la gendarmerie n'a pas classé l'affaire pour autant. Et les souvenirs restent vifs chez tous ceux qui ont approché les Méchinaud ou ont eu à s'occuper de cette affaire. Toutefois avec le recul, l'analyse des événements s'est quelque peu modifiée. Des certitudes ont vacillé. Des détails qui apparaissaient sans intérêt à l'époque éclaire aujourd'hui l'affaire d'un jour nouveau.
Mis à part un noyau de Cognaçais qui continuent à croire imperturbablement que la famille Méchinaud a disparu à l'étranger, tout le monde aujourd'hui penche pour la thèse du suicide collectif que Jacques Méchinaud bafoué, aurait prémédité. Car pour eux, la cause de la disparition ne fait plus aucun doute : c'est l'aventure de Pierrette qui a tout déclenché.
"Tout n'a pas été fouillé"
Mr et Mme Depoulain qui ont bien connu les Méchinaud pour les avoir eu comme locataires, expliquent : "C'était un couple extrêmement gentil, très honnête, qui avait une conduite irréprochable. S'ils n'étaient pas partis de Veillard ou s'ils nous avaient confiés leurs ennuis, tout cela ne serait pas arrivé ". Dans le garage des Depoulain, des cadeaux achetés en 1972, attendent que Bruno et Eric viennent les chercher : "Depuis qu'ils étaient partis à Cognac, Ils revenaient fréquemment nous voir : c'était comme nos enfants ". A propos de Jacques Méchinaud, Mme Depoulain explique : "Il était très travailleur, trop peut être. C'était un homme très droit qui ne tolérait pas la trahison. Je me souviens qu'un jour à propos d'un fait divers où un homme avait tué sa femme infidèle et s'était suicidé, il avait dit à sa femme : « Si tu me trompais, je ferai la même chose ». Jacques qui ne travaillait que pour le bonheur de sa famille, n'a pas pu supporter de tout perdre. Il était très exclusif" .
La psychologie de Jacques Méchinaud s'éclaire encore quand on apprend que quelques années plus tôt, lorsqu'il apprend que Pierrette Esnard est enceinte et qu'il va devoir se marier, il menace : «Je vais me jeter à l'eau avec ma voiture ».
"Mais on aurait retrouvé la voiture !" protestent les derniers sceptiques. Pas si sûr. En effet, les pompiers expliquent aujourd'hui que «tout n'a pas été fouillé ».
Le capitaine Laplaine, quant à lui, est persuadé qu'une voiture peut très bien disparaître, même dans la Charente :
« Les plongeurs ne voient pas à plus de 50 centimètres, car une rivière ce n'est pas la Méditerranée. Et puis il y a de nombreux trous Pensez que quelques jours avant cette affaire, des plongeurs ont trouvé tout à fait par hasard, une voiture et son occupant qui avaient disparu depuis trois ans. Et cela en plein coeur de Cognac »
L'énigme des carrières de Saint-Même
Et puis aujourd'hui, bien des gens estiment que c'est dans les carrières de Saint-Même que se trouve la clé du mystère : "Il existe de véritables siphons dans ces carrières. Au début du siècle, quand on extrayait encore la pierre, on a vu des attelages de six chevaux et leur remorque disparaître corps et biens".
On explique aussi que Méchinaud connaissait parfaitement ces carrières. Or, ce détail a une importance. Les Cognaçais se rappellent en effet que la nuit du 25 décembre la visibilité était réduite à trois mètres par un épais brouillard : Jacques Méchinaud devait donc avoir prémédité son coup pour disparaître ainsi. Pourtant, il n'en a rien laissé paraître. Mr Fontanillas se souvient : " Nous avons passé l'après midi ensemble. Nous nous sommes promenés en voiture avec nos enfants. Puis nous avons réveillonné. L'ambiance était très détendue. Une seule chose nous a étonnés : ils sont partis très tard alors qu'ils savaient que je travaillais à 4 heures et que les enfants les pressaient de rentrer pour voir leurs jouets ".
Comme si Jacques qui avait prémédité son coup, retardait l'instant fatal...
Mais même si aujourd'hui tout le monde accrédite la thèse du suicide prémédité, il reste une interrogation : "Et si cette nuit-là, il s'était passé autre chose ? ...."
Dans le Cognaçais, on n'a pas fini de se poser des questions. A Boutiers, les volets verts ont été repeints. Les meubles des Méchinaud ont été vendus aux enchères. Des légumes poussent dans le jardin. Des jouets d'enfants traînent dans les allées. Le locataire, Lucien Barlaud est un homme heureux : " je n'ai jamais pensé aux Méchinaud depuis que je suis ici... »
Une enquête de Jacques GUYON avec la collaboration de Paul BOUJUT



Il y a trente ans, une famille entière disparaissait entre Cognac et Boutiers
(CHARENTE LIBRE du 16/04/2002)

En décembre 1972, un couple et ses enfants disparaissaient. Le mystère n'a pas été résolu et provoque toujours l'angoisse à Boutiers
Suicide ? Enlèvement ? Meurtre ? Fuite à l'étranger ? Questions que se posent toujours les Boutiérois depuis la disparition d'une famille entière, il y a 30 ans.
Le 25 décembre 1972, un jeune couple et leurs deux enfants sortent de chez des amis avec lesquels ils viennent de fêter Noël. Sur le pas de la porte, on embrasse les enfants, une dernière poignée de main, le moteur de la Simca 1100 grenat ronfle, les portières claquent. Quelques secondes plus tard, les feux de la voiture disparaissent dans le brouillard épais de cette nuit de Noël. Ce sera la dernière fois que l'on verra la famille Méchinaud. Il faudra attendre une dizaine de jours pour que les gendarmes de Cognac soient alertés. Quand ils pénètrent dans la petite maison aux volets verts que louent les Méchinaud, ils découvrent les cadeaux des enfants au pied du sapin de Noël décoré. Dans le réfrigérateur, une dinde et des huîtres, sur la table, le carnet de chèques, dans les armoires les vêtements et le livret de famille. Dans cet intérieur coquet, le temps s'est suspendu à tout jamais.
Jacques 31 ans, Pierrette 29 ans et leurs 2 enfants, Eric 7 ans et Bruno 4 ans font partie de ces milliers de disparus recensés en France, mais un mystère s'est installé autour de cette affaire, aucun indice, aucune découverte ne sont venus rassurer la famille, les amis et une population inquiète.
"Seul, le hasard..."
Tout de suite après l'alerte, la gendarmerie a pensé a un accident. Sur les 4 kilomètres qui séparent Cognac de Boutiers, route longée par la Charente, les hommes grenouilles de la caserne de pompiers ont été mobilisés, les résultats ont été vains. Parallèlement, l'enquête commençait et très rapidement, la disparition s'est éclairée d'un jour nouveau. Le couple que formait Jacques et Pierrette connaissait une crise difficile, la jeune femme envisageait de quitter son époux, cette nuit de Noël devait être la dernière soirée qu'ils passaient ensemble. Jacques ne supportait pas cette idée. Il avait avoué à ses collègues de travail que si sa femme le quittait, un malheur arriverait.
A l'époque, on a beaucoup parlé d'un suicide collectif. Ne voulant pas être séparé de sa famille, l'époux n'aurait il pas alors décidé de se donner la mort en précipitant sa voiture dans la Charente ou dans une carrière inondée, entraînant avec lui tous les siens ? Les nombreuses recherches qui ont suivi durant de longs mois, n'ont pas permis de conclure a cette hypothèse. Aucun pêcheur n'a signalé la présence d'une voiture au fond de l'eau. Les travaux sur le fleuve et les sécheresses ont baissé le niveau des eaux à plusieurs reprises, les carrières, les étangs, tout a été sondé et pourtant la voiture est restée introuvable.
Serge Mazeau, cantonnier sur Boutiers Saint Trojan, aujourd'hui à la retraite, se rappelle 30 ans après de tous les détails. Il se sent toujours aussi tracassé, des questions sans réponse le hantent. Pourquoi ? Que sont devenus les enfants ? ils n'y étaient pour rien.
Des angoisses non estompées
Pendant les mois qui suivirent la disparition, il a participé à toutes les recherches, il était en relation permanente avec la gendarmerie. il a même contacté des radiesthésistes pour localiser la voiture. L'un d'eux donnait le pont de la Trâche à Saint Brice comme endroit possible, la gendarmerie y a trouvé des traces de voiture mais les fouilles n'ont rien donné. Il s'est rendu sur les lieux à chaque basse eau, en vain.
Trois décennies après, les témoins de ce drame ont toujours autant de mal à en parler, les amis proches refusent le contact, les souffrances et les angoisses ne se sont pas estompées et nous ne pouvons leur en faire le reproche.
Paul Boujut, journaliste de la Charente Libre qui a suivi l'affaire à l'époque, garde en lui chaque minute de son enquête. il est entré dans la vie de la famille Méchinaud. Sans les avoir côtoyé il les connaît bien, l'amour de jacques pour sa famille avec sa grande motivation de vouloir la garder à tous prix, la solitude de Pierrette dans ce petit bourg. Leur emploi du temps pendant les semaines qui ont précédées ont permis de cerner la personnalité de ce jeune couple mais n'ont jamais permis de résoudre l'énigme. Paul Boujut écrivait le 23 janvier 1973 «On frémit à la pensée du drame qui a pu se jouer cette nuit de Noël dans ce brouillard épais où la visibilité ne dépassait pas 3 mètres» Le 28 mars, il concluait par «Les chances de retrouver le véhicule dans la région s'amenuisent de plus en plus, seul le hasard permettra un jour peut-être d'élucider cette mystérieuse disparition».
La chance du hasard n'a pas eu lieu, le mystère demeure, pour certains encore aujourd'hui le suicide collectif ne fait aucun doute mais d'autres espèrent que Jacques, Pierrette, Eric et le petit Bruno sont partis vivre au soleil pour bâtir une vie meilleure. Un jour, peut-être, viendront ils dire bonjour aux Boutiérois qui ne les ont jamais oubliés.
Christine GILLES




Le mystère plane toujours autour des «disparus de Boutiers»
(CHARENTE LIBRE du 25/12/2002)
La disparition, pour Noël 1972, du couple Méchinaud et de ses deux enfants, reste entourée de mystère. Trente ans après, l’histoire est loin d’être oubliée
Jacques Méchinaud entouré de ses deux fils, Eric et Bruno
Cognac, 25 décembre 1972, une heure du matin: un jeune couple et ses deux enfants sortent de chez des amis avec lesquels ils viennent de fêter Noël. Ils retournent à Boutiers-Saint-Trojan dans leur coquette maison aux volets verts. Les enfants réclament leurs cadeaux. La voiture démarre, les feux arrière disparaissent dans le brouillard épais, ce sera la dernière fois que l’on verra la famille Méchinaud.
25 décembre 2002. Trente années ont passé. Jacques Méchinaud, le père, aurait 61 ans, Pierrette son épouse 59 ans. Leurs deux enfants, Eric et le petit Bruno seraient âgés de 37 et 34 ans. Quel visage auraient-ils aujourd’hui ? Nul ne le sait, aucun certificat de décès, pas de tombe où pleurer. La famille Méchinaud a disparu sans laisser de traces, sans indice et sans excuse. Quatre personnes et une voiture se sont littéralement envolées cette nuit de Noël 1972. De nombreuses hypothèses ont été avancées: suicide, meurtre, fuite à l’étranger, avec une circulation de rumeurs qui s’est étoffée tout au long des années. La gendarmerie a cherché, fouillé. Dans la Charente, dans les étangs, dans les carrières..., la région a été passée au peigne fin mais tous les recoins ne peuvent être visités.

Légalement «absents»

Aujourd’hui, Jean-Paul Méchinaud, 54 ans, le jeune frère de Jacques, n’hésite pas à se prononcer: «Le suicide collectif ? Jamais, je n’aurais pu croire qu’une telle chose aurait pu arriver. J’espère qu’ils sont ailleurs mais il ne faut pas oublier la réalité, les évidences», explique-t-il, le regard songeur. Depuis trente ans, il cherche à comprendre. Chaque Noël lui rappelle Jacques et les enfants. Un pincement au coeur, les questions qui reviennent, mais pourquoi ? «Je suis content qu’on en reparle, il faut trouver la solution à ce mystère. C’est important que nous puissions faire notre deuil», précise-t-il. Le deuil, aujourd’hui, ne peut se faire qu’avec l’aide de la législation.
Le code civil parle d’«absents». L’article 122 donne le délai de dix ans depuis le jugement qui a constaté la présomption d’absence pour que son dispositif soit transcrit sur les registres des décès du lieu de dernière résidence de l’absent. Trente années ont passé, aucune mention n’est portée sur l’acte d’état civil à ce jour. Les cartes d’électeur existent toujours, Eric et Bruno auraient dû être recensés pour le service militaire. Ils sont donc considérés comme «absents illégaux». En revanche, les comptes bancaires ont été clos avant 1995 (l’informatique ne va pas plus loin). Les meubles de la famille ont disparu. Jean-Paul Méchinaud ne se rappelle pas avoir été contacté par un huissier. Le déménageur se remémore la maison et les cadeaux au pied du sapin mais ne peut se souvenir du suivi du mobilier. Pourtant, le code civil précise que si l’absent réapparaît ou si son existence est prouvée, il peut recouvrer ses biens et ceux qu’il aurait dû recueillir pendant son absence. Cette nuit de Noël 1972 a engendré trente années de mystère. Toutes les personnes qui approchent cette histoire se laissent envoûter. Il est difficile de regarder la photo de cette famille sans se poser la question. Que s’est-il passé? Ce sentiment vient sûrement du fait que la disparition ait eu lieu une nuit de Noël. Qu’au pied du sapin des cadeaux attendaient que des enfants arrivent pour les ouvrir. Le brouillard a avalé Jacques 31 ans, Pierrette 29 ans, Eric, 7 ans et Bruno, 4 ans. Le mystère Méchinaud était né. Et il plane toujours.
Christine GILLES




Le mystère de la Simca 1100 grenat
(LIBERATION du 04/02/2003)
Pour lire l'article, cliquez sur ce lien...
http://www.liberation.fr/histoires/0101439129-le-mystere-de-la-simca-1100-grenat
Marie-Hélène MARTIN



Enigme sur la disparition d'un couple et ses enfants, il y a trente ans...
(EUROPE1 le 08/02/2003)
Emission "Histoires de France"

(TF1 le 13/02/2003)
Au journal de 20 h 00 de PPDA




Trente ans après...
(FR3 les 25/03/2003, 20/04/2003 & 09/05/2004)
Diffusion du film "Trente ans après..." dans le magazine "Aléas" surFrance 3
Thierry NOLIN



Familles disparues, enquêtes en cours...
(FR3 le 26/06/2003)
"Pièces à conviction", le magazine d'investigation de France 3, présenté par Elise Lucet
Stéphane HAUSSY



Disparus de Boutiers : l'affaire relancée...
Les experts sur le terrain 39 ans après !
(CHARENTE LIBRE du 23/11/2011)
A Port-Boutiers, le déploiement des forces
de gendarmerie n'est pas passé inaperçu.
Port-Boutiers le 23/11/2011
Un épisode de «Cold Case» bien réel. Près de quarante ans après le mystère des disparus de Boutiers-Saint-Trojan, la justice a décidé de se pencher à nouveau sur ce dossier qui ressemble à un roman noir. Hier à Boutiers, Nercillac et Saint-Même-les-Carrières, un important dispositif de gendarmerie s’est déployé pour tenter de répondre à des questions qui restent sans réponse depuis trente-neuf ans. Dans le seul but de mettre à profit de nouveaux moyens technologiques afin de peut-être percer un mystère.
Les disparus de Boutiers, c’est l’une des énigmes les plus mystérieuses et les plus tragiques de l’après-guerre en Charente. Nuit de Noël 1972, entre Cognac et Boutiers-Saint-Trojan. Jacques Méchinaud, son épouse Pierrette et leurs deux enfants, Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans, disparaissent dans la nuit froide et brumeuse (lire par ailleurs).
Hier, des dizaines de gendarmes ont investi au moins trois sites du Cognaçais. Si la plus grande discrétion entoure leurs investigations, leur mouvement, inhabituel, n’a pas manqué d’attirer l’attention. C’est d’abord un hélicoptère qui a survolé Boutiers à plusieurs reprises et à très basse altitude lundi en fin de journée. «J’ai cru qu’ils allaient atterrir chez moi, dit une habitante de Port-Boutiers. J’ai même eu peur.»

Des moyens techniques de pointe
Hier au petit matin, tout s’est accéléré. Des militaires ont investi une vieille maison abandonnée à Port-Boutiers. À quelques kilomètres de là, à Nercillac, ce sont des plongeurs de la gendarmerie qui se sont mis à l’eau dans un étang reculé et protégé par un bosquet, au milieu des champs. Enfin, à Saint-Même, près de Jarnac, les carrières sont restées fermées toute la journée.
L’entrée était barrée par un cordon de gendarmerie. Les étangs et gouffres de ces carrières étaient sondés par des spéléologues et des plongeurs de la gendarmerie.
Les enquêteurs utilisent les nouveaux moyens que la technologie met à leur disposition pour tenter de trouver la clé de l’énigme Méchinaud. Grâce à des géoradars capables de cartographier le sous-sol et des radars subaquatiques, ils repassent au peigne fin des sites fouillés dans les années 70 de façon bien plus sommaire. Ils sondent aussi le sous-sol d’une parcelle privée à Boutiers, au cas où. Un tractopelle a même été réquisitionné pour nettoyer le terrain.
Sur le terrain, des techniciens de l’identification criminelle, des enquêteurs de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) de Rosny-sous-Bois, des spéléologues venus des Pyrénées-Atlantiques, des plongeurs de Charente-Maritime et évidemment des enquêteurs de la compagnie de gendarmerie de Cognac. Tous se refusaient au moindre commentaire. Le procureur de la République, Nicolas Jacquet, a observé le même mutisme. Les recherches pourraient durer jusqu’à demain.
Selon nos informations, la réouverture de ce dossier est destinée à apporter des réponses à au moins deux membres de la famille Méchinaud pour qui cette disparition est toujours aussi douloureuse qu’une plaie à vif: une sœur de Jacques, qui a toujours vécu avec ce mystère rendant le deuil impossible, et l’une de ses nièces.

Un cas unique dans les annales judiciaires
Une famille entière qui disparaît sans qu’aucune piste sérieuse ne se dessine: c’est un cas unique dans les annales judiciaires françaises. Dans l’affaire Xavier Dupont de Ligonnes, les corps des victimes ont été rapidement exhumés. Dans l’affaire du Dr Godard, non résolue, des traces de sang, des papiers d’identité et des ossements ont été retrouvés au fil des ans. Dans le dossier Méchinaud, rien. Comme si cette famille s’était volatilisée. Pas de traces de vie, pas de mouvements bancaires, pas de corps, pas d’effets matériels. Rien n’a jamais été retrouvé.
Quarante ans plus tard, la justice utilise donc de nouveaux moyens techniques pour tenter de percer le mystère. C’est d’ailleurs le seul cadre dans lequel elle peut agir. Car sur le plan judiciaire, l’affaire est prescrite depuis vingt-neuf ans. Plus personne ne peut être poursuivi.


Un mystère à couper au couteau
Nuit de Noël 1972. Jacques et Pierrette Méchinaud, accompagnés de leurs enfants, réveillonnent chez un couple d’amis rue des Bruns à Cognac. Vers 1h, ils prennent la route pour rentrer dans leur petite maison de Boutiers-Saint-Trojan, à deux pas de l’actuel monument aux morts. La nuit est glaciale, le brouillard à couper au couteau.
La famille n’est jamais arrivée. Il faudra plus d’une semaine pour que des recherches soient engagées. La thèse de la disparition volontaire, du nouveau départ pris à l’étranger par un couple qui battait de l’aile, est privilégiée. Puis c’est au tour du suicide collectif ou du meurtre suivi d’un suicide d’être envisagés. Plusieurs hypothèses sont avancées.
Jacques Méchinaud aurait pu faire disparaître les corps de son épouse et de ses enfants, puis la voiture dans la Charente, dans des étangs de Cherves ou dans les carrières de Saint-Même avant de mettre fin à ses jours. Les lieux ont été sondés à l’époque. Les recherches n’ont rien donné. Dans le village, il se dit tout et n’importe quoi. Au fil des ans, cette tragédie s’inscrit dans l’histoire de Boutiers.
Quelques amateurs d’énigmes se passionnent pour l’affaire. Des dizaines de questions restent sans réponse. Pourquoi les Méchinaud seraient-ils partis? Pourquoi n’auraient-ils donné aucun signe de vie à aucun membre de leur famille pendant quarante ans? Pourquoi tant de déclarations contradictoires dans l’entourage de ce couple? Comment faire disparaître quatre corps sans qu’ils ne soient jamais retrouvés? Comment faire se volatiliser une voiture sinon en la désossant.
En 2003, un mystérieux corbeau prend contact avec un habitant de Boutiers passionné par le mystère Méchinaud. Il avance la thèse criminelle, donne des détails. Cette piste n’avait jamais été explorée. Le corbeau n’a jamais redonné signe de vie.
Ismaël KARROUM
Port-Boutiers le 23/11/2011



La famille des disparus de Boutiers : «Si ça aboutit, on pourra enfin faire notre deuil»
(CHARENTE LIBRE du 24/11/2011)
Les recherches se sont poursuivies hier dans le cadre du dossier des disparus de Boutiers. Pour la famille, l'espoir de savoir renaît enfin.
Le frère et la nièce de Jacques Méchinaud témoignent.
"Cela nous fait du bien. Surtout que les gendarmes n'ont pas fait ça n'importe comment. Si ça pouvait aboutir, on pourrait enfin faire notre deuil. Sinon, on restera dans le néant. Comme aujourd'hui." Jean-Paul Méchinaud reprend espoir. L'espoir de savoir. Enfin. Peut-être.
La nuit de Noël 1972, il avait 23 ans lorsque son frère Jacques, sa belle-soeur, Pierrette, et ses neveux, Éric et Bruno, ont disparu (lire CL d'hier). Comme volatilisés. Aucun signe de vie. Des corps jamais retrouvés. Une voiture, une Simca 1100, qui semble avoir disparu d'un coup de baguette maléfique. Alors, lorsqu'il a appris que le procureur de la République, Nicolas Jacquet, et les gendarmes de Cognac étaient prêts à mener de nouvelles investigations, il a soufflé. «Ils m'ont parlé. M'ont demandé si ça me gênait. Ils m'ont dit qu'ils ne feraient rien sans notre accord», dit Jean-Paul Méchinaud.

Fouille à Port-Boutiers - Photo CL
La disparition de son frère le hante depuis trente-neuf ans. «On y pense. Tous les ans à Noël, c'est inévitable, dit le sexagénaire qui vit désormais à Saint-Bonnet près de Barbezieux. ça reste gravé.» S'il se prépare à la fatalité, celle que les recherches restent vaines, Jean-Paul Méchinaud conserve au fond de lui l'espoir que les moyens engagés par les enquêteurs permettent enfin de résoudre le mystère qui hante sa famille depuis près de quatre décennies. Pour ses parents, aussi. «Mes parents sont décédés il y a vingt ans. Ils sont partis sans revoir leur fils et leurs petits-enfants. Sans savoir», décrit Jean-Paul Méchinaud.
«Des gens savent»
Déborah Méchinaud, nièce de Jacques, accueille aussi avec bonheur la reprise des recherches. «J'espère que les techniques modernes vont nous permettre de découvrir de nouveaux éléments et de répondre enfin à toutes les questions que l'on se pose.» Il y a quelques mois, Jean-Paul Méchinaud avait pris sa plume pour écrire au procureur de la République. «On avait un problème. Avec ma soeur, on a un terrain qui appartenait à mes parents et que nous voulions vendre. Or, c'est une indivision. Et comme mon frère était disparu, c'était impossible! On n'y arrivait pas.» Il a exposé son problème à Nicolas Jacquet. «Puis il m'a reçu, m'a expliqué qu'au bout de vingt ans de disparition, plus rien ne s'opposait à cette vente.» C'est là que le lien s'est noué entre les autorités et la famille Méchinaud.
Ismaël KARROUM



Cette mystérieuse nuit de Noël 1972
(SUD-OUEST du 24/11/2011)
SUD-OUEST du 18 janvier 1973
L'affaire des disparus de Boutiers a défrayé la chronique. Revue de presse
C'était une nuit de 1972 froide et glaciale. Une nuit de Noël où une Simca 1100 de couleur grenat s'est enfoncée dans le brouillard givrant. Une nuit dont le mystère demeure entier…
Que sont devenus les Ménichaud et leurs enfants ? Accident ? Enlèvement ? Fuite ? Suicide collectif ? L'affaire a défrayé la chronique et, parfois, les journalistes se sont perdus en conjectures. La lecture des archives l'atteste. Le 18 janvier 1972, « Sud Ouest » affirme qu'un « drame de la jalousie pourrait expliquer la disparition ». Le journaliste Jean-Marie Sallée interroge des voisins. « Mme Ménichaud aimait les minijupes, alors que son mari, de caractère jaloux et renfermé, tenait essentiellement à ce qu'elle soit une fée du logis », dit l'un d'eux. « Jamais encore on ne l'avait vu aussi nerveux », dit un autre.
Une fuite en Australie ?
Et le journaliste de conclure : « Jacques Ménichaud a-t-il entraîné dans la mort ceux qu'il aimait, conscient de ne pouvoir garder sa femme à ses côtés ? C'est plausible. »
Les jours suivants, changement de ton. « Sud Ouest » rapporte que les recherches demeurent « infructueuses ». Le journal cite l'adjudant-chef Beausset, qui déclare que « la gendarmerie fait pourtant le maximum pour élucider l'affaire et met tous les moyens en œuvre ». Des radiesthésistes sont appelés à la rescousse. En vain. Et voilà que le journaliste Jean-Marie Sallée interroge un proche et évoque une autre piste. Celle de la fuite.
Ce proche déclare : « Depuis longtemps, il avait l'intention d'aller en Australie pour y vivre avec les siens. Non, voyez-vous, je reste persuadé qu'après avoir quitté ses amis à une heure du matin, il a menacé Pierrette avec un pistolet d'alarme qu'il avait acheté à Cognac et s'en est allé loin, où il vit aujourd'hui retranché. »
Bref, on gamberge, on suppute, on s'égare… La presse à scandale s'empare également de l'affaire. On évoque un possible billet, une lettre d'amour de la disparue qui aurait rendu Jacques fou de rage. On écrit beaucoup, mais on ne sait pas grand-chose. En ce mois de janvier 1972, « Sud Ouest » a la sagesse de préciser : « Tout est possible. Mais plus on envisage d'éventualités et plus l'énigme s'épaissit. »
En 2003, « Libération » a consacré un long article à l'affaire. Selon nos confrères, Robert Richard, le maire de Boutiers, déclarerait à chaque scrutin : « Et surtout, si les Méchinaud viennent voter, vous me prévenez ! »
Daniel BOZEC et Severine JOUBERT



Disparus de Boutiers (16) : trente-neuf ans après, les experts sondent le mystère
(SUD-OUEST du 24/11/2011)
Trente-neuf ans après la disparition d'une famille entière dans la nuit de Noël, les recherches ont repris avec des appareils dernier cri. En vain pour l'instant.
Des plongeurs guidés par un sonar qui balaye le lit de la Charente. Des spéléologues lancés dans une carrière à l'abandon. Le domaine d'une propriété en ruine débroussaillé et ratissé au géoradar. Trente-neuf ans après la disparition d'une famille entière de Boutiers, près de Cognac, les gendarmes ont repris les recherches tous azimuts depuis mardi. Elles s'achèvent ce jeudi. Pour l'heure, elles restent vaines.
Résoudront-elles l'énigme des disparus de Boutiers ? Noël 1972, à Cognac. La famille Méchinaud a passé le réveillon chez des amis. Il est l'heure de rentrer à la maison. Jacques, 31 ans, ouvrier à l'usine verrière Saint-Gobain de Châteaubernard, démarre sa Simca 1100 grenat. À ses côtés, sa femme, Pierrette, 29 ans. À l'arrière, leurs enfants : Bruno, 4 ans, et Éric, 7 ans. Direction Boutiers, à moins de 4 kilomètres en empruntant la départementale qui longe en partie la Charente. Jamais ils n'arriveront à destination en cette nuit de Noël plongée dans un épais brouillard. La famille s'est volatilisée. Des plongeurs sondent la Charente et divers points d'eau dans le secteur. Aucun indice ne sera récolté, pas même une trace de pneus.
Bâteaux de la gendarmerie
Les cadeaux au pied du sapin
Dans la maison que les Méchinaud louent à Boutiers, les gendarmes trouveront, trois semaines plus tard, les cadeaux au pied du sapin et le frigo rempli de victuailles, plateau d'huîtres et dinde prête à enfourner. À l'époque, une thèse est privilégiée : Pierrette entretient une relation extraconjugale avec un voisin de Boutiers. Elle songe à divorcer. Fou de désespoir, son mari aurait-il précipité toute sa famille outre-tombe ?
Si les recherches ont repris cette semaine, « ce ne sont pas des investigations liées à de nouveaux éléments », prévient Nicolas Jacquet, procureur de la République d'Angoulême. Sollicité voilà un an par un frère et une sœur de Jacques Méchinaud, il s'est résolu à lancer une opération avec l'aide des technologies dernier cri mises à la disposition des enquêteurs. « Ce sont des moyens nouveaux pour la recherche de la vérité. Il s'agit de répondre à l'attente des familles et à une énigme judiciaire. C'est un dossier hors norme. »
Affecté aux brigades nautiques depuis tout juste six mois, un radar subaquatique aide les plongeurs à quadriller la Charente et les trous d'eau. Le tout à moindre coût : exception faite du débroussaillage et d'une tractopelle, l'opération repose sur les seuls moyens humains de la gendarmerie, soit une vingtaine d'hommes.Ainsi a-t-on vu la brigade nautique de La Rochelle plonger et replonger dans la Charente au moindre écho radar suspect. Quatre voitures, dont une Porsche 914 des années 1970, et même un antique fusil ont été repérés. Toujours pas de Simca 1100 en vue mais 13 échos restent à interpréter aujourd'hui. « Il peut s'agir de morceaux de voiture ou de tout autre objet », précise le chef d'escadron Georges Pierrini, commandant de la compagnie de gendarmerie de Cognac.
« On est dans le néant »
Dans les cavités de Saint-Même-les-Carrières, les spéléologues d'Oloron-Sainte-Marie et les plongeurs d'Hendaye ont inspecté une salle demeurée inaccessible à leurs prédécesseurs des années 1970. Des puits ont été sondés. Le gouffre de Gensac-la-Pallue, une résurgence d'eau que l'on trouve à deux pas de l'église du village, pourrait être inspecté à son tour. Le radar peut déceler l'écho d'une éventuelle carcasse de voiture jusqu'à 60 mètres de profondeur. Et si un tel déploiement ne faisait qu'épaissir le mystère des disparus de Boutiers, ravivant au passage des souvenirs douloureux ? « Nous n'avons pas la prétention de faire des recherches exhaustives, relativise le commandant Pierrini. En revanche, on contribue à établir une cartographie des lieux. On ferme des portes. À l'avenir, ce travail pourra peut-être servir. »
Jean-Paul Méchinaud, 63 ans, jeune frère de Jacques, accueille la reprise des recherches avec un espoir modéré. Il exprime surtout l'impossibilité de mener à bien le deuil. « On est dans le néant. Rien n'a été retrouvé. Tout est là en suspens. » Jean-Paul Méchinaud était proche de Jacques et, encore aujourd'hui, n'imagine pas un instant que son frère ait pu faire du mal à ses propres enfants et à son épouse.
Daniel BOZEC et Severine JOUBERT



Disparus de Boutiers: les mémoires ravivées
(CHARENTE LIBRE du 25/11/2011)
Les recherches vont se poursuivre une matinée supplémentaire autour de Cognac. Les témoins de l'époque vont pouvoir s'exprimer.
Pas de corps. Pas de Simca 1100 grenat. Aucune découverte en lien avec les disparus de Boutiers-Saint-Trojan. Hier, pour la troisième journée consécutive (lire nos éditions précédentes), les gendarmes de la brigade nautique de La Rochelle ont sondé la Charente. Alors que les recherches devaient s'interrompre hier soir, elles se poursuivront au moins ce matin.
«Le radar a révélé 10 échos très intéressants en face du château de Saint-Brice dans des fosses de 4 mètres de profondeur. Les plongeurs vont y retourner pour les inspecter, explique Georges Pierrini, le commandant de la compagnie de gendarmerie de Cognac. Ce sont des gros volumes qui laissent suggérer la présence de véhicules entiers.»
Ironie de l'histoire: dans les années 70, un habitant de Boutiers-Saint-Trojan avait fait appel à un radiesthésiste qui avait assuré que le couple Méchinaud se trouvait «dans la Charente, au niveau du château Hennessy, face à la statue des chiens». À l'époque, les gendarmes s'étaient rendus sur place. Des traces de voiture dirigées vers l'eau avaient été découvertes, mais les recherches entreprises par les plongeurs à l'époque n'avaient pas abouti.
Pour l'instant, que ce soit à Port-Boutiers ou dans la Charente, les disparus de Boutiers n'ont toujours pas livré la clé de leur mystère. Au moins deux personnes, dont les souvenirs ont été réveillés par la médiatisation des recherches actuelles, ont pris contact avec les enquêteurs. Elles ont livré des éléments qui seront peut-être exploités ultérieurement.
Une adresse mail et un recueil pour les témoignages
Parallèlement, les gendarmes vont créer une adresse mail spéciale afin de recueillir des témoignages concernant la disparition des époux Méchinaud et de leurs enfants, Bruno et Éric le soir de Noël 1972. Un livre de témoignages sera aussi mis en place. «Selon la mémoire des uns et des autres, ça nous permettra de coupler ces témoignages aux éléments recueillis lors des investigations de cette semaine», décrit le commandant de gendarmerie. Des proches du couple Méchinaud pourraient aussi être invités à livrer leurs souvenirs aux enquêteurs.
Par ailleurs, l'opération lancée mardi et révélée par CL a permis aux enquêteurs de trouver au moins 57 objets plus ou moins gros immergés entre Saint-Brice et Boutiers. «Nous allons les cartographier et Cognac pourrait devenir un site d'entraînement pour la brigade nautique», suggère Georges Pierrini.
Les moyens engagés par les enquêteurs ont fait un autre heureux. Hier, après avoir lu CL, un Cognaçais s'est présenté à la brigade de gendarmerie de Cognac. Il a présenté le modèle et la couleur de la Porsche qu'on lui avait volée il y a des années. C'est bien celle retrouvée dans la Charente mercredi au petit matin.
Ismaël KARROUM
Radar - Photo SO



Des lieux éliminés, d'autres encore à explorer
(SUD-OUEST du 26/11/2011)
Photo SO
La première phase de l'opération « Bruneri » s'est achevée vendredi au quatrième jour de recherches. Aucune trace de la famille Méchinaud n'a été trouvée
C'est l'une des conséquences de la relance des recherches de la famille Méchinaud, volatilisée le soir de Noël 1972 : la mémoire plus ou moins précise des contemporains des « Disparus de Boutiers » se ravive.
Hier matin, au quatrième jour de l'opération Bruneri 47 - en référence aux prénoms et âges des deux garçons disparus, Bruno et Éric - les gendarmes de Cognac ont créé une adresse Internet (1) pour canaliser, gérer et recueillir la parole d'éventuels témoins de l'époque. « Nous recevons quantité de coups de téléphone », témoignait hier soir le commandant de la compagnie de Cognac, Georges Pierrini.
L'énigme des « Disparus de Boutiers » est telle que chacun y va de son avis sur le lieu où le père de famille, Jacques, aurait pu décider de faire disparaître sa famille. Cette piste du suicide collectif vaut hypothèse mais n'a, de fait, jamais été confirmée.
Hier matin, sur la rive gauche de la Charente, non loin du Château de Saint-Brice, Guy Vincent, 71 ans, ancien collègue de Jacques Méchinaud, à la verrerie de Saint-Gobain Emballage, imaginait qu'il aurait très bien pu disparaître, avec femme et enfants, dans les cavités de Saint-Même-les-Carrières.
Fiabilité des témoignages
L'endroit, fouillé à l'époque de la disparition, l'a été à nouveau cette semaine. Les moyens d'aujourd'hui ont même permis d'explorer des salles jamais visitées par les enquêteurs.
Guy Vincent se souvient que Jacques Méchinaud l'avait rejoint au service « entretien ». « Il était bien considéré. » Et de raconter que Jacques Méchinaud aurait confié à un autre collègue, en instance de séparation, que si pareille mésaventure lui arrivait, « tout le monde disparaîtrai ». Une phrase, une menace que Jacques Méchinaud avait prononcée dans un autre contexte à son frère, Jean-Paul.
Trente-neuf ans après les faits, quel est le degré de fiabilité des témoignages ? Ne sont-ils pas influencés par la rumeur, les nombreux reportages réalisés depuis trente-neuf ans autour de cette incroyable histoire ?
Le recours à des outils ultra-perfectionnés, qui ont d'ailleurs justifié le déclenchement de recherches mardi, apporte une dose nécessaire de rationalité à l'énigme des « Disparus de Boutiers ».
Précédemment ingénieur criminaliste à l'IRCGN, l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, à Rosny-sous-Bois, le commandant de la compagnie de Cognac s'appuie sur la technologie de pointe pour « fermer des portes ».
Les « traces complètes » repérées dans la Charente, à Saint-Brice, par le sonar subaquatique de la brigade nautique de la Rochelle, dirigée par le major Frédéric Taymont ont été approfondies hier. Le sondage réalisé par les plongeurs a démontré qu'il s'agissait en fait de grandes barques.
De nouvelles recherches
D'autres échos intéressants ont été perçus, jeudi, en face de la base plein air de Cognac. « Les plongeurs pourront bientôt vérifier ce à quoi ils correspondent, grâce à leur localisation très précise par GPS », ajoute le commandant Pierrini.
Ce qui signifie que l'opération « Bruneri 47 », initiée par le procureur de la République, Nicolas Jacquet, aura des suites. « Compte tenu du nombre important des lieux qui demeurent encore à investiguer, la région de Cognac accueillera volontiers les spécialistes de la gendarmerie (spéléologues, plongeurs…) qui pourront à l'occasion d'entraînements techniques, joindre l'utile au nécessaire dans l'exercice de leurs missions. Ces nouvelles recherches permettent aujourd'hui de commencer la reconstruction d'un puzzle. Une véritable cartographie des lieux vérifiés, et ceux nombreux restant encore à investiguer, se dessine désormais au fil du temps. »
« Cette enquête, chère au cœur de plusieurs générations de gendarmes à Cognac qui n'ont jamais cessé de penser, chaque année au moment de Noël, à la famille disparue trouve aujourd'hui un nouveau souffle. Notre action trouve son intérêt dans la volonté et le désir de faire le maximum pour les familles, et tenter de répondre à leurs interrogations. »
(1) Indiquer « Bruneri 47 » dans le sujet du mail à envoyer à bta.cognac@gendarmerie.interieur.gouv.fr
Séverine JOUBERT



Disparus de Boutiers (16) : les recherches terminées, une boite mail pour les témoins
(CHARENTE LIBRE du 26/11/2011)
"De grandes barques reposant au fond de l'eau.» C'est ce que les plongeurs de la brigade nautique de La Rochelle ont découvert par quatre mètres de fond dans la Charente, en face du château de Saint-Brice, hier matin. Les investigations menées pendant trois jours (lire nos éditions précédentes) par les gendarmes de Cognac, les brigades nautiques de La Rochelle et Hendaye, le peloton de haute montagne d'Oloron-Sainte-Marie et l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale) n'ont pas permis de remettre la main sur la Simca 1100 et les corps des époux Méchinaud et de leurs enfants, Éric et Bruno. Ni dans la Charente, ni dans une maison abandonnée de Port-Boutiers, ni dans les carrières de Saint-Même. Le mystère reste donc entier. Hier matin, les gendarmes de Cognac ont activé une boîte mail (1) afin de recueillir d'éventuels témoignages et informations sur cette affaire. Toute personne souhaitant porter à la connaissance des enquêteurs des renseignements utiles dans le cadre de cette enquête peut donc s'adresser directement à eux.
(1) Indiquer « Bruneri 47 » dans le sujet du mail à envoyer à bta.cognac@gendarmerie.interieur.gouv.fr
Ismaël KARROUM
Pont de St-Brice - Photo SO



L'heure du crime...
(RTL le 30 novembre 2011)

"L'heure du crime" du 30 novembre 2011 sur RTL de 14H à 15H consacrée aux "Disparus de Boutiers" à écouter ici :
http://www.rtl.fr/emission/l-heure-du-crime/ecouter/l-heure-du-crime-du-30-nov-2011-les-disparus-de-boutiers-7739578579
Une famille entière se volatilise en pleine nuit de Noël...
Jacques PRADEL




Les fantômes d'une famille perdue dans la nuit...
(Le Nouveau Détective n° 1525 du 07 décembre 2011)

Un soir, ils sont montés dans leur SIMCA 1100 avec leurs enfants pour rentrer chez eux...
Une enquête d'Aurore De Lagane




Disparus de Boutiers : les recherches continuent...
(SUD-OUEST du 24 JANVIER 2012)

Hier matin, le commandant Pierrini a notamment profité de la venue des brigades nautiques pour sonder un autre bras de la Charente à la recherche du moindre indice pouvant expliquer la disparition de la famille Méchinaud. « La rivière du Solençon a été balayée sur le bras ouest de la Charente. Ainsi, nous avons pratiquement sillonné toute la cartographie locale que nous nous étions fixée. Il était possible que la voiture des Méchinaud se trouve par là, elle aurait tout à fait pu dériver dans ce bras du Solençon. » Pourtant le commandant avoue n'avoir toujours rien trouvé de probant. La Charente n'avait jamais été aussi bien fouillée depuis la disparition. « On ne peut toujours pas dire à la famille où se trouvent les Méchinaud. On sait juste où ils ne se trouvent pas. »
Sophie CARBONNEL




Présumé innocent (Spécial disparitions mystérieuses...)
(DIRECT8 les 22 février et 14 avril 2012)

Les disparus de Boutiers : 39 ans de mystère. Retour sur la disparition d'un couple et de ses deux enfants en 1972...
Noël 1972 : Jacques, 31 ans, sa femme Pierrette, 29 ans et leurs deux enfants Bruno et Eric, âgés de 4 et 7 ans, passent la soirée chez un couple d'amis, à Cognac. Dans la nuit du 24 au 25 décembre, ils repartent vers une heure du matin mais ils ne rentreront jamais chez eux, à Boutiers-Saint-Trojan, à 4 km de là. Les enquêteurs découvrent rapidement que le couple connaissait une passe difficile. Pierrette avait un amant et son mari était connu pour être impulsif. Mais alors, dans l'hypothèse d'un suicide collectif, comment expliquer que la famille et la voiture n'aient jamais été retrouvées ? Le mystère perdure depuis 39 ans. Car dans cette affaire, il n'y a ni trace, ni cadavre, ni signe de vie. Accident ? Drame familial ? Fuite à l'étranger ? Aucune piste n'a pu être privilégiée par les enquêteurs pour élucider ce mystère. Même si l’affaire est prescrite, le procureur d'Angoulême a décidé d'engager de nouvelles recherches dans la Charente en novembre dernier. Les plongeurs n'ont rien retrouvé si ce n'est une Porsche volée... Le mystère reste donc entier. Mais des investigations ponctuelles devraient se dérouler tout au long de l'année 2012 afin de trouver peut-être, ne serait-ce qu'un début d'indice...
http://www.direct8.fr/video/M2JjWVFJ/presume-innocent-speciale-disparitions-mysterieuses/
Présenté par Jean-Marc MORANDINI




Disparus de Boutiers : des ossements humains réapparaissent 40 ans après
(SUD-OUEST du 13 décembre 2012)

Des ossements découverts dans un bois pourraient relancer l'affaire de la disparition de la famille Méchinaud, dans la nuit de Noël 1972, il y a 40 ans.
Une chênaie dans la brume des matins frisquets, bordée par la départementale et le chemin qui mène au hameau de la Férouze, à Courcerac (17). Philippe Portrait désigne un jeune arbre. C'est là, entre lierre et feuilles mortes, que cet amateur de cèpes a trouvé des ossements humains, le 12 octobre dernier.
Les restes d'un homme et la calotte crânienne d'un enfant : il n'en fallait pas plus pour que l'on songe, entre autres hypothèses, aux disparus de Boutiers (16). Une énigme vieille de quarante ans : 22 kilomètres plus loin, dans la nuit de Noël 1972, la famille Méchinaud se volatilisait au retour d'un réveillon passé chez des amis à Cognac. Partis à bord de leur Simca 1100, Jacques, 31 ans, ouvrier à l'usine verrière Saint-Gobain, son épouse Pierrette, 29 ans, et leurs garçons Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans, n'ont plus jamais donné signe de vie. Dans leur maison de Boutiers, les gendarmes de l'époque ont trouvé trois semaines plus tard la dinde au réfrigérateur et les cadeaux au pied du sapin.

Forêt où ont été découverts les ossements humains - photo SO
Recoupements en cours
En se penchant sur le tas d'os à l'orée du bois, Philippe Portrait a d'abord « pensé à un chevreuil ». Alertés par un autre cueilleur de champignons, les gendarmes ont sollicité le vétérinaire local : point de carcasse animale sur le chemin des cèpes mais bel et bien des ossements humains. À savoir la dépouille partielle d'un homme, ses jambes, son bassin, sept vertèbres et neuf côtes. À deux pas de là, le morceau frontal d'un crâne qui n'est pas le sien. Les analyses de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont établi qu'il appartenait à un enfant âgé de 7 à 13 ans. À défaut d'une datation techniquement impossible, le médecin légiste évalue l'âge des ossements à « plus de quarante ans », troublante estimation qui colle avec la disparition des Méchinaud.
« Intriguant », lâche une source proche de l'enquête, sans céder à l'emballement. Engagés sur la première piste depuis la disparition de la famille Méchinaud, les gendarmes de Cognac se donnent les moyens d'en avoir le cœur net : la semaine dernière, ils ont soumis des parents des Méchinaud à des tests ADN en vue de recoupement avec celui déjà extrait des ossements. Le tout a été confié au laboratoire bordelais du docteur Christian Doutremepuich, expert reconnu en ADN. Ses conclusions tomberont-elles bientôt ? « Cela va prendre du temps », prévient Patrice Camberou, procureur de la République d'Angoulême. Et le magistrat de temporiser : « Je n'exclus rien, mais je n'ai aucun élément qui me permet de faire un lien. »
« Un gars qui a fait un trou »
Autre versant de l'enquête : qui donc a abandonné les ossements sur un sentier où passent nombre de promeneurs et vététistes ? « Sans doute un gars qui a fait un trou quelque part, a trouvé ça et a voulu s'en débarrasser », souffle Gérard Roby, maire de Courcerac. Les gendarmes de Saint-Jean-d'Angély ont demandé aux maires des environs de Matha de leur signaler les travaux effectués depuis l'été dernier, tant dans les cimetières que chez les particuliers.
Signe que l'affaire des « disparus de Boutiers » reste ancrée dans les esprits charentais, des recherches exceptionnelles avaient repris à l'automne 2011, dans les environs de Cognac. Deux jours durant, la Charente et divers points d'eau comme les cavités de Saint-Même-les-Carrières avaient été sondés au moyen d'appareils dernier cri. En vain.
Daniel Bozec et Séverine Joubert

La Gendarmerie de Cognac toujours à la recherche d'une trace des disparus :
Suite à la parution d'un article sur Sud-Ouest relatif à la découverte d'ossements humains à Courcerac (17), le chef d'escadron Georges Pierrini commandant la Compagnie de Cognac nous a confirmé le 13 décembre 2012 que des investigations techniques dans le cadre de la disparition de la famille Méchinaud étaient toujours en cours, notamment pour tenter d'établir s'il existe ou non une quelconque relation entre cette découverte et la famille disparue.
Comme le relatent les enquêteurs, les restes humains découverts en Charente maritime font l'objet d'un expertise approfondie à l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale (IRCGN) à Rosny sous Bois (93).
Comme l'a indiqué à la presse le Procureur de la République d'Angoulême, Monsieur Patrice Cambérou, les investigations techniques et scientifiques prendront du temps.
Aucune hypothèse n'est à ce jour exclue ou privilégiée, et les enquêteurs restent très prudents et discrets sur cette découverte qualifiée "d'intrigante", non loin de l'ancien domicile de la famille Méchinaud.

Pour mémoire : Une adresse internet destinée à recueillir tout renseignement utile à la disparition de la famille Méchinaud est ouverte par la gendarmerie de Cognac depuis l'automne 2011 : bta.cognac@gendarmerie.interieur.gouv.fr

Autres médias ayant abordé cette actualité le 13/12/2012 :
RTL à écouter en cliquant > Disparus de Boutiers : des ossements humains relancent l'enquête
TF1 à voir en cliquant > Les disparus de Boutiers : 40 ans après, l'affaire relancée



Charente : une famille disparue depuis Noël 1972
(SUD-OUEST du 24 décembre 2012)
Il y a quarante ans, un couple et leurs deux garçons disparaissaient la nuit de Noël. Depuis, proches et enquêteurs vivent dans un insondable mystère, celui des "disparus de Boutiers".
Ce lundi soir, cela fera exactement quarante ans que la famille Méchinaud a disparu sans laisser de trace. Ni de vie, ni de mort. Quatre décennies d'énigme totale autour d'un fait divers devenu l'affaire des « disparus de Boutiers ». Encore aujourd'hui, à la faveur de nouvelles recherches ou découvertes, elle génère fantasme, fascination et hypothèses les plus folles.
Le 24 décembre 1972, Pierrette et Jacques Méchinaud réveillonnent chez des amis cognaçais, les Fontanillas, rue de la Plante. Les deux familles ont passé l'après-midi ensemble. Pierrette a 29 ans ; Jacques, 31 ans. De leur union, sont nés deux garçons, Éric, 7 ans, et Bruno qui en a 4. La veille, les parents ont fait les emplettes de Noël pour leurs deux garçons.
Pierrette Méchinaud, Denise Grall et Jacques Méchinaud. Été 1967 ou 1968 à Brillac, vacances entre amis. Le petit Éric se protège du soleil... - Photo SO
Une soirée détendue
La petite famille vit depuis deux ans et demi au village de Boutiers-Saint-Trojan, juste à côté de Cognac. Jacques a grandi à Bourg-Charente, Pierrette, née Esnard, à Saint-Même-les-Carrières. Décrit comme travailleur, Jacques Méchinaud est employé à l'usine verrière Saint-Gobain de Châteaubernard. Son épouse élève les enfants et s'occupe du logis, mais semble s'ennuyer.
La soirée entre amis se déroule dans une ambiance détendue. Vers 1 ou 2 heures du matin, Jacques met en route la voiture familiale, une Simca 1 100 couleur grenat. La maison est à 3,5 kilomètres de là, à l'entrée de Boutiers. Une fois le moteur chaud, il appelle Pierrette, Éric et Bruno. La Simca démarre, quitte la rue de la Plante et s'engouffre dans l'épais brouillard de la nuit de Noël 1972.
Le 6 janvier 1973, Pierre Esnard, le père de Pierrette, signale à la gendarmerie la disparition de sa fille, de son beau-fils et de ses deux petits-enfants. Quand les gendarmes se rendent à la maison aux volets verts de Boutiers, ils y découvrent les cadeaux emballés, posés au pied du sapin de Noël ainsi que la dinde et les huîtres au réfrigérateur. Ils retrouvent aussi un chéquier, des papiers d'identité et le livret de famille.
À partir du 10 janvier, d'importants moyens de recherche sont mobilisés. La Charente est survolée par hélicoptère. Son lit est sondé par les plongeurs sapeurs-pompiers. Les étangs du Cognaçais et le ruisseau du Né sont également inspectés. En vain.
Un homme-grenouille qui a participé aux recherches se souvient parfaitement de ce mois de janvier 1973. « On a commencé les recherches au pont de Saint-Jacques, puis on a fait toutes les berges jusqu'à Boutiers. On est remonté jusqu'à Merpins. On a vérifié les fosses que l'on connaissait. On n'a rien trouvé, pas la moindre chose, rien du tout. On n'a pas vu une seule trace de pneu sur les berges. »
Un époux trompé
Faute d'indice, à deux reprises, des radiesthésistes sont appelés à la rescousse. C'est encore l'échec. Au fil des recherches, la vie du couple Méchinaud, présenté comme sans histoire, laisse apparaître des failles.
Il est avéré que Jacques et Pierrette traversaient un moment difficile. Pierrette entretenait depuis quelque temps une relation extraconjugale avec le voisin. Jacques l'avait découvert. Depuis combien de temps ? Mystère.
D'un tempérament jaloux et impulsif, Jacques acceptait très mal son infortune. Ses proches avaient ressenti un certain malaise. Quelques mois plus tôt, à la Foire-expo d'Angoulême, il avait prévenu Jean-Paul, son frère, et France, l'épouse de ce dernier, que si son couple devait exploser, « tout le monde disparaîtrait ».
Mécano averti, Jacques Méchinaud travaillait au noir. Et disposait d'argent en liquide. Était-ce suffisant pour envisager et préparer une autre vie ? Aucun mouvement bancaire n'a en tout cas été enregistré après que la famille s'est volatilisée.
Suicide, accident, fuite ?
Le 23 décembre, Pierrette aurait dit son intention de se séparer de son époux. Que s'est-il passé ensuite ? Nul ne peut le dire. Les derniers à avoir vu les Méchinaud sont les Fontanillas. Dans « Sud Ouest » daté du jeudi 18 janvier 1973, le journaliste Jean-Marie Sallée rapporte les propos des Fontanillas, qui se montrent formels : « Ils ne se sont pas querellés. On a seulement remarqué que Jacques était plus instable que d'habitude. »
Une dispute aurait-t-elle éclaté sur le chemin du retour ? Toutes les hypothèses ont dès lors été échafaudées sans que l'une ne prenne le dessus : suicide collectif, accident, fuite pour une nouvelle vie, mauvaise rencontre ?
Les avis sont nombreux, mais les preuves inexistantes. La troublante découverte d'ossements à Courcerac (lire ci-dessus), en Charente-Maritime, en octobre, relancera-t-elle l'enquête ?
Quarante ans plus tard, l'affaire des disparus de Boutiers reste pour l'heure une énigme parfaite.
Sources : articles de Jean-Marie Sallée pour « Sud Ouest », le 18 janvier 1973, le 19 janvier 1973, le 20 janvier 1973. Articles du 11 mars 1981 et du 24 novembre 2011
Piste de Courcerac, ADN et... nouvelles recherches en vue
La dépouille partielle d'un homme, un fragment de crâne d'enfant âgé de 7 à 13 ans, peut-être moins. Vieux de « plus de quarante ans », selon l'estimation du légiste, les ossements trouvés en octobre à l'orée d'une chênaie de Courcerac, près de Matha, suscitent toutes les interrogations.
Les parents des Méchinaud ont été invités à se soumettre à des tests ADN en vue de recoupements. Les résultats ne tomberont pas avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois : « Comme l'a indiqué le procureur de la République d'Angoulême, les investigations techniques et scientifiques prendront du temps », répète Georges Pierrini, commandant de la compagnie de Cognac. Surprise, indépendamment de la découverte des ossements, de nouvelles recherches sont envisagées « au cours du premier semestre 2013 ». « Une nouvelle technologie de sondage aquatique beaucoup plus performante et sélective » sera mise en œuvre sur la Charente : « L'exploration de fosses profondes, qui ont été mises en évidence au cours des précédentes recherches, pourrait ainsi être affinée, et les découvertes de véhicules enfouis sous les eaux grandement facilitées. »
Par ailleurs, une adresse mail permet toujours à d'éventuels témoins d'entrer en relation avec les enquêteurs :
bta.cognac@gendarmerie.interieur.gouv.fr
Séverine JOUBERT



Le sapin, les cadeaux, "une mise en scène"
(SUD-OUEST du 24 décembre 2012)

Les Grall partaient en vacances d'été à Brillac avec la famille Méchinaud
Denise Grall a attendu trente-neuf ans et la reprise des recherches l'année dernière pour trouver quelqu'un à qui remettre les photos des vacances qu'elle et son mari avaient partagées avec Jacques, Pierrette et leurs enfants, entre 1966 et 1972. C'est seulement l'année dernière qu'elle a entrepris de prendre contact avec Jean-Paul Méchinaud.
« Nous avons rencontré Jacques et Pierrette à Brillac, à côté de Confolens, dans un centre de vacances », relate Denise qui, à l'époque, vivait à Saint-Michel. Aujourd'hui, elle est installée à La Couronne. Les deux couples sympathisent au point de se retrouver chaque été « pendant deux semaines de grande java. C'est comme si c'était hier. Un été, Jacques et Pierrette n'avaient pas réservé et il n'y avait plus de place. On leur a proposé d'installer leur tente à côté de nous. »
Une carte laissée avant Noël
Comme les Méchinaud, les Grall avaient deux garçons. « Les enfants jouaient beaucoup ensemble. Bruno et Rémi mangeaient avec nous. Ils venaient dormir. Le soir, on se retrouvait tous, avec d'autres familles. »
Quand l'affaire des « disparus de Boutiers » a éclaté, Denise et son mari sont restés interdits, avant de se convaincre que les Méchinaud étaient partis vivre ailleurs. Denise se souvient parfaitement du caractère jaloux de Jacques. Elle avait également deviné des tensions entre les familles Méchinaud et Esnard, le nom de jeune fille de Pierrette. « Pierrette m'en avait parlées. Mais c'est personnel », coupe Denise. « Jacques nous avait bien dit que, si un jour quelque chose n'allait pas, il disparaîtrait avec sa famille », souffle-t-elle. Pour Denise, il est incontestable que Jacques aimait ses deux garçons. « Il ne leur aurait jamais fait de mal. Il voulait que son aîné devienne footballeur. »
Juste avant Noël 1972, Jacques et Pierrette Méchinaud avaient déposé dans la boîte aux lettres une carte les invitant à passer à Boutiers, pour échanger les photos de vacances. « On l'a gardée très longtemps. » La carte aussi a fini par se volatiliser. Quant au sapin et aux cadeaux de Noël jamais ouverts, Denise va jusqu'à dire qu'il s'agit d'une « mise en scène ».
Jamais en quarante ans, Denise Grall n'a été interrogée par les gendarmes. Le couple n'a pas osé se manifester. Cela n'aurait peut-être pas changé grand-chose. Aujourd'hui, Denise Grall s'avoue « soulagée » d'avoir confié les photos souvenirs à un membre de la famille.
Il était l'amant de Pierrette
À l'époque de la disparition des Méchinaud, Maurice Blanchon était l'amant de Pierrette. Il vit toujours à Boutiers-Saint-Trojan. Quarante ans après, il exprime sans détour son ras le bol. « Je suis plus emmerdé par les journalistes que par les gendarmes. J'ai eu affaire aux enquêteurs il y a quarante ans et ça a été terminé, explique-t-il. Je ne dirai plus rien. Je m'en fous éperdument de cette histoire. » Il est persuadé que la famille s'est enfuie « en Australie. Vous savez, 15 000 personnes disparaissent par an en France. » Selon le ministère de l'Intérieur, chaque année, 10 000 disparitions restent sans réponse. Le cas d'une famille entière reste exceptionnel.
Séverine JOUBERT



Disparus de Boutiers : "Je n'ai que des photos de coupures de presse"
(SUD-OUEST du 24 décembre 2012)
Jean-Paul Méchinaud était le petit frère de Jacques. Ils étaient proches
Dans la fratrie de 11 enfants, Jean-Paul, 64 ans aujourd'hui, est le numéro neuf. Jacques, son frère, était le huitième. Les deux frangins étaient proches. Encore aujourd'hui, Jean-Paul, qui vit à côté de Barbezieux, loue les qualités de mécanicien de son frère aîné. « Il était super-doué. Vraiment. » Son admiration, intacte, ne l'empêche pas de reconnaître le côté ombrageux de Jacques.
Alors bien malgré lui mais comme investi d'un devoir, Jean-Paul Méchinaud s'est retrouvé à porter la parole de la famille. Ses parents sont décédés sans avoir su ce qui était arrivé. Ses sept frères et sœurs, encore de ce monde, réagissent différemment. Entre ceux qui veulent tourner la page et ceux qui espèrent toujours. Le sujet n'est que très peu abordé. Et le deuil, par définition, impossible.
« On ne peut pas oublier »
Jean-Paul Méchinaud, lui, parle d'espoir. « Ça nous tient. De toute façon, on ne peut pas oublier. À chaque Noël, on y pense. Un jour, on saura peut-être. » Lui-même père de cinq enfants, il calcule les âges hypothétiques d'Éric et Bruno. « Éric aurait 47 ans… On voit nos propres enfants grandir alors on imagine aussi pour Éric et Bruno. »
Les visages de son frère, de sa belle-sœur et de ses deux neveux sont figés depuis 1972. Et ressurgissent à intervalles réguliers dans la presse. Comble de l'histoire, « je n'ai plus de photos », si ce n'est celles données par Denise Grall l'année dernière. Au fil des années, les clichés se sont volatilisés avec les journalistes et les radiesthésistes. « Je n'ai que les photos des coupures de presse. »
Lorsque la gendarmerie a repris des recherches l'année dernière en utilisant du matériel de pointe pour sonder le lit de la Charente, Jean-Paul Méchinaud s'est obligé à garder la tête froide afin d'éviter toute déception. Même précaution dans la perspective des recoupements ADN entre la famille et les ossements récemment retrouvés à Courcerac, près de Matha, en Charente-Maritime.
Hanté depuis quarante ans par de multiples interrogations, il tient juste à dire sa grande reconnaissance envers le commandant Pierrini et les enquêteurs. « Ça montre que des gens n'oublient pas mon frangin et sa famille. »
L'espoir toujours pour ne pas oublier.
Séverine JOUBERT



Affaire des disparus de Boutiers : retour sur les dernières pistes explorées
(SUD-OUEST du 25 décembre 2014)
L’inexplicable disparition de la famille Méchinaud en Charente dans la nuit de Noël 1972 reste à l’esprit des enquêteurs. Différentes pistes ont été explorées depuis deux ans, en vain...
C'était il y a quarante-deux ans. La famille Méchinaud disparaissait à bord d'une Simca 1 100 dans la nuit de Noël 1972, après avoir passé le réveillon chez des amis cognaçais, rue des Plantes. Jamais on n'a retrouvé la trace de Jacques, 31 ans, ouvrier à l'usine verrière Saint-Gobain de Châteaubernard, sa femme Pierrette, 29 ans, et leurs enfants Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans. Restent des détails de circonstance qui font froid dans le dos : dans la maison des Méchinaud, à Boutiers-Saint-Trojean, les gendarmes trouveront trois semaines plus tard les cadeaux au pied du sapin, une dinde et des huîtres avariées au frigo. Une famille volatilisée sur fond de dissension conjugale : Pierrette a pour amant un voisin du village et songe à divorcer.
De nouvelles recherches sont lancées en 2011 avec des outils modernes.
Début des années 2010. Désireux de vendre un terrain en indivision hérité de leurs parents, le frère et la sœur de Jacques Méchinaud se retrouvent confrontés au vide juridique laissé par la disparition de celui-ci. Ils sollicitent Nicolas Jacquet, alors procureur de la République d'Angoulême, qui se résout à lancer de nouvelles recherches avec les technologies dernier cri : deux jours durant, en novembre 2011, la Charente et plusieurs points d'eau alentours comme les cavités de Saint-Même-les-Carrières avaient été sondées, en vain. L'enquête ouverte par le parquet d'Angoulême n'a pas été bouclée pour autant : depuis, plusieurs actes y ont été versés, signe que les disparus restent à l'esprit des enquêteurs.
1 L'espoir de la chênaie de Courcerac
Les ossements d'un adulte et d'un enfant abandonnés à l'orée d'un bois de Courcerac, près de Matha (17), vingt-deux kilomètres au nord de Boutiers : révélée par « Sud Ouest » en décembre 2012, la découverte d'un cueilleur de cèpes avait été prise d'autant plus au sérieux que l'âge des ossements était alors estimé à « plus de 40 ans » par un médecin légiste. Le laboratoire bordelais du Dr Christian Doutremepuich en a extrait de l'ADN mitochondrial, non sans difficulté, ADN ensuite confié pour comparaison au laboratoire de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), à Rosny-sous-Bois. Les recoupements avec l'ADN de parents de la famille disparue n'ont rien donné.
2 Une Simca 1 100 dans la Charente !
L'opération s'est déroulée dans la plus grande discrétion, le 7 octobre 2013, entre l'écluse et le pont de Basseau. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la présence d'une Simca 1100, de couleur plus ou moins identique à celle de la famille Méchinaud, c'est-à-dire rouge grenat, est signalée dans le lit de la Charente. Les gendarmes plongeurs de la brigade nautique de La Rochelle interviennent, le véhicule est remonté à la surface. Las, ni la plaque d'immatriculation, ni le numéro de chassis frappé, que les enquêteurs ont pris soin de recouper, ne correspondent au véhicule disparu.
Photo Sud-Ouest - La Charente, entre le pont et l'écluse de Basseau : une improbable Simca 1100 y a été repêchée dans la plus grande discrétion, en octobre 2013.
3 Sept dépouilles mis au jour à Cognac
Dernier acte versé, pas plus tard qu'en octobre dernier, rue de la Providence, à Cognac. En brisant une dalle pour faire place nette dans son jardin, un propriétaire met au jour des ossements. Il est alors question de trois adultes et un enfant. L'endroit a beau recouper l'emprise d'un ancien cimetière mérovingien, l'enquête est confiée à la gendarmerie, gage présumé que l'hypothèse disparus de Boutiers n'est pas tout à fait exclue. Au total, des dizaines d'ossements sont récoltés sur place. Soit sept dépouilles différentes : cinq adultes et deux enfants ou adolescent, le tout étant confié à l'IRCGN. Les conclusions des techniciens ne laissent guère de place au doute : après datation par méthode colorimétrique, le délai post-mortem est « estimé à plus de 90 ans » selon un rapport rendu début novembre. Par acquis de conscience, l'ADN sera toutefois comparé avec celui des parents de la famille Méchinaud que l'IRCGN a désormais sous la main.
Daniel Bozec



L’affaire des disparus de Boutiers le 13 avril 2016 :
RTL " l'heure du crime " de Jacques PRADEL revient sur l'affaire...
RTL à écouter en cliquant > http://www.rtl.fr/actu/societe-faits-divers/l-affaire-des-disparus-de-boutiers-7782803802



Le dossier n'est pas enterré (26 mai 2020)... :
Photo du 26 mai 2020 Impasse Grande Rue
...puisque l'on a vu le 26 mai 2020 une flopée de véhicule de la gendarmerie dans l'impasse Grande Rue.
Des recherches ont été effectuées dans une cave... infructueuses apparemment !



Disparus de Boutiers : l'enquête encore relancée
(CHARENTE LIBRE du 09/07/2020)
Photo Julie Desbois - Charente Libre
Maurice Blanchon, l'amant de la disparue de Boutiers ne comprend pas pourquoi on a fouillé son terrain acheté il y a vingt ans.

Photo Julie Desbois (Charente Libre)
48 ans après, l’affaire des disparus de Boutiers a été relancée. Des investigations ont eu lieu. L’amant de la mère de famille a été interrogé, son terrain sondé. La justice vérifie des renseignements récents.

« Deux gendarmes sont venus chez moi pour me dire que j’étais convoqué le lendemain. J’ai été interrogé sur les disparus, ma maison perquisitionnée à la recherche d’une lettre, un de mes terrains passé à la moulinette… On m’a encore demandé si je savais quelque chose… » Maurice Blanchon est un personnage clé dans l’affaire des disparus de Boutiers. Cet ancien ouvrier viticole aujourd’hui âgé de 75 ans, était l’amant de Pierrette Méchinaud, la femme de ce couple mystérieusement disparu avec leurs deux enfants, la nuit de Noël 1972, sans laisser le moindre indice
Maurice Blanchon que toute la commune nomme « Momo », n’a pas vraiment compris que l’on vienne sonder son terrain bordant la Charente, au pied du pont de Boutiers. « Ce terrain, je l’ai acheté il y a vingt ans, trente après la disparition », souligne ce passionné de mécanique dont une partie du matériel qu’il stockait là a été « défoncée » par l’opération: « Ils ont fait venir une pelle qui a tout retourné, mon matériel a été poussé, plusieurs pièces métalliques abîmées… »

« Un vieux revolver rouillé »

Que cherchaient les enquêteurs? « Chez moi, ils voulaient trouver une lettre que j’aurais reçue de Pierrette. Sur mon terrain, je ne sais pas trop. Ils ont utilisé une sorte de tricycle équipé d’un appareil permettant de sonder le sol sur trente mètres de profondeur », explique Maurice Blanchon qui avoue son « grand étonnement »: « Ils n’ont évidemment rien trouvé sauf un vieux revolver rouillé. Depuis 48 ans, je dis la même chose, je ne sais rien des circonstances de leur disparition et croyez-moi j’aurais bien aimé savoir. Cette histoire m’a beaucoup affecté. »

Selon plusieurs sources, ce sont des « renseignements anonymes » qui ont déclenché ces récentes investigations entre fin mai et mi-juin. Le parquet reconnaît qu’une information judiciaire est bien en cours. Plusieurs maisons ont été perquisitionnées notamment celle des parents de Maurice Blanchon, la plus proche de celle des disparus. Elle est occupée par un frère de Maurice Blanchon. Les gendarmes n’ont trouvé qu’une vieille carabine.

Une autre habitation dans une impasse du village a également été explorée le 26 mai. « Beaucoup de gendarmes ont investi la maison mais les recherches semblent avoir été infructueuses », explique un voisin qui ajoute, un sourire en coin: « Régulièrement les gendarmes rouvrent l’enquête. La dernière fois, c’était il y a sept ou huit ans. Ils n’avaient rien trouvé. Ils sont comme nous les habitants de Boutiers, ils rêvent de trouver la clé de l’énigme mais n’ont pas le début d’un indice. »

« Ne t’inquiète pas »

Maurice Blanchon qui a longtemps été persuadé que la famille avait fui en Australie, estime que les enquêteurs ont toujours négligé une information qu’il avait donnée dès le début, en 1972: « Le mari était allé passer deux jours en Vendée juste avant la disparition chez un camarade d’armée. Il doit savoir des choses. » Pour le reste, il garde en mémoire les derniers mots de Pierrette. Elle avait reçu des coups de son mari quand il avait appris sa relation avec Maurice. C’était deux jours avant la disparition : « Ne t’inquiète pas, ne t’inquiète pas… » « Je ne l’ai plus jamais revue. »
Frédéric BERG / f.berg@charentelibre.fr

48 ans… et pas un « foutu » indice
C’est une des affaires parmi les plus mystérieuses des annales judiciaires françaises. « La plus insensée parce qu’il n’y a aucune piste, pas un seul foutu indice », témoigne un officier de gendarmerie qui s’est passionné pour cette affaire. En 2011, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) avait tenté de résoudre l’énigme. Étangs sondés, sols scannés, prélèvements réalisés dans une maison abandonnée. Sans résultat. Le 23 janvier 1973, Paul Boujut écrivait dans Charente Libre: « On frémit à la pensée du drame qui a pu se jouer cette nuit de Noël dans ce brouillard épais. » Le 28 mars, il ajoutait: « Seul le hasard permettra un jour peut-être d’élucider cette mystérieuse disparition »
Dates clés
24 décembre 1972. Après un repas partagé chez des amis, la famille Méchinaud quitte la rue de la Plante à Cognac pour rejoindre sa maison de Boutiers. Plus personne ne reverra Jacques Méchinaud, le père, 31 ans, ouvrier chez Saint-Gobain, sa femme Pierrette, 29 ans, et les deux enfants Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans.

Janvier 1973. La gendarmerie lance une enquête dix jours après la disparition. Un hélicoptère scrute
le lit de la Charente, afin de repérer l’éventuelle présence de la Simca 1100. Les recherches restent vaines. Toutes les pistes sont envisagées: accident, suicide collectif, meurtre, départ à l’étranger…

2011 et 2012. L’enquête est une première fois relancée. Plusieurs cours d’eau sont à nouveau sondés, des carcasses de voitures et des ossements retrouvés à à Courcerac (17) expertisés… Mais rien n’est lié à la disparition des Méchinaud.



Au bout de l'enquête, la fin du crime parfait ?
(France 2 le 20 février 2021 à 14 heures)

La disparition de la famille Méchinaud
Magazine judiciaire
Présenté par Marie DRUCKER




Journal du 20 heures
(France 2 le 26 février 2023 à 20 heures)

La disparition de la famille Méchinaud - La plus ancienne affaire non résolue de France...
Présenté par Thomas SOTTO




Disparus de Boutiers : une nouvelle piste Nouveau
(CHARENTE LIBRE du 18/03/2023)

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Ismaël KARROUM






Autres suppositions qui n'engagent que leurs auteurs :
http://ufoweb.free.fr/extraterrestre-enlevements.htm (dernier tiers de page)
et
https://rr0.org/time/1/9/7/2/12/




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(Dernière mise à jour : mars 2023)